Turquie: Les réfugiés au cœur des débats

Des migrants marchent vers le poste-frontière de Pazarkule en Turquie et de Kastanies en Grèce, à Pazarkule, en Turquie, le 28 février (Photo, Reuters).
Des migrants marchent vers le poste-frontière de Pazarkule en Turquie et de Kastanies en Grèce, à Pazarkule, en Turquie, le 28 février (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Vendredi 22 avril 2022

Turquie: Les réfugiés au cœur des débats

  • Un analyste souligne la nécessité d'une stratégie d'intégration nationale proactive pour les Syriens dans la société turque
  • Le retour volontaire des réfugiés syriens dans leur pays reste peu probable, du fait des conditions actuelles dans leur pays natal

ANKARA: La politique de gestion des migrations de la Turquie est devenue un sujet brûlant ces derniers jours, des membres du public demandant des mesures de sécurité plus strictes contre les afflux irréguliers de migrants.
L'hostilité croissante à l'égard des réfugiés n'a pas seulement été provoquée par la détérioration de la situation économique en Turquie, mais aussi par une série d'incidents récents.
Les souvenirs sont encore frais après les manifestations organisées à Ankara en août dernier contre des maisons et des lieux de travail appartenant à des Syriens, à la suite de rumeurs selon lesquelles un réfugié syrien aurait poignardé deux turcs lors d'une rixe.
Face aux nombreuses critiques des partis d'opposition qui souhaitent l'expulsion des réfugiés, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mercredi que les réfugiés syriens retourneraient de leur plein gré dans leur pays une fois la paix établie en Syrie.
Selon le professeur Murat Erdogan de l'université d'Ankara, 85% des Turcs souhaitent que les Syriens soient rapatriés ou isolés dans des camps ou des zones sécurisées.
Un débat est également en cours en Turquie sur l'opportunité d'autoriser le retour des réfugiés syriens s'ils peuvent se rendre brièvement dans leur pays pendant la prochaine fête de l'Aïd al-Fitr.
Le gouvernement turc travaille actuellement sur un plan visant à restreindre les passages pendant le Ramadan, décourageant de nombreux Syriens de partir par crainte de ne pas être autorisés à rentrer en Turquie.
«La migration irrégulière est une invasion qui ne dit pas son nom», a déclaré le président du Parti du mouvement nationaliste, Devlet Bahceli, partenaire de coalition du gouvernement au pouvoir.
Le sujet, qui a pris de l'ampleur après l'arrivée récente d'environ 60 000 réfugiés ukrainiens en Turquie, a été fortement commenté par des partis anti-immigration, qui ont indiqué qu'ils renverraient tous les exilés dans leur pays d'origine après les élections de 2023.
«La Turquie est en effet liée par le droit international de non-refoulement, qui interdit le retour de toute personne dans un endroit où elle serait en danger, et ce principe est également protégé par les lois nationales, notamment la protection temporaire offerte aux Syriens», a déclaré à Arab News Begum Basdas, chercheuse au Centre pour les droits fondamentaux de l’école Hertie à Berlin.
La Turquie accueille environ 3,7 millions de Syriens. Le ministre turc de l'Intérieur, Suleyman Soylu, a récemment annoncé que quelque 500 000 d'entre eux étaient rentrés dans les zones sécurisées créées dans le nord de la Syrie après les opérations transfrontalières de la Turquie, et que plus de 19 000 Syriens avaient été expulsés depuis 2016 pour avoir enfreint la loi.
«Le fait que les États traitent les migrants comme une monnaie d'échange n'est pas nouveau, mais ce qui est inquiétant aujourd'hui, c'est que le public est également de la “partie”. Nous devons reconnaître que la Turquie accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde, et cela est une force, pas un fardeau», a jugé Basdas.
La Turquie a jusqu'à présent accordé la citoyenneté à 192 000 Syriens, mais l'opposition a parallèlement demandé davantage de contrôles de sécurité lors de l'octroi de la citoyenneté, car elle affirme que certains criminels l'utilisent pour franchir les frontières de la Turquie.
À l'approche des prochaines élections de 2023, le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple, s'est engagé à expulser les migrants syriens vers leur pays et à se réconcilier avec le régime d'Al-Assad afin de faciliter le retour des citoyens syriens.
Friedrich Puttmann, chercheur au Istanbul Policy Center, a déclaré que les raisons pour lesquelles la plupart des Turcs rejettent aujourd'hui les réfugiés syriens sont multiples, notamment des raisons économiques, sociales et politiques.
«Sur le plan économique, de nombreux Turcs perçoivent les Syriens comme la cause de la hausse des prix des loyers et du chômage des citoyens turcs. En effet, un tiers de l'économie turque est informelle et la plupart des Syriens travaillent également de manière officieuse, mais la plupart du temps pour des salaires inférieurs à ceux des Turcs. Pour de nombreux Turcs, c'est la raison pour laquelle ils ne trouvent plus de travail», a expliqué Puttmann à Arab News.
«De plus, de nombreux Turcs ont tendance à croire que l'État turc privilégie les Syriens en ne prélevant pas d'impôts sur leur activité entrepreneuriale, en leur donnant un accès privilégié aux soins de santé et à l'éducation, et en leur versant des prestations sociales qui ne sont pas accessibles aux Turcs. La plupart des Turcs ne savent pas que ces deux dernières prestations sont en fait financées en grande partie par l'UE. Cependant, l'injustice apparente que cela crée aux yeux des citoyens turcs en en dérange plus d’un», a-t-il ajouté.
Selon Puttmann, l'attitude des Turcs à l'égard des réfugiés syriens a également une dimension politique, qui reflète les luttes internes de la Turquie sur l'identité nationale.
Il a indiqué qu'«en apparence, de nombreux Turcs laïques rejettent les Syriens parce qu'ils sont trop conservateurs sur le plan religieux, tandis que de nombreux Turcs conservateurs sur le plan religieux rejettent les Syriens parce qu'ils ne se comportent pas comme de «bons musulmans». Ces deux critiques sont l’expression de la façon dont différents Turcs aimeraient voir leur pays et sont donc davantage dirigées contre la société turque en général que contre les réfugiés syriens en particulier.»
Puttmann pense également qu'avec l'omniprésence du nationalisme, la plupart des Turcs se rejoignent dans la crainte que les Syriens ne s'intègrent pas dans la société turque et qu’ils soient un jour plus nombreux qu'eux.
Cependant, le retour volontaire des réfugiés syriens dans leur pays reste peu probable, car les conditions actuelles en Syrie ne sont toujours pas propices à la reconstruction d'une vie.
«De nombreux Syriens ont perdu tout ce qu'ils avaient, ils craignent Al-Assad, et leurs enfants ont peut-être grandi davantage en Turquie qu'en Syrie à présent. Cela signifie que, quel que soit le nombre de Syriens qui finiront par retourner en Syrie, un certain nombre d'entre eux resteront très probablement en Turquie pour toujours», a déclaré Puttman.
Selon les experts, les autorités turques devraient travailler sur des solutions durables, comme la réinstallation dans des pays tiers, afin de partager les responsabilités avec la communauté internationale.
Pour Basdas, il est impossible «d'ouvrir les portes de l'Europe aux réfugiés» ou «de les renvoyer en Syrie dans des bus».
Elle a révélé que «de telles promesses électorales n'apaisent personne, mais alimentent davantage les sentiments anti-réfugiés et le racisme en Turquie et provoquent le public sur la voie des pogroms et de la violence. Il n'y a pas de retour possible à partir de là.»
Puttmann est tout à fait d'accord avec cet avis et affirme qu'il est nécessaire de mettre en place une stratégie d'intégration proactive à l'échelle nationale afin d'intégrer pleinement les Syriens dans la société turque.
«Tout d'abord, la société turque devrait formuler ce qu'elle attend des réfugiés syriens pour s'intégrer, en tenant compte des droits des réfugiés et de leurs propres attentes également», a-t-il ajouté.
«Deuxièmement, la Turquie devrait élaborer un plan pour y parvenir.
«Troisièmement, l'UE devrait soutenir ce processus par son expertise et son aide financière, car la résolution de la question des réfugiés en Turquie est également dans l'intérêt vital de l'UE.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Short Url
  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Short Url
  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Short Url
  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".