L'Italie parie sur le gaz africain pour ne plus dépendre de la Russie

L'Italie s'est lancée dans une offensive diplomatique en Afrique pour sortir de sa dépendance au gaz russe (Photo, AFP).
L'Italie s'est lancée dans une offensive diplomatique en Afrique pour sortir de sa dépendance au gaz russe (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 20 avril 2022

L'Italie parie sur le gaz africain pour ne plus dépendre de la Russie

  • Alors que la Russie fournit actuellement à la péninsule 45% de son gaz, le Premier ministre Mario Draghi souhaite changer cette situation
  • Dans ce but, Mario Draghi devait se rendre en personne mercredi à Luanda et jeudi à Brazzaville pour y conclure de nouveaux contrats de fourniture

ROME: L'Algérie et l'Egypte avant Pâques, le Congo et l'Angola cette semaine, le Mozambique en mai: l'Italie s'est lancée dans une offensive diplomatique en Afrique pour sortir de sa dépendance au gaz russe.

Alors que la Russie fournit actuellement à la péninsule 45% de son gaz, le Premier ministre Mario Draghi souhaite changer cette situation en diversifiant au plus vite son portefeuille de fournisseurs.

"Nous ne voulons plus dépendre du gaz russe, parce que la dépendance économique ne doit pas devenir une sujétion politique", a-t-il affirmé dimanche dans un entretien au quotidien Il Corriere della Sera.

"La diversification est possible et peut être mise en œuvre relativement rapidement, plus vite que nous le pensions il y a seulement un mois", a-t-il estimé.

Dans ce but, Mario Draghi devait se rendre en personne mercredi à Luanda et jeudi à Brazzaville pour y conclure de nouveaux contrats de fourniture mais, positif au Covid, il a été remplacé au pied levé par son ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio, accompagné de son collègue de la Transition écologique Roberto Cingolani.

Rome exploite "les excellentes relations" que le géant énergétique italien Eni a nouées au cours de 69 ans de présence en Afrique, où il est le leader tant au niveau de la production que des réserves, souligne pour l'AFP Davide Tabarelli, patron du groupe de réflexion Nomisma Energia. Le patron d'Eni Claudio Descalzi accompagnera d'ailleurs les deux ministres dans leur périple.

Ces dernières semaines, Rome a déjà conclu des accords avec l'Algérie et l'Egypte. Alger, actuellement son deuxième fournisseur, contribue déjà pour environ 30% de sa consommation.

Selon Eni, l'accord signé avec la compagnie nationale algérienne, Sonatrach, fera grimper les livraisons de gaz à travers le gazoduc sous-marin Transmed "jusqu'à 9 milliards de m3 par an" d'ici 2023-2024.

«Tentative velléitaire»

L'accord conclu avec l'Egypte pourrait en outre permettre de convoyer en Europe et en Italie jusqu'à trois milliards de m3 de gaz naturel liquéfié dès cette année, selon ENI.

Cette diversification des sources d'approvisionnement ne sera pas bon marché, car pour pouvoir importer davantage de gaz naturel liquéfié l'Italie envisage d'acheter ou de louer des unités flottantes des stockage et de regazification. 

Ces dépenses pèseront sur les finances de la troisième économie de la zone euro, déjà très endettée, mettent en garde les experts, qui prédisent de nouvelles taxes retombant sur les entreprises et les particuliers.

Quoi qu'il en soit, l'idée de remplacer le gaz russe "à court terme" est "une tentative velléitaire", "il faudra au moins deux ou trois ans", estime Davide Tabarelli.

Pour Francesco Galietti, qui dirige le cabinet de consultants Policy Sonar, "c'est une course contre la montre afin de s'assurer des réserves de gaz et de pétrole pour la prochaine saison hivernale".

Selon lui, Rome devrait faire feu de tout bois, y compris en augmentant la production d'énergies fossiles sur son propre territoire, alors que le ministère de la Transition écologique résilie au contraire des contrats.

"Le fait que (le ministère) snobe ce pétrole et ce gaz (domestiques) retarde la sortie de la dépendance au gaz russe", met-il en garde.

«Opération Thermostat»

L'Italie est l'un des plus gros consommateurs européens de gaz, qui représente 42% de sa consommation énergétique, et elle importe 95% de son gaz.

Le gouvernement espère aussi réduire cette dépendance en accélérant les investissements dans les renouvelables, notamment en allégeant les obstacles bureaucratiques à l'installation d'éoliennes et de panneaux solaires.

Mario Draghi a appelé ce mois-ci ses compatriotes à faire quelques sacrifices: "Voulons-nous la paix ou voulons-nous allumer la climatisation cet été"?

Son gouvernement s'est d'ores et déjà attelé à mettre sur pied "l'opération thermostat", qui vise à faire baisser le chauffage d'un degré dans les écoles et les administrations, et adopter une mesure équivalente pour cet été avec la climatisation.

Cette règle s'appliquerait aussi aux foyers et aux sociétés privées, bien qu'il semble difficile d'en surveiller l'application.

Cette mesure pourrait faire économiser quelque 4 milliards de m3 de gaz par an, soit environ 14% du gaz importé de Russie, selon le quotidien La Stampa.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Short Url
  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.