Dernier jour de campagne : Macron et Le Pen sur le terrain «jusqu'au bout»

Des affiches de campagne du président français et candidat du parti La République en marche (LREM) Emmanuel Macron (à gauche) et de la candidate du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) Marine Le Pen à Eguisheim, dans l'est de la France, le 21 avril 2022. (Sebastien Bozon/AFP)
Des affiches de campagne du président français et candidat du parti La République en marche (LREM) Emmanuel Macron (à gauche) et de la candidate du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN) Marine Le Pen à Eguisheim, dans l'est de la France, le 21 avril 2022. (Sebastien Bozon/AFP)
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Publié le Vendredi 22 avril 2022

Dernier jour de campagne : Macron et Le Pen sur le terrain «jusqu'au bout»

  • Emmanuel Macron présente le scrutin comme celui du choix entre «un projet républicain et un projet de sortie de la République, de sa laïcité, de sa fraternité»
  • La candidate du Rassemblement national a elle tenu jeudi soir à Arras, la préfecture du Pas-de-Calais, son dernier meeting, qui a pris des allures de «tout sauf Macron»

PARIS : «Accélérer jusqu'au bout»: Emmanuel Macron, donné gagnant dans les enquêtes d'opinion, et Marine Le Pen jettent leurs dernières forces dans la bataille vendredi, ultime jour de la campagne officielle du second tour de l'élection présidentielle.

Tout en se démultipliant dans les médias, le président sortant tiendra un dernier meeting à Figeac, dans le département rural du Lot qui a voté massivement pour lui il y a cinq ans.

L'objectif est de «continuer à accélérer jusqu'au bout» de la campagne et «éviter une démobilisation» des électeurs, expliquait jeudi son entourage, au lendemain du face-à-face très attendu entre les deux adversaires, qui n'a pas infléchi la dynamique favorable au président sortant dans les sondages.

- «Rien n'est joué» -

Emmanuel Macron est donné vainqueur dans une fourchette allant de 55,5 à 57,5% des intentions de vote. Cet écart s'est creusé au fil de la campagne mais il reste moindre qu'en 2017 quand le candidat En Marche avait remporté l'élection avec 66,1% des voix, contre la même candidate d'extrême droite.

«Rien n'est joué», a averti jeudi le président candidat, appelant ses partisans à «redoubler d'efforts», au cours d'un déplacement consacré aux banlieues et à la rénovation urbaine en Seine-Saint-Denis.

Vendredi, après la matinale de France Inter, Emmanuel Macron «parlera à Figeac, dans le cœur de la France, de la ruralité, des délocalisations...», selon un conseiller.

Avant le second tour dimanche, Emmanuel Macron présente le scrutin comme celui du choix entre «un projet républicain et un projet de sortie de la République, de sa laïcité, de sa fraternité».

- «Front anti-Macron» -

La candidate du Rassemblement national a elle tenu jeudi soir à Arras, la préfecture du Pas-de-Calais, son dernier meeting, qui a pris des allures de «tout sauf Macron». Fustigeant «un Emmanuel Macron nonchalant, condescendant, et d’une arrogance sans limites», lors du débat de mercredi, Marine Le Pen a promis d'être «la présidente du respect des Français».

Dimanche, «la question sera finalement assez simple : Macron ou la France ?», a-t-elle lancé, appelant à voter «pour le seul front qui soit républicain, le front anti-Macron».

La candidate tente ainsi de détourner à son avantage la notion de «front républicain» et de «tout sauf l'extrême droite», levier actionné en 2002 contre son père puis en 2017 contre elle-même pour faire barrage à l'extrême droite.

Marine Le Pen sera encore sur le terrain vendredi. Elle mettra un point final à sa campagne à Abbeville, dans la Somme, ville où elle est arrivée en tête au premier tour devant son adversaire.

L'enjeu pour les deux finalistes dans ces dernières heures combatives est de mobiliser les abstentionnistes, convaincre les hésitants et séduire l'électorat du chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, plus gros réservoir de voix à l'issue du premier tour (près de 22%).

Le troisième homme de la présidentielle, qui s'est déjà projeté dans les législatives de juin, s'est refusé à donner d'autre consigne au second tour que «pas une voix à Mme Le Pen».

Facteur de risque supplémentaire de démobilisation des électeurs, les trois zones scolaires seront en vacances ce week-end, avec notamment le début du congé de printemps pour la région parisienne.

Selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, 601.833 nouvelles procurations ont été établies entre le lendemain du premier tour et jusqu'à mercredi inclus, sachant qu'il est possible de donner procuration jusqu'au jour-même de l'élection.

Pour les candidats en revanche, la campagne s'arrêtera ce vendredi à minuit en métropole.

Réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats seront interdits. Aucune interview ni aucun sondage ou estimation de résultat ne pourra être publié avant les résultats dimanche à 20H00.

En Guadeloupe, Guyane, Martinique, à Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et en Polynésie française où le scrutin est avancé à samedi, la campagne a pris fin localement jeudi à minuit.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».