La Centrafrique adopte le bitcoin comme monnaie légale

La volatilité du bitcoin peut donner le vertige. En 2021, les cours avaient flambé de plus de 150% à un plus haut historique de 68 991 dollars, avant de s'effondrer de plus de 30%. (Photo, AFP)
La volatilité du bitcoin peut donner le vertige. En 2021, les cours avaient flambé de plus de 150% à un plus haut historique de 68 991 dollars, avant de s'effondrer de plus de 30%. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 03 mai 2022

La Centrafrique adopte le bitcoin comme monnaie légale

La volatilité du bitcoin peut donner le vertige. En 2021, les cours avaient flambé de plus de 150% à un plus haut historique de 68 991 dollars, avant de s'effondrer de plus de 30%. (Photo, AFP)
  • L'Assemblée nationale a voté « à l'unanimité » des députés présents la loi «régissant la cryptomonnaie en République centrafricaine» et le président Faustin Archange Touadéra l'a promulguée
  • «Cette démarche place la République centrafricaine sur la carte des plus courageux et visionnaires pays au monde», estime la présidence de la Centrafrique

BANGUI: La Centrafrique, deuxième pays le moins développé du monde selon l'ONU, a adopté le bitcoin comme monnaie officielle au côté du franc CFA et légalisé l'usage des cryptomonnaies, a annoncé mercredi la présidence assurant qu'il s'agit du premier pays à le faire en Afrique. 

L'Assemblée nationale a voté « à l'unanimité » des députés présents la loi « régissant la cryptomonnaie en République centrafricaine » et le président Faustin Archange Touadéra l'a promulguée, assure dans un communiqué le ministre d'Etat et directeur de cabinet de la Présidence, Obed Namsio, ajoutant: la Centrafrique est « le premier pays d'Afrique à adopter le bitcoin comme monnaie de référence ». 

Le 7 septembre 2021, le Salvador avait été le premier pays au monde à adopter le bitcoin comme monnaie légale et le Fonds monétaire international (FMI) avait immédiatement dénoncé une décision dangereuse pour la « stabilité financière, l’intégrité financière et la protection des consommateurs ».  

« Cette démarche place la République centrafricaine sur la carte des plus courageux et visionnaires pays au monde », estime au contraire la présidence de la Centrafrique, pays en guerre civile depuis 2013. 

Fin 2020, une majorité des groupes armés qui occupaient alors les deux tiers du territoire ont lancé une offensive contre le pouvoir du président Touadéra, qui a appelé Moscou à l'aide. Déjà présents depuis 2018, des paramilitaires russes sont venus en renfort aux côtés des soldats centrafricains pour repousser l'offensive rebelle.  

Mais l'ONU, des ONG internationales et la France, l'ancienne puissance coloniale, dénoncent régulièrement des « crimes » commis par des « mercenaires » de la compagnie russe de sécurité privée Wagner, comme par la rébellion. Et accusent le pouvoir de M. Touadéra d'avoir mis le pays sous la coupe de Wagner, affirmant que cette dernière « pille » les ressources du pays, notamment en minerais précieux. 

« Le contexte, avec une corruption systémique et un partenaire russe sous sanctions internationales, incite à la suspicion », a déclaré Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l’Institut français des relations internationales (IFRI). « La recherche de voies de contournement des sanctions financières internationales par la Russie invite à la prudence », a-t-il poursuivi. 

Inquiétude des banques centrales 

« La loi a été votée par acclamation », selon la présidence, mais certains membres de l'opposition »vont attaquer la loi devant la Cour constitutionnelle », a déclaré mercredi Martin Ziguélé, ancien Premier ministre aujourd'hui député de l'opposition. 

« Cette loi est une manière de sortir du Franc CFA par un moyen qui vide de sa substance la monnaie commune (...), ce n’est pas une priorité pour le pays, cette démarche interroge: à qui profite le crime ? », a-t-il poursuivi.  

« La présente loi a pour objet de régir toutes les transactions liées aux cryptomonnaies en République centrafricaine, sans restriction (...) effectuées par les personnes physiques ou morales, publiques ou privées », prescrit le texte qui évoque notamment « les activités de commerce en ligne », « toutes transactions électroniques » ou bien encore « les contributions fiscales ». La loi prévoit aussi que « les échanges en cryptomonnaies ne sont pas soumises à l'impôt ». 

La volatilité du bitcoin peut donner le vertige. En 2021, les cours avaient flambé de plus de 150% à un plus haut historique de 68 991 dollars, avant de s'effondrer de plus de 30%. 

Même si le marché s'est assagi en 2022, les variations restent très fortes: -17% en février, +8% en mars et +10% en avril. Le bitcoin s'échangeait mercredi à plus de 39 000 dollars. 

Pour l'heure, seuls le Salvador et la Centrafrique ont adopté le bitcoin comme monnaie légale mais d'autres pays envisagent de le faire, certains ayant enclenché des processus législatifs dans ce sens, selon le site spécialisé Coinmarketcap.com.  

En Ukraine, le gouvernement a accepté des donations en cryptomonnaies, récoltant plus de 100 millions de dollars dès les premiers jours du conflit pour nourrir son effort de guerre.  

Mais les banques centrales occidentales s'inquiètent également de leur possible utilisation pour contourner les sanctions imposées à la Russie et les appels à une régulation internationale se multiplient aux Etats-Unis et en Europe.  

Par ailleurs, à travers le monde, de nombreux pays évoquent la possibilité de créer leur propre monnaie numérique, qui serait centralisée. 


Biden promulgue la loi qui évite une banqueroute américaine

Le président américain Joe Biden s'adresse à la nation pour éviter le défaut de paiement et l'accord budgétaire bipartisan, dans le bureau de la Maison Blanche à Washington, DC, le 2 juin 2023 (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden s'adresse à la nation pour éviter le défaut de paiement et l'accord budgétaire bipartisan, dans le bureau de la Maison Blanche à Washington, DC, le 2 juin 2023 (Photo, AFP).
Short Url
  • Sans cette loi, approuvée jeudi au Sénat à majorité démocrate et mercredi par la Chambre à majorité républicaine, le pays risquait de se trouver en défaut de paiement dès lundi 5 juin
  • Le Congrès américain a adopté cette semaine ce texte qui permet de suspendre jusqu'en janvier 2025 le plafond d'endettement public des Etats-Unis

WASHINGTON: Après plusieurs semaines d'affrontement politique, Joe Biden a promulgué samedi une loi qui écarte le risque d'un défaut de paiement des Etats-Unis, a annoncé la Maison Blanche.

Le Congrès américain a adopté cette semaine ce texte qui permet de suspendre jusqu'en janvier 2025 le plafond d'endettement public des Etats-Unis, et qui fixe aussi certains objectifs budgétaires.

Le président a remercié les responsables parlementaires, y compris le chef républicain Kevin McCarthy, pour leur "collaboration" dans ce dossier, selon le communiqué de la Maison Blanche samedi.

Sans cette loi, approuvée jeudi au Sénat à majorité démocrate et mercredi par la Chambre à majorité républicaine, le pays risquait de se trouver en défaut de paiement dès lundi 5 juin.

"Rien n'aurait été plus irresponsable, rien n'aurait été plus catastrophique", avait dit vendredi le président américain dans une allocution solennelle depuis son Bureau ovale.

"Trouver un consensus au-delà des clivages partisans est difficile. L'unité est difficile. Mais nous ne devons jamais cesser d'essayer", avait-il ajouté, reprenant le message de réconciliation qui avait marqué le début de son mandat, et qui scande désormais sa campagne pour 2024.

Victoire partagée 

Car l'enjeu de cet affrontement financier était aussi très politique.

Candidat à sa réélection, Joe Biden sait que son premier handicap est son âge, 80 ans.

Il espère sans doute que ce feuilleton sur la dette, qui a tenu le monde politico-médiatique américain en haleine, conforte une image de leader compétent et raisonnable.

Joe Biden a ainsi tenu vendredi à "saluer" son adversaire le plus en vue dans ce dossier de la dette, le patron républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy.

Pour ce dernier, il s'agissait de conforter son autorité sur un groupe parlementaire hétéroclite, entre conservateurs modérés et bruyants partisans de l'ancien président Donald Trump.

Lui aussi candidat à la présidentielle de 2024, le milliardaire républicain avait appelé à garder une ligne dure dans les négociations avec la Maison Blanche.

Au final, chaque camp revendique plus ou moins la victoire. Les républicains se réjouissent d'avoir arraché un gel de certaines dépenses, les démocrates se félicitent d'avoir préservé pour l'essentiel les prestations sociales ainsi que les grands investissements.


Afrique du Sud: faux espoirs et railleries autour des coupures d'électricité

Les travailleurs d'Eskom à la centrale électrique de Kusile, une centrale électrique au charbon située sur la ferme Hartbeesfontein à Emalahleni le 22 mai 2023 (Photo, AFP).
Les travailleurs d'Eskom à la centrale électrique de Kusile, une centrale électrique au charbon située sur la ferme Hartbeesfontein à Emalahleni le 22 mai 2023 (Photo, AFP).
Short Url
  • L'Afrique du Sud est en proie à une profonde crise de l'électricité qui s'est aggravée depuis l'année dernière
  • La dernière journée sans aucune coupure date de mars

JOHANNESBURG: La bonne nouvelle n'a pas duré: après avoir annoncé samedi la suspension des coupures de courant quasi quotidiennes depuis des mois en Afrique du Sud, la compagnie publique d'électricité Eskom a fait machine arrière, à peine trois heures plus tard, et annoncé la reprise des délestages.

"Les coupures programmées restent suspendues jusqu'à 16H00" (14H00 GMT), heure à partir de laquelle elles reprendront, a indiqué à l'AFP la porte-parole d'Eskom, Daphne Mokwena. La pause aura donc duré ... moins de cinq heures.

L'entreprise publique avait annoncé plus tôt avoir suspendu les coupures de courant depuis 09H40 GMT et "jusqu'à nouvel ordre", se félicitant de capacités de production améliorées et d'une baisse de la demande.

Ce revirement éclair, qui a douché les espoirs de Sud-Africains qui s'étaient demandé sur les réseaux sociaux, à l'annonce de l'éphémère bonne nouvelle, s'ils étaient "en train de rêver", a également provoqué les railleries.

"On connaît le refrain" ou "on a déjà vu le film", ont commenté certains sur Twitter, tandis que d'autres parodiaient les habituels messages d'Eskom annonçant qu'"en raison d'une panne majeure sur les centrales", les plages de délestages seraient allongées.

L'Afrique du Sud est en proie à une profonde crise de l'électricité qui s'est aggravée depuis l'année dernière. La dernière journée sans aucune coupure date de mars. Eskom avait aussi exceptionnellement suspendu les délestages à Noël.

L'entreprise publique, qui fournit la grande majorité de l'électricité du pays, est plombée par un parc de centrales à charbon vétustes et défaillantes. Incapable de produire suffisamment, elle impose des coupures programmées.

Eskom est également rongée par les dettes après des années de mauvaise gestion et de corruption sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018).

Ces délestages coûtent chaque jour à l'économie plus de 50 millions de dollars en perte de production, selon le gouvernement. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré l'état de catastrophe en février, avant de le lever deux mois plus tard et de nommer un ministre de l’Électricité pour tenter de sortir de la crise.

L'Afrique du Sud tire encore 80% de son électricité du charbon. Un plan d'investissement de 98 milliards de dollars a été approuvé par les pays riches l'an dernier à la COP27 dans le cadre d'un accord pour une "juste transition" vers les énergies propres.


L'administration suisse victime collatérale d'une cyberattaque

L'armée a été informée il y a quelques jours de l'incident par Xplain, société suisse spécialisée dans les solutions informatiques dans le domaine de la sécurité intérieure (Photo, AFP).
L'armée a été informée il y a quelques jours de l'incident par Xplain, société suisse spécialisée dans les solutions informatiques dans le domaine de la sécurité intérieure (Photo, AFP).
Short Url
  • L'armée a été informée il y a quelques jours de l'incident par Xplain, société suisse spécialisée dans les solutions informatiques dans le domaine de la sécurité intérieure
  • «Il convient de préciser que l'attaque n'a pas eu lieu sur le système de l'armée»

GENEVE: La police suisse a indiqué samedi qu'elle enquêtait sur une cyberattaque ayant visé la société informatique Xplain qui compte parmi ses clients de nombreux départements de l'administration fédérale et cantonale, dont l'armée.

Cette cyberattaque a été révélée par le journal Le Temps, selon qui "ce sont plusieurs polices cantonales, l'armée suisse ou encore l'Office fédéral de la police (Fedpol) qui sont indirectement touchés".

L'armée a été informée il y a quelques jours de l'incident par Xplain, société suisse spécialisée dans les solutions informatiques dans le domaine de la sécurité intérieure.

"Une procédure pénale a été ouverte par les autorités civiles concernant le piratage. La police mène l'enquête à ce sujet", a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'armée.

Il a expliqué que l'armée utilise "depuis plusieurs années une solution logicielle" de Xplain dont l'exploitation "se fait via les propres serveurs de la Confédération".

"Il convient de préciser que l'attaque n'a pas eu lieu sur le système de l'armée. Sur la base des clarifications effectuées par l'armée jusqu'à présent, on peut supposer que l'incident n'a pas entraîné de fuite de données des systèmes de l'armée", a-t-il ajouté.

Contacté par Le Temps, Andreas Löwinger, directeur de Xplain, dont les bureaux se trouvent dans sept bureaux répartis entre la Suisse, l'Espagne et l'Allemagne, a indiqué avoir demandé l'aide du Centre national pour la cybersécurité suite à cette cyberattaque.

"Nous ne pourrons communiquer officiellement sur le moment précis de l'attaque et l'étendue du vol de données que lorsque les autorités libéreront l'information", a-t-il expliqué.

Il a par ailleurs indiqué que la société n'avait "aucun contact" avec les hackers. "Nous ne paierons pas de rançon !", a-t-il assuré.

Selon le Temps, les cybercriminels ont déjà publié une partie des données volées sur le darknet.

Interrogé par l'AFP, Fedpol a confirmé que Xplain l'avait informé "de l'attaque par ransomware dont il a été victime". "Selon l'état actuel des connaissances, les projets de Fedpol ne sont pas concernés. Le fournisseur de logiciels Xplain n'a pas accès aux données productives de fedpol, mais dispose de données de simulation anonymisées à des fins de test", a affirmé un porte-parole de la police fédérale.

"Nous ne savons pas encore si et dans quelle mesure des données volées à Xplain dans la correspondance avec ses clients seront publiées. Compte tenu de l'enquête en cours, nous ne nous prononçons pas davantage sur la procédure", a-t-il ajouté.

L'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières a pour sa part affirmé que des éléments de correspondance avec Xplain sont touchés mais que "les données de l'office lui-même ne sont pas concernées".