En Centrafrique, une légalisation du bitcoin qui suscite perplexité et soupçons

En Centrafrique, l'adoption du bitcoin comme monnaie légale paraît pour le moins saugrenue (Photo, AFP).
En Centrafrique, l'adoption du bitcoin comme monnaie légale paraît pour le moins saugrenue (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 06 mai 2022

En Centrafrique, une légalisation du bitcoin qui suscite perplexité et soupçons

  • Moscou est sous sanctions économiques internationales depuis l'invasion de l'Ukraine et Bangui se plaint constamment d'un embargo des Nations unies sur les armes depuis 2013
  • Le 28 avril, le président Faustin Archange Touadéra annonce, à la surprise générale, que le Parlement de ce pays très pauvre d'Afrique centrale a voté une loi qui «régit toutes les transactions» en cryptomonnaies

LIBREVILLE: En Centrafrique, deuxième pays le moins développé au monde selon l'ONU, sous assistance humanitaire et en guerre civile depuis neuf ans, où un habitant sur 10 a l'électricité et l'internet, l'adoption du bitcoin comme monnaie légale paraît pour le moins saugrenue.

A tel point que le seul Etat, avec le Salvador, à l'avoir fait est aussitôt soupçonné de vouloir favoriser les transactions douteuses, au moment où le régime subit les foudres de l'ONU, des capitales occidentales --dont Paris-- et des ONG internationales, qui lui reprochent d'avoir livré la Centrafrique à la Russie et aux "mercenaires" de la sulfureuse Wagner, accusée de "piller" ses ressources en échange d'un soutien militaire contre les rebelles.

Moscou est sous sanctions économiques internationales depuis l'invasion de l'Ukraine et Bangui se plaint constamment d'un embargo des Nations unies sur les armes depuis 2013. 

Le 28 avril, le président Faustin Archange Touadéra annonce, à la surprise générale, que le Parlement de ce pays très pauvre d'Afrique centrale a voté une loi qui "régit toutes les transactions" en cryptomonnaies et fait du bitcoin une "monnaie de référence" au côté du franc CFA. Tous les paiements en monnaie numérique, jusqu'aux impôts, sont autorisés.

Son application pratique paraît bien hypothétique dans un pays de 5,5 millions d'habitants dont seulement 15% ont accès à l'électricité --même dans la capitale Bangui, les longues coupures sont quotidiennes-- et 10% à l'internet, selon la Banque mondiale.  

«Qu'est-ce c'est ?»

Devant un des rares distributeurs automatiques de billets de la ville, alimenté par un groupe électrogène, la légalisation du bitcoin laisse perplexe.

"Qu’est-ce que c’est ?", s'enquiert Sylvain, la trentaine, dans la file d'attente. "Je ne sais pas ce que c'est les cryptomonnaies, je n’ai même pas internet", rigole Joëlle plus loin devant son petit étal de légumes.

"Nous allons éduquer la population et bientôt passer à la fibre optique et une faible connexion internet suffit pour acheter de la cryptomonnaie", assure à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Serge Ghislain Djorie.

Même chez les quelques hommes d'affaires susceptibles d'avoir les moyens, les connaissances et la technologie pour y recourir, la loi laisse pantois. 

"Je n’ai pas d’intérêt à avoir des bitcoins ici, nous n’avons aucune infrastructure, aucun savoir pour se lancer dans cette aventure, il n’y a aucune cellule de cybercriminalité pour garantir la sécurité", explique au téléphone un entrepreneur de Bangui qui veut rester anonyme, ajoutant: "il y a d’autres priorités comme la sécurité, l'énergie, l’accès à l’eau, à internet, construire des routes..."

"Si le bitcoin peut faciliter certaines transactions, c'est un choix étrange comme moyen de paiement régulier" dans un tel pays, s'étonne Ousmène Jacques Mandeng, professeur à la London School of Economics and Political Science.

Les Etats qui adoptent une autre devise choisissent en général une monnaie plus stable que la leur (dollar américain, euro), le cours du bitcoin étant extrêmement fluctuant.

Volatilité

"La volatilité excessive du bitcoin se traduit par des fluctuations des économies, de la consommation et de la richesse des ménages" si la cryptomonnaie est adoptée, prévient Ganesh Viswanath-Nastraj, professeur à la Warwick Business School.

"Il y a en ce moment un processus pour un encadrement concerté entre les six pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEMAC), les autorités anti-blanchiment et les régulateurs pour légiférer sur les cryptomonnaies", mais "nous n'avons pas été avertis par Bangui de sa décision", souligne Didier Loukakou, directeur de la réglementation à la Commission de surveillance du marché financier de l'Afrique centrale (Cosumaf).

Bangui a donc surpris tout le monde par l'incongruité d'une législation permettant l'usage de la monnaie numérique dans un état en guerre et quasi-failli, qui ne peut nourrir sa population sans l'aide humanitaire internationale, ni payer la totalité de ses fonctionnaires sans celle des bailleurs étrangers. Et dont le ministre de l'Economie vient de juger "alarmant" l'état des finances publiques. 

"Le contexte, avec une corruption systémique et un partenaire russe sous sanctions internationales, incite à la suspicion", analyse pour l'AFP Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l’Institut français des relations internationales (IFRI), ajoutant: "la recherche de voies de contournement des sanctions financières internationales par la Russie invite à la prudence".

"Le président Touadéra a fait de la Centrafrique une terre d’accueil pour le crime organisé transnational" et "des individus sont impliqués dans le blanchiment d’argent et les trafics de ressources naturelles, de drogue, d’armes...", écrivait déjà en octobre 2020 l'ONG américaine The Sentry, spécialisée dans la traque de "l'argent sale des guerres", invoquant notamment "Wagner et d'autres réseaux russes". 

Toutefois, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a affirmé récemment qu'il n'y avait "pas de solides preuves que l'argent numérique puisse être utilisé pour contourner les sanctions" internationales en général.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com