Les pays du Maghreb face à une éventuelle victoire de Marine Le Pen

Marine Le Pensalue les passants alors qu'elle quitte la ville portuaire de Berck le 22 avril 2022 (Photo, AFP).
Marine Le Pensalue les passants alors qu'elle quitte la ville portuaire de Berck le 22 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 24 avril 2022

Les pays du Maghreb face à une éventuelle victoire de Marine Le Pen

  • La déclaration de Marine Le Pen sur Habib Bourguiba révèle que la candidate ignore de nombreuses données historiques dans une région très sensible aux intérêts français
  • Au Maghreb, la posture «extrémiste» de Marine Le Pen inquiète de larges pans de l’opinion. Dans le secteur des affaires, l’hypothèse de son élection est perçue de manière plutôt négative

PARIS: L’échéance de la présidentielle du 24 avril ne concerne pas seulement l’Hexagone. Le choix des Français aura des répercussions en Europe, au Maghreb et ailleurs à travers le monde. De plus, alors que se déroule une grave crise internationale, toute alternance à la tête de l’État Français sera minutieusement observée par les alliés et les rivaux de Paris.

Les éventuelles conséquences d’un succès 

Bien que les dernières enquêtes d'opinion donnent Emmanuel Macron vainqueur au second tour, Marine Le Pen  pourrait s’imposer et «changer le visage de la France». Toujours selon les estimations fournies par les sondages, la majorité des Français considère Macron comme étant le plus apte à diriger le pays. Cela confirme que les questions de la représentation du pays et de politique extérieure de la France comptent bel et bien pour les électeurs. 

Parmi leurs priorités, les Français placent en tête le pouvoir d'achat, puis les questions d’immigration, de santé, d’environnement et de retraite. Mais, cela ne signifie pas que la politique étrangère ne pèse pas. Elle n’est pas un simple détail, car de nombreux enjeux internes sont liés à l’appartenance de la France à l'Union européenne, et à son positionnement international. De même, l'économie française dépend de l'économie de la zone euro. 

Rappelons que la position sur l'euro et l'orientation européenne de la France étaient au cœur de l'affrontement de 2017. Cette fois, le scénario ne s’est pas reproduit de la même manière. Mais de nombreux abstentionnistes (26% au premier tour) et hésitants pourraient arbitrer un duel serré en fonction de certains éléments nécessaires pour assurer la stabilité de la France, son progrès socioéconomique et sa place dans le monde. 

Pour les détracteurs de la candidate de l’ultradroite, le paysage politique français et les relations extérieures de Paris seraient ébranlés. Cela conduirait à une «aventure risquée» avec une très probable détérioration des relations franco-allemandes et un déclin des relations de Paris avec le Maghreb. De surcroît, la tentative de Marine Le Pen d’imiter le général de Gaulle en proposant le retrait de la France du commandement militaire unifié de l'Otan est une simulation ratée d’une autre époque. 

Le pire sera sans doute la position ambiguë de Marine Le Pen sur la Russie de Vladimir Poutine. Lors de sa conférence de presse consacrée à la politique étrangère entre les deux tours, Le Pen  était dans une position difficile, n'évoquant la Russie que pour glorifier le «dialogue bilatéral» et n'évoquant l'Ukraine qu’une fois. La candidate a tergiversé, suggérant qu’une fois «la guerre russo-ukrainienne terminée», elle appellera à un «rapprochement stratégique entre l'Otan et la Russie», ce qui n'est qu'un mirage…

C'est pourquoi l'ancien ministre et Haut-Commissaire au plan François Bayrou estime que «l’inquiétude croissante suscitée par les propositions de Marine Le Pen pousse les électeurs à remettre les pendules à l'heure et à choisir Macron».

Les pays du Maghreb face à l’hypothèse d’une victoire 

Après son passage au premier tour, la candidate d'extrême droite française a été ridiculisée en Tunisie et en Algérie, à la suite de déclarations sur feu le président tunisien Habib Bourguiba. Sur les ondes de France Inter, elle a tenté de justifier ses efforts pour interdire le voile dans les lieux publics en France. Questionnée sur son projet, Marine Le Pen a répondu que «le défunt président Habib Bourguiba avait interdit le foulard en Algérie», alors que ce dernier a dirigé la Tunisie!

Au delà de l’anecdote ou de l’ironie, cette déclaration révèle que Le Pen ignore de nombreuses données historiques dans une région très sensible aux intérêts français. Elle a en particulier développé un «malentendu» sur l’Algérie. Elle a exposé frontalement sa vision: «Les Français croient connaître l’Algérie, sorte de miroir inversé de la France, mais bien souvent n’y comprennent rien.» Ce déni de l’influence mutuelle d’une histoire si chargée a encore ajouté à la confusion.

Sur le plan des échanges et de la circulation, Marine Le Pen veut «conditionner» tout nouveau visa, tout transfert de fonds ou «toute acquisition de propriété en France par un dignitaire algérien» à la réadmission effective des étrangers «indésirables». Sans crainte de rétorsion, dans la mesure où la France, prétend-elle, n’est «pas dépendante économiquement de l’Algérie, ni d’ailleurs du gaz algérien». 

Dans son programme, Marine Le Pen cible tous les immigrés (dont les Maghrébins), y compris ceux qui sont en situation régulière et qui vivent en France depuis des années. Ils seraient réduits au rang de «sous-citoyens» ne disposant pas des mêmes droits que les nationaux. 

Concrètement, Marine Le Pen suscite panique et critiques dans les pays du Maghreb. Pour un ancien diplomate marocain, les déclarations de la candidate d’extrême droite contre les communautés musulmanes sont bien nuisibles aux liens franco-maghrébins. De leur côté, les médias algériens et tunisiens n'ont pas manqué de mettre l’accent sur les faiblesses de Marine Le Pen et notamment sa «rhétorique» et son manque de familiarité avec certains dossiers internes et externes.

Sur le plan pratique, l’inquiétude quant à l’ascension de Marine Le Pen bat son plein pour une bonne partie de Franco-Maghrébins et d’immigrés, ainsi que dans les chancelleries maghrébines. Une grande question se pose: que ferait la patronne du Rassemblement national durant les cent premiers jours de son mandat si elle était élue présidente: référendum sur l’immigration, bras de fer avec l’Europe, sortie du commandement intégré de l’Otan, interdiction du voile dans l’espace public, ou référendum sur la préférence nationale? 

Au Maghreb, la posture «extrémiste» de Marine Le Pen inquiète de larges pans de l’opinion. Dans le secteur des affaires, l’hypothèse de son élection est perçue de manière plutôt négative, oscillant entre la crainte d’instabilité chez un grand partenaire et les répercussions sur les liens humains et les multiples relations.

Malgré ce tableau défavorable, dans les chancelleries maghrébines, des voix plaident pour une cohabitation avec «la présidente Marine Le Pen», acceptant le fait accompli et la considérant comme représentante d’un grand pays lié historiquement au Maghreb en dépit de beaucoup de phases critiques.

Enfin, alors que la guerre fait son retour au cœur de l'Europe, ce changement de «la face de la France» aura grosso modo de graves conséquences. Pour la plupart des cercles maghrébins, l’éventuelle victoire de la candidate du RN représentera un séisme interne avec de secousses, notamment en Europe et outre-Méditerranée. 
 


A Sciences Po Paris, la mobilisation pro-palestinienne se poursuit

Des manifestants participent à un rassemblement devant l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) alors que des étudiants occupent un bâtiment, avec une barricade bloquant l'entrée, en soutien aux Palestiniens, à Paris le 26 avril 2024. (AFP)
Des manifestants participent à un rassemblement devant l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) alors que des étudiants occupent un bâtiment, avec une barricade bloquant l'entrée, en soutien aux Palestiniens, à Paris le 26 avril 2024. (AFP)
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  • «Le débat, oui. Le blocage, non», a déploré la ministre de l'Enseignement supérieur sur BFMTV qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par LFI dans la mobilisation
  • «Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble», a jugé Raphaël Glucksmann

PARIS: La mobilisation pro-palestinienne se poursuit vendredi à Sciences Po Paris avec l'occupation et le blocage de locaux historiques par des étudiants dont les revendications font écho aux contestations qui agitent certains prestigieux campus américains.

Quelques dizaines d'étudiants du comité Palestine de Sciences Po ont occupé dans la nuit de jeudi à vendredi les locaux, rue Saint-Guillaume, au coeur du huppé 7e arrondissement.

Mercredi soir, une dizaine de tentes avaient été installées dans la cour d'un autre bâtiment, avant que la police ne vienne déloger les étudiants favorables à la cause palestinienne.

Keffiehs sur la tête, drapeaux palestiniens accrochés aux balustrades, slogans fustigeant Israël, plusieurs dizaines étudiants bloquaient encore vendredi en début d'après-midi dans et en dehors le bâtiment nouvellement occupé.

ils ont reçu le soutien de plusieurs figures de LFI dont la militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste "insoumise" pour les élections européennes.

"Ces étudiants sont en train véritablement de porter l'honneur de la France", a déclaré à la presse, Mme Hassan reprenant peu ou prou les propos du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a adressé un message audio de soutien aux manifestants.

La direction, qui chiffre à une soixantaine le nombre d'occupants du principal bâtiment, a décidé de fermer plusieurs locaux de son campus parisien. Elle "condamne fermement ces actions étudiantes".

La direction, à qui une partie de la communauté éducative reproche d'avoir laissé les forces de l'ordre intervenir sur le campus, a organisé une rencontre avec des représentants des étudiants vendredi matin.

"Le débat, oui. Le blocage, non", a déploré la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau sur BFMTV qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par LFI dans la mobilisation.

Fustigeant "le jeu dangereux" de LFI à des "fins électorales", elle a accusé les leaders du mouvement d'être des "irresponsables" faisant la promotion de "l'anarchie" sur les campus.

Le comité Palestine revendique lui "la condamnation claire des agissements d'Israël par Sciences Po" et "la fin des collaborations" avec toutes "les institutions ou entités" jugées complices "de l'oppression systémique du peuple palestinien". Il demande en outre l'arrêt de "la répression des voix propalestiniennes sur le campus".

Comme aux Etats-Unis où la mobilisation d'étudiants pro-Gaza enflamme le débat politique, le militantisme des étudiants pro-Gaza à Sciences Po est accusé d'alimenter l'antisémitisme sur le campus.

Fin des cours

"Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble", a jugé Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, sur BFMTV.

"Après, dans quelle atmosphère on le fait? (...) Est-ce qu'on est capable d'organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le point de vue? Et jusqu'ici, jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas. Donc on a un problème et la direction de Sciences Po a le droit de décider d'évacuer", a complété M. Glucksmann.

Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, qui s'exprimait sur LCI, "il n'y a rien de massif" mais "ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs".

"On n'a rien contre les étudiants de confession juive, il y a des étudiants juifs qui militent avec nous", a plaidé Hubert Launois, 19 ans, étudiant en deuxième année et membre du comité Palestine. "Ce qui nous pose problème, c'est la politique coloniale et génocidaire du gouvernement d’extrême droite israélien", a-t-il ajouté.

Nouvel élan ou chant du cygne alors que ce vendredi marque, pour une majorité des élèves, la fin des cours et le début des révisions des examens?

"On sait aussi que c'est la fin de l'année. On ne veut pas que ce mouvement meure", a résumé une étudiante de 21 ans, mobilisée, qui n'a pas souhaité donner son nom.

"Les revendications sont légitimes" mais "le blocus reste assez radical comme mode d'action", a observé un autre étudiant. "Il faut trouver un moyen d'apaiser le dialogue (...) "La plupart des étudiants ont en tête la fin de l'année."


Européennes : pour Macron, une victoire du RN relèverait d'une «responsabilité collective»

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe devant le slogan «Une Europe puissante» dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe devant le slogan «Une Europe puissante» dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024. (AFP)
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  • L'opposition accuse Macron d'avoir tenu un discours électoraliste et demande qu'il soit pris en compte dans le temps de parole de la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer
  • Le chef de l'Etat a semblé écarter toute incidence politique directe en France en cas de victoire de la liste du Rassemblement national le 9 juin

STRASBOURG: Emmanuel Macron a jugé vendredi qu'il était "légitime" en tant que président à parler d'Europe, réfutant tout discours électoraliste la veille à la Sorbonne, et il a estimé qu'une victoire de l'extrême droite aux européennes le 9 juin relèverait d'une "responsabilité collective".

"La voix de la France en Europe c’est au cœur de notre diplomatie, de notre politique. Comme chacun de mes prédécesseurs, je suis légitime à aussi, en tant que président, dire un mot de ce qu'il s’y passe, de ce qui s’y joue", a-t-il déclaré à des journalistes en marge d'un déplacement à Strasbourg.

"C’était une parole de président de la République hier (..) Il ne faut pas être hypocrite sur le sujet", a-t-il affirmé. "Il faut assumer la politique qu'on a conduite, le rôle que la France a mené ces dernières années et le fait que j’ai mis l’Europe au cœur aussi du projet".

L'opposition l'accuse d'avoir tenu un discours électoraliste et demande qu'il soit pris en compte dans le temps de parole de la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer.

"Les temps de campagne, si je devais participer à certains d’entre eux -  je n'ai pas encore décidé -  je le ferai à ce moment-là à part, comme je l’avais fait il y a cinq ans", a ajouté Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat a par ailleurs semblé écarter toute incidence politique directe en France en cas de victoire de la liste du Rassemblement national le 9 juin.

"C'est une élection européenne", a-t-il pointé. A la question de savoir si une arrivée en tête de la liste RN emmenée par Jordan Bardella serait une forme de désaveu, il a répondu : "Bien sûr. Surtout ça représenterait un responsabilité collective".

Jordan Bardella, en tête d'une quinzaine de points dans les intentions de vote devant Valérie Hayer, a annoncé qu'il réclamerait une dissolution de l'Assemblée nationale s'il l'emporte le 9 juin.

"On voit bien toute cette stratégie, d'ailleurs des extrêmes, qui consiste à nationaliser le débat (...) Au moins parlons d’Europe quand on parle des élections européennes parce que c’est ça dont il s’agit", a relevé Emmanuel Macron.


JO: à l'Institut Pasteur, une équipe dans les starting-block pour traquer les virus

Un ingénieur travaille sur un échantillon à la Cellule d'intervention biologique d'urgence (CIBU) de l'institut Pasteur à Paris, le 23 avril 2024. (AFP)
Un ingénieur travaille sur un échantillon à la Cellule d'intervention biologique d'urgence (CIBU) de l'institut Pasteur à Paris, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Dans le cas d'un agent infectieux potentiellement très dangereux pour l'homme, les analyses sont menées dans un laboratoire de type P3, «quelque part dans l'Institut Pasteur»
  • Dernier virus identifié dans ses murs: celui de la rage, après la mort d'orpailleurs dans la forêt guyanaise, «mordus par des chauves-souris vampires», rapporte le chef de la cellule

PARIS: Avec les millions de visiteurs attendus cet été en France, les JO vont brasser potentiellement autant de personnes que d'agents pathogènes: bactéries, virus et autres parasites... A l'Institut Pasteur, une équipe est sur le pied de guerre pour les traquer, si nécessaire.

"On sait qu'on risque d'être mobilisés beaucoup plus que d'habitude, mais on s'y prépare depuis 18 mois" : Jean-Claude Manuguerra en a vu d'autres.

Ce virologue à l'Institut Pasteur dirige la Cellule d’intervention biologique d’urgence (Cibu), en première ligne depuis 20 ans face aux nouveaux pathogènes.

"La cellule est née en septembre 2002, un an après les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis, sous l'impulsion de la Direction générale de la santé", rembobine-t-il.

Cette structure fonctionnant sept jours sur sept et 24 heures sur 24 avait été lancée à l'époque après l'envoi d'enveloppes contaminées à l’anthrax aux États-Unis et différentes alertes en France - qui s'étaient révélées être des canulars.

Son rôle : surveiller et détecter tous les risques infectieux (épidémies, accidents ou utilisation potentielle d'armes d'origine biologique) pouvant menacer la sécurité sanitaire de la France.

Sars, grippe H1N1, chikungunya, Covid-19... un grand nombre de virus ont déjà circulé dans ses labos pour y être scrutés et analysés.

Les prélèvements empruntent différents "circuits" selon la nocivité supposée de l'échantillon.

Grippe ou dengue 

Dans le cas d'un agent infectieux potentiellement très dangereux pour l'homme, les analyses sont menées dans un laboratoire de type P3, "quelque part dans l'Institut Pasteur", explique M. Manuguerra, volontairement imprécis car il doit garder sa localisation secrète.

Combinaison intégrale, masque FFP3, gants et surbottes sont alors de rigueur.

Dernier virus identifié dans ses murs: celui de la rage, après la mort d'orpailleurs dans la forêt guyanaise, "mordus par des chauves-souris vampires", rapporte le chef de la cellule. Les analyses faites à Pasteur ont permis de comprendre la cause de leurs décès.

En vue des Jeux olympiques, la Cibu s'est préparée à changer d'échelle pour "diagnostiquer un éventail de virus et de bactéries beaucoup plus large que d'ordinaire".

En raison du brassage attendu de populations qui arriveront de tous les points du globe, certaines maladies pourraient en effet se propager à la faveur de l'événement sportif. Par exemple la grippe, "puisque ce sera l'hiver de l'hémisphère sud", ou la dengue, qui sévit actuellement en Amérique du Sud et aux Caraïbes.

Tests PCR, séquençage haut débit, métagénomique sont autant de techniques utilisées par la vingtaine de personnes - scientifiques, techniciens et ingénieurs - qui travaillent dans la cellule.

Séquençage d'urgence 

Pour remplir leur rôle de vigie face aux menaces infectieuses, le Covid-19 a clairement été un accélérateur.

"Quand (le variant) Omicron a pointé le bout de son nez dans le monde, les autorités sanitaires françaises voulaient savoir le plus vite possible quand il arrivait et où", se rappelle Jean-Claude Manuguerra. "En novembre 2022, on leur a proposé de mettre en place un système de séquençage d'urgence, y compris la nuit et les week-ends".

En cas de risque épidémique pendant les JO, la cellule se prépare à devoir rendre des diagnostics le plus rapidement possible.

"On a développé des tests dits +multiplex+ : à partir d'un seul échantillon, on est désormais en mesure de rechercher jusqu'à une quarantaine de virus ou bactéries et d'avoir une réponse en quelques heures", se félicite Jessica Vanhomwegen, responsable du pôle d'identification virale à la Cibu.

Parmi les plus risqués : une grippe aviaire hautement pathogène ou des cas importés d'un virus tropical comme Ebola par exemple, illustre-t-elle.

"On a ciblé les agents pathogènes les plus mortels et les plus transmissibles pour être en mesure de les détecter", rassure-t-elle.

Pour la période, la cellule a revu son organisation : quatre personnes seront mobilisées le week-end, contre deux habituellement.

Si besoin, un laboratoire mobile - une hotte entièrement hermétique dans laquelle il est possible de manipuler un prélèvement potentiellement dangereux - pourra aussi être déployée sur le terrain.

"Si une grosse épidémie apparaît, il faut qu'on soit prêt", résume Jean-Claude Manuguerra.