Treize ans après l'accident du vol IY626, le procès de la Yemenia Airways s'ouvre à Paris

Des villageois de Fomboni, à 40 kilomètres [25 miles] au sud de Moroni, se rassemblent sur une place le 4 juillet 2009 alors qu'ils attendent des nouvelles de leurs proches qui figuraient parmi les victimes deux crash de l'Airbus A310 de Yemenia Airways (Photo, AFP).
Des villageois de Fomboni, à 40 kilomètres [25 miles] au sud de Moroni, se rassemblent sur une place le 4 juillet 2009 alors qu'ils attendent des nouvelles de leurs proches qui figuraient parmi les victimes deux crash de l'Airbus A310 de Yemenia Airways (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 09 mai 2022

Treize ans après l'accident du vol IY626, le procès de la Yemenia Airways s'ouvre à Paris

  • Les boîtes noires avaient été repêchées quelques semaines après ce crash
  • Seule une adolescente de 12 ans, a survécu en restant agrippée en mer pendant onze heures à un débris

PARIS: Le procès pour homicides et blessures involontaires de la compagnie Yemenia s'ouvre lundi à Paris, près de treize ans après le crash d'un avion au large des Comores qui avait tué 152 personnes et laissé une unique rescapée âgée de 12 ans.

Des dizaines de proches des victimes sont attendus à 13h30 devant le tribunal correctionnel de la capitale et aussi à Marseille, où une partie du procès est retransmis pour ceux, nombreux, qui résident dans la région.

Les parties civiles risquent néanmoins de faire face à un banc des prévenus vide: aucun représentant de la compagnie nationale yéménite ne devrait être présent, selon la défense, à cause de la guerre qui déchire le pays.

Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, le vol Yemenia 626 s'était abîmé au large des Comores, juste avant son atterrissage à Moroni, avec à son bord 11 membres d'équipage et 142 passagers, dont 66 Français.

Seule une adolescente de 12 ans, Bahia Bakari, a survécu en restant agrippée en mer pendant onze heures à un débris, avant d'être secourue par un bateau de pêche.

Pendant quatre semaines, la justice française va examiner des soupçons de "manquements et négligences" de la Yemenia Airways, qui opérait le vol. Le compagnie, qui conteste les faits, encourt 225.000 euros d'amende.

"Treize ans, c'est long: c'est épuisant psychologiquement et moralement et même physiquement", déclare à l'AFP Saïd Assoumani, président de l'association des victimes. "Mais après treize ans d'attente et d'impatience, enfin le procès pénal est là".

«Perte de contrôle»

Les boîtes noires avaient été repêchées quelques semaines après ce crash, le plus grave de l'histoire de l'archipel des Comores, entre le Mozambique et Madagascar, mais l'enquête est longtemps restée enlisée.

Les autorités françaises ont un temps reproché à leurs homologues comoriennes leur non-coopération, tandis que les familles des victimes ont accusé le Yémen de faire pression pour empêcher la mise en cause de sa compagnie nationale.

L'instruction a finalement conclu que l'état de l'appareil, un Airbus sorti d'usine en 1990, n'était pas en cause, ni la météo, la foudre ou un missile.

Selon les expertises, fondées en particulier sur les enregistreurs de vol, l'accident est dû aux "actions inadaptées de l'équipage dans le cadre de l'approche de l'aéroport de Moroni, conduisant à la perte de contrôle de l'avion".

"Au-delà de ces dramatiques erreurs imputables aux pilotes", cependant, la Yemenia a "failli à bien des égards", ont estimé les magistrats instructeurs.

Il est reproché à la compagnie d'avoir maintenu les vols de nuit pour Moroni, malgré les pannes de longue date des feux de balisage de l'aéroport, ainsi que des "insuffisances" dans la formation des pilotes, qualifiée de "lacunaire".

«Avions-poubelles»

"La Yemenia reste profondément marquée par cette catastrophe, en particulier pour les victimes, néanmoins elle proteste de son innocence en indiquant qu'elle n'est nullement responsable des faits qui sont intervenus", soutient son avocat Me Léon-Lef Forster.

"Il y a eu des dysfonctionnements, mais qui ne lui sont pas imputables et qui apparaîtront lors de l'audience", assure-t-il.

La jeune miraculée, qui a perdu sa mère dans le crash, doit témoigner le 23 mai.

Au fil de reportages et dans un livre, Bahia Bakari a décrit avoir ressenti, à l'approche de l'aéroport, des "turbulences", avoir été comme "électrisée" puis avoir eu un "trou noir" avant de se retrouver dans l'eau.

Le procès sera aussi celui "des +avions poubelles+, le procès des manquements, de l'irresponsabilité, qui font que, avec la course aux profits, on arrive à des drames", veut croire M. Assoumani.

Les passagers français avaient embarqué à Paris et Marseille avant de changer d'avion à Sanaa, au Yémen. Au moment de l'accident, les conditions de voyage entre la France et les Comores, via le Yémen, étaient dénoncées de longue date par des passagers.

L'absence de représentant de la compagnie "ne pourra laisser aux familles et à la victime survivante qu'un goût amer", estime Me Sébastien Busy, avocat de l'association Fenvac, partie civile.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com