Moscou vise le contrôle du Donbass et du sud de l'Ukraine, l'ONU évoque des «crimes de guerre»

le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors de la 58e réunion plénière de l'Assemblée générale à New York sur le conflit russo-ukrainien (Photo, AFP).
le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors de la 58e réunion plénière de l'Assemblée générale à New York sur le conflit russo-ukrainien (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 23 avril 2022

Moscou vise le contrôle du Donbass et du sud de l'Ukraine, l'ONU évoque des «crimes de guerre»

  • L'ONU a annoncé la première rencontre entre M. Guterres et M. Poutine depuis le début de l'offensive russe en Ukraine
  • Le Kremlin a lui affirmé à l'issue de cet entretien que Kiev refusait la reddition des derniers soldats ukrainiens présents dans l'aciérie de Marioupol

ZAPORIJJIA: Moscou a annoncé vendredi viser le contrôle total du sud de l'Ukraine et de la région du Donbass près de deux mois après le début de l'invasion de ce pays par l'armée russe, accusée par l'ONU d'actions "pouvant relever de crimes de guerre".

"L'un des objectifs de l'armée russe est d'établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l'Ukraine", a déclaré un haut responsable militaire russe parlant d'une "deuxième phase de l'opération spéciale" visant, entre autres, à "assurer un couloir terrestre vers la Crimée".

Moscou a revu ses plans à la baisse et retiré fin mars ses troupes de la région de Kiev et du nord et l'Ukraine, qui a obtenu ces derniers jours une aide en armements plus substantielle des Occidentaux, continue d'assurer qu'elle peut repousser l'armée russe hors de son sol.

"Ils ne peuvent que retarder l'inévitable - le moment où les envahisseurs devront quitter notre territoire, en particulier Marioupol", a dit jeudi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Sur le terrain, les forces ukrainiennes continuent selon lui "de contenir les attaques des envahisseurs russes" dans l'Est et le Sud. Selon lui, le "défi numéro un" est actuellement "de fournir à nos militaires toutes les armes nécessaires".

Le port stratégique de Marioupol, que Moscou a assuré jeudi avoir "libéré", résiste encore aux forces russes, selon Kiev, qui a affirmé vendredi que les combattants ukrainiens "tiennent bon" dans l'immense complexe métallurgique Azovstal où sont également retranchés des civils.

"Le succès de l'offensive russe dans le sud dépend du sort de Marioupol", a pour sa part estimé vendredi à l'AFP le gouverneur régional, Pavlo Kyrylenko, jugeant cette ville "stratégique" pour les Ukrainiens dans leur défense de la région, et pour les Russes dans leur volonté d'assurer une liaison terrestre complète vers la Crimée annexée.

"L'ennemi concentre tous ses efforts sur Marioupol", a ajouté M. Kyrylenko, alors que les derniers combattants ukrainiens sont retranchés dans Azovstal, avec "jusqu'à 300 civils".

Exécutions sommaires

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé mercredi qu'il y avait encore quelque "1.000 civils, femmes et enfants" et des "centaines de blessés" dans l'aciérie.

Le président du Conseil européen Charles Michel, qui représente les Etats membres de l'UE, a demandé vendredi à Vladimir Poutine, au cours d'un entretien téléphonique, de garantir la mise en place de couloirs humanitaires à Marioupol à l'occasion de la Pâque orthodoxe, célébrée dimanche.

Le Kremlin a lui affirmé à l'issue de cet entretien que Kiev refusait la reddition des derniers soldats ukrainiens présents dans la zone industrielle, tandis que l'armée russe se disait prête à observer "à tout moment" une trêve "sur tout ou partie" de ce site pour permettre l'évacuation de civils et la reddition de combattants.

Les autorités ukrainiennes accusent régulièrement les forces russes de cibler des voies utilisées par des personnes fuyant les combats.

"Dans les territoires provisoirement occupés, des unités de l'ennemi continuent de bloquer les mouvements de la population locale", ainsi que "la livraison de chargements d'aide humanitaires à partir de l'Ukraine", assure vendredi le ministère ukrainien de la Défense. Pour lui, "Il y a des cas de civils et de volontaires fusillés".

L'ONU a répertorié vendredi une série d'actions des militaires russes pouvant relever, selon elle, de crimes de guerre.

"Les forces armées russes ont bombardé et pilonné de manière aveugle des zones peuplées, tuant des civils et détruisant des hôpitaux, des écoles et d'autres infrastructures civiles, autant d'actions pouvant relever des crimes de guerre", a jugé une porte-parole du Haut commissariat des droits de l'homme à Genève.

L'Organisation des Nations unies dit avoir documenté le "meurtre, y compris certains par exécution sommaire" de 50 civils dans la ville de Boutcha en banlieue de Kiev.

 

Le chef de l'ONU se rendra en Russie et en Ukraine la semaine prochaine

"Le mardi 26 avril, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres arrivera à Moscou pour des discussions avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Il sera également reçu par le président Vladimir Poutine", a déclaré vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. 

L'ONU a par la suite confirmé cette visite qui signera la première rencontre entre M. Guterres et M. Poutine depuis le début de l'offensive russe en Ukraine. 

Le chef de l'ONU visitera ensuite l'Ukraine où il "aura un rendez-vous avec le ministre des affaires étrangères Dmytro Kuleba et sera reçu par le président Volodymyr Zelensky le 28 avril", a annoncé l'organisation dans un communiqué. 

Guterres à Moscou

L'Ukraine et les pays occidentaux ont accusé les troupes russes de "massacre" et de "crimes de guerre" après la découverte de dizaines de cadavres dans cette petite ville au nord-ouest de la capitale qui a été reprise le 31 mars par les soldats ukrainiens.  

Des journalistes de l'AFP qui ont pu s'y rendre dès le 2 avril ont vu les corps de vingt hommes habillés en civil éparpillés sur plusieurs centaines de mètres dans une rue de cette localité. L'un était couché sur son vélo, d'autres avaient à côté d'eux des sacs de provisions. Un autre avait les mains liées dans le dos. 

La police britannique a de son côté dit vendredi avoir reçu une cinquantaine de signalements de possibles crimes de guerre dans le cadre d'un appel à témoins lancé pour alimenter l'enquête de la Cour pénale internationale (CPI) et s'attendre à en obtenir plus avec l'arrivée au Royaume-Uni d'un nombre croissant de personnes ayant fui l'Ukraine.

Jeudi, le président de Etats-Unis Joe Biden a annoncé une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars à l'Ukraine.

Paris, qui jusqu'à présent s'était gardé de préciser les types d'armements livrés à Kiev, a dit avoir fourni des missiles antichars Milan ainsi que des canons automoteurs Caesar à l'Ukraine pour l'aider à faire face à l'invasion russe.

Naufrage du croiseur Moskva la Russie donne un bilan d'un mort et 27 disparus

"Un militaire a été tué et 27 autres membres d'équipage sont portés disparus", a déclaré le ministère, cité par les agences de presse russes, affirmant que les autres personnes se trouvant à bord, au nombre de 396, avaient été évacuées.

"Le ministère de la Défense apporte tout le soutien et l'assistance nécessaires aux familles et amis du défunt et des disparus", a-t-il ajouté. 

Le Moskva, navire amiral de la flotte russe en mer Noire pouvant officiellement compter jusqu'à 680 membres d'équipage, a coulé le 14 avril.

Le naufrage du Moskva est largement considéré comme une humiliation pour la Russie et sa flotte, et même des commentateurs pro-Kremlin ont réclamé des explications aux autorités.

Les négociations entre Moscou et Kiev visant à régler le conflit "patinent", a déclaré vendredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, affirmant qu'une proposition russe "remise aux négociateurs ukrainiens il y a cinq jours" et "formulée en prenant en compte leurs commentaires reste sans réponse".

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui avait envoyé mardi des lettres au président Poutine et à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, pour leur demander d'être reçu à Moscou et à Kiev, sera reçu à Moscou par Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov, a annoncé vendredi le Kremlin.


Washington accentue la pression sur le Venezuela, un navire militaire américain attendu à proximité

Bateau de guerre et marines américains attendus pour des exercices dès dimanche à Trinité-et-Tobago, pays tout proche du Venezuela, bombardier repéré près des côtes: Washington accentue la pression militaire sur Caracas qui dit "non à la guerre de fous". (AFP)
Bateau de guerre et marines américains attendus pour des exercices dès dimanche à Trinité-et-Tobago, pays tout proche du Venezuela, bombardier repéré près des côtes: Washington accentue la pression militaire sur Caracas qui dit "non à la guerre de fous". (AFP)
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  • Washington a déployé sept navires de guerre dans les Caraïbes et un dans le Golfe du Mexique, officiellement dans le cadre d'une opération contre le narcotrafic
  • Les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques ces dernières semaines, qui ont fait au total au moins 37 morts

CARACAS: Bateau de guerre et marines américains attendus pour des exercices dès dimanche à Trinité-et-Tobago, pays tout proche du Venezuela, bombardier repéré près des côtes: Washington accentue la pression militaire sur Caracas qui dit "non à la guerre de fous".

Washington a déployé sept navires de guerre dans les Caraïbes et un dans le Golfe du Mexique, officiellement dans le cadre d'une opération contre le narcotrafic, visant particulièrement le Venezuela et son président Nicolas Maduro.

Les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques ces dernières semaines, qui ont fait au total au moins 37 morts.

"L'USS Gravely (...) visitera Trinité-et-Tobago du 26 au 30 octobre, s'amarrant à Port-d'Espagne, tandis que la 22e Unité expéditionnaire des Marines des Etats-Unis mènera un entraînement conjoint avec les Forces de défense de Trinité-et-Tobago (TTDF) pendant la même période", selon le texte du gouvernement de l'archipel dont la pointe occidentale se trouve à une dizaine de kilomètres du Venezuela.

Parallèlement, un bombardier américain B-1B a survolé jeudi la mer des Caraïbes au large du Venezuela, selon les données de suivi des vols, deuxième démonstration de force de ce type ces derniers jours, au moment où Donald Trump montre les muscles contre ce pays d'Amérique du Sud.

"C'est faux", a pourtant assuré M. Trump, interrogé lors d'un événement à la Maison Blanche, tout en ajoutant que les Etats-Unis étaient toujours "mécontents du Venezuela pour beaucoup de raisons".

"Nous ne sommes pas contents d'eux. Ils ont vidé leurs prisons dans notre pays", a-t-il accusé.

Le président américain a ajouté : "Nous n'allons pas nécessairement demander une déclaration de guerre" au Congrès, qui a le pouvoir constitutionnel de le faire. "Nous allons simplement tuer les gens qui entrent dans notre pays".

"Non à la guerre de fous" 

Face au déploiement américain dans les Caraïbes, M. Maduro, qui cherche à apaiser les tensions avec Trump depuis des semaines, a réitéré des appels à la paix, cette fois sur un ton humoristique: "Yes peace, yes peace, forever, peace forever! No crazy war, Please! Please, please! No crazy war!", a déclaré Nicolas Maduro en anglais.

"Cela s'appelle un langage tarzanesque, façon Tarzan! Si on traduit c'est: +pas de guerre, pas de guerre, pas vouloir guerre, non à la guerre des fous, non à la folie de la guerre+", a plaisanté le dirigeant.

Passé l'humour, Nicolas Maduro, qui a ordonné une série d'exercices militaires depuis août, a aussi souligné jeudi que, lors de ces entraînements, des équipements achetés à la Russie et à la Chine avaient été testés.

"Merci au président (Vladimir) Poutine, merci à la Russie, merci à la Chine et merci à de nombreux amis dans le monde, le Venezuela dispose d'un équipement pour garantir la paix", a-t-il déclaré.

Pour M. Maduro, Washington se sert du trafic de drogue comme prétexte "pour imposer un changement de régime" et s'emparer des importantes réserves de pétrole de son pays.

Le ministre vénézuélien de la Défense a quant à lui assuré jeudi que toute opération de la CIA contre son pays "échouerait", après que Donald Trump a autorisé des opérations clandestines contre le Venezuela la semaine dernière.

"Nous savons que la CIA est présente" sur le sol vénézuélien, a déclaré le général Vladimir Padrino. Les Américains "pourront bien envoyer je ne sais combien d'agents affiliés à la CIA dans des opérations clandestines de n'importe quel point du pays, toute tentative échouera".

Nul doute que la visite du bateau de guerre et des marines à Trinité-et-Tobago sera suivie de près par Caracas, même si le communiqué trinidadien n'évoque nulle part le Venezuela.

Il affirme que l'arrivée de ces moyens militaires américains est liée à la "sécurité régionale" et aux "efforts de coopération dans les Caraïbes" et de "coopération militaire" entre Washington et Port-d'Espagne.

La Première ministre de Trinité-et-Tobago, Kamla Persad-Bissessar, est une fervente soutien de M. Trump, et a adopté dès son accession au pouvoir en mai 2025 un discours virulent contre l'immigration et la criminalité vénézuéliennes dans son pays.

Deux Trinidadiens auraient été tués mi-octobre dans une frappe américaine mi-octobre, selon leurs familles, mais les autorités locales n'ont ni confirmé ni infirmé ces décès pour le moment.

Des experts ont remis en question la légalité de ces frappes dans des eaux étrangères ou internationales, contre des suspects qui n'ont pas été interceptés ou interrogés.

 

 


Le suspect d'un des incendies de Los Angeles plaide non coupable

Attisés par des rafales allant jusqu'à 160 km/h, les incendies de Los Angeles s'annoncent comme l'une des catastrophes les plus coûteuses des Etats-Unis. Des milliers d'habitations ont été détruites dans la mégapole californienne et des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur maison. (AFP)
Attisés par des rafales allant jusqu'à 160 km/h, les incendies de Los Angeles s'annoncent comme l'une des catastrophes les plus coûteuses des Etats-Unis. Des milliers d'habitations ont été détruites dans la mégapole californienne et des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur maison. (AFP)
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  • Selon l'enquête, Jonathan Rinderknecht, 29 ans, aurait déclenché un incendie la nuit du Nouvel An dans les montagnes surplombant le quartier cossu de Pacific Palisades
  • C'est cet incendie initial, que les pompiers croyaient avoir éteint, qui s'est ensuite ravivé le 7 janvier pour dévaster le quartier et une partie de la ville de Malibu, selon les procureurs fédéraux

LOS ANGELES: L'homme soupçonné d'avoir déclenché volontairement l'un des incendies meurtriers de Los Angeles en janvier a plaidé non coupable jeudi lors de sa comparution devant la justice américaine.

Selon l'enquête, Jonathan Rinderknecht, 29 ans, aurait déclenché un incendie la nuit du Nouvel An dans les montagnes surplombant le quartier cossu de Pacific Palisades.

C'est cet incendie initial, que les pompiers croyaient avoir éteint, qui s'est ensuite ravivé le 7 janvier pour dévaster le quartier et une partie de la ville de Malibu, selon les procureurs fédéraux.

Le "Palisades Fire" a causé la mort de 12 personnes dans la zone, sur les 31 personnes qui ont péri au total dans les incendies de Los Angeles. Un autre incendie, le "Eaton Fire", probablement déclenché par une ligne électrique défectueuse, a ravagé la banlieue d'Altadena et tué les 19 victimes restantes.

Attisés par des rafales allant jusqu'à 160 km/h, les incendies de Los Angeles s'annoncent comme l'une des catastrophes les plus coûteuses des Etats-Unis. Des milliers d'habitations ont été détruites dans la mégapole californienne et des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur maison.

Vêtu d'une combinaison blanche de détenu, M. Rinderknecht a nié toutes les accusations qui le visent. Notamment poursuivi pour incendie volontaire et destruction de biens par le feu, il risque jusqu'à 45 ans de prison, selon les procureurs.

La date provisoire de son procès a été fixé au 16 décembre.

Arrêté en Floride début octobre, M. Rinderknecht est un ancien habitant du quartier de Pacific Palisades, qui a grandi en France.

Les données de géolocalisation récoltées par les enquêteurs montrent qu'il se trouvait à environ 10 mètres de l'incendie, lorsqu'il a lui-même tenté d'appeler les secours pour signaler le feu, selon l'accusation.

Les enquêteurs n'ont pas identifié de mobile clair, mais ont retrouvé une image de ville en feu généré par le suspect à l'aide d'une intelligence artificielle dans les semaines avant l'incendie.

Dans les jours précédant, M. Rinderknecht a aussi écouté à plusieurs reprises une chanson du rappeur français Josman, dont le clip montre l'artiste mettant le feu à une poubelle, selon l'enquête.

Cette semaine, son père, qui vit en France dans le Var, a publié un communiqué dénonçant "de nombreuses informations erronées", qui "ont donné une image fausse de notre fils Jonathan".

"Contrairement aux allégations relayées, nous réaffirmons notre soutien à la déclaration de son avocat: +Faire de Jonathan Rinderknecht un bouc émissaire et tenter de le tenir pénalement responsable des fautes commises par d'autres est tout simplement absurde.+", a-t-il ajouté.

 


Rubio en Israël, avertissements américains sur une annexion de la Cisjordanie

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se serrent la main après leur rencontre au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 23 octobre 2025. (Reuters)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se serrent la main après leur rencontre au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 23 octobre 2025. (Reuters)
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  • Donald Trump a averti qu’Israël perdrait le soutien américain en cas d’annexion de la Cisjordanie, alors que Washington cherche à consolider le fragile cessez-le-feu à Gaza
  • Malgré les tensions, les responsables israéliens et américains affichent leur unité, tandis que les discussions sur la reconstruction et le désarmement du Hamas s’annoncent ardues

Jérusalem: Donald Trump a averti qu'Israël perdrait le soutien américain en cas d'annexion de la Cisjordanie, dans un entretien publié jeudi au moment où son secrétaire d'Etat Marco Rubio, en visite à Jérusalem, se disait "confiant" dans le maintien du cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

"Israël perdrait tout le soutien des Etats-Unis si cela se produisait", a déclaré le président américain dans une interview accordée au magazine Time le 15 octobre, cinq jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

"Cela n'arrivera pas. Cela n'arrivera pas parce que j'ai donné ma parole aux pays arabes" dans le cadre des négociations sur le cessez-le-feu à Gaza, a-t-il ajouté.

Au lendemain du vote au parlement israélien en faveur de l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne sur ce territoire palestinien occupé, Donald Trump a confirmé jeudi sa position.

"Ne vous inquiétez pas à propos de la Cisjordanie", a déclaré le président américain en réponse à la question d'une journaliste qui lui demandait s'il considérait ce vote comme un acte de défiance envers ses tentatives de parvenir à la paix dans la région. "Israël ne va rien faire avec la Cisjordanie", a-t-il ajouté.

En pleine visite mercredi en Israël du vice-président américain JD Vance, la Knesset s'est prononcée pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Pour les responsables américains, ce projet nuit aux efforts visant à consolider le fragile cessez-le-feu à Gaza, basé sur le plan de Donald Trump pour mettre fin à deux ans de guerre.

JD Vance a assuré jeudi avant de quitter le pays que la Cisjordanie ne "serait pas annexée par Israël".

- "Très difficile" -

Avant de quitter Washington mercredi, M. Rubio avait estimé qu'un tel projet, soutenu par l'extrême droite israélienne, "menacerait" le cessez-le-feu à Gaza et serait "contre-productif".

Après avoir rencontré jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le secrétaire d'Etat s'est toutefois dit "confiant et positif" sur le maintien de la trêve. "Nous sommes également lucides face aux défis", a-t-il ajouté.

M. Netanyahu a de son côté évacué toute suggestion de tension avec les Etats-Unis, en qualifiant M. Rubio d'"ami extraordinaire d'Israël" et en déclarant que les visites consécutives de responsables américains s'inscrivaient dans "un cercle de confiance et de partenariat".

Plusieurs responsables américains se sont succédés cette semaine à Jérusalem pour tenter de cimenter le cessez-le-feu à Gaza, alors que l'accord entre Israël et le Hamas a paru vaciller dimanche.

Jeudi, des délégations du Hamas et du Fatah, le parti du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, se sont réunies en Egypte pour évoquer les dispositions à prendre après la guerre, selon un média égyptien.

M. Vance avait reconnu mercredi que les prochaines étapes de l'accord, dont le désarmement du Hamas et la reconstruction de Gaza, seraient "très difficiles".

La première phase de l'accord prévoit, outre le cessez-le-feu, la libération de tous les otages, vivants et morts, retenus à Gaza depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre, le début du retrait israélien et l'afflux de l'aide humanitaire.

Le Hamas a libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants encore à Gaza. Il devait aussi rendre à cette date les 28 corps des captifs qu'il retient, mais il n'en a restitué que 15 jusqu'à présent, arguant de difficultés pour trouver les dépouilles dans le territoire en ruines.

Israël a restitué en échange 195 corps de Palestiniens. Les forces israéliennes se sont retirées de secteurs de Gaza mais contrôlent toujours environ la moitié du territoire assiégé.

- "La faim toujours présente" -

Les phases ultérieures du plan Trump prévoient un nouveau retrait israélien, le désarmement du Hamas, le déploiement d'une force de sécurité internationale ainsi que la reconstruction du territoire notamment.

Le Hamas a jusqu'à présent refusé d'envisager son désarmement et ses combattants se sont redéployés dans des secteurs de Gaza après la trêve, affrontant des groupes armés dont il accuse certains de "collaborer" avec Israël.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait 68.280 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.

La guerre a provoqué un désastre humanitaire dans le petit territoire, où l'aide humanitaire reste "insuffisante" malgré la trêve, a averti jeudi l'Organisation mondiale de la Santé.

"La faim est toujours présente car il n'y a pas assez de nourriture" qui parvient à la bande de Gaza et "la situation reste catastrophique", a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus,

Jeudi, l'Association de la presse étrangère à Jérusalem (FPA) a exprimé sa déception après que la Cour suprême israélienne a reporté de 30 jours sa décision sur sa demande d'un accès indépendant à Gaza, qu'elle réclame depuis deux ans.