Népal: Une émission de radio et une femme forte suffisent pour amorcer le changement

Inspirée par son émission de radio préférée, Ramkali s’efforce de remettre en question les normes qui régissent les rapports entre les femmes et les hommes de sa communauté. ©Equal Access International
Inspirée par son émission de radio préférée, Ramkali s’efforce de remettre en question les normes qui régissent les rapports entre les femmes et les hommes de sa communauté. ©Equal Access International
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Publié le Mardi 19 avril 2022

Népal: Une émission de radio et une femme forte suffisent pour amorcer le changement

  • Pendant la pandémie de covid-19, Ramkali a commencé à écouter «Sambal», une émission de radio diffusée par le Programme conjoint des Nations Unies sur l’autonomisation économique des femmes rurales
  • Dans cette émission de radio diffusée en direct, des élus locaux répondent aux questions et aux préoccupations des femmes sur des sujets tels que l’égalité des genres, les connaissances économiques et les normes sociales

PARIS: Une voix nous parvient de la radio. Il s’agit de l’émission préférée de Ramkali Mahato. Elle augmente le volume pour écouter des femmes locales discuter avec des élus d’autonomisation et de normes sociales traditionnelles. Inspirée par l’émission, Ramkali s’emploie aujourd’hui à faire de même dans sa vie quotidienne, et s’élève contre les discriminations au sein de sa communauté afin de garantir un avenir meilleur à ses propres enfants.

Ramkali, 36 ans, venait de terminer son année de cinquième lorsqu’elle a été mariée, à l’âge de 12 ans. Dans sa région, au sud-est du Népal, le mariage d’enfants, bien qu’illégal, reste courant. À seulement 14 ans, elle a accouché d’un fils, avant de donner naissance à un deuxième fils et à une fille. En tant que membres du peuple madheshi, une communauté du Népal socialement et économiquement marginalisée, beaucoup de femmes de sa région sont confrontées à des obstacles structurels, dont des politiques, des lois et des normes sociales discriminatoires, qui entravent leur accès à des services, des ressources et des possibilités. Elles assument une part disproportionnée du travail domestique, non rémunéré, et, bien souvent, elles ne peuvent participer à la vie publique, et encore moins y jouer un rôle de premier plan.

Remettre en question les normes sociales

Pendant la pandémie de covid-19, Ramkali a commencé à écouter «Sambal», une émission de radio diffusée par le Programme conjoint des Nations Unies sur l’autonomisation économique des femmes rurales. Ce programme a été mis en œuvre par la FAO, le Fonds international de développement agricole, ONU-Femmes et le Programme alimentaire mondial, et est soutenu par les gouvernements norvégien et suédois. Il a pour objectif de s’attaquer aux causes profondes des inégalités de genre et d’accélérer l’autonomisation économique des femmes rurales, ce qui implique de faciliter l’accès à des possibilités, des ressources et des services, notamment aux terres, au crédit et aux technologies. Le Programme conjoint des Nations Unies sur l’autonomisation économique des femmes rurales collabore avec les gouvernements nationaux, les collectivités locales, les populations et les ménages pour lutter contre le déséquilibre des dynamiques de pouvoir et les normes sociales discriminatoires afin de changer les choses de manière durable.

Dans cette émission de radio diffusée en direct, des élus locaux répondent aux questions et aux préoccupations des femmes sur des sujets tels que l’égalité des genres, les connaissances économiques et les normes sociales préjudiciables reposant sur la violence à l’égard des femmes et des filles. L’émission met aussi en avant les mesures qui peuvent être prises à l’échelle individuelle et à l’échelle de la collectivité pour lutter contre ce problème.

«J’aimais tellement cette émission que je me rendais chez mes voisins toutes les semaines pour allumer moi-même la radio s’ils avaient oublié de l’écouter», confie Ramkali en riant. En écoutant Sambal, Ramkali a compris à quel point il était difficile pour les femmes de sa communauté rurale traditionnelle de vivre en dehors du foyer, et elle donc a entrepris de remettre ces normes en question. Dans sa région, la majorité des fédérations d’agriculteurs et des conseils locaux sont dirigés par des hommes, et les femmes n’ont que très peu de possibilités de participer à la prise de décisions. Toutefois, avec l’aide du Programme conjoint, Ramkali a pris la tête du Groupe d’agricultrices de Laxmi, et a encouragé les autres femmes de sa région à sortir davantage de leur foyer.

«Nos voix sont souvent étouffées par les hommes de mon village, mais Sambal nous a donné la force et le courage de nous faire entendre, et un espace pour le faire», a-t-elle expliqué.

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Grâce aux compétences qu’ils ont apprises dans le cadre du Programme conjoint, Ramkali et son mari ont amélioré leurs revenus agricoles. ©FAO

Mise à l’épreuve

Les récentes responsabilités de direction de Ramkali ont été immédiatement mises à rude épreuve par le confinement imposé du fait de la covid-19, pendant lequel, d’après elle, les cas de violence domestique se sont multipliés dans sa communauté. Elle a profité de son rôle de direction pour dénoncer ces pratiques, ce qui représente déjà un grand pas en avant dans la société népalaise traditionnelle.

«Notre accès aux autorités locales était limité par les restrictions dues au confinement. En nous inspirant de l’émission de radio, d’autres femmes de mon groupe et moi-même avons dénoncé les violences. J’ai même eu l’occasion d’aborder ces questions directement avec les dirigeants de ma communauté et de les encourager à prendre de réelles mesures pour résoudre ces problèmes.»

Chef de file de sa communauté

Le Programme conjoint a aidé Ramkali non seulement à se faire entendre, mais également à gagner sa vie. Avant d’y participer, la famille de Ramkali pratiquait l’agriculture traditionnelle et cultivait à peine de quoi se nourrir. Cependant, grâce à la formation et aux intrants dont elle a bénéficié dans le cadre du Programme conjoint, elle a acquis suffisamment de compétences de maraîchage pour louer une plus grande parcelle et se lancer dans la culture commerciale. Au cours des cinq années qui se sont écoulées depuis le début du programme, ses revenus annuels ont augmenté de plus de 2 000 pour cent.

Cela lui a permis d’obtenir l’indépendance financière nécessaire pour subvenir aux besoins de son foyer, et l’a même incitée à faire en sorte que sa fille bénéficie du même accès à l’éducation que ses fils pendant la covid-19. Pendant le confinement, les garçons étaient favorisés et pouvaient assister aux classes en ligne, tandis que les filles aidaient leurs mères à accomplir les tâches domestiques. Ramkali ne trouvait pas ça normal et, après qu’elle s’est exprimée à ce sujet, les filles ont été encouragées à assister elles aussi aux classes en ligne.

«J’ai traversé beaucoup de difficultés dans ma vie parce que j’ai été mariée quand j’étais enfant et que je n’ai pas pu poursuivre mon éducation», explique-t-elle. «Je ne veux pas que ma fille ou d’autres filles de la communauté aient à subir la même chose.»

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Le Programme conjoint a donné à Ramkali les moyens de faire ses propres choix et de jouer un rôle de premier plan dans sa communauté. ©FAO

Ramkali estime que le Programme conjoint lui a donné les moyens de faire ses propres choix. «Le Programme a changé ma vie en me donnant les moyens de le faire. Il a changé mes relations à la maison et au sein de ma communauté, où ma voix est désormais entendue. Je suis convaincue aujourd’hui que je peux vivre ma vie sans dépendre de mon mari ou d’autres membres de ma famille.»

Bien que Ramkali se soit d’abord heurtée aux réticences de sa communauté, et même à celles de son mari, ces derniers ont tous vu à quel point elle travaillait dur et changeait les choses. Son mari a commencé à apprécier le fait qu’elle aide à subvenir aux besoins de leur famille, et sa communauté a pu constater que Ramkali créait une société plus juste pour les femmes et donnait aux autres femmes le courage de la rejoindre. Il suffit parfois d’une femme forte pour changer la société en profondeur.

(Source: FAO)

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Partenariat Aramco–BlackRock : cap sur le développement gazier de Jafurah

Jafurah, le plus grand champ de gaz non associé du Royaume, contient environ 229 billions de pieds cubes de gaz brut et 75 milliards de barils de condensat.
Jafurah, le plus grand champ de gaz non associé du Royaume, contient environ 229 billions de pieds cubes de gaz brut et 75 milliards de barils de condensat.
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  • Aramco a signé un accord de cession-bail de 11 milliards de dollars avec un consortium dirigé par BlackRock
  • L’accord soutient le programme d’expansion gazière d’Aramco, avec une montée en puissance de la production prévue à Jafurah et une optimisation de son portefeuille d’actifs

RIYAD : Saudi Aramco a conclu un accord de cession-bail d’une valeur de 11 milliards de dollars avec un consortium dirigé par Global Infrastructure Partners, affilié à BlackRock, portant sur des actifs intermédiaires liés au développement gazier de Jafurah.

Dans le cadre de cet accord, la société nouvellement créée Jafurah Midstream Gas Co. (JMGC) obtiendra les droits de développement et d’exploitation de la Jafurah Field Gas Plant et de l’installation de fractionnement Riyas NGL, avant de les relouer à Aramco pour une période de 20 ans, selon un communiqué de presse.

La société percevra un tarif de la part d’Aramco, qui conserve l’exclusivité de la réception, du traitement et de la valorisation du gaz brut issu du champ.

Cette transaction représente l’un des plus importants investissements directs étrangers dans le secteur énergétique du Royaume et s’inscrit dans la continuité du partenariat stratégique entre Aramco et BlackRock. En 2022, BlackRock avait déjà co-dirigé un consortium d’investisseurs pour une participation minoritaire dans Aramco Gas Pipelines Co.

Dans un communiqué, Amin H. Nasser, président-directeur général d’Aramco, a déclaré :
« Jafurah constitue une pierre angulaire de notre ambitieux programme d’expansion gazière, et la participation du consortium mené par GIP en tant qu’investisseur dans un actif clé de nos opérations gazières non conventionnelles démontre la solidité de notre projet. »

Il a ajouté : « Cet investissement direct étranger reflète également l’attrait de la stratégie à long terme d’Aramco auprès des investisseurs internationaux. Alors que Jafurah s’apprête à démarrer la phase 1 de sa production cette année, le développement des phases suivantes progresse comme prévu. »

Dans le cadre de l’accord, Aramco détiendra 51 % de JMGC, tandis que le groupe dirigé par GIP en possédera les 49 % restants. La transaction, qui ne comporte aucune restriction de volume de production, sera finalisée une fois les conditions habituelles remplies.

Jafurah, le plus grand champ de gaz non associé du Royaume, contient environ 229 000 milliards de pieds cubes de gaz brut et 75 milliards de barils de condensats. Le site est central dans le plan d’Aramco visant à augmenter de 60 % sa capacité de production de gaz entre 2021 et 2030, afin de répondre à la demande croissante.

Bayo Ogunlesi, président-directeur général de GIP, a déclaré : « Nous sommes heureux de renforcer notre partenariat avec Aramco grâce à cet investissement dans les infrastructures gazières d’Arabie saoudite, un pilier clé des marchés mondiaux du gaz naturel. »

L’accord a suscité un fort intérêt auprès des investisseurs internationaux, avec la participation de co-investisseurs d’Asie et du Moyen-Orient. Aramco a indiqué que cet accord contribuera à optimiser son portefeuille d’actifs et à générer davantage de valeur grâce au développement de Jafurah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


KAUST publie une nouvelle étude sur la dégradation des terres

L'étude de la KAUST vise à inverser la menace croissante de la dégradation des sols et à améliorer la sécurité alimentaire et hydrique, la stabilité sociale et la biodiversité. (Fourni)
L'étude de la KAUST vise à inverser la menace croissante de la dégradation des sols et à améliorer la sécurité alimentaire et hydrique, la stabilité sociale et la biodiversité. (Fourni)
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  • Le plan directeur de l’université saoudienne vise également à renforcer la sécurité alimentaire, la stabilité sociale et la biodiversité
  • L’étude recommande la restauration des terres dégradées par des pratiques de gestion durable

RIYAD : Une récente étude menée par l’Université des sciences et technologies du roi Abdallah (KAUST) propose un nouveau plan directeur pour atténuer l’impact mondial de la dégradation des terres.

L’université saoudienne cherche à inverser cette menace croissante, tout en améliorant la sécurité alimentaire et hydrique, la stabilité sociale et la biodiversité.

Publiée dans la revue scientifique multidisciplinaire Nature, l’étude avance plusieurs solutions pour inverser la trajectoire actuelle de dégradation des terres d’ici 2050.

Parmi les recommandations figure l’augmentation de la production et de la consommation de produits de la mer afin de réduire la pression exercée par l’agriculture sur les terres.

Une autre piste suggère de réduire le gaspillage alimentaire de 75 % — l’étude rappelant qu’un tiers de la nourriture produite est actuellement gaspillée, pour un coût dépassant les 1 000 milliards de dollars chaque année.

Enfin, les auteurs appellent à restaurer 50 % des terres dégradées grâce à des pratiques de gestion durable.

KAUST rappelle que la production alimentaire utilise actuellement jusqu’à 34 % des terres émergées non couvertes de glace, un chiffre qui pourrait atteindre 42 % d’ici 2050 si rien ne change.

Les scientifiques proposent de revoir les incitations économiques, d’augmenter les dons alimentaires et de promouvoir des portions plus petites dans les restaurants, afin de préserver jusqu’à 13,4 millions de km² de terres.

« L’Arabie saoudite fait déjà beaucoup pour réduire le gaspillage alimentaire et restaurer les terres, mais elle pourrait tirer encore plus de bénéfices si les décideurs appliquent certaines recommandations clés », a déclaré Fernando Maestre, professeur en sciences et ingénierie de l’environnement à KAUST, à Arab News.

« Cela inclut la promotion de repas plus petits dans les restaurants, l’obligation pour les supermarchés et hôtels de donner ou de solder les produits proches de la date de péremption, l’exigence pour les entreprises de publier des plans de réduction du gaspillage, l’investissement dans la chaîne du froid et la redistribution communautaire, ainsi que le développement d’options durables en produits de la mer et algues, à forte valeur nutritionnelle et à faible usage des terres et de l’eau. »

« Réduire le gaspillage alimentaire grâce à ces mesures soulagerait la pression sur les ressources hydriques limitées du Royaume, réduirait les émissions, renforcerait la sécurité alimentaire et permettrait des économies », a-t-il ajouté.

L’étude souligne également l’importance d’une production durable de produits de la mer, et explique comment des politiques ciblées en matière d’aquaculture pourraient contribuer à diminuer la pression sur les ressources terrestres et à freiner la déforestation.

« En transformant les systèmes alimentaires, en restaurant les terres dégradées, en exploitant le potentiel des produits de la mer durables et en favorisant la coopération entre nations et secteurs, nous pouvons inverser la courbe de la dégradation des terres », conclut Maestre.

Cette étude a été menée en collaboration avec Aeon Collective et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les actifs du fonds souverain saoudien (PIF) augmentent de 19 % pour atteindre 913 milliards $ en 2024

(Shutterstock)
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  • Le PIF a augmenté ses actifs sous gestion de 19 % en 2024, atteignant 913 milliards de dollars, grâce à une forte mobilisation de capitaux, une transformation numérique avancée et des investissements ciblés dans des secteurs stratégiques
  • Le PIF joue un rôle clé dans la diversification économique de l’Arabie saoudite

RIYAD : La valeur totale des actifs sous gestion du Public Investment Fund (PIF) d’Arabie saoudite a atteint 913 milliards de dollars à la fin de l’année 2024, soit une hausse de 19 % par rapport à l’année précédente, selon le rapport annuel publié par le fonds souverain.

Le rapport indique également que les revenus du PIF ont progressé de 25 % sur un an, tandis que la trésorerie est restée solide et globalement stable.

Cette annonce intervient après le classement de Brand Finance, qui a désigné le PIF comme le fonds souverain le plus précieux et à la croissance la plus rapide au monde, avec une valeur de marque estimée à 1,2 milliard de dollars.

En juillet, une étude du cabinet Global SWF classait le PIF quatrième au niveau mondial, avec des actifs dépassant 1 000 milliards de dollars — une estimation légèrement supérieure à celle du rapport officiel.

« Le portefeuille du PIF a enregistré une croissance annuelle de 19 % pour atteindre 913 milliards $. Les investissements dans les secteurs prioritaires ont totalisé 56,8 milliards $ en 2024, portant les investissements cumulés depuis 2021 à plus de 171 milliards $ », a déclaré Yasir A. Al-Salman, directeur financier du PIF.

Depuis 2017, le fonds a affiché un rendement moyen annuel de 7,2 %, tandis que sa contribution cumulée au PIB réel non pétrolier de l’Arabie saoudite entre 2021 et 2024 s’élève à 243 milliards de dollars.

« Tout au long de 2024, le PIF a poursuivi sa mission avec vision à long terme et impact durable. Il a joué un rôle moteur dans la transformation économique du Royaume », a affirmé Maram Al-Johani, cheffe de cabinet par intérim et secrétaire générale du conseil d’administration.

Elle a précisé que le fonds représente désormais 10 % de l’économie non pétrolière du pays.

« Le portefeuille du PIF reflète sa volonté de diversification économique. Le fonds continue d’investir et de créer de nouvelles entreprises, portant leur nombre total à 225, dont 103 fondées directement par le PIF », a-t-elle ajouté.

Le PIF soutient également le développement de secteurs économiques stratégiques en renforçant les capacités techniques de ses filiales, en favorisant la localisation industrielle et en encourageant l’innovation.

« Les résultats 2024 marquent la transition du PIF d’une phase de transformation numérique vers un leadership numérique. L’intelligence artificielle et l’automatisation sont désormais au cœur de nos opérations. En 2024, nous avons mené 58 projets digitaux, lancé 15 nouvelles applications et automatisé plus de 477 processus », a déclaré Al-Johani.

Enfin, le PIF poursuit la diversification de ses sources de financement : il a levé 9,83 milliards de dollars en dette publique et 7 milliards en dette privée.

La solidité financière du fonds a été confirmée par les agences de notation : Moody’s a relevé la note du PIF de A1 à Aa3, perspective stable, tandis que Fitch a confirmé sa note A+, également avec perspective stable.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com