Liban: Aoun vivement critiqué pour avoir reporté des consultations parlementaires

Le président libanais Michel Aoun rencontre l'ancien Premier ministre Saad al-Hariri au palais présidentiel de Baabda, au Liban, le 12 octobre 2020 (Photo, Reuters).
Le président libanais Michel Aoun rencontre l'ancien Premier ministre Saad al-Hariri au palais présidentiel de Baabda, au Liban, le 12 octobre 2020 (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Vendredi 16 octobre 2020

Liban: Aoun vivement critiqué pour avoir reporté des consultations parlementaires

  • Des questions ont été soulevées au sujet de la décision unilatérale d’Aoun et du message qu’il envoie à la communauté internationale et au peuple libanais
  • Les parlementaires craignent qu'Aoun ait reporté les consultations afin de dissuader Hariri de se présenter comme Premier ministre

BEYROUTH: La livre libanaise a connu une amélioration significative de son taux de change face au dollar à la suite de l'annonce la semaine dernière par Saad Hariri, le chef du Mouvement du Futur, qu'il est le «candidat naturel» pour diriger le prochain gouvernement.

Cependant, le taux est passé à plus de 8 000 LBP pour un dollar sur le marché noir libanais jeudi, une chute de 1 200 LBP en deux jours, quand le président Michel Aoun a déclaré que les consultations parlementaires contraignantes pour désigner le nouveau Premier ministre libanais, prévues pour jeudi, doivent être reportées d’une semaine.

Des questions ont été soulevées au sujet de la décision unilatérale d’Aoun et du message qu’il envoie à la communauté internationale et au peuple libanais. Ce dernier espère que l’installation rapide d’un nouveau gouvernement pourrait atténuer certains des maux économiques et sociaux auxquels est confronté le pays en ce moment.

Le chef du Parlement, Nabih Berri, a déclaré qu'il était contre le report des consultations «même d’un jour».

Le chef du mouvement Marada, Suleiman Frangieh, a déclaré: « Le report des consultations est interdit à la lumière des circonstances que vivent les Libanais ».

La majorité des blocs parlementaires libanais ont annoncé qu’ils soutiendraient Hariri en tant que nouveau Premier ministre lors des consultations parlementaires. En plus de son propre parti, Hariri détient le soutien du Hezbollah, du mouvement Amal, du Parti socialiste progressiste (PSP), du mouvement Marada et des députés arméniens, ce qui lui donne un total d'au moins 70 voix; une nette majorité parmi les 120 députés actuels. Le Mouvement patriotique libre (MPL) et les Forces libanaises ne le soutiendraient certainement pas.

Le chef du MPL, Gebran Bassil, qui est également le gendre du président, a lancé mardi une attaque contre Hariri, creusant le fossé politique. Cependant, des sources du palais présidentiel ont déclaré qu’il n’y avait « aucune raison personnelle » derrière la décision d’Aoun de reporter les consultations. En 2018, Aoun a bloqué la formation d'un gouvernement dirigé par Hariri, stipulant que Bassil devrait se voir attribuer un poste ministériel.

Le communiqué du palais a déclaré qu'Aoun avait pris sa décision « à la demande de certains blocs parlementaires, après l’émergence de difficultés qui nécessitent… des solutions ».

L'ancien député Fares Souadi a dit simplement: « Nous allons certainement en enfer ».

Une source proche d'Aoun a déclaré à Arab News que le président est « désireux de fournir le plus grand (nombre possible) de soutien parlementaire au Premier ministre qui formera le Cabinet, étant donné l'importance… des tâches exigées du gouvernement dans la phase suivante, et qui nécessitent un large consensus national et non une division. »

Plusieurs politiciens ont souligné que des gouvernements ont été formés sans consensus unanime dans le passé, y compris ceux de Hassan Diab et Najib Mikati.

Schenker a Beyrouth

Les parlementaires craignent qu'Aoun ait reporté les consultations afin de dissuader Hariri de se présenter comme Premier ministre. Néanmoins, Hussein Al-Wajeh, conseiller de Hariri pour les affaires médiatiques, a déclaré à Arab News: «Le report des consultations ne changera pas la position d’Hariri, qui tient à l’initiative française et au gouvernement de technocrates. L'initiative française était, et demeure toujours, la seule - et la dernière - chance d'arrêter l'effondrement et de reconstruire Beyrouth. Le report ne changera rien à cela et les perturbations n’ont jamais été une solution pour le Liban et les Libanais».

«Si le président respecte la légitimité, cela devrait se refléter lors de la formation d'un gouvernement, et non en désignant la personne qui formera le gouvernement», a-t-il ajouté.

L’«initiative française» proposée par Macron pour le Liban, accablé de dettes, prévoitun délai de deux semaines pour la formation d’un gouvernement indépendant de technocrates qui ne resterait en fonction que quelques mois.

Jeudi aussi, le secrétaire d'État adjoint américain aux Affaires du Proche-Orient, David Schenker, a rencontré Berri et le président du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt lors du deuxième jour de sa visite au Liban, après avoir assisté à la séance d'ouverture des négociations entre le Liban et Israël à Naqoura.

Schenker a aussi rencontré le patriarche maronite Bechara Al-Rahi, dont le bureau des médias a déclaré: «Schenker s'est montré particulièrement intéressé par le discours d'Al-Rahi sur un Liban neutre. Il a souligné le désir des États-Unis de voir un gouvernement libanais efficace et transparent qui fournit des services de base au peuple libanais, quel que soit son dirigeant tout en réitérant le soutien continu des États-Unis au Liban ». 


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


 


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Short Url
  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Short Url
  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.