En Tunisie, les herbiers marins de posidonie risquent l'extinction

«Dans un contexte de changement climatique, nous avons besoin de posidonie pour capturer un maximum de carbone», abonde Yassine Ramzi Sghaier, expert en biologie marine. (AFP)
«Dans un contexte de changement climatique, nous avons besoin de posidonie pour capturer un maximum de carbone», abonde Yassine Ramzi Sghaier, expert en biologie marine. (AFP)
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Publié le Lundi 02 mai 2022

En Tunisie, les herbiers marins de posidonie risquent l'extinction

  • Ces forêts sous-marines, présentes jusqu'à 50 mètres de profondeur, servent d'abri à de nombreuses espèces de poissons
  • Faisceau de feuilles, racines et rhizomes -- tiges rampantes généralement enfouies dans le sol--, la posidonie pousse très lentement, moins de cinq centimètres par an

MONASTIR: En Tunisie, la posidonie, une herbe marine dont dépendent la pêche et le tourisme, secteur cruciaux pour l'économie du pays, risque de disparaître, menacée par la méconnaissance de son rôle, la pêche illégale et la pollution, s'alarment des scientifiques.


"La Tunisie possède de loin les plus grands herbiers de la Méditerranée", plus d'un million d'hectares, assure Rym Zakhama-Sraieb, chercheuse en écologie marine à Tunis.


Ces forêts sous-marines, présentes jusqu'à 50 mètres de profondeur, servent d'abri à de nombreuses espèces de poissons. Les feuilles de "posidonia oceanica" contribuent aussi à casser les vagues et ainsi à préserver le littoral de l'érosion.


"L'existence de toutes les activités économiques tunisiennes dépendent de la posidonie, qui est le plus grand pourvoyeur d'emplois du pays", alerte l'expert en biologie marine, Yassine Ramzi Sghaier, citant notamment les secteurs de la pêche (150.000 emplois directs) et du tourisme (des dizaines de milliers).


Faisceau de feuilles, racines et rhizomes -- tiges rampantes généralement enfouies dans le sol--, la posidonie pousse très lentement, moins de cinq centimètres par an.


Grâce aux rhizomes, les herbiers stockent le carbone et produisent de l'oxygène, ce qui vaut à la posidonie d'être appelée "carbone bleu", explique Mme Zakhama-Sraieb, soulignant qu'elle produit 14 à 20 litres d'oxygène par mètre carré.

«Un maximum de carbone»
Les herbiers, qui absorbent trois fois plus de carbone qu'une forêt, peuvent en fixer de grandes quantités sur des milliers d'années, selon la chercheuse.


"Dans un contexte de changement climatique, nous avons besoin de posidonie pour capturer un maximum de carbone", abonde Yassine Ramzi Sghaier, expert en biologie marine.


Faute de moyens, les chercheurs ne peuvent pas quantifier les destructions d'herbiers des dernières années en Tunisie. 


Mais ils en pointent de multiples raisons dans un pays où près de 70% des habitants vivent sur 1.400 km de côtes: activités humaines, aménagement du littoral, pêche illicite, fermes aquacoles installées sur les herbiers...


A cause de l'ignorance du grand public et des décideurs, les "banquettes" de posidonie échouées sur les plages sont par exemple souvent considérées comme des déchets. 


Parfois, des bulldozers sont utilisés pour les évacuer, ôtant au passage beaucoup de sable et accélérant l'érosion, selon les chercheurs qui disent craindre la disparition de près de la moitié des plages tunisiennes.


Même échouées sur la plage, les "banquettes" de posidonie protègent les côtes de la houle. Elles améliorent aussi la qualité de l'eau et sa transparence, rendant la baignade plus attrayante pour les touristes, rappelle le Dr Rym.


En Tunisie, les plages constituent l'un des grands atouts du tourisme, secteur qui représente jusqu'à 14% du PIB selon les années. Or, 44% des plages du pays sont à risque d'érosion face à la montée du niveau de la mer.


"On contribue à faire disparaître des plages en enlevant les banquettes", s'alarme Ahmed Ben Hmida, gestionnaire des aires marines et côtières auprès de l'Agence gouvernementale de protection et d'aménagement du littoral (Apal). 

«Mer détruite»
Près de 40% de l'activité de pêche se passe aussi au niveau des herbiers, selon les scientifiques. Un secteur qui représente 13% du PIB en Tunisie.


Une étude de 2010 a constaté une régression massive des herbiers au niveau du golfe de Gabès (sud-est) à cause de la pêche illicite (chalutage sur les herbiers) et de la pollution. 


Depuis les années 1970, les usines de traitement chimique des phosphates y déversent du phosphogypse. Résultat: il reste moins de 40% d'herbiers de posidonie dans cette région, regrette Yassine Sghaier.


Même s'il pêche plus au nord, à Monastir (centre-est), Mazen Magdiche attrape trois fois moins de poissons qu'il y a 25 ans: "Il y en a de moins en moins dans les eaux peu profondes où se trouve la posidonie".


Cet homme aux traits burinés a été sensibilisé à l'importance de la posidonie mais il comprend ses collègues, notamment "les petits pêcheurs aux moyens dérisoires": "Tu ne cherches pas l'intérêt de la mer mais à nourrir tes enfants, ta famille".


Aujourd'hui, dit le pêcheur, "la mer est détruite. Des produits chimiques sont déversés partout. Notre mer a changé".


Mais Ahmed Ben Hmida de l'Apal veut "garder l'espoir de sauver ce trésor", notamment à travers "la création prochaine de quatre zones marines et côtières protégées: les îles de la Galite (nord), Zembra (nord-est), Kuriat (nord-est) et Kneiss (est)".


Mais il avertit: "Si rien n'est fait pour protéger l'ensemble de la posidonie, nous courons vers une véritable catastrophe".


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.