L'Indonésie fait bouillir un peu plus le marché des huiles végétales

La décision de l'Indonésie de suspendre les exportations d'huile de palme a encore fait grimper les prix des huiles végétales (Photo, AFP).
La décision de l'Indonésie de suspendre les exportations d'huile de palme a encore fait grimper les prix des huiles végétales (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 29 avril 2022

L'Indonésie fait bouillir un peu plus le marché des huiles végétales

  • Palme, soja, colza européen ou son équivalent canadien ogm, le canola, toutes ces huiles végétales ont enregistré des sommets historiques depuis l'annonce, mercredi, de la suspension
  • L'huile de palme est la plus consommée des extraits végétaux au monde, devant l'huile de soja

NEW YORK: La décision de l'Indonésie de suspendre les exportations d'huile de palme a encore fait grimper les prix des huiles végétales, déjà à des niveaux records du fait de la guerre et des effets du réchauffement climatique.

Palme, soja, colza européen ou son équivalent canadien ogm, le canola, toutes ces huiles végétales ont enregistré des sommets historiques depuis l'annonce, mercredi, de la suspension.

"On a déjà eu des problèmes sur le soja en Amérique du sud, sur le colza au Canada", deux récoltes plombées par des conditions climatiques défavorables, "puis sur le tournesol en Ukraine", rappelle Philippe Chalmin, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine.

"La hausse des prix remonte à l’année dernière déjà et elle est exacerbée par l'affaire ukrainienne, mais je ne saisis pas la logique profonde de cet embargo, qui intervient au pire moment."

L'huile de palme est la plus consommée des extraits végétaux au monde, devant l'huile de soja, et l'Indonésie en assure 35% des exportations, selon James Fry, président du cabinet LMC, ce qui la place au premier rang, de loin.

Officiellement, la suspension doit permettre de faire redescendre les prix en Indonésie et de limiter les pénuries, selon les autorités.

"L'industrie pense que ça ne durera qu'un mois, peut-être deux", a expliqué Rich Nelson, du courtier Allendale, "mais en attendant, on bat des records."

A la différence des autres oléagineux, le fruit du palmier ne se conserve pas une fois cueilli, rappelle James Fry, ce qui nécessite donc de presser l'huile immédiatement.

Par ailleurs, explique-t-il, déjà limitées dans l'absolu (environ deux mois), les capacités de stockage en Indonésie sont réduites car les réserves étaient déjà conséquentes.

«Cercle vicieux»

Depuis des mois que les prix sont en lévitation, les achats de matières premières agricoles n'ont pas diminué.

"Il est difficile de rationner la demande de denrées alimentaires avec des prix plus élevés", Arlan Suderman économiste sur la plateforme StoneX.

Utilisée massivement dans des produits alimentaires transformés, comme les nouilles instantanées ou les gâteaux en paquets, l'huile de palme est aussi présente dans des produits non alimentaires, comme l'hygiène ou les cosmétiques.

"In fine, ça va se répercuter", annonce Paul Desert-Cazenave, de Grainbow, "mais il est encore trop tôt pour mesurer les augmentations de prix aux consommateurs.

A court terme sur le marché des huiles végétales alimentaires, le seul oléagineux à pouvoir, au moins en partie, se substituer à l'huile de palme, est le soja.

Les Etats-Unis et le Brésil, les deux premiers exportateurs mondiaux, ont encore des stocks mobilisables, même si aucun soulagement réel des cours n'est attendu dans l'immédiat.

Reste les récoltes à venir. Le ministère américain de l'Agriculture (USDA), a annoncé le mois dernier prévoir une hausse de plus de 4% des surfaces consacrées au soja cette année, conjuguée à une baisse équivalente pour le maïs.

En revanche, le Canada, de très loin le premier exportateur mondial, a indiqué mardi s'attendre à un recul de 7% des surfaces consacrées au colza ogm.

"Cela montre simplement que d'autres cultures sont encore plus rentables que le canola", souligne Arlan Suderman, en premier lieu le blé, également sous tension.

Pour plusieurs spécialistes, les politiques publiques ont un rôle à jouer dans cette crise.

"Cela relance le débat entre alimentation et énergie", explique Arlan Suderman, pour qui "les pays vont être mis sous pression pour réduire les quotas de biocarburants", dont beaucoup utilisent des oléagineux.

L'Europe a adopté une directive prévoyant l'exclusion de l'huile de palme des objectifs en matière d'énergies renouvelables d'ici 2030, et certains pays, dont la France, l'ont déjà écarté.

Malgré les tourments que le marché, Indonésie et Malaisie, deuxième exportateur mondial, ont elles maintenu, pour l'instant, leurs programmes respectifs d'utilisation d'huile de palme dans leurs biocarburants.

Pour ne rien arranger, souligne Michael Zuzolo, président de Global Commodity Analytics and Consulting, nombre des grands importateurs d'huile de palme, Egypte, Bangladesh ou Pakistan, ont vu leur monnaie se déprécier ces derniers mois.

Dans le même temps, certains grands exportateurs d'oléagineux, comme les Etats-Unis ou le Brésil, ont connu le mouvement inverse.

"C'est le pire des scénarios qui se met en place, (...) un cercle vicieux", prévient-il, avec de nombreux pays émergents "qui vont avoir de plus en plus de difficultés à s'approvisionner suffisamment."


Selon Faisal al-Ibrahim, l’économie saoudienne est en train de changer radicalement

Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
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  • Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie
  • «Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim

RIYAD: Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie et à une transformation de son environnement des affaires en raison de la création de nouveaux secteurs: c’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Économie du Royaume.

Faisal al-Ibrahim a pris la parole mercredi lors d’une conférence à Riyad au cours de laquelle il a mis en lumière l’évolution rapide du paysage des affaires du Royaume, qui s'efforce de diversifier ses sources de revenus afin de ne plus dépendre du pétrole.

Lors de cet événement, intitulé «Politiques industrielles pour promouvoir la diversification économique», le ministre a précisé que les réglementations législatives et économiques qui visent à promouvoir le développement durable avaient subi des changements fondamentaux depuis le lancement de la Vision 2030.

Il a indiqué que les efforts du Royaume pour diversifier son économie avaient conduit à la création de nouveaux secteurs grâce au lancement de plusieurs mégaprojets tels que Neom et le Red Sea Project, entre autres.

«Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim, qui a par ailleurs insisté sur la nécessité d’élaborer des stratégies pour garantir une économie flexible et durable.

«La présence d’investissements étrangers permettra de développer la compétitivité à long terme», a encore expliqué le ministre.

Ce dernier a également assuré que le Royaume travaillait sur le moyen terme pour se focaliser sur la transformation des secteurs qui représentent un changement technologique.

L’Arabie saoudite est désireuse de parvenir à un développement à moyen terme en équilibrant les profits à court terme et en promouvant le succès à long terme, a souligné M. Al-Ibrahim.

Depuis le lancement de la Vision 2030, le ministère de l’Économie et de la Planification a mené plusieurs études économiques qui ont pour objectif de diversifier l’économie en élaborant des objectifs pour tous les secteurs, en augmentant les niveaux de complexité et en étudiant les économies émergentes afin de renforcer les capacités du Royaume. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gastat: les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite augmentent de 4,4%

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  • Selon l’Autorité générale des statistiques, la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens
  • La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février

RIYAD: Les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite, notamment les réexportations, ont connu une hausse de 4,4% en février par rapport à la même période en 2023, selon des données officielles.

Selon l’Autorité générale des statistiques (Gastat), la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens (SAR), soit une hausse par rapport aux 20,93 milliards enregistrés au cours de la même période de l’année précédente (1 SAR = 0,25 euro).

L’augmentation des exportations non pétrolières est due à une hausse de 8,3% des exportations de produits en caoutchouc et en plastique en février, qui représentent 24,1% des exportations totales.

Le renforcement du secteur privé non pétrolier est essentiel pour l’Arabie saoudite, qui poursuit ses efforts de diversification économique qui visent à réduire sa dépendance à l’égard du pétrole.

Le rapport dévoile une baisse de 4,1% en glissement annuel des exportations non pétrolières du Royaume, à l’exclusion des réexportations, en février. En revanche, la valeur des marchandises réexportées a grimpé de 32,3% au cours de la même période.

Cependant, la Gastat a noté qu’en février, le nombre total de marchandises expédiées par l’Arabie saoudite a diminué de 2% par rapport à la même période de l’année précédente.

Selon le rapport, ce déclin est principalement dû à une diminution de 3,8% des exportations de pétrole en février par rapport au même mois en 2023.

De même, le pourcentage des exportations de pétrole par rapport aux exportations totales est tombé à 77% en février, contre 78,4% au cours de la même période de l’année précédente.

Les exportations de pétrole ont chuté en raison de la décision du Royaume de réduire sa production de brut, conformément à un accord conclu par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, collectivement connus sous le nom d’«Opep+».

En avril 2023, l’Arabie saoudite a réduit sa production de pétrole de 500 000 barils par jour, une décision que le ministère de l’Énergie vient de prolonger jusqu’à la fin décembre 2024.

Par rapport à janvier 2024, la valeur des exportations totales de marchandises a connu une légère hausse de 0,1% pour atteindre 95,02 milliards de SAR.

La Gastat a révélé que les importations de l’Arabie saoudite ont progressé de 12,3% en glissement annuel en février.

D’autre part, l’excédent de la balance du commerce des marchandises a diminué de 21,8% par rapport à la même période de l’année précédente.

La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février, les exportations vers le pays asiatique s’élevant à 12,57 milliards de SAR. L’Inde et le Japon viennent ensuite, avec des exportations respectives vers ces pays de 9,43 et 8,55 milliards de SAR.

La Corée du Sud, les Émirats arabes unis et la Pologne figurent également parmi les principales destinations des exportations saoudiennes, de même que l’Égypte, les États-Unis et la France.

La Chine a par ailleurs occupé la première place du côté des importations, représentant 19,9% des échanges, soit 12,58 milliards de SSAR, en février.

D’après le rapport, le port maritime du roi Abdelaziz de Dammam a été classé comme le point d’entrée le plus important pour les marchandises en Arabie saoudite, accueillant 26,7% des exportations totales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La mythique verrerie française Duralex au tribunal de commerce

Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
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  • Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française
  • Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitant

ORLEANS: Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier.

Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française, déjà en difficulté il y a trois ans.

A l'extérieur, plusieurs militants de la CGT et du PCF seront réunis pour apporter leur soutien aux salariés de l'entreprise.

"Le problème, c'est qu'on commence à s'habituer", se désole le délégué Force ouvrière (FO) de l'entreprise, Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), près d'Orléans.

Pour cet élu, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitante de la célèbre marque la semaine dernière.

L'entreprise espère ainsi trouver un repreneur et sauver l'usine, qui emploie 230 salariés.

Si le tribunal accède à la demande de Duralex, alors un administrateur et un mandataire seront nommés pour une période d'observation, dont la durée est variable.

« La tour Eiffel de la vaisselle »

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex", s'inquiète auprès de l'AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

"Ici, avant, il y avait 1.500 salariés Duralex, 1.500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin", se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d'anciens collègues, désormais retraités, venus les soutenir.

Las. La seconde a fermé et il ne reste plus que quelque centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes, colorés et réputés incassables, qui sont un peu comme "la tour Eiffel de la vaisselle", selon Duralex.

Dans un communiqué transmis la semaine dernière, la CGT du département dénonce une "décision politique" qui vise "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires aux dépens des 230 salarié.e.s concerné.e.s et de l'ensemble du bassin d’emploi de l'Orléanais".

"Les belles promesses auront tout de même permis aux actionnaires d'empocher des millions d'euros d'aide financière de l'Etat et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement" par les autorités, épingle encore la centrale syndicale.

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, a été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En vain, puisqu'en 2023, l'inflation, une consommation "en fort retrait" et une "concurrence exacerbée" ont aggravé de nouveau la situation.

En parallèle, NDI dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

Incompréhensible selon les élus syndicaux: "On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand 'speech' et 3 semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire", s'agace François Dufranne.

Gualter Teixeira n'en démord pas: à l'audience, "il va falloir nous expliquer ce qui s'est passé".