Nicaragua: quatre ans après le soulèvement anti-Ortega, des familles demandent «justice»

Sur cette photo d'archive prise le 20 avril 2018, des étudiants brûlent des pneus devant l'Université d'ingénierie lors d'affrontements avec la police anti-émeute, dans le cadre d'une manifestation contre les réformes du gouvernement à l'Institut de sécurité sociale (INSS) de Managua. (Inti Ocon/AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 20 avril 2018, des étudiants brûlent des pneus devant l'Université d'ingénierie lors d'affrontements avec la police anti-émeute, dans le cadre d'une manifestation contre les réformes du gouvernement à l'Institut de sécurité sociale (INSS) de Managua. (Inti Ocon/AFP)
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

Nicaragua: quatre ans après le soulèvement anti-Ortega, des familles demandent «justice»

  • Initialement lancées contre un projet de réforme de la sécurité sociale, les manifestations se sont vite transformées en une vive contestation contre le pouvoir du chef de l'État, accusé de corruption et de népotisme
  • La contestation réclamant la démission de Daniel Ortega a été réprimée dans le sang, faisant 355 morts et plus de 100.000 exilés

MANAGUA, Nicaragua :«J'ai du mal à respirer», a glissé dans son dernier souffle Alvaro Conrado, 15 ans, touché par balle en 2018 à Managua tandis qu'il apportait de l'eau à des étudiants mobilisés contre le gouvernement de Daniel Ortega. Sa vie s'est arrêtée, celle de sa famille aussi.

L'adolescent a été vraisemblablement tué par un franc-tireur. Les premières manifestations contre le pouvoir avaient éclaté deux jours plus tôt, le 18 avril. Initialement lancées contre un projet de réforme de la sécurité sociale, elles se sont vite transformées en une vive contestation contre le pouvoir du chef de l'État, accusé de corruption et de népotisme.

Manifestations, barricades, affrontements avec la police, le pays a été paralysé pendant cinq mois et la contestation réclamant la démission de Daniel Ortega a été réprimée dans le sang, faisant 355 morts et plus de 100.000 exilés, selon la Commission interaméricaine des droits humains.

«La justice et la vérité. C'est ce que nous voulons, qu'on nous dise ce qu'il s'est passé. Quatre ans après, personne n'a été arrêté», déplore auprès de l'AFP Alvaro Conrado, le père de l'adolescent, dans sa maison de Managua.

En quatre ans, le pays s'est enfoncé dans la crise politique. Le gouvernement, pour qui les manifestations «terroristes» de 2018 relèvent d'une tentative de coup d'État, a interdit plusieurs partis d'opposition et ONG. Il a fait fermer des universités privées et des journaux indépendants, avant de faire promulguer un arsenal législatif destiné à contrer l'opposition.

L'État, lui, est contrôlé à tous les niveaux par le parti au pouvoir, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN).

En novembre, Daniel Ortega, un ex-guérillero de 76 ans, au pouvoir depuis 2007, a été sans surprise réélu pour un quatrième mandat consécutif, alors que ses rivaux les plus sérieux et de nombreux opposants étaient emprisonnés, accusés de complot contre son gouvernement avec le soutien de Washington.

A quelques jours du quatrième anniversaire du soulèvement, la vice-présidente et épouse de Daniel Ortega, Rosario Murillo, a dénoncé une «explosion infernale, malveillante, maligne». «Il n'y aura ni pardon, ni oubli», a-t-elle lancée, en affirmant que l'histoire se souviendrait de la «victoire sur le mal».

- «Nouvelle vague de persécution» -

«Le 20 avril, à midi, quand j'ai reçu un appel me disant que mon fils Alvaro était blessé, je ne pouvais pas le croire. Je n'oublierai jamais ce moment», raconte Alvaro Conrado.

Depuis, cet informaticien de 53 ans a perdu son poste de fonctionnaire. Son épouse, qui vit en Espagne, redoute de rentrer au Nicaragua après avoir manifesté pour dénoncer l'assassinat de son fils avec l'Association des mères d'avril (AMA).

Dans le nord du pays, dans la ville d'Esteli, Francisca Machado, 48 ans, pleure également son fils, Franco Valdivia, un étudiant en droit de 23 ans tué pendant les manifestations.

La mère de famille vit chaque mois d'avril avec «beaucoup de douleur et d'impuissance». «Je veux et j'exige justice, quoi qu'il en coûte», dit-elle.

Dans le sud du Nicaragua, sur l'île d'Ometepe, Justo Rodriguez, un agriculteur de 69 ans, a été arrêté en 2020, accusé d'avoir participé à la commémoration du deuxième anniversaire des manifestations, ce qu'il conteste.

Il a passé huit mois en prison où il est tombé malade. Depuis sa libération, il reste prostré dans son lit avec des difficultés pour s'exprimer. «Après m'avoir emmené là-bas» en prison, «ils m'ont ramené en mauvais état», parvient-il expliquer.

Selon Vilma Nuñez, la présidente du Centre nicaraguayen des droits humains (Cenidh), une des rares organisations indépendantes qui opèrent encore dans le pays, 177 opposants sont toujours détenus, dont certains ont déjà été condamnés jusqu'à 13 ans de prison.

Mais la répression ne cesse pas, dit-elle à l'AFP, relatant «une nouvelle vague de persécution avec des perquisitions, menaces et arrestations». Au moins six musiciens et producteurs ayant une position critique ont ainsi été arrêtés récemment.

Sans compter «une autre forme de répression» qui consiste «à retirer les passeports des gens pour qu'ils ne puissent pas voyager, et s'ils sont à l'extérieur du pays, les empêcher de renouveler leur passeport, ce qui les rend illégaux».

J'en ai eu assez de tant de cruauté», raconte l'ex-ambassadeur nicaraguayen qui a fait défection

Le 23 mars, il faisait défection de manière spectaculaire en dénonçant devant l'Organisation des Etats américains (OEA) la «dictature» de Daniel Ortega au Nicaragua où plus de «177 prisonniers politiques» sont emprisonnés.

Limogé, l'ex-ambassadeur nicaraguayen Arturo McFields évoque auprès de l'AFP par téléphone depuis les Etats-Unis, la situation dans son pays quatre ans après la sanglante répression des manifestations anti-gouvernementales.

Quelle est la situation au Nicaragua ?

«La délinquance et le trafic de drogue augmentent, mais la police persécute et harcèle les responsables religieux, les journalistes, les chanteurs et les quelques rares défenseurs des droits humains qui restent encore dans le pays. C'est irrationnel. Mais toutes les morts ont leur résurrection et je pense que le Nicaragua va connaître son +dimanche de gloire+».

Que peut encore faire le gouvernement de Daniel Ortega ?

«Oser emprisonner des responsables religieux. Cela pourrait être une nouvelle étape de la répression. L'an dernier, le président a déclaré que dans n'importe quel autre pays, des religieux (qui critiquent le gouvernement) seraient en prison (...) Il les a qualifiés de terroristes».

Vous dites cela en raison de l'expulsion du nonce apostolique en mars ?

«Les menaces se sont poursuivies cette année et nous savons qu'ensuite elles se concrétisent. Je veux croire qu'il va y avoir de l'espérance. Les gens sont fatigués de tant de répression, même les fonctionnaires, les policiers, les militaires».

Cela peut-il prendre la forme de manifestations collectives ?

«Cette lassitude à un moment donné va se concrétiser d'une manière ou d'une autre dans une manifestation, dans quelque chose de différent. Comment je sais cela ? J'en suis la preuve vivante. J'étais à l'intérieur et j'en ai eu assez. Assez de tant de cruauté, de mauvais traitements. La répression est un boomerang. Quand la répression et la cruauté augmentent, cela vous révèle comme dictateur. Et la rhétorique habituelle de l'impérialisme (des Etats-Unis) et de la CIA et toutes ces choses tombent à plat».

Quels sont les projets du gouvernement ?

«La soif de pouvoir est très grande, même si aucun successeur n'a été désigné. Pour des raisons biologiques, (Daniel Ortega, 76 ans, et son épouse Rosario Murillo, 70 ans) ne peuvent pas durer éternellement. Cela pourrait être Rosario Murillo, mais on ne sait pas. Ce que l'on sait, c'est qu'ils veulent rester au pouvoir pour toujours. La seule façon d'éviter cela, c'est que l'opposition soit unie».

Vous évoquez un mécontentement au sein de gouvernement, c'est-à-dire ?

«Le gouvernement ne permet pas que les gens donnent leur avis de façon aussi catégorique. Je vous parle de l'atmosphère qui règne dans cet environnement et des interactions que l'on a quand on est haut fonctionnaire. On voit passer des commentaires, on entend des réactions. On ressent des choses et on se dit : +je ne suis pas le seul+.  

Le gouvernement parvient à apaiser ces mécontentements grâce aux trois P : prison, prébendes et persuasion. La persuasion n'est pas beaucoup utilisée. Les avantages par prébendes il n'y en a pas parce qu'il n'y a plus de coopération (économique) avec le Venezuela. Donc ce qui est utilisé, c'est la prison.  Des fonctionnaires se voient retirer leur passeport, et cela a été renforcé après ce qu'il s'est passé avec moi».

Qui a le pouvoir, Daniel Ortega ou son épouse ?

«Au quotidien, Rosario Murillo est celle qui est en première ligne. Mais quand il s'agit de décisions de la plus haute importance, le président a le dernier mot».

Quel est votre statut actuel aux Etats-Unis ?

«J'ai demandé l'asile. Dans mon pays j'ai été désigné comme un traître à la patrie (...) si je rentre, m'attend une cellule dans la prison d'El Chipote (où sont emprisonnés les opposants)».

Qu'attendez-vous du gouvernement de Joe Biden ?

«Nous demandons l'extension d'un statut de protection temporaire pour les Nicaraguayens qui fuient leur pays. Qu'on leur permette de gagner leur vie honnêtement, parce que la «migra» (autorité migratoire américaine) peut les renvoyer dans un régime de terreur».

 


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.


L'envoyé de Trump rencontre Netanyahu, Israël face à des critiques accrues

L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël
  • Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël

Jérusalem, Non défini: L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.

Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon la Défense civile locale qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.

Plusieurs dizaines de corps gisaient empilés à la morgue de l'hôpital al-Chifa dans le nord de Gaza, dans l'attente d'être collectés par leurs proches, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a déclaré le président américain Donald Trump sur X.

Rien n'a filtré de la rencontre entre MM. Witkoff et Netanyahu mais en début de semaine, M. Trump a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.

Avant l'arrivée jeudi de l'émissaire de M. Trump, des dizaines de mères et proches d'otages encore aux mains du Hamas ont manifesté devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, exigeant un "accord global" qui garantirait la libération des 49 otages encore détenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.

- "Position minoritaire" -

L'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza jugées fiables par l'ONU. La campagne aérienne et terrestre a dévasté le territoire et provoqué un désastre humanitaire.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a lui rencontré à Jérusalem son homologue israélien Gideon Saar, avant de rencontrer M. Netanyahu.

Avant de décoller pour Israël, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien sans processus de négociation préalable".

Ces visites interviennent après la multiplication des alertes d'organisations internationales sur une famine à Gaza et l'échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.

Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales face aux besoins immenses de la population.

- "Pression déformée"

Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, après que plusieurs pays dont le Canada, la France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de faire de même en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Dans ce contexte, Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza".

Les Etats-Unis, qui ont dénoncé les annonces sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, ont imposé des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), accusant les deux organismes d'avoir pris des mesures pour "internationaliser leur conflit avec Israël" et de "continuer à soutenir le terrorisme".

Le gouvernement Netanyahu, qui veut chasser le Hamas de Gaza et a annoncé son intention de contrôler le territoire, semble peiner à trancher sur une solution politique d'après-guerre.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de sa coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 avec le retrait unilatéral israélien du territoire après 38 ans d'occupation.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé le retrait du nord de Gaza de sa 98e Division, composée d'unités parachutistes et de commandos d'élite, qui a "se prépare désormais à de nouvelles missions".