Les affaires judiciaires autour d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen

Soupçons d'emplois fictifs pour Marine Le Pen, plusieurs ministres objets de poursuites pour Emmanuel Macron, quelques jours avant le deuxième tour de la présidentielle 2022. (AFP).
Soupçons d'emplois fictifs pour Marine Le Pen, plusieurs ministres objets de poursuites pour Emmanuel Macron, quelques jours avant le deuxième tour de la présidentielle 2022. (AFP).
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Publié le Lundi 18 avril 2022

Les affaires judiciaires autour d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen

  • La candidate du Rassemblement national (RN) est poursuivie depuis juin 2017 dans l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen d'assistants du parti
  • Le président candidat n'est nommément visé dans aucune enquête mais plusieurs de ses proches, dont des ministres, font ou ont fait l'objet de poursuites

PARIS: Tour d'horizon des principales affaires judiciaires touchant de près ou de loin Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les deux qualifiés pour le second tour de la présidentielle.

  • Marine Le Pen, sous la menace d'un procès

La candidate du Rassemblement national (RN) est poursuivie depuis juin 2017 dans l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen d'assistants du parti. Elle est mise en examen pour "détournement de fonds publics" et "complicité".


Egalement mis en examen, 28 autres élus actuels ou passés du parti, dont son père Jean-Marie Le Pen, des hauts responsables et des assistants parlementaires.


Les juges d'instruction ont clôturé les investigations en février, selon une source proche du dossier.


Le parquet de Paris doit désormais prendre ses réquisitions avant une décision finale des juges sur un éventuel procès.


Si Marine Le Pen était élue, elle bénéficierait de l'immunité présidentielle et ne pourrait, selon la Constitution, faire l'objet d'un acte d'instruction ni de poursuite pendant son mandat. Les autres personnes poursuivies pourraient, elles, être renvoyées devant un tribunal pendant ce quinquennat.


Dans le dossier des kits de campagne du Front national pour plusieurs élections entre 2012 et 2015, qui doit être jugé en appel à l'automne prochain, la candidate n'est pas poursuivie.


Lors du procès en première instance en 2019, le parti a été relaxé des accusations d'escroquerie mais six prévenus, dont Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen et ancien président de l'organisation étudiante GUD, ont été condamnés à des peines de six mois à deux ans et demi de prison partiellement assorties de sursis.


Le patrimoine de la présidente du RN, en partie détenu avec son père, fait par ailleurs l'objet d'une enquête préliminaire, toujours en cours au Parquet national financier et antérieure à la présidentielle 2017, pour des soupçons de "sous-évaluation".


Le Parlement européen a annoncé dimanche vouloir recouvrer plus de 600.000 euros auprès de Marine Le Pen et trois autres ex-eurodéputés RN liés à des remboursements de frais indus. Le rapport de l'office européen antifraude, qui a mis au jour ces soupçons de détournements, a été transmis au parquet de Paris.

  • L'entourage d'Emmanuel Macron visé dans plusieurs enquêtes

Le président candidat n'est nommément visé dans aucune enquête mais plusieurs de ses proches, dont des ministres, font ou ont fait l'objet de poursuites.


La Cour de justice de la République (CJR) mène depuis juillet 2020 une instruction sur la gestion par le gouvernement de l'épidémie du Covid-19. Pour l'heure, seule l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn a été mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui".


Toujours à la CJR, Eric Dupond-Moretti, a été mis en examen en juillet 2021 pour "prise illégale d'intérêts". Il est soupçonné d'avoir profité de sa fonction de garde des Sceaux pour régler ses comptes avec des magistrats avec lesquels il avait eu maille à partir quand il était avocat.


Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu et le secrétaire d'Etat à la Fonction publique Olivier Dussopt font l'objet d'enquêtes pour des soupçons de "prise illégale d'intérêts" dans leurs fonctions précédentes.

Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, est visé par une information judiciaire depuis juin 2020 portant sur ses liens avec l'armateur italo-suisse MSC, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte.


Le PNF a en outre ouvert en juin 2021 une enquête sur des soupçons de "trafic d'influence" le visant ainsi que des responsables de Veolia et d'Engie, autour de la fusion Veolia-Suez.

L'ancien chargé de mission à l'Elysée Alexandre Benalla a été condamné à trois ans de prison dont un an ferme sous bracelet électronique pour des violences commises lors la manifestation du 1er mai 2018, à l'origine d'un scandale retentissant. Il a fait appel.


Il est par ailleurs visé par trois autres enquêtes, dont une pour corruption impliquant l'oligarque russe Iskander Makhmudov.

Quatre jours avant le premier tour de la présidentielle, le PNF a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les pratiques d'"optimisation fiscale" du cabinet de conseil McKinsey, révélées par une commission d'enquête du Sénat.


Celle-ci a assuré que les contrats conclus par l'Etat avec ce type de cabinets avait "plus que doublé" sous le quinquennat de M. Macron, pour atteindre un montant record de plus d'un milliard d'euros en 2021. Les oppositions ont dénoncé une "affaire d'Etat".


Droit du travail: le gouvernement se donne jusqu'en septembre pour cadrer la négociation

Cette photographie montre l'entrée du ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025. (AFP)
Cette photographie montre l'entrée du ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement lance des négociations larges sur le droit du travail et l’assurance chômage, avec une lettre de cadrage attendue la semaine prochaine
  • Parmi les mesures envisagées : monétisation de la cinquième semaine de congés, suppression de deux jours fériés, lutte contre les temps partiels subis et assouplissement des CDD et intérim

PARIS: Le ministère du Travail a indiqué vendredi que la feuille de route de la négociation sur le droit du travail, avec notamment la possible monétisation de la cinquième semaine de congés payés, serait envoyée en septembre pour poursuivre "la concertation préalable".

Plaidant qu'"il faut travailler plus", le Premier ministre François Bayrou avait souhaité le 15 juillet que les partenaires sociaux ouvrent des négociations sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et sur le droit du travail pour participer à l'effort budgétaire.

Le ministère doit adresser "dans le courant de la semaine prochaine" la "lettre de cadrage" fixant le cadre de la négociation d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage avec des discussions prévues "jusqu’à la mi-novembre", ainsi que le document d'orientation concernant la suppression de deux jours fériés pour une négociation qui doit durer "jusqu’à la fin du mois de septembre".

Mais les autres mesures ayant trait à "la modernisation du marché du travail et la qualité du travail" feront l'objet d'un document d'orientation à la rentrée. Outre la monétisation de la cinquième semaine de congés payés, il s'agit notamment de lutter contre les temps partiels subis, de "fluidifier" le marché du travail avec des assouplissements sur les CDD et les contrats d'intérim ou encore de dispositions sur l’indemnisation des arrêts maladie.

"Un envoi en septembre plutôt que début août répond à une demande de certains des partenaires sociaux de pouvoir poursuivre la concertation préalable à l’envoi de ce document d’orientation", a expliqué le ministère, ajoutant que cela "permettra de continuer à recueillir leurs avis, leurs idées et leurs priorités pour enrichir ce document".

Le calendrier de cette négociation doit s'étendre "sur plusieurs mois, au minimum jusqu’à la fin de l’année 2025", selon la même source.


Paris salue la conférence de New York et poursuit l’initiative avec Riyad

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
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  • Paris et Riyad poussent pour une reconnaissance collective de l’État palestinien
  • La France appelle à un cessez-le-feu, la levée du blocus et le désarmement du Hamas

PARIS: Sur fond de crise humanitaire d’une cruauté inqualifiable dans la bande de Gaza, le président Emmanuel Macron a annoncé une opération de largage de vivres conduite par la France, avec le soutien de la Jordanie, des Émirats arabes unis et de l’Allemagne.

« Face à l’urgence absolue, nous venons de conduire une opération de largage de vivres à Gaza », a déclaré le chef de l’État sur X, en remerciant les partenaires impliqués et saluant l’engagement des forces armées françaises.

Mais, de son point de vue, ces largages restent insuffisants : « Il faut qu’Israël ouvre un plein accès humanitaire », a-t-il insisté, réitérant l’exigence française d’une levée immédiate du blocus des aides.

Au-delà de la réponse d’urgence, Paris entend porter une initiative diplomatique structurante : la conférence internationale co-présidée à New York par la France et l’Arabie saoudite a marqué un tournant en posant un cadre politique ambitieux.

Cette conférence, tenue en l’absence des États-Unis et d’Israël, a réuni plus de 40 ministres et 120 participants, aboutissant à l’adoption d’un plan d’action en 42 points.

Malgré les réticences et le scepticisme ambiants, elle a permis l’émergence d’une dynamique inédite vers la reconnaissance de l’État palestinien et un processus de paix régional.

Le plan d’action validé à New York constitue désormais un socle politique partagé entre acteurs européens, puissances arabes, Union européenne et Ligue arabe.

Ce texte appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération de tous les otages, à l’acheminement massif de l’aide humanitaire, mais surtout à la mise en œuvre concrète de la solution à deux États.

Il prévoit notamment un processus progressif de désarmement du Hamas, condition indispensable à la stabilisation durable de la région.

Pour la France, ce texte marque une rupture avec l’impasse diplomatique des dernières décennies et propose pour la première fois un mécanisme concerté de démilitarisation et de réintégration de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne.

Le document évoque même la possibilité de confier les armes du Hamas à une tierce partie sous supervision internationale, afin de garantir qu’elles ne soient plus utilisées.

Ce volet, essentiel pour Israël, est aussi le fruit d’un consensus entre les États arabes partenaires, y compris ceux perçus comme proches du Hamas.

Sur le front politique, Paris se réjouit de l’effet de levier de la conférence : peu après, plusieurs pays — Portugal, Royaume‑Uni, Canada — ont annoncé leur volonté de reconnaître l’État palestinien, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.

Une coalition de volontaires est en train de se constituer : quinze États, aux côtés de la Ligue arabe et de l’Union européenne, ont d’ores et déjà signé une déclaration commune en ce sens.

La France espère ensuite entraîner d’autres partenaires européens, notamment l’Allemagne. « Nous continuons à travailler en E3 avec nos partenaires allemands et britanniques », indique une source haut placée.

Si Berlin reste prudent, des signes d’évolution apparaissent dans les récentes déclarations de sa ministre des Affaires étrangères. Paris entend maintenir ces échanges diplomatiques jusqu’à septembre.

Contrairement aux critiques israéliennes et américaines, la France affirme que cette dynamique de reconnaissance ne constitue pas un obstacle à la paix, mais un levier pour la relancer.

Le président Macron estime que cette reconnaissance, inscrite dans un cadre politique exigeant — avec une gouvernance palestinienne réformée et un désarmement du Hamas — peut rebâtir les conditions d’une solution durable.

Les ruptures des négociations avec le Hamas sont antérieures aux annonces de Paris, souligne-t-on à l’Élysée, et ne peuvent donc pas lui être imputées.

La reconnaissance collective envisagée en septembre serait également un signal fort en direction des modérés palestiniens, en particulier l’Autorité palestinienne, qui s’est engagée début juin à respecter une série d’exigences posées par la communauté internationale en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.

Un des apports majeurs de la conférence de New York est l’introduction formelle de la question du désarmement du Hamas dans un cadre diplomatique multilatéral.

Jusqu’ici marginalisée ou qualifiée d’irréaliste, cette exigence est clairement codifiée dans le plan d’action. Des discussions sont en cours, y compris sur l’exil éventuel de certains cadres du mouvement auprès d’États tiers.

Le Hamas n’a pas accepté ces conditions, mais le message politique est clair : son isolement au sein du monde arabe s’accentue et sa marge de manœuvre se rétrécit.

Face à cette dynamique, Israël et l’administration américaine ont haussé le ton, estimant qu’une reconnaissance unilatérale de la Palestine constituerait une « insulte » aux victimes israéliennes du 7 octobre.

Le président américain Donald Trump a même imposé des sanctions ciblées contre certains membres de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, en contradiction avec les efforts en cours pour renforcer cette autorité.

La position américaine révèle un décalage croissant avec une partie de la communauté internationale, y compris des alliés traditionnels, en raison de son soutien inconditionnel à Israël, malgré l’ampleur des pertes civiles à Gaza et la persistance de la colonisation en Cisjordanie.

Cet état de fait suscite déjà des interrogations en Europe, où des pays comme la Suède exigent, par exemple, le gel de la partie commerciale de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.

La France, de son côté, entend poursuivre cette dynamique au-delà de la conférence de New York. Un sommet est prévu les 21 et 22 septembre, juste avant l’Assemblée générale de l’ONU, pour réunir les États prêts à reconnaître collectivement la Palestine et à faire vivre ce nouveau cadre politique.

« Il s’agit d’une coalition inédite, qui repose sur un équilibre entre exigences sécuritaires et reconnaissance des droits politiques du peuple palestinien », souligne-t-on à Paris.

En réaffirmant l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat, la levée du blocus humanitaire, la libération des otages, mais aussi le désarmement du Hamas et la mise en place d’un État palestinien souverain, la France, de concert avec l’Arabie saoudite, tente de reconstruire une architecture de paix.


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.