Les orphelins de Ghada, Palestinienne tuée par «erreur» par un soldat israélien

Les affiches des devantures des commerces locaux sont écrites à la fois en arabe et en hébreu car nombre de colons israéliens des environs viennent y faire leurs courses, sans causer de problèmes (Photo, AFP).
Les affiches des devantures des commerces locaux sont écrites à la fois en arabe et en hébreu car nombre de colons israéliens des environs viennent y faire leurs courses, sans causer de problèmes (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 21 avril 2022

Les orphelins de Ghada, Palestinienne tuée par «erreur» par un soldat israélien

  • Ghada pensait être loin des tensions israélo-palestiniennes lorsqu'elle a quitté à pied la résidence familiale de Husan, un village en bordure de Bethléem
  • Husan n'est pas un haut lieu de tensions en Cisjordanie occupée

HUSAN: Il y a des jours qui changent des vies comme ce dimanche d'avril où Ghada Sabateen est partie rendre visite à un oncle. Tuée par "erreur" par un soldat israélien, elle laisse derrière elle six orphelins et un message: l'éducation triomphera de la haine.

Attaques à Tel-Aviv, opérations en Cisjordanie, assauts au couteau contre des soldats, confrontations musclées à Jérusalem, Ghada pensait être loin des tensions israélo-palestiniennes lorsqu'elle a quitté à pied la résidence familiale de Husan, un village en bordure de Bethléem.

Husan n'est pas un haut lieu de tensions en Cisjordanie occupée. Les affiches des devantures des commerces locaux sont écrites à la fois en arabe et en hébreu car nombre de colons israéliens des environs viennent y faire leurs courses, sans causer de problèmes.

A l'entrée du village, des soldats israéliens se tiennent en permanence sur un petit îlot bétonné qui fait figure de checkpoint.

Le 10 avril à la mi-journée, Ghada, 45 ans, vêtue d'une thob, une longue tunique, et le visage ceint d'un hijab, rentre de sa visite chez son oncle et marche à proximité de l'îlot lorsqu'un soldat tire des coups de semonce.

«Peur pour leur avenir»

Ghada, qui a des problèmes de vue et ne parle pas hébreu, panique mais continue de marcher. Un soldat ouvre le feu sur ses jambes. Ghada s'effondre. La scène est filmée par un reporter de la télévision palestinienne se trouvant à proximité. 

Après de longues minutes d'attente, elle est transférée par le Croissant-rouge palestinien dans un hôpital de la ville voisine de Beit Jala, où les médecins constatent qu'elle s'est vidée de son sang.

Ghada n'avait ni veste explosive ni arme ni couteau sur elle. Et la famille navigue depuis entre incompréhension et colère.

"Ma soeur s'est rendue sur place et a demandé à un soldat en hébreu: +avait-elle fait quelque chose de mal?+", raconte à l'AFP la mère de Ghada, Houria Sabateen, 69 ans.

"Le soldat a répondu: +Non+. Alors elle a rétorqué: +Pourquoi avoir ouvert le feu sur elle dans ce cas?!+. Et le soldat a répondu: +Désolé+". 

Autour d'elle, Omar, Jamila, Mohammed et Moustafa, quatre des six enfants de Ghada, s'alignent sur les canapés du salon, les regards vissés au plancher. 

"Ils sont devenus orphelins. Et moi je suis vieille, et j'ai peur pour eux quand ils sortent, à cause de l'armée, je voudrais les nourrir, leur montrer la vie. J'ai peur pour leur avenir", souffle Houria, qui console son petit-fils, Moustafa, "brisé" depuis ce dimanche d'avril.

"En perdant ma mère, c'est comme si la vie n'avait plus de sens. C'est elle qui nous réveillait le matin, c'est elle qui nous accueillait à notre retour de l'école, c'est elle qui prenait soin de nous (...) elle était tout, elle ne peut être remplacée", s'émeut Moustafa, déjà sage à 15 ans.

Et d'évoquer les effluves du maqloubé, plat traditionnel de riz et de viande mijoté par Ghada, et les leçons de mathématiques par lesquelles elle "me faisait tout de suite tout comprendre".

Issue d'une famille de scientifiques, elle-même diplômée en maths à l'université de Bethléem, Ghada avait passé une quinzaine d'années en Jordanie où elle a enseigné.

«Une femme indépendante»

Lorsque son mari est mort subitement il y a quatre ans, Ghada est rentrée à Husan avec leurs enfants. Elle préparait les repas, suivait les devoirs, lisait le Coran, rendait visite aux membres de la famille élargie, donnait à l'occasion des leçons privées.

"C'était une femme indépendante, paisible, cultivée, et qui ne s'intéressait pas du tout à la politique", relate Rafaat, son frère, qui dit avoir reçu des excuses de l'armée israélienne pour leur "erreur". 

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a  indiqué avoir ouvert une enquête et affirmé que Ghada avait un comportement "suspect" aux yeux des soldats.

Fait rare, le chargé américain pour les Affaires palestiniennes, George Noll, a appelé la famille Sabateen pour présenter ses condoléances pour ce décès.

Après la mort de Ghada, les heurts nocturnes se sont multipliés dans la région de Husan. Un adolescent, Qusay Hamamra, qui a lancé selon l'armée un cocktail Molotov vers des soldats, a été tué par les forces israéliennes.

Mais Houria a dit qu'elle inculquerait autre chose aux enfants de Ghada: "Si nous voulons nous battre contre Israël, il faut le faire par l'éducation, la culture (...) on ne peut rester dans la haine. Si j'aime Ghada, je dois inculquer cela à ses enfants".


Israël accuse la Finul d'avoir abattu un de ses drones au Liban

Ci-dessus, un véhicule blindé de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passe devant des bâtiments détruits le long d'une route dans le village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, le 27 août 2025. (AFP)
Ci-dessus, un véhicule blindé de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passe devant des bâtiments détruits le long d'une route dans le village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, le 27 août 2025. (AFP)
Short Url
  • L’armée israélienne accuse la Finul d’avoir abattu un de ses drones de renseignement dans le sud du Liban, alors que l’accord de cessez-le-feu limite les forces dans la zone aux Casques bleus et à l’armée libanaise
  • La Finul affirme que le drone israélien a survolé ses patrouilles de manière agressive et que ses contre-mesures défensives étaient nécessaires ; aucune victime n’a été signalée

Jérusalem: L'armée israélienne a accusé lundi la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) d'avoir abattu l'un de ses drones de renseignement dans le sud du Liban.

La Finul oeuvre avec l'armée libanaise à l'application de l'accord de cessez-le-feu ayant mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, dont deux mois de guerre ouverte.

L'armée israélienne occupe toujours cinq positions dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël, et mène régulièrement des frappes sur le territoire libanais en affirmant viser le Hezbollah, malgré l'accord.

"Une première enquête suggère que les forces de la Finul ont délibérément tiré sur le drone et l'ont abattu", a écrit sur X le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l'armée, en annonçant l'ouverture d'une enquête.

Selon lui, "l'activité du drone ne représentait aucune menace pour la Finul. Après la destruction du drone, les troupes israéliennes ont largué une grenade vers la zone où le drone est tombé".

Dimanche, la Finul a affirmé dans un communiqué qu'"un drone israélien a survolé l'une de (ses) patrouilles de manière agressive. Les Casques bleus ont appliqué les contre-mesures défensives nécessaires pour neutraliser le drone".

Elle a plus tard indiqué qu'"un drone israélien s'est approché d'une patrouille de la Finul opérant près de Kfar Kila et a largué une grenade". "Quelques instants plus tard, un char israélien a tiré en direction des Casques bleus", a-t-elle ajouté sans faire état de victime.

"Il convient de souligner qu'aucun tir n'a été dirigé contre les forces de la Finul", a dit Nadav Shoshani.

En septembre, la Finul avait affirmé que des drones israéliens avaient largué quatre grenades près de ses positions dan le sud du Liban, Israël affirmant alors qu'il n'y avait eu "aucun tir intentionnel" contre la mission de l'ONU.

Aux termes de l'accord de cessez-le-feu, seules l'armée libanaise et la Finul doivent être déployées dans le sud du Liban.


Trois morts dans des frappes israéliennes au Liban

Des personnes inspectent l'épave d'un véhicule visé par une frappe israélienne dans le village de Haruf, dans le sud du Liban, le 25 octobre 2025. (AFP)
Des personnes inspectent l'épave d'un véhicule visé par une frappe israélienne dans le village de Haruf, dans le sud du Liban, le 25 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • Trois personnes, dont deux membres présumés du Hezbollah, ont été tuées dimanche dans des frappes israéliennes au Liban, notamment à Naqoura et dans la région de Baalbek, malgré un cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre 2024
  • La FINUL a dénoncé des violations israéliennes après qu’un drone et un char ont visé une de ses patrouilles, tandis qu’Israël affirme frapper pour empêcher le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaires

BEYROUTH: Trois personnes ont péri dimanche dans des frappes israéliennes au Liban, ont indiqué les autorités libanaises, l'armée israélienne affirmant avoir tué deux membres du Hezbollah dans l'est et le sud du pays.

Depuis jeudi, 11 personnes ont péri dans les raids aériens israéliens au Liban, malgré un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais entré en vigueur fin novembre 2024 après une guerre ouverte. Le Hezbollah est sorti très affaibli de ce conflit.

"Une frappe israélienne sur un véhicule a fait un mort à Naqoura (sud)", a indiqué le ministère libanais dans un communiqué avant de faire état d'un autre mort dans une frappe dans la région de Baalbek (nord-est).

Plus tard dans la journée, le ministère a annoncé une nouvelle frappe israélienne dans la région de Baalbek, qui a "coûté la vie à un Syrien".

Il n'a pas fourni d'autres précisions sur ces trois morts.

En Israël, l'armée a affirmé avoir ciblé et "éliminé le terroriste Ali Hussein Al-Moussawi, un trafiquant d'armes pour l'organisation terroriste du Hezbollah, dans la région de la Békaa", dans l'est du Liban.

Elle a aussi indiqué avoir "visé dans une frappe le terroriste Abed Mahmoud Al-Sayyed à Naqoura", qu'elle a accusé d'avoir "participé aux tentatives du Hezbollah de reconstituer ses capacités militaires dans la région".

De son côté, la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), déployée dans le sud du pays, a affirmé qu'"un drone israélien s'est approché d'une de (ses) patrouilles près de Kfar Kila et a largué une grenade".

"Quelques instants plus tard, un char israélien a tiré en direction des Casques Bleus", a-t-elle ajouté dans un communiqué sans faire état de victime. "Ces actions des forces israéliennes (...) constituent une violation de la souveraineté du Liban."

Malgré le cessez-le-feu, l'armée israélienne mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser le mouvement pro-iranien pour l'empêcher, selon elle, de reconstruire ses infrastructures détruites durant la guerre.

Israël continue en outre d'occuper cinq positions dans le sud du territoire libanais, alors que l'accord de cessez-le-feu prévoit son retrait du Liban ainsi que celui du Hezbollah.

Selon l'accord, seules l'armée libanaise et la Finul doivent être déployées dans le sud du pays.

Sous la forte pression des Etats-Unis, l'armée libanaise a élaboré un plan visant à désarmer le Hezbollah, en commençant par le sud du pays, frontalier du nord d'Israël.

Le mouvement libanais refuse de désarmer.


Des mouvements palestiniens d'accord pour la gestion de Gaza par un comité indépendant de technocrates

Des Palestiniens marchent à travers les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, vendredi. (AP)
Des Palestiniens marchent à travers les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, vendredi. (AP)
Short Url
  • Réunis au Caire sous médiation égyptienne, le Hamas, le Fatah et d'autres factions palestiniennes ont convenu de confier provisoirement la gestion de Gaza à un comité indépendant de technocrates, à la suite du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre
  • Les groupes ont également annoncé leur volonté de relancer l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme représentant légitime du peuple palestinien, marquant une étape vers une possible réconciliation politique entre le Hamas et le Fatah

LE CAIRE: Des mouvements palestiniens réunis au Caire, dont le Hamas, se sont mis d'accord vendredi, dans un communiqué commun, pour remettre provisoirement la bande de Gaza à un comité indépendant de technocrates à la suite de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre et parrainé par Donald Trump.

Selon le document publié sur le site du Hamas, les différents groupes palestiniens ayant participé aux discussions ont convenu de la mise en place d'un "comité palestinien temporaire composé de résidents indépendants +technocrates+ (...) chargé de gérer les affaires de la vie et les services essentiels".

Les groupes palestiniens se sont aussi mis d'accord sur une stratégie nationale visant à "revitaliser l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en tant que seul représentant légitime du peuple palestinien". Le Hamas ne fait pas partie de l'OLP.

Des délégations du Hamas et de son rival, le Fatah, s'étaient réunies jeudi en Egypte pour évoquer les dispositions à prendre après la guerre à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des pourparlers.

Les deux mouvements entretiennent une rivalité politique ancienne, qui a souvent freiné les efforts de réconciliation nationale palestinienne.

Médiatrice de longue date dans le conflit israélo-palestinien, l'Egypte a accueilli ces réunions dans le cadre d'une initiative plus large visant à favoriser un consensus autour du plan de cessez-le-feu.

En parallèle des discussions entre le Hamas et le Fatah, le chef du renseignement égyptien, Hassan Rashad, a rencontré de hauts responsables d'autres factions palestiniennes, dont le Jihad islamique, allié du Hamas, ainsi que le Front démocratique (FDLP) et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Ces deux dernières formations marxistes sont membres de l'OLP.

En décembre 2024, le Hamas et le Fatah avaient annoncé un accord pour créer un comité visant à gérer la bande de Gaza après la guerre contre Israël. L'accord avait été critiqué notamment par des membres du Fatah.

Par la suite, plusieurs responsables politiques palestiniens ont évoqué la création du comité de gestionnaires non affiliés en charge d'administrer le territoire où le Hamas avait pris le pouvoir par la force en 2007.

Le Hamas a déjà fait savoir qu'il ne tenait pas à gouverner Gaza, ravagée par deux ans de guerre.

Le président américain Donald Trump a de son côté évoqué un "conseil de la paix" qu'il pourrait présider pour piloter l'après-guerre à Gaza.