Maroc: les bénéfices des groupes pétroliers rallument la polémique

Le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch prend la parole lors de la session du segment de haut niveau du One Ocean Summit, dans la ville portuaire de Brest, dans le nord-ouest de la France, le 11 février 2022. (AFP)
Le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch prend la parole lors de la session du segment de haut niveau du One Ocean Summit, dans la ville portuaire de Brest, dans le nord-ouest de la France, le 11 février 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 24 avril 2022

Maroc: les bénéfices des groupes pétroliers rallument la polémique

  • Pour la première fois depuis la guerre en Ukraine, M. Akhannouch a dû s'expliquer, la semaine passée devant le Parlement, sur la hausse brutale des prix des denrées alimentaires et des carburants
  • Sous pression, son gouvernement a débloqué une enveloppe de 200 millions d'euros en faveur des transporteurs routiers afin d'apaiser leur colère

RABAT : La flambée des prix des carburants au Maroc a ravivé une polémique sur les conflits d'intérêts entre milieux des affaires et monde politique, exposant le Premier ministre Aziz Akhannouch, magnat du pétrole, à de vives critiques.

Pour la première fois depuis la guerre en Ukraine, M. Akhannouch a dû s'expliquer, la semaine passée devant le Parlement, sur la hausse brutale des prix des denrées alimentaires et des carburants (14 dirhams le litre de gazole à la pompe, soit 1,32 EUR, un record face à un salaire minimum mensuel à peine supérieur à 260 euros). 

Au coeur du débat parlementaire: une demande de plafonnement des marges "exorbitantes" des distributeurs de carburants. 

Sur la défensive, M. Akhannouch, un businessman ayant bâti sa fortune sur la distribution des hydrocarbures, a qualifié de "mensonges" les profits "énormes" dénoncés par des députés, assurant qu'ils sont "quasiment les mêmes depuis 1997". 

Si son poste n'est pas menacé, le Premier ministre est sur la sellette en raison de sa double casquette de dirigeant politique et d'actionnaire principal d'Afriquia, leader sur le marché local des hydrocarbures avec Total et Shell. 

Sous pression, son gouvernement a débloqué une enveloppe de 200 millions d'euros en faveur des transporteurs routiers afin d'apaiser leur colère. 

Les prix à la consommation (+3,3% pour janvier et février 2022 sur un an) vont continuer de grimper à "des niveaux supérieurs à la moyenne de la dernière décennie", a averti le Haut Commissariat au plan (HCP). 

Résultat: le moral des ménages marocains enregistre depuis le début de l'année "son niveau le plus bas depuis 2008", selon le HCP.

«Paix sociale»

Ce n'est pas la première fois que le Maroc, dépendant des importations d'hydrocarbures, traverse pareille crise mais jusqu'en 2015 l'Etat subventionnait l'essence et le gazole à la pompe. 

Gage de "paix sociale" pendant des décennies, cette subvention a été enterrée en 2015 en raison de son coût élevé pour les caisses de l'Etat. 

A l'époque, le gouvernement envisageait de la compenser par une aide financière mensuelle directe aux plus démunis, un soutien qui n'a jamais vu le jour. 

En 2018, trois ans après la libéralisation du marché, un scandale éclate: dans un rapport parlementaire, les distributeurs de carburants sont accusés d'engranger des marges "excessives", sur fond de dénonciations de la vie chère sur les réseaux sociaux.

Patron d'Afriquia et ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch se retrouve au banc des accusés, personnifiant la collusion entre le monde des affaires et la classe dirigeante. 

Saisi de l'affaire, le Conseil de la concurrence conclut en juillet 2020 à une entente entre géants pétroliers. Des amendes tombent sur le trio Afriquia, Total et Shell à hauteur de 9% de leurs chiffres d'affaires annuels.

Mais accusé d'irrégularités dans la procédure, le président du Conseil, Driss Guerraoui, est limogé par le roi Mohammed VI. Les sanctions ne seront pas appliquées.

«Conflit d'intérêt»

Depuis la libéralisation, les profits des distributeurs ont atteint "plus de 45 milliards de dirhams (4,25 mds EUR) jusqu'en 2021", s'indigne Hussein El Yamani, délégué de la Confédération démocratique du travail (CDT).

"Qu'importent l'origine de la flambée du cours du baril, une guerre, une pénurie, une pandémie, les distributeurs prélèvent leur bénéfice comme si de rien n'était", dénonçait récemment l'hebdomadaire TelQuel. 

Titrant sur "Le jeu ambigu d'Akhannouch", ce journal a illustré sa Une avec deux portraits, l'un sérieux et l'autre souriant, ainsi légendés: "Chef de gouvernement passif" et "Businessman heureux".

"Le conflit d'intérêt est patent au sein du gouvernement", estime l'économiste Mohamed Benmoussa cité par TelQuel.

L'exécutif est également critiqué pour son "incapacité" à redémarrer la seule raffinerie du royaume, implantée à Mohammedia, en liquidation depuis 2018.

Pour le syndicaliste El Yamani, il faut soit la nationaliser, soit faciliter son rachat.

Sa remise en marche "fera baisser les prix de plus d'un dirham le litre", plaide-t-il, étant donné que "le pétrole brut importé est moins cher (que le raffiné) et que ses capacités de stockage sont supérieures à celles des sociétés pétrolières".

Mais le gouvernement Akhannouch ne montre, jusqu'à présent, aucune volonté de répondre à cet appel.  


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.