Macron acte II: un quinquennat sous la menace des extrêmes

Perçu par de nombreux Français comme arrogant et autoritaire, Macron est tout simplement détesté par beaucoup d’autres (Photo, AFP).
Perçu par de nombreux Français comme arrogant et autoritaire, Macron est tout simplement détesté par beaucoup d’autres (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 24 avril 2022

Macron acte II: un quinquennat sous la menace des extrêmes

  • Loin d’être serein, ce quinquennat semble d’ores et déjà menacé par des mouvements sociaux et une contestation d’envergure
  • Il est loin le temps où Macron pouvait envisager en toute liberté la constitution de son gouvernement

PARIS: Si le président Emmanuel Macron est reconduit dans ses fonctions à l’issue du second tour des élections présidentielles, nombreux sont ceux qui, en France et à l’étranger, pousseront un soupir de soulagement.

Le danger de voir l’extrême droite, représentée par la candidate du Rassemblement national Marine le-Pen, à la tête du pouvoir, aura été écarté.

Cependant, et contrairement à 2017 où Macron a été porté au pouvoir par un élan populaire, un grand nombre de Français voyant en lui un jeune espoir et une bonne alternative à la classe politique française décrépie et vieillissante, il est aujourd’hui décrié.

Si Macron est réélu avec une marge nettement plus faible que celle de 2017, et si sa victoire ne se traduit pas par une nette majorité aux prochaines législatives de juin prochain, il se retrouvera à la veille d’un nouveau quinquennat bien mouvementé et instable.

Loin d’être serein, ce quinquennat semble d’ores et déjà menacé par des mouvements sociaux et une contestation d’envergure.

Renforcement des extrêmes 

Après cinq ans de mandat, durant lesquels il a dû faire face à une fronde sociale (crise des gilets jaunes), à une crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine, une première depuis la Seconde Guerre mondiale, son image n’en est pas sortie indemne.

Perçu par de nombreux Français comme arrogant et autoritaire, Macron est tout simplement détesté par beaucoup d’autres. À défaut d’avoir rénové le pays et la classe politique, force est de constater que son mandat s’achève sur un renforcement des extrêmes droite et gauche.

Les résultats du premier tour des élections présidentielles sont là pour en attester: 27% pour le président sortant, 23% pour Le Pen et 22% pour le candidat d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon.

Cette popularité des extrêmes constitue autant de freins face à son action à venir. Il est loin le temps où Macron pouvait envisager en toute liberté la constitution de son gouvernement, et aborder les élections législatives qui succèdent traditionnellement aux élections présidentielles avec la certitude de remporter une large majorité.

Une nouvelle carte politique?

Bien au contraire, s’il est élu, il devra envisager ces deux échéances en tenant compte de la nouvelle carte politique qui s’est dessinée au premier tour des présidentielles, à savoir qu’il doit procéder à des alliances et des rapprochements politiques pour s’assurer que son action ne sera pas prise en tenaille par les extrêmes de droite et de gauche.

Des prémices d’inflexion sont ainsi apparues dans sa campagne de l’entre-deux-tours, et on le voit s’attarder longuement sur les thèmes relatifs au changement climatique lors de son meeting à Marseille, et en se montrant prêt à assouplir son plan de réforme des retraites qui stipule un recul de l’âge de la retraite à 65 ans.

Cette inflexion devra s’exprimer plus nettement à travers la formation de son prochain gouvernement, le Premier ministre Jean Castex ayant annoncé qu’il a l’intention de démissionner dans les jours qui suivront la réélection de Macron pour donner une impulsion nouvelle avant les législatives du 12 et 19 juin prochain.

Pour y parvenir, Macron est tenu de ratisser large lors de la formation de son gouvernement. 

Dans les couloirs de La République en marche (formation politique de l’actuel chef de l’État), on murmure que la nouvelle équipe gouvernementale ne sera pas comme en 2017 composée en grand nombre de personnes issues de la société civile.

Législatives problématiques

Cette nouvelle équipe devra se composer de personnes prometteuses et expérimentées de la droite, de la gauche et des écologistes, sans nécessairement sacrifier les figures de proue de l’actuel gouvernement, telles que le ministre des finances, Bruno le Maire, ou celui de l’Intérieur Gerald Darmanin.

La mission du nouveau gouvernement sera de baliser le terrain avant les législatives qui s’annoncent problématiques pour le chef de l’État.

À l’extrême gauche, le chef de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, arrivé en troisième place au premier tour de la présidentielle, se rêve en Premier ministre et tente, lui aussi, des rapprochements avec les écologistes ainsi que les socialistes et les communistes.

De son côté, l’autre candidat de l’extrême droite tente de former une grande coalition des droites, avec le Rassemblement national et Les Républicains.

Ces deux paris se heurtent à des obstacles qui les rendent irréalisables, mais ils mettent en évidence le poids des votes hostiles que Macron pourra essuyer lors des élections législatives.

Majorité relative ?

À défaut donc d’une majorité absolue, Macron devra probablement se contenter d’une majorité relative, en raison de la dégradation de son image et de l’important taux d’abstention.

C’est en terrain miné qu’il se verra avancer sur la mise en application de son programme, en tentant de contourner toute possible vague de mécontentement qui l’attendra dans la rue à chaque fois que l’occasion se présente.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.