Colère dans la banlieue sud de Beyrouth face à la hausse de la délinquance

Des personnes passent devant des voitures de patrouille de la police libanaise à Souk Sabra, dans la banlieue sud de la capitale Beyrouth (Photo, AFP).
Des personnes passent devant des voitures de patrouille de la police libanaise à Souk Sabra, dans la banlieue sud de la capitale Beyrouth (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 19 avril 2022

Colère dans la banlieue sud de Beyrouth face à la hausse de la délinquance

  • Les voleurs et les hommes armés sont devenus plus audacieux et mènent désormais leurs opérations sans craindre les responsables de la sécurité
  • Le Hezbollah et le mouvement Amal ont déclaré qu’ils ne défendraient pas les personnes impliquées dans ces opérations

BEYROUTH: Les habitants de la banlieue sud de Beyrouth se plaignent de plus en plus du manque de sécurité dans la région. Effectivement, des vols armés sont commis en plein jour et deviennent assez fréquents.
Selon une source sécuritaire, «les mauvaises conditions de sécurité dans la banlieue sud de Beyrouth seraient liées à l'aggravation de la crise économique.»
La même source a cependant indiqué à Arab News que ces crimes étaient principalement justifiés par la perte de crédibilité de l'État.
Alors que les voleurs avaient l’habitude de cambrioler des motos pendant la nuit, ils le font à présent en plein jour, à main armée.
Saleh raconte qu'il avait garé sa moto sur le bord de la route pour éviter les embouteillages et qu’il s’apprêtait à aller au travail à Haret Hreik, quand soudain [un homme] l’a obligé à quitter son véhicule, un couteau à la main, avant de fuir la zone.
Les voleurs et les hommes armés sont devenus plus audacieux et mènent désormais leurs opérations sans craindre les responsables de la sécurité ni les dirigeants de partis dans la banlieue sud de Beyrouth contrôlée par le Hezbollah et le mouvement Amal.
Les banlieues disposent de points de contrôle de sécurité depuis les attaques de 2014 menées par les kamikazes de Daech.
Les habitants entendent chaque nuit des affrontements armés mais ne savent pas pourquoi et ne connaissent pas l'identité des tireurs. Ils ne comprennent ce qui se passe qu'à travers des informations sans fondement qui circulent sur les réseaux sociaux.
D’après les rapports des forces de sécurité intérieure, la plupart des voleurs ou des hommes armés sont «recherchés [par la police]. Certains d’entre eux commettent ces crimes parce qu’ils vendaient ou consommaient de la drogue.»
Selon des chiffres non officiels, la région abrite plus d'un million de citoyens libanais. Certains ont quitté la campagne pour s'installer dans la capitale au cours de la seconde moitié du XXe siècle.
Les uns sont des habitants de villes faisant partie de la banlieue sud de Beyrouth, tandis que les autres s'y sont installés parce que les loyers des appartements étaient moins élevés que dans la capitale.
Hayy Al-Sullom est l'un des quartiers les plus pauvres. Il abrite des personnes marginalisées et recherchées qui profitent des partis politiques pour se protéger.
Mais cette influence [politique] concerne également les propriétaires de générateurs électriques, les fournisseurs d'Internet et les propriétaires de télévision par câble. D'ailleurs, en mars, des affrontements armés ont eu lieu entre deux groupes à Bi'r al-Abed.
Deux semaines avant, un conflit avait éclaté pendant la nuit à Laylaki en raison de bagarres entre des propriétaires de générateurs électriques au sujet de clients. Et, un mois plus tôt, d'autres affrontements armés ont opposé des fournisseurs d'accès à Internet à Choueifat.
Ces derniers jours, les tirs d'armes sont devenus plus faciles: une dispute a éclaté entre deux groupes pendant le repas du Sohoor.
Le Hezbollah et le mouvement Amal, tous deux préoccupés par les plaintes de la population à l'approche des élections, ont récemment publié une déclaration commune sur la multiplication des délits, des vols armés et des atteintes à la sécurité qui ont lieu dans différents quartiers de la banlieue sud de Beyrouth et qui sont devenus «incontrôlables, menaçant la vie et la sécurité [des habitants]».
Ils ont demandé aux représentants des agences de sécurité et de l'armée de «faire preuve de sévérité à l'égard de toute personne qui enfreindrait les règles de sécurité», et ont insisté sur le fait qu'ils ne défendraient pas les personnes impliquées.
«Les agences de sécurité officielles sont présentes dans la banlieue sud et poursuivent les personnes recherchées. Dans certains cas, le Hezbollah facilite notre mission et peut nous indiquer la cachette d'une personne recherchée. Mais nous ne prévenons pas toujours le parti des raids que nous effectuons dans la banlieue», souligne la source sécuritaire.
Les accords politiques ont donné aux comités de sécurité du Hezbollah le dernier mot pour toutes les questions liées à la sécurité dans la banlieue sud.
[Lorsqu'on lui a demandé] si cela signifiait que le Hezbollah protégeait des personnes recherchées alors qu'il savait où elles se cachaient, la source a répondu: «Ces voyous sont complètement insouciants. Ils ne redoutent même plus le Hezbollah.»
«Ils ne lisent pas les déclarations et n'y réagissent pas», a indiqué la source, interrogée sur les fusillades nocturnes et les vols diurnes, malgré la décision conjointe du Hezbollah et du Mouvement Amal de ne plus protéger les personnes impliquées.
Zeinab, qui vit à Al-Mureijah, près de Hayy Al-Sullom, a avoué qu'elle avait peur que ses enfants ne soient pas en sécurité lorsqu'ils quittaient la maison et qu'ils rentraient tard.
Elle a affirmé que des mitraillettes – et même des roquettes – avaient été utilisées lors de heurts qui éclataient parfois pour des questions insignifiantes.
Depuis deux semaines, deux vols armés ont été commis dans l'après-midi. Le premier a eu lieu dans un magasin de transfert d'argent. Deux personnes sur une moto ont fait irruption dans la boutique et ont volé 8 000 dollars à un client avant de s'enfuir. Il s'est avéré qu'ils étaient en train de le surveiller.
Le second vol a eu lieu dans un magasin de smartphones, en plein jour. Un homme armé a volé le sac à main d'une cliente, puis a tiré sur le propriétaire du magasin pour avoir essayé de l'arrêter, le blessant ainsi à la main.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Bethléem renoue avec l'esprit de Noël à la faveur de la trêve à Gaza

Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À Bethléem, Noël retrouve une dimension festive après deux ans de guerre, porté par un message de paix, de solidarité et de renouveau, malgré une crise humanitaire persistante à Gaza
  • Du Vatican au Moyen-Orient, les célébrations de Noël sont marquées par des appels forts à la justice, à la trêve et à l’espérance dans un monde traversé par les conflits

BETHLÉEM: Bethléem, ville de Cisjordanie occupée et berceau du christianisme, a célébré mercredi son premier Noël festif depuis le début de la guerre à Gaza, alors qu'à des milliers de kilomètres de là, le pape Léon XIV célébrait au Vatican la première messe de Noël de son pontificat.

Sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome, devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, le pape a délivré dans son homélie un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Le chef de l'Eglise catholique devrait renouveler jeudi, en prononçant sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) ses appels à la paix. Mardi soir, il avait demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

A Bethléem, des centaines de fidèles se sont massés à l'approche de minuit dans la basilique de la Nativité, comble au point qu'ils étaient nombreux à être assis à même le sol.

Les célébrations de Noël de ces deux dernières années y avaient été ternies par la guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

Par solidarité avec les Palestiniens du territoire, les festivités avaient été annulées mais cette année, avec la trêve entrée en vigueur à Gaza en octobre, l'immense sapin de Noël s'est de nouveau illuminé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.

- "Solidarité" et "justice" -

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, arrivé mercredi, y a délivré lors de la messe une homélie pour la paix, l'espoir et le renouveau, face aux décisions politiques et équilibres de pouvoirs qui "semblent souvent déterminer le destin des peuples".

"Noël, cependant, nous invite à regarder au-delà de la logique de la domination, à redécouvrir le pouvoir de l'amour, de la solidarité et de la justice", a dit le cardinal, qui avait célébré une messe à Gaza dimanche.

Le vice-président de l'Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, était présent à la messe de Bethléem.

Dans la journée, des centaines de personnes ont envahi les rues de la ville pour assister au défilé des scouts sur l'emblématique place de la Mangeoire, égrenant les chants traditionnels.

"C'est une journée pleine de joie, parce qu'avant on ne pouvait pas célébrer à cause de la guerre", dit à l'AFP Milagros Anstas, 17 ans, dans son uniforme bleu et jaune.

Des hommes déguisés en Père Noël vendaient des pommes d'amour et des jouets, tandis que des familles se faisaient photographier devant une crèche encadrée par une étoile géante.

"Je suis venue en Terre sainte pour réaliser le rêve de toute une vie : passer Noël ici", a déclaré Ursula Whalen, venue de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.

- Crise humanitaire -

Comme ailleurs au Moyen-Orient, les chrétiens représentent une minorité en Terre sainte, avec une communauté de 185.000 personnes en Israël et 47.000 dans les Territoires palestiniens.

Malgré l'esprit de fête qui règne dans la ville, la municipalité de Bethléem a tenu à tempérer le faste des célébrations. Car en dépit du cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza restent frappés par une grave crise humanitaire.

La grande majorité des plus de 2 millions de Gazaouis ont été déplacés par le conflit et vivent dans des conditions très difficiles. Des centaines de milliers d'entre eux sont encore sous des tentes, impuissants face aux pluies hivernales.

Carmelina Piedimonte, venue d'Italie avec un groupe catholique, a estimé qu'il était essentiel que les pèlerins et les touristes reviennent dans la ville sainte afin d'aider à relancer son économie en difficulté, qui dépend quasi exclusivement du tourisme.

En Syrie, la communauté chrétienne de Damas a fêté Noël sous haute surveillance dans la vieille ville, après un attentat suicide perpétré en juin dans une église de la capitale.

En Australie, les festivités sont particulièrement assombries par l'attentat antisémite survenu le 14 décembre sur la plage de Bondi, à Sydney.

"Noël sera différent cette année", a écrit sur X le Premier ministre Anthony Albanese, évoquant "une profonde tristesse".


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.