Elections locales jeudi au Royaume-Uni, un test pour Boris Johnson

Depuis décembre, Boris Johnson est fragilisé par le «partygate», ces fêtes organisées à Downing Street durant les confinements, et par une montée historique de l'inflation qui oblige les Britanniques à se serrer la ceinture.
Depuis décembre, Boris Johnson est fragilisé par le «partygate», ces fêtes organisées à Downing Street durant les confinements, et par une montée historique de l'inflation qui oblige les Britanniques à se serrer la ceinture.
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Publié le Lundi 02 mai 2022

Elections locales jeudi au Royaume-Uni, un test pour Boris Johnson

  • En janvier, les députés conservateurs soucieux de l'indignation du public face à ses démentis et au deux poids deux mesures, semblaient prêts à un vote de censure
  • Les résultats de ces milliers de scrutins locaux permettront de jauger le soutien des conservateurs dans le pays, et seront un indicateur de la force ou non de l'opposition travailliste

 

LONDRES: Les Britanniques se rendent aux urnes jeudi, pour des élections locales qui auront valeur de test pour le gouvernement conservateur et son Premier ministre Boris Johnson, affaibli par des mois de scandale.


Les résultats de ces milliers de scrutins locaux permettront de jauger le soutien des conservateurs dans le pays, et seront un indicateur de la force ou non de l'opposition travailliste. 


Boris Johnson, 57 ans, avait offert en décembre 2019 une victoire historique aux Tories lors des élections générales, en promettant d'en finir avec des années de blocage politique et de boucler le Brexit, la sortie du pays de l'Union européenne.


Mais depuis décembre, il est fragilisé par le "partygate", ces fêtes organisées à Downing Street durant les confinements, et par une montée historique de l'inflation qui oblige les Britanniques à se serrer la ceinture.


Une enquête de police sur le partygate a estimé qu'il avait enfreint la loi, du jamais vu pour un Premier ministre en exercice, et lui a imposé une amende.


En janvier, les députés conservateurs soucieux de l'indignation du public face à ses démentis et au deux poids deux mesures, semblaient prêts à un vote de censure. Mais l'invasion de l'Ukraine par la Russie, depuis laquelle M. Johnson a apporté un soutien ferme au président ukrainien Volodymyr Zelensky, a reporté toute éventuelle mutinerie.

Ce qu'il faut savoir sur les élections locales au Royaume-Uni

Des élections locales auront lieu jeudi en Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galles, ainsi que pour renouveler l'Assemblée d'Irlande du Nord à Belfast. 


Voici des précisions sur l'organisation et les enjeux de ce scrutin.

Quand a lieu le vote ? 

Les bureaux de vote ouvrent à 06h00 GMT jeudi et ferment à 21h00 GMT.

Quand les résultats sont-ils attendus ?

Le décompte va commencer dès la fermeture des bureaux de vote pour un peu plus de la moitié des sièges disputés en Angleterre et débutera à partir de vendredi matin pour le reste.

Le décompte commence vendredi matin en Ecosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord, avec le résultat complet attendu dans la soirée. 

Qui peut voter ?

En Angleterre et en Irlande du Nord, les scrutins sont ouverts aux citoyens britanniques et aux ressortissants des pays de l'Union européenne ou du Commonwealth résidant au Royaume-Uni et âgés de 18 ans ou plus.


Tout citoyen étranger vivant légalement au Royaume-Uni et âgé de 16 ans ou plus peut voter en Écosse et au Pays de Galles.

Où se déroule le vote ?

En Angleterre, quelque 4 360 sièges sont en jeu dans quelque 146 conseils locaux, dans de grandes agglomérations telles que Birmingham, Leeds et Manchester, et les 32 arrondissements de Londres. 


Dans le Yorkshire du Sud, (nord de l'Angleterre), on vote également pour un maire régional. 


Des sièges sont également disputés dans 1 000 conseils de paroisse – la plus petite autorité locale. 


Au total, 1 227 sièges sont en lice dans les 32 conseils locaux d'Écosse et 1 234 sièges dans les 22 conseils du Pays de Galles. 


L'Irlande du Nord vote pour élire les 90 membres de son assemblée législative à Belfast.

Quels sont les enjeux ?

Les élections détermineront qui gère des services locaux tels que l'entretien des routes, les itinéraires d'autobus, les bibliothèques, ou encore la collecte des déchets. 


L'Assemblée d'Irlande du Nord légifère sur le logement, l'emploi, l'éducation, la santé, l'agriculture et l'environnement dans la province britannique. 


Si ces questions locales jouent un grand rôle dans le vote, des enjeux nationaux peuvent également entrer en compte. 


Lors du scrutin de jeudi, le problème de la hausse du coût de la vie, avec  les énormes hausses des prix des aliments et de l'énergie pourrait peser.


Ces élections ont également valeur de test pour le Premier ministre britannique Boris Johnson, dont la popularité a chuté avec le scandale du "partygate", des fêtes organisées à Downing Street malgré les restrictions liées à la pandémie.

Quelles sont les régions clés ?

Le principal parti d'opposition, le Labour, espère gagner des sièges à Londres, notamment dans des bastions traditionnellement conservateurs tels que Westminster, Wandsworth, Kensington et Chelsea. 


Dans l'arrondissement conservateur de Barnet, où vit une importante communauté juive, le résultat indiquera si le chef du Labour, Keir Starmer, a su regagner la confiance de cette communauté qui s'était détournée du parti sous son prédécesseur Jeremy Corbyn, critiquant son laxisme face à l'antisémitisme. 


Le Labour veut également reconquérir ses anciens fiefs devenus conservateurs lors des dernières élections en 2019, comme Dudley, dans le centre de l'Angleterre, ainsi que dans le nord de l'Angleterre. 


Les regards seront également tournés vers l'Irlande du Nord pour voir si le parti républicain Sinn Fein qui souhaite l'unité de l'Irlande devient le premier parti pour la première fois en 100 ans d'histoire de la province.


Mais cela pourrait poser problème pour la constitution d'un gouvernement car les partis unionistes pro-britanniques avec qui le Sinn Fein doit se partager le pouvoir ne se sont pas encore dit prêts à travailler avec eux. 

Coût de la vie 
De mauvais résultats jeudi pour les conservateurs pourraient cependant ranimer les appels à son départ, afin de mettre en place un nouveau leader avant les élections générales qui doivent intervenir au plus tard en janvier 2025.


Le partygate n'est pas pour autant le sujet qui préoccupe le plus les électeurs. 


"C'est le coût de la vie", explique Bob, un ouvrier retraité de Dudley, au centre de l'Angleterre. "La nourriture augmente, l'énergie augmente (...) ils devraient se concentrer sur le coût de la vie".


A 76 ans, il estime aussi que "ce qu'a fait Johnson avec le partygate était grave, ils se moquaient plus ou moins de nous".


Le Parti travailliste, principale formation d'opposition, avait gagné du terrain au niveau local en 2018, les Tories étant plombés par le vote pour le Brexit deux ans plus tôt. 


Keir Starmer, 59 ans, leader du parti depuis 2020, espère notamment regagner des sièges dans les régions du "Red Wall" (centre-nord et nord de l'Angleterre principalement) qui avaient abandonné son parti pour voter conservateur aux dernières élections générales.


Selon les sondages, les travaillistes devraient emporter une majorité des sièges en Angleterre. En Ecosse, ils espèrent en gagner sur le Parti national écossais (SNP) de centre-gauche, premier parti d'Ecosse, et consolider leur emprise au pays de Galles.

Irlande du Nord 
Au delà de Boris Johnson, l'avenir à long terme du Royaume-Uni pourrait être aussi être mis en danger en Irlande du Nord où des élections vont renouveler l'Assemblée de la province, la législature dévolue.


Le Sinn Fein nationaliste est largement pressenti pour devenir le plus grand parti, ce qui serait une grande première. Selon un sondage LucidTalk pour le Belfast Telegraph, il aurait 6 points d'avance sur le Parti unioniste démocrate (DUP).  


"Ce serait un changement radical si une nationaliste devenait Premier ministre" déclare Deirdre Heenan, professeur de politique sociale à l'université d'Ulster.


Le Brexit a aussi pesé lourd en Irlande du Nord, les partis unionistes étant inquiets de ce que les nouveaux arrangements commerciaux avec l'Union européenne menacent leur place dans l'union britannique, et servent les idées nationalistes.


Autre souci pour Boris Johnson, le SNP écossais promet d'avancer sur son plan d'un référendum d'indépendance.


L'Ecosse avait voté pour rester dans le Royaume-Uni en 2014, mais l'opposition écossaise au Brexit a redonné vie à la question.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.


L'envoyé de Trump rencontre Netanyahu, Israël face à des critiques accrues

L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël
  • Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël

Jérusalem, Non défini: L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.

Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon la Défense civile locale qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.

Plusieurs dizaines de corps gisaient empilés à la morgue de l'hôpital al-Chifa dans le nord de Gaza, dans l'attente d'être collectés par leurs proches, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a déclaré le président américain Donald Trump sur X.

Rien n'a filtré de la rencontre entre MM. Witkoff et Netanyahu mais en début de semaine, M. Trump a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.

Avant l'arrivée jeudi de l'émissaire de M. Trump, des dizaines de mères et proches d'otages encore aux mains du Hamas ont manifesté devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, exigeant un "accord global" qui garantirait la libération des 49 otages encore détenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.

- "Position minoritaire" -

L'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza jugées fiables par l'ONU. La campagne aérienne et terrestre a dévasté le territoire et provoqué un désastre humanitaire.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a lui rencontré à Jérusalem son homologue israélien Gideon Saar, avant de rencontrer M. Netanyahu.

Avant de décoller pour Israël, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien sans processus de négociation préalable".

Ces visites interviennent après la multiplication des alertes d'organisations internationales sur une famine à Gaza et l'échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.

Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales face aux besoins immenses de la population.

- "Pression déformée"

Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, après que plusieurs pays dont le Canada, la France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de faire de même en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Dans ce contexte, Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza".

Les Etats-Unis, qui ont dénoncé les annonces sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, ont imposé des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), accusant les deux organismes d'avoir pris des mesures pour "internationaliser leur conflit avec Israël" et de "continuer à soutenir le terrorisme".

Le gouvernement Netanyahu, qui veut chasser le Hamas de Gaza et a annoncé son intention de contrôler le territoire, semble peiner à trancher sur une solution politique d'après-guerre.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de sa coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 avec le retrait unilatéral israélien du territoire après 38 ans d'occupation.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé le retrait du nord de Gaza de sa 98e Division, composée d'unités parachutistes et de commandos d'élite, qui a "se prépare désormais à de nouvelles missions".


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.