Aux Philippines, une vie politique dominée par les clans

Cette photo prise le 24 avril 2022 montre le candidat à la présidence Ferdinand Marcos Jr participant à un rassemblement de campagne à Taguig, dans la banlieue de Manille, avant l'élection présidentielle du 9 mai. (AFP)
Cette photo prise le 24 avril 2022 montre le candidat à la présidence Ferdinand Marcos Jr participant à un rassemblement de campagne à Taguig, dans la banlieue de Manille, avant l'élection présidentielle du 9 mai. (AFP)
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Publié le Lundi 25 avril 2022

Aux Philippines, une vie politique dominée par les clans

  • Les sondages prédisent une confortable victoire à Ferdinand «Bongbong» Marcos Jr lors du scrutin du 9 mai, 36 ans après le soulèvement populaire qui avait renversé son père
  • Les puissantes familles, comme celle de Marcos, tirent depuis longtemps les ficelles dans ce pays pauvre d'Asie du sud-est, que ce soit par l'achat de voix ou par l'intimidation

LAOAG: S'il gagne la présidentielle aux Philippines, le fils de l'ancien dictateur Ferdinand Marcos réinstallera au sommet de la pyramide du pouvoir un puissant clan familial qui en occupe déjà de nombreux échelons.


Les sondages prédisent une confortable victoire à Ferdinand "Bongbong" Marcos Jr lors du scrutin du 9 mai, 36 ans après le soulèvement populaire qui avait renversé son père.


Les puissantes familles, comme celle de Marcos, tirent depuis longtemps les ficelles dans ce pays pauvre d'Asie du sud-est, que ce soit par l'achat de voix ou par l'intimidation.


Selon les analystes, ce système clanique est de plus en plus envahissant. De nouvelles dynasties politiques ont vu le jour, surtout au niveau local, pipant les élections, entravant le développement économique et aggravant les inégalités.


"Le pouvoir engendre le pouvoir", explique Julio Teehankee, professeur de sciences politiques à l'Université De La Salle à Manille. "Plus ils restent au pouvoir, et plus ils accumulent du pouvoir".


M. Teehankee chiffre à 319 le nombre de grandes familles historiques, dont la puissance remonte au temps où les Philippines étaient une colonie américaine, entre 1898 et 1946.

Clientélisme 
Certaines ont vu leur pouvoir se faner, mais 234 de ces familles ont conquis des sièges lors des élections de mi-mandat en 2019, relève-t-il.


Ces clans ont prospéré dans une démocratie largement corrompue, où clientélisme et retournements de veste sont monnaie courante.


Mais cette hégémonie n'est pas statique. Des familles peuvent conquérir le pouvoir, puis le perdre, pour ensuite faire un retour fracassant.


Après la mort en 1989 du dictateur déchu, la famille Marcos s'est réimplantée dans la province d'Ilocos Norte, son fief historique, où elle a commencé à tisser un réseau d'influence pour faire élire les siens à des postes de plus en plus élevés.


A 64 ans, Ferdinand "Bongbong" Marcos Jr est sur le point de parachever la conquête ultime pour la dynastie: la présidence. Et sa famille entend rafler tous les postes-clés à Ilocos Norte.


Au début de la campagne, en mars, les candidats de la famille ont posé côte à côte devant un panneau "Team Marcos" à Laogag, la capitale de la province.


Le fils aîné de Marcos Jr, également prénommé Ferdinand, se présente aux élections pour la première fois et brigue un des deux sièges de député de la province. Un cousin se représente en vue de conserver le deuxième.


Son neveu - le fils de sa soeur Imee, qui est sénatrice - entend se faire réélire gouverneur, tandis que la veuve d'un autre cousin compte bien conserver son fauteuil de vice-gouverneur.


Si Marcos Jr soutient que sa famille n'est pas une dynastie, son cousin Michael Marcos Keon, qui brigue un second mandat de maire à Laoag, n'a aucun complexe à affirmer que si.


"Tout ceci est dynastique", affirme M. Keon, 67 ans, qui était auparavant gouverneur de la province où il avait succédé à Marcos Jr, atteint par la limite de trois mandats.


"Je ne serais pas où je suis aujourd'hui si je n'étais pas un Marcos", reconnaît-il.

«La famille en premier»
"C'est comme dans l'Europe médiévale", poursuit M. Keon sans son bureau, entouré des photos des membres de son clan. "La famille passe en premier".


La mainmise des Marcos sur Ilocos Norte est "typique" des Philippines, et le même phénomène est observé partout ailleurs dans le pays, affirme Ronald Mendoza, doyen de l'Ecole de gouvernement Ateneo.


Selon lui, 80% des gouverneurs de province appartiennent actuellement à des "grosses dynasties" - terme qui désigne des clans comptant au moins deux membres au pouvoir en même temps - contre 57% en 2004.


Les familles des politiques tiennent actuellement 67% des sièges de député (contre 48% en 2004) et 53% des postes de maire (contre 40%).


La famille du président sortant, Rodrigo Duterte, n'est pas en reste. "J'ai une fille qui brigue la vice-présidence, un fils un siège de député et un autre une mairie. Je suis comblé", s'est-il félicité.


Plus de 18 000 mandats en tout genre sont remis en jeu lors des élections du 9 mai. Mais selon M. Mendoza, il est probable que la plupart des élus actuels conserveront leur poste.


Avec la pandémie et la crise qui en a résulté, "vous avez plus d'électeurs vulnérables au clientélisme, plus d'électeurs inquiets pour leur accès à la protection sociale", relève-t-il.


La constitution de 1987 a beau prohiber explicitement "les dynasties politiques telles que définies par la loi", la loi qui devait les définir n'a jamais été votée par le parlement.


"On ne peut pas attendre d'une chambre remplie de dynasties qu'elle vote une législation anti-dynasties", explique le professeur Teehankee. "C'est comme de demander à Dracula d'être le gardien de la banque du sang".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.