Les principaux chantiers économiques du deuxième quinquennat Macron

Sur cette photo d'archive prise le 28 mars 2022, le président français Emmanuel Macron rencontre des représentants d'associations travaillant dans le quartier "Fontaine d'Ouche" à Dijon (Photo, AFP).
Sur cette photo d'archive prise le 28 mars 2022, le président français Emmanuel Macron rencontre des représentants d'associations travaillant dans le quartier "Fontaine d'Ouche" à Dijon (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 24 avril 2022

Les principaux chantiers économiques du deuxième quinquennat Macron

  • Emmanuel Macron veut atteindre le «plein emploi» d'ici la fin du quinquennat
  • Emmanuel Macron a annoncé son intention de relancer un programme nucléaire

PARIS: Emmanuel Macron, réélu alors que l'économie française affronte de nouveaux vents contraires, s'est fixé une série d'objectifs ambitieux. Voici les principaux chantiers économiques de son deuxième quinquennat.

Inflation et pouvoir d'achat

La dégradation du pouvoir d'achat du fait de la flambée de l'inflation, restera le sujet le plus urgent à traiter au début du quinquennat.

Malgré un "bouclier tarifaire" énergétique de plus de 26 milliards d'euros mis sur la table (gel des tarifs de gaz et d'électricité, indemnité inflation, remise carburant, etc.), la pression sur les prix, en particulier alimentaires, s'accroit.

Emmanuel Macron affirme que c'est surtout l'emploi qui permet d'améliorer le pouvoir d'achat, mais il promet aussi, "dès cet été,  une loi exceptionnelle pour le pouvoir d'achat", pour augmenter notamment les pensions de retraite. Il propose aussi un chèque alimentaire pour les plus modestes, une revalorisation des "minimas sociaux" et du traitement des fonctionnaires, ou encore une nouvelle prime défiscalisée.

Plein emploi

Emmanuel Macron veut atteindre le "plein emploi" d'ici la fin du quinquennat, soit un taux de chômage entre 5% et 5,5%, contre 7,4% aujourd'hui.

Pour y parvenir, il entend notamment transformer Pôle emploi en "France Travail", afin de "mettre en commun" les forces de l'État et des collectivités et de créer une forme de "guichet unique" pour les demandeurs d'emplois, bénéficiaires du RSA, etc. Cela pourrait se traduire par une fusion des instances concernées, ce qui suppose un temps long, ou simplement un meilleur partage des informations entre les acteurs.

Il entend aussi réformer le lycée professionnel pour en faire "une voie d'excellence" sur le modèle de l'apprentissage qui a connu un boom pendant le quinquennat. Les aides au recrutement d'apprentis qui s'achèvent en principe au 30 juin seront d'ailleurs prolongées.

Ces chantiers s'accompagneraient d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage, qu'il souhaite rendre "plus stricte quand trop d'emplois sont non pourvus" et "plus généreuse quand le chômage est élevé". Et d'une adaptation du RSA, qu'il veut attribuer sous condition d'effectuer de 15 ou 20 heures d'une "activité effective qui permet l'insertion".

Dette et déficit

Emmanuel Macron a confirmé son ambition de ramener le déficit public sous les 3% d'ici 2027, et de commencer à réduire le poids de la dette. L'enjeu est de taille, avec un déficit qui était encore à 6,5% du PIB fin 2021, et une dette publique à 112,9%, du fait de la crise sanitaire liée au Covid-19.

Aucun effort massif n'est réellement annoncé sur les dépenses, le président réélu comptant beaucoup sur la croissance et le plein emploi pour dégager de nouvelles recettes. Pour financer un programme dont il estime le coût à 50 milliards d'euros, il table toutefois sur 35 milliards d'économies de coût de fonctionnement de l'État et des collectivités locales.

Mesure phare, le report de l'âge de départ à la retraite à 65 ans, ne dégagera des économies qu'à moyen terme puisqu'elle entrera en vigueur progressivement.

Réindustrialisation climatique

En proposant de poursuivre la réduction des impôts de production, notamment en supprimant la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) de toutes les entreprises, M. Macron souhaite encourager la réindustrialisation du pays, à peine amorcée sous le précédent quinquennat.

Hydrogène vert, véhicule électrique, décarbonation de la sidérurgie et des cimenteries mais aussi biomédicaments: le pari de réindustrialisation qui nécessite des investissements massifs, dont une partie sera issue du plan France 2030 lancé avant l'élection, doit s'articuler avec la "planification" écologique annoncée par le candidat-président entre les deux tours. Et une volonté de favoriser les achats publics locaux pour défendre le "fabriqué en France".

Mais cette transition fait des perdants et le futur exécutif devra sans doute gérer de nouveaux dossiers complexes. Nul doute que les difficultés des Fonderies du Poitou ou du sous-traitant de Renault SAM s'inviteront à l'agenda des premiers mois du quinquennat.

Nucléaire

Emmanuel Macron a annoncé son intention de relancer un programme nucléaire avec six réacteurs de nouvelle génération EPR2, vantant notamment l'avantage climatique de l'électricité ainsi produite. A cela s'ajoute l'étude pour huit exemplaires supplémentaires.

Ce chantier au long cours n'aboutira pas durant le quinquennat. La première mise en service n'est pas attendue avant 2035 ou 2037. Mais l'enjeu financier est immédiat et considérable, avec un coût estimé à plus de 50 milliards d'euros pour six réacteurs. 

La filière doit aussi faire la preuve de sa capacité à mener à bien un tel programme, après les dérives du chantier de l'EPR de Flamanville en Normandie.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.