Le professeur d'histoire décapité: le message de revendication émanait bien de l'agresseur abattu

Le procureur de la République chargé de la lutte antiterroriste, Jean-François Ricard, s'exprime lors d'une conférence de presse à Paris , au lendemain de la décapitation d'un enseignant par un agresseur abattu par des policiers. (ABDULMONAMEASSA/AFP)
Le procureur de la République chargé de la lutte antiterroriste, Jean-François Ricard, s'exprime lors d'une conférence de presse à Paris , au lendemain de la décapitation d'un enseignant par un agresseur abattu par des policiers. (ABDULMONAMEASSA/AFP)
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Publié le Mardi 27 octobre 2020

Le professeur d'histoire décapité: le message de revendication émanait bien de l'agresseur abattu

  • Abdoullakh Abouyezidovitch A., l'agresseur abattu par la police, avait publié un message de revendication sur Twitter
  • Les policiers ont retrouvé «un couteau de type poignard, une arme de poing de type Airsoft et cinq cartouches de gaz compatibles avec cette arme»

Le message de revendication publié sur Twitter avec la photo du professeur d'histoire décapité vendredi près d'un collège à Conflans-Sainte-Honorine a été publié sur un compte appartenant bien à l'agresseur abattu par la police, Abdoullakh Abouyezidovitch A., a indiqué samedi le procureur national antiterroriste.

«Les investigations ont pu confirmer qu'il s'agissait bien d'un compte appartenant à l'auteur des faits», a déclaré Jean-François Ricard lors d'une conférence de presse au tribunal de Paris.

La première exploitation du téléphone de l'assaillant, trouvé à proximité de son corps, «a permis de retrouver dans le bloc-notes le texte de la revendication, enregistré à 12H17 ainsi que la photographie de la victime décédée horodatée à 16H57», a-t-il ajouté.

Abdoullakh A., «né le 12 mars 2002 à Moscou en Russie» et qui bénéficiait du statut de réfugié, a été abattu par des policiers alors qu'il «courait dans leur direction en tirant à cinq reprises avec une arme de poing», a expliqué le procureur.

Selon son récit, trois policiers ont riposté, entraînant la chute de l'assaillant. «Alors qu'il tentait de se relever et de donner des coups de couteau aux policiers, il était neutralisé par les forces de l'ordre», a-t-il raconté, indiquant que son corps présentait «neuf impacts» de balle.

Les policiers ont retrouvé sur lui «un couteau de type poignard, une arme de poing de type Airsoft et cinq cartouches de gaz compatibles avec cette arme».

Par ailleurs, «un second couteau d'une longueur totale de 35 centimètres, ensanglanté, était découvert à une trentaine de mètres du lieu du crime», a indiqué M. Ricard.

L'agresseur, qui habitait à Evreux (Eure) et avait un titre de séjour délivré le 4 mars dernier et valable jusqu'en mars 2030, «était inconnu des services de renseignements sur un plan judiciaire». «Il n'a jamais été condamné tout en étant connu pour des affaires de dégradation de biens publics et de violences en réunion, alors qu'il était encore mineur», a précisé le procureur.

Par ailleurs, selon M. Ricard, parmi les neuf personnes actuellement en garde à vue figure le père d'une élève du professeur décapité, qui avait notamment appelé sur les réseaux sociaux à la mobilisation contre ce dernier et à son renvoi de l'établissement après un cours pendant lequel l'enseignant avait montré des caricatures de Mahomet. 

«La demi-soeur de cet homme avait rejoint l'organisation État islamique en 2014 en Syrie et elle fait, à ce titre, l'objet d'un mandat de recherche par un juge d'instruction antiterroriste», a précisé M. Ricard.

Un autre homme, «connu des services de renseignement» et qui a notamment participé à des vidéos publiées par le père de l'élève, est aussi en garde à vue avec son épouse.

Depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent amorcée en 2015 en France, qui a fait 259 morts avec ce professeur, plusieurs attaques ont été perpétrées à l'arme blanche, notamment à la préfecture de police de Paris en octobre 2019, ou à Romans-sur-Isère en avril dernier.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.