Attentat de Karachi: les victimes françaises déplorent 20 ans de «mépris»

Dans cette photographie d'archives prise le 8 mai 2002, des responsables de la sécurité pakistanaise examinent l'épave d'un bus soufflé par un puissant attentat à la bombe devant l'hôtel Sheraton dans la ville portuaire de Karachi, qui a coûté la vie à 11 employés français. (Aamir Qureshi/AFP)
Dans cette photographie d'archives prise le 8 mai 2002, des responsables de la sécurité pakistanaise examinent l'épave d'un bus soufflé par un puissant attentat à la bombe devant l'hôtel Sheraton dans la ville portuaire de Karachi, qui a coûté la vie à 11 employés français. (Aamir Qureshi/AFP)
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Publié le Samedi 07 mai 2022

Attentat de Karachi: les victimes françaises déplorent 20 ans de «mépris»

  • Le 8 mai 2002, onze ouvriers de la direction des constructions navales (DCN), ou de ses sous-traitants, sont décédés dans l'explosion du bus qui les conduisait quotidiennement de leur hôtel à leur lieu de travail
  • Depuis, les juges étudient la piste d'un attentat organisé en représailles à la décision du président français de l'époque, Jacques Chirac, de cesser le versement de commissions à des responsables pakistanais sur des contrats d'armement

CHERBOURG, France : « Pestiféré», «sous-citoyen»: nombre de blessés ou parents de victimes françaises de l'attentat de Karachi, qui a tué 15 personnes en 2002 au Pakistan, se sentent «trahis» par leur pays qui, selon eux, «bloque» depuis 20 ans leur quête de vérité.

«Cela fait quand même 20 ans. Vingt ans qu'on nous dit +oui oui+, et au final ça n'avance pas. Mais je me battrai toujours pour que tout ça s'arrête, qu'enfin on ait une réponse, qu'on puisse souffler», lâche Fanny Dupont, 41 ans, dont le père est décédé dans l'attentat.

Le 8 mai 2002, onze ouvriers de la direction des constructions navales (DCN), ou de ses sous-traitants, sont décédés dans l'explosion du bus qui les conduisait quotidiennement de leur hôtel à leur lieu de travail. Âgés de 27 à 52 ans, ils avaient 27 enfants. La DCN, alors 100% publique, est aujourd'hui devenue Naval group détenu à 62% par l'Etat français.

Comme Mme Dupont, les trois autres blessés ou fille de victime de l'attentat se sentent «trahis», «méprisés» «par la France» et dénoncent des refus répétés de l'État de lever le secret défense sur des documents clés pour l'enquête.

Dimanche à 14h30, cette Normande se rendra à la cérémonie prévue devant la stèle discrète érigée en mémoire des victimes, derrière la Cité de la mer à Cherbourg, dans le nord-ouest. L'hommage est organisé par la ville, à la demande des familles, sans représentants de l'Etat.

L'ex-député-maire socialiste de Cherbourg, Bernard Cazeneuve sera présent, selon la mairie. Rapporteur d'une mission parlementaire, lorsqu'il était dans l'opposition, il avait dénoncé de nombreuses «entraves» à la justice, avant d'entrer au gouvernement et d'être confronté aux attentats de 2015.

Depuis plusieurs jours, de grandes bâches invitent les Cherbourgeois à se rendre à la cérémonie. En marge des funérailles le 13 mai 2002, 10.000 personnes avaient rendu hommage aux victimes, selon le quotidien départemental la Presse de la Manche.

Une autre cérémonie «interne», «pour les familles», aura lieu dimanche matin chez Naval Group à Cherbourg, où travaillent 5.500 personnes. Selon plusieurs victimes, leurs représentants seront rares.

Grièvement blessé comme onze autres de ses collègues dans l'attentat, Gilles Sanson, 60 ans, boycottera les deux cérémonies. Il ira seul déposer une rose devant la stèle dimanche matin, «puisque c'est le seul respect que la France a envers nous», confie cet homme, les yeux rougis et la voix brisée par l'émotion.

Le dossier Karachi est «bloqué (...) quelle que soit la couleur politique des gouvernements», renchérit l'ancien usineur qui a perdu la pleine mobilité d'un bras.

- rescapés «jamais convoqués» -

En 2002, il s'était retrouvé en chaise roulante pendant six mois. Et ce père de deux enfants s'est ensuite senti «pestiféré» lorsqu'avec d'autres blessés, il a réclamé à la direction, en vain selon eux, la tenue d'un Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) sur cet accident du travail. «On n'a jamais été convoqués à quoi que ce soit» par DCN, assure-t-il.

Gilles Sanson, qui n'a pas perdu conscience le 8 mai 2002, ne veut pas que soit publié son récit de cette «scène de guerre», par égard pour les familles des victimes.

Mais «quand vous avez vécu des choses comme ça et que vous êtes lâché par l’État français et par votre propre entreprise… il y a des fois, il y a des gens qui se mettent des balles en pleine tête», confie cet homme à la retraite anticipée depuis 2011 pour exposition à l'amiante, «comme 90% de mes collègues».

«Depuis 20 ans, on a l'impression d'être des sous-citoyens», estime aussi l'enseignante montpelliéraine Sandrine Leclerc, 47 ans, fille d'une victime.

«Déjà, il a fallu attendre 2008 la révélation du rapport Nautilus» réalisé en 2002 par un ancien des services de renseignement mandaté par un cadre de la DCN, rappelle Christophe Polidor, 55 ans, un autre rescapé qui garde de multiples séquelles.

Depuis les juges étudient la piste d'un attentat organisé en représailles à la décision du président français de l'époque, Jacques Chirac, de cesser le versement de commissions à des responsables pakistanais sur des contrats d'armement. Ces rapports évoquent des rétrocommissions pour financer la campagne présidentielle d’Édouard Balladur en 1995.

Auparavant, seule la piste d'Al Qaida était examinée. Selon deux avocats de victimes, la piste des représailles est aujourd'hui privilégiée par les juges.


La présidente du Louvre déterminée à mener à bien la modernisation du musée

 La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
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  • "J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui"
  • Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente

PARIS: La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes.

"J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui".

Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente, qui en avait déjà fait état lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat fin octobre.

"Je veux remercier la confiance qui m'est accordée" pour "porter la transformation du Louvre, qui a plus que jamais besoin de transformation, de modernisation, pour devenir pleinement un musée du XXIe siècle. Ce qu'il n'est pas aujourd'hui", a ajouté la présidente, dont la démission avait été refusée après le vol.

Laurence des Cars, en poste depuis septembre 2021, a convoqué un conseil d'administration d'urgence vendredi pour revoir la gouvernance du musée le plus visité du monde.

Le 19 octobre, des malfaiteurs avaient réussi à s'introduire au Louvre et à dérober des joyaux d'une valeur de 88 millions d'euros, qui restent introuvables. Quatre suspects ont été mis en examen et écroués.

La Cour des comptes a étrillé jeudi le grand musée parisien dans un rapport en estimant qu'il avait "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.

Entre 2018 et 2024, le Louvre a consacré 26,7 millions d'euros à des travaux d'entretien et de mise aux normes et 105,4 millions d'euros "pour l'acquisition d'œuvres", selon le rapport.

Mais, pour Laurence des Cars, "le Louvre est un tout" dans "lequel il ne faut pas opposer les travaux aux acquisitions des oeuvres, l'accueil de tous les publics". "Nous avons assuré l'ensemble de nos missions".

 


Un jeune homme tué par arme blanche dans une rixe à Clermont-Ferrand

Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
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  • A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat
  • La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière

CLERMONT-FERRAND: Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP.

Une rixe est survenue entre deux groupes de personnes dans le centre de la ville en fin de soirée pour un motif encore inconnu, a expliqué Eric Serfass.

A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat.

La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière.

Il n'y a pas eu d'autres blessés et aucune interpellation n'a encore eu lieu, selon le procureur.

Une enquête pour homicide volontaire est ouverte.


Présidentielle: Le Pen «annoncera sa décision» après son procès en appel, sans attendre la cassation

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  • Le Rassemblement national sera fixé sur le nom de sa candidate (ou de son candidat) avant les prochaines vacances d'été
  • Tel est en tout cas l'agenda fixé par Mme Le Pen dans un entretien au mensuel conservateur Causeur, publié jeudi

PARIS: Candidate déclarée à la prochaine présidentielle malgré son inéligibilité, Marine Le Pen affirme qu'elle ne se présentera "évidemment pas" si sa peine est confirmée en appel et qu'elle "annoncera donc (sa) décision" dans la foulée, sans attendre une éventuelle cassation.

Le Rassemblement national sera fixé sur le nom de sa candidate (ou de son candidat) avant les prochaines vacances d'été. Tel est en tout cas l'agenda fixé par Mme Le Pen dans un entretien au mensuel conservateur Causeur, publié jeudi.

Condamnée en première instance - dans l'affaire des assistants parlementaires européens - à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec application immédiate, la triple candidate à l'élection présidentielle admet qu'elle ne pourra "évidemment pas" se représenter une quatrième fois si cette peine devait être confirmée en appel.

"Je prendrai ma décision de me présenter ou non lors du rendu de l'arrêt de la cour d'appel", ajoute-t-elle, évacuant l'hypothèse d'un suspense prolongé en cas de pourvoi en cassation. "On ne sait pas quand une telle décision serait rendue et on ne peut pas se lancer dans une campagne présidentielle au dernier moment", explique-t-elle.

Son second procès étant programmé du 13 janvier au 12 février 2026, avec un délibéré attendu quatre mois plus tard, "j'annoncerai donc ma décision cet été", précise celle qui s'était hissée au second tour en 2017 et en 2022 face à Emmanuel Macron.

Un calendrier choisi aussi "pour ne pas hypothéquer la candidature de Jordan Bardella dans le cas où il devrait y aller", souligne-t-elle, confirmant ainsi le statut de dauphin du jeune président du parti à la flamme.