Présidentielle en France: sprint final pour Macron et Le Pen

Cette combinaison de photos d'archives créée le 12 avril 2022 montre la candidate à la présidence du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, et le président français et candidat à la réélection du parti La République en Marche (LREM), Emmanuel Macron. (AFP).
Cette combinaison de photos d'archives créée le 12 avril 2022 montre la candidate à la présidence du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, et le président français et candidat à la réélection du parti La République en Marche (LREM), Emmanuel Macron. (AFP).
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

Présidentielle en France: sprint final pour Macron et Le Pen

  • A une semaine du scrutin, rien n'est joué, même si les derniers sondages donnent le président sortant gagnant entre 53 et 55,5% face à sa rivale d'extrême droite
  • L'enjeu du second tour est de convaincre les indécis et les abstentionnistes qui étaient au premier tour plus de 26%

PARIS : Emmanuel Macron et Marine Le Pen entament lundi une dernière semaine de campagne qui sera marquée par un débat télévisé à haut risque pour les deux candidats, avant l'affrontement final au deuxième tour de la présidentielle française le 24 avril.

A une semaine du scrutin, rien n'est joué, même si les derniers sondages donnent le président sortant gagnant entre 53 et 55,5% face à sa rivale d'extrême droite. Un duel bien plus serré qu'en 2017 où Emmanuel Macron avait été élu à 66% des voix.

L'enjeu du second tour est de convaincre les indécis et les abstentionnistes qui étaient au premier tour plus de 26%. Et particulièrement de mobiliser l'électorat de gauche, arbitre de ce duel à couteaux tirés. Dès le lendemain du premier tour, le 10 avril, les deux finalistes n'ont eu de cesse de faire des signes appuyés - promesses écologiques, sociales - vers l'électorat du leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième avec près de 22% des voix.

Samedi encore, le candidat Macron, souvent critiqué sur son bilan écologique, promettait que sa politique, s'il était réélu, "serait écologique ou ne serait pas", quand Marine Le Pen se posait en "mère de famille" protectrice des "plus vulnérables".

Débat crucial

Dans cette dernière semaine de campagne qui s'ouvre avant le silence électoral vendredi et le vote dimanche, le duel télévisé mercredi s'annonce décisif.

Ce grand rendez-vous, traditionnel depuis 1974, de l'entre-deux tours des scrutins présidentiels en France se tiendra mercredi et sera arbitré par une journaliste de la chaîne publique France 2 et un de la privée TF1.

Dans un contexte de campagne déjà tendu, et au moment où l'extrême droite apparaît plus proche du pouvoir qu'elle ne l'a jamais été, ce débat peut constituer un tournant.

Marine Le Pen et Emmanuel Macron "jouent très gros", estime ainsi le sociologue et spécialiste de communication politique Philippe Riutort.

En 2017, le débat s'était avéré désastreux pour  Mme Le Pen, apparue fébrile, agressive et impréparée face à Emmanuel Macron, et nombre d'analystes estiment qu'il avait largement concurru à sa défaite.

Cinq ans plus tard, Mme Le Pen, qui a lissé son image, travaillé son programme et fait une campagne de proximité, apparaît beaucoup plus "présidentiable".

"Je suis prête parce que j'ai l'expérience, j'ai beaucoup travaillé le projet, j'ai affiné mon projet avec eux (les Français), je l'ai frotté à leurs réalités, espérances, projet sérieux, équilibré, chiffré", affirmait encore vendredi la candidate.

Samedi, elle se disait "extrêmement sereine".

De son côté, le président sortant ne sous-estime pas un rendez-vous "extrêmement serré", admet son entourage. M. Macron, qui ne bénéficie plus comme il y a cinq ans du bénéfice de la nouveauté, devrait tenter de mettre en échec son adversaire sur son programme en en soulignant notamment les aspects radicaux qu'elle a gommés en campagne, sur l'immigration ou les institutions. Il tentera aussi de corriger son image trop droitière en envoyant des signaux à la gauche.

Chaque camp en tous cas se prépare activement pour le rendez-vous.

Campagne tous azimuts

Dès le lendemain du premier tour le 10 avril, remporté par M. Macron (27,8%) devant Mme Le Pen (23,1%), les deux adversaires sont repartis en campagne, multipliant déplacements de terrain, bains de foule et interventions radio et télé.

Après une courte pause - Mme Le Pen se reposera dimanche et lundi de Pâques, et Emmanuel Macron n'a rien à son agenda officiel avant des interviews lundi -, les deux adversaires entameront le sprint final.

Mme Le Pen devrait effectuer un déplacement avant de plonger à nouveau dans les préparatifs du débat de mercredi, selon son entourage, et elle tiendra son dernier grand meeting jeudi dans le nord de la France, à Arras.

M. Macron reprendra lui aussi les déplacements dans la dernière ligne droite d'une élection qui, selon les candidats, est rien moins qu'un "choc de civilisation".


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».