En Ukraine l'armée russe défend «la patrie », affirme Poutine en célébrant 1945

Poutine dit que les volontaires du Donbass se battent pour la patrie (Photo, AFP).
Poutine dit que les volontaires du Donbass se battent pour la patrie (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 10 mai 2022

En Ukraine l'armée russe défend «la patrie », affirme Poutine en célébrant 1945

Poutine dit que les volontaires du Donbass se battent pour la patrie. (Photo, AFP)
  • A Moscou, Vladimir Poutine a réitéré ses arguments et accusations pour justifier son invasion de l'Ukraine
  • Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit «horrifié»

KIEV: Le président russe Vladimir Poutine a proclamé lundi que son armée combattait en Ukraine pour défendre "la patrie" face à la "menace inacceptable" que représente son voisin soutenu par l'Occident, devant des milliers de soldats russes défilant sur la place Rouge à Moscou pour marquer l'anniversaire de la victoire de 1945 sur l'Allemagne nazie.

Peu auparavant, le président ukrainien Volodymyr Zelensky promettait que son pays ne laisserait pas Moscou "s'approprier la victoire sur le nazisme" et se disait confiant dans une victoire prochaine de l'Ukraine contre les forces russes.

 

"Vous n'êtes pas seuls. L'UE est à vos côtés" face à l'"agression" russe, a déclaré à l'adresse des Ukrainiens le président du Conseil européen Charles Michel, en visite surprise à Odessa (sud de l'Ukraine) avec le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal. "Nous serons avec vous aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il poursuivi.

A Moscou, lors du défilé militaire sur la place Rouge, Vladimir Poutine a de son côté réitéré ses arguments et accusations pour justifier son invasion de l'Ukraine lancée le 24 février. "Je m'adresse à nos forces armées: vous vous battez pour la patrie, pour son avenir", a-t-il lancé.  

Il a répété que les autorités ukrainiennes préparaient une attaque contre des séparatistes prorusses dans l'est du pays, voulaient se doter de la bombe atomique et étaient soutenus par l'Otan.

"Une menace absolument inacceptable se constituait, directement à nos frontières", a-t-il affirmé. 

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Le président russe Vladimir Poutine arrive pour assister au défilé militaire du jour de la victoire sur la place Rouge, dans le centre de Moscou, le 9 mai 2022. (Kirill Kudryavtsev/AFP).

Les forces de l'ordre, déployées sur le parcours du défilé à travers le centre-ville, portaient à l'épaule droite la lettre "Z", devenue un symbole des partisans de l'offensive en Ukraine, car elle orne les véhicules et blindés d'unités russes déployées dans le conflit.

« 20 000 cercueils »  

Après son discours, 11.000 soldats, des dizaines de véhicules, dont des lance-missiles stratégiques et des chars, sont passés sur la place Rouge. Parmi eux, des unités présentées comme revenant du front ukrainien. La partie aérienne a dû être annulée à cause d'une météo défavorable, selon le Kremlin.

A Washington, le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price a qualifié "d'absurdité flagrante" et "d'insulte" aux victimes de la Seconde Guerre mondiale les affirmations du président Poutine selon lesquelles l'invasion russe était "préventive".

Depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, la traditionnelle parade du 9 mai célèbre autant la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie que la puissance russe retrouvée après la chute de l'URSS. Le président russe s'efforce aussi de placer le conflit en Ukraine dans la droite ligne de 1945, qualifiant l'adversaire de "néonazi".

Dans un message vidéo posté une heure avant le discours du président russe, Volodymyr Zelensky a déclaré: "Nous ne laisserons personne annexer cette victoire, se l'approprier".

"Le jour de la victoire sur les nazis, nous nous battons pour une autre victoire, la voie vers cette victoire est longue mais nous n'avons pas de doutes", a-t-il insisté, marchant dans Khrechtchatyk, l'avenue centrale de Kiev. "Nous avons vaincu à l'époque, nous vaincrons maintenant".

Deux mois et demi après l'entrée des forces russes sur le territoire de leur voisin, les combats se concentrent dans l'Est, la Russie ayant dû revoir à la baisse son ambition de prendre le pays et Kiev, sa capitale, face à la résistance des Ukrainiens, armés par les Occidentaux.

"Poutine aurait mieux fait de faire participer des dizaines de soldats russes blessés à ce défilé en Russie", a ironisé Ievguen Ienine, Premier vice-ministre de l'Intérieur ukrainien. "Ou bien de faire porter 20.000 cercueils à travers la place Rouge afin que les mères russes voient comment leurs fils sont morts ou ont été estropiés en 

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Des Russes portent des portraits de leurs proches - des soldats de la Seconde Guerre mondiale - alors qu'ils participent à la marche du Régiment immortel dans la ville extrême-orientale de Vladivostok le 9 mai 2022.(AFP). 

Conseil des droits de l'Homme 

Le président russe "est dans le déni. Il est dans la justification complètement révisionniste des motifs de guerre. Il a un discours de déni et d'inversion des responsabilités", a regretté le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian sur la chaîne de télévision BFMTV.

A Kiev, la place de l'Indépendance, le célèbre "Maïdan", était quasiment vide, sous la surveillance de quelques patrouilles de police, tandis que le calme était rompu de temps en temps par le hurlement des sirènes d'alarme anti-bombardement. 

"Quoi qu'il dise, nous devons faire ce qu'il faut pour gagner et libérer notre terre. C'est tout", dit Mykola, 75 ans, diplomate à la retraite. 

Soixante civils ont péri dans le bombardement russe d'une école où ils se réfugiaient dans l'est de l'Ukraine, a déclaré dimanche soir le président ukrainien lors d'un sommet du G7. 

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "horrifié".

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU va organiser jeudi à la demande de Kiev, soutenue par des dizaines de pays, une session extraordinaire sur "la détérioration de la situation des droits humains en Ukraine".

Dans un discours prononcé lundi, le ministre britannique de la Défense Ben Wallace estime que les généraux russes devraient être traduits devant une cour martiale pour leurs actes en Ukraine, "totalement complices du détournement par Poutine de la fière histoire de leurs ancêtres".

Le président français Emmanuel Macron a déclaré lundi que pour mettre fin à la guerre menée en Ukraine par l'armée russe, la paix devra se construire sans "humilier" la Russie. 

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Derniers développements de la guerre lancée par la Russie en Ukraine, avec photos. (Graphique, AFP)

« Batailles intenses » 
 

Sur le terrain lundi, "des batailles très intenses se déroulaient autour de Roubijné et de Bilogorivka" dans la région de Lougansk (est), a indiqué le gouverneur Serguiï Gaïdaï. 

La Russie n'a jusqu'à présent pu revendiquer le contrôle complet que d'une ville d'importance, Kherson (sud), et l'offensive militaire que nombre d'experts prédisaient comme fulgurante a été marquée par des déconvenues, notamment logistiques.

Après avoir échoué aux portes de Kiev, l'état-major russe a dû revoir ses objectifs à la baisse en resserrant l'offensive sur l'est et le sud du pays.

Selon le Pentagone, l'effet des sanctions internationales commence à se faire sentir sur l'industrie russe de l'armement, qui peine à remplacer les missiles guidés utilisés en Ukraine en raison de l'embargo sur les composants électroniques qui frappe la Russie. 

A l'inverse, le président américain Joe Biden a signé lundi une loi de "prêt-bail", réactivant un dispositif emblématique datant de la Seconde guerre mondiale, afin d'accélérer l'envoi à l'Ukraine d'équipement militaire.

John Kirby, porte-parole du Pentagone, a également assuré que des Ukrainiens avaient été "envoyés contre leur gré" en Russie, sans pouvoir donner de chiffre. Kiev avance celui de 1,2 million de personnes déportées en Russie et placées dans des camps.

A Marioupol, port du sud-est de l'Ukraine presque entièrement sous contrôle russe, où les militaires ukrainiens qui résistent toujours dans l'immense aciérie Azovstal ont exclu de se rendre, les séparatistes prorusses ont défilé pour le 9 mai.

Un gigantesque ruban de Saint-Georges, symbole patriotique russe, a été porté par les séparatistes à travers la ville quasiment détruite après plusieurs semaines de siège.

A Varsovie, l'ambassadeur de Russie en Pologne a eu la tête et la chemise aspergées d'une substance rouge évoquant du sang et pris à partie par des manifestants pro-ukrainiens, alors qu'il s'apprêtait à déposer une gerbe au cimetière de Varsovie où reposent les soldats soviétiques morts durant la Seconde Guerre mondiale.

A Athènes, la Grèce a annoncé lundi la réouverture de son ambassade à Kiev, "dans un geste hautement symbolique" pour soutenir "les Ukrainiens et la communauté grecque" vivant dans ce pays. 


Trump reçoit Netanyahu à la recherche d'un accord à Gaza

Le président américain Donald Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la Salle bleue de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la Salle bleue de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu a de nouveau exclu la création d'un Etat palestinien à part entière, affirmant qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza
  • Selon des sources palestiniennes proches des discussions, l'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus

WASHINGTON: Donald Trump, qui se dit déterminé à mettre fin à la guerre à Gaza, a reçu Benjamin Netanyahu à dîner à la Maison Blanche lundi soir, lequel a dit avoir présenté le président américain pour le Nobel de la Paix.

La troisième visite à Washington du Premier ministre israélien M. Netanyahu depuis le retour au pouvoir de Donald Trump intervient à un moment crucial, le président américain espérant profiter de l'élan donné par la récente trêve entre Israël et l'Iran après une guerre de 12 jours.

"Je ne pense pas qu'il y ait de blocage. Je pense que les choses se passent très bien", a déclaré M. Trump aux journalistes au début du dîner, lorsqu'on lui a demandé ce qui empêchait la conclusion d'un accord de paix.

Assis l'un en face de l'autre autour d'une grande table, le président américain s'est dit convaincu que le Hamas était prêt à accepter un cessez-le-feu à Gaza.

"Ils veulent une rencontre et ils veulent ce cessez-le-feu", a-t-il dit.

Le Premier ministre israélien a lui annoncé avoir présenté la nomination du président américain pour le prix Nobel de la paix, en lui remettant la lettre qu'il a envoyée au comité Nobel.

"A l'heure où nous parlons, il rétablit la paix dans un pays (après l'autre), dans une région après l'autre", a loué M. Netanyahu.

La rencontre lundi intervient en pleins pourparlers indirects entre Israël et le Hamas.

Depuis dimanche, deux sessions de pourparlers indirects entre Israël et le Hamas se sont tenues à Doha, selon des sources palestiniennes proches des négociations. "Aucune percée" n'a été encore réalisée, a indiqué à l'AFP l'une d'elles.

Mardi matin, l'armée israélienne a annoncé que cinq soldats avaient été tués et deux autres grièvement blessés au combat dans le nord de la bande de Gaza.

L'émissaire américain Steve Witkoff doit se rendre dans la semaine à Doha, selon la Maison Blanche.

Auparavant, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait indiqué que "la priorité absolue du président au Moyen-Orient est de mettre fin à la guerre à Gaza et le retour de tous les otages".

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, à laquelle l'armée a riposté en lançant une offensive d'envergure à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire.

Dimanche, Donald Trump a estimé qu'il existait "de bonnes chances" de parvenir à un accord "cette semaine".

Les négociations indirectes, menées via les médiateurs qatari, égyptien et américain, portent "sur les mécanismes de mise en oeuvre" d'un accord de cessez-le-feu et d'un "échange" d'otages retenus à Gaza contre des Palestiniens détenus en Israël, selon un responsable palestinien.

- "Inacceptables" -

La délégation du Hamas se trouvait dans une salle et la délégation israélienne dans une autre, dans le même bâtiment, a-t-il précisé.

"Le Hamas est sérieux et soucieux d'aboutir à un accord pour mettre fin à la guerre et à la souffrance de notre peuple, à condition que la partie israélienne fasse preuve de bonne foi et ne cherche pas à entraver ou à faire traîner le processus", a affirmé le responsable palestinien.

Lundi soir, M. Netanyahu a de nouveau exclu la création d'un Etat palestinien à part entière, affirmant qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza.

"Maintenant, les gens diront que ce n'est pas un Etat complet, que ce n'est pas un Etat. Nous nous en moquons", a-t-il dit.

Selon des sources palestiniennes proches des discussions, l'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

- "On ne savait plus où aller" -

Des dizaines de personnes, dont des parents d'otages détenus à Gaza, se sont rassemblées lundi soir devant l'antenne de Tel-Aviv de l'ambassade des Etats-Unis en Israël pour demander à M. Trump de parvenir à un cessez-le-feu.

Les manifestants ont brandi des drapeaux américains, des affiches portant des photos d'otages et une grande pancarte sur laquelle on pouvait lire "Président Trump, faites l'histoire, ramenez-les tous à la maison, mettez fin à la guerre".

Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l'armée israélienne.

Une première trêve d'une semaine en novembre 2023, puis une deuxième de deux mois début 2025, ont permis le retour de nombreux otages en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

Sur le terrain à Gaza, la Défense civile a fait état de 12 Palestiniens tués par des frappes israéliennes, dont six morts dans la clinique Al-Rimal de Gaza-ville (nord), qui "abrite des centaines de déplacés".

"On a été surpris par des missiles et des explosions à l'intérieur du bâtiment. On ne savait plus où aller à cause de la poussière et des dégâts", témoigne auprès de l'AFP Salman Qoudoum, en exhortant à un accord de cessez-le-feu. "On ne peut plus attendre".


Le Japon se tourne vers les pays du CCG pour assurer la stabilité au Moyen-Orient

Les deux parties sont convenues de maintenir une coopération étroite pour contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. (MOFA)
Les deux parties sont convenues de maintenir une coopération étroite pour contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. (MOFA)
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  • Le ministre des Affaires étrangères Takeshi Iwaya rencontre le Dr Jasem Al-Budaiwi du CCG
  • L'industrie pétrolière mondiale et l'instabilité au Moyen-Orient ont été abordées.

TOKYO : Le ministre japonais des Affaires étrangères, M. Takeshi Iwaya, a rencontré lundi le secrétaire général du CCG, M. Jasem Al-Budaiwi, pour discuter de l'industrie pétrolière mondiale et de l'instabilité croissante au Moyen-Orient.

Iwaya a déclaré que les pays du CCG jouaient un rôle de plus en plus important dans le contexte de l'agitation régionale et internationale, a indiqué le ministère japonais des Affaires étrangères.

Le Japon souhaite approfondir la coopération politique et économique avec le CCG afin d'apporter la paix et la stabilité à la région, y compris la conclusion des négociations de l'accord de partenariat économique entre le Japon et le CCG.

M. Al-Budaiwi a déclaré que le bloc régional espérait également l'achèvement des négociations de l'APE et la poursuite de la coopération dans le cadre du plan d'action Japon-CCG.

M. Al-Budaiwi a ajouté que Tokyo était un partenaire important et a lancé une invitation pour une réunion des ministres des affaires étrangères des deux parties.

Les fonctionnaires ont parlé franchement des questions relatives au Moyen-Orient, notamment du conflit entre Israël et l'Iran, des attaques contre la bande de Gaza et de la situation en Syrie.

M. Iwaya a déclaré que le Japon poursuivrait ses efforts diplomatiques pour faire en sorte que l'accord de cessez-le-feu entre Israël et l'Iran soit mis en œuvre et que les voies du dialogue soient rouvertes.

M. Al-Budaiwi s'est fait l'écho de ce point de vue et a déclaré que les pays du CCG restaient attachés au dialogue.

Les fonctionnaires ont fait part de leurs préoccupations concernant les actes qui menacent les routes maritimes et les attaques contre les installations pétrolières.

- Cet article est également publié sur Arab News Japan


Face à Trump, les Brics s'inquiètent des droits de douane «unilatéraux»

Les Brics ont exprimé dimanche à Rio de Janeiro leurs "sérieuses préoccupations" face à la guerre commerciale menée par Donald Trump qui a en retour menacé d'imposer des droits de douane supplémentaires au bloc des onze grands pays émergents et à ceux qui "s'alignent" sur eux. (AFP)
Les Brics ont exprimé dimanche à Rio de Janeiro leurs "sérieuses préoccupations" face à la guerre commerciale menée par Donald Trump qui a en retour menacé d'imposer des droits de douane supplémentaires au bloc des onze grands pays émergents et à ceux qui "s'alignent" sur eux. (AFP)
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  • Les dirigeants n'ont pas nommé les Etats-Unis et Donald Trump, alors que de nombreux pays, dont la Chine, sont engagés dans des négociations avec Washington sur ce lourd dossier
  • Le président américain a réagi sur la plateforme Truth Social. "Tout pays s'alignant sur les politiques anti-américaines des Brics se verra appliquer un droit de douane SUPPLEMENTAIRE de 10%. Il n'y aura pas d'exception à cette politique", a-t-il écrit

RIO DE JANEIRO: Les Brics ont exprimé dimanche à Rio de Janeiro leurs "sérieuses préoccupations" face à la guerre commerciale menée par Donald Trump qui a en retour menacé d'imposer des droits de douane supplémentaires au bloc des onze grands pays émergents et à ceux qui "s'alignent" sur eux.

"Nous exprimons de sérieuses préoccupations face à l'augmentation de mesures douanières et non-douanières unilatérales qui faussent le commerce", affirment dans une déclaration les dirigeants du groupe menés par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, réunis pour deux jours.

De telles mesures "affectent les perspectives de développement économique mondial", alertent les Brics, qui représentent près de la moitié de la population mondiale et 40% du PIB de la planète.

Mais les dirigeants n'ont pas nommé les Etats-Unis et Donald Trump, alors que de nombreux pays, dont la Chine, sont engagés dans des négociations avec Washington sur ce lourd dossier.

Le président américain a réagi sur la plateforme Truth Social. "Tout pays s'alignant sur les politiques anti-américaines des Brics se verra appliquer un droit de douane SUPPLEMENTAIRE de 10%. Il n'y aura pas d'exception à cette politique", a-t-il écrit.

Il a également annoncé que les premières lettres menaçant de droits de douane exorbitants les pays récalcitrants à conclure un accord commercial avec Washington seront envoyées lundi à 16H00 GMT.

Le ministre américain du Trésor Scott Bessent avait auparavant affirmé que faute d'accord avec Washington dans les prochains jours, les surtaxes — pouvant atteindre 50% — entreraient en vigueur le 1er août.

"Effondrement" 

"Nous assistons à un effondrement sans précédent du multilatéralisme", a déploré à l'ouverture l'hôte du sommet, le président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Le rendez-vous annuel des Brics est en outre affaibli par l'absence de plusieurs poids lourds. Le président chinois Xi Jinping n'y participe pas pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2012, alors que son pays est la puissance dominante du bloc.

Le président russe Vladimir Poutine, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre présumé en Ukraine, n'a pas non plus fait le déplacement, mais a célébré en visioconférence "l'autorité et l'influence" des Brics.

Quant à la délégation d'Arabie saoudite, pays allié des Etats-Unis, elle n'a pas participé aux séances plénières, selon une source gouvernementale brésilienne qui n'a pas fourni d'explication.

"Réserves" iraniennes 

La situation au Moyen-Orient s'est aussi imposée dans les discussions, occasionnant des tiraillements avec l'Iran, membre des Brics depuis 2023 et qui sort très affaibli d'une guerre de douze jours avec Israël et les Etats-Unis.

Les Brics ont "condamné les attaques militaires" contre l'Iran en juin, dénonçant une "violation du droit international".

Ils n'ont toutefois pas cité les Etats-Unis et Israël, dont l'objectif était d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, une ambition démentie par Téhéran.

Dans leur déclaration, les pays émergents réclament aussi un "cessez-le-feu immédiat" et le "retrait complet" des forces israéliennes de la bande de Gaza, où elles sont en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis 21 mois.

Les Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont salué dans un communiqué la position des Brics, les appelant à "faire pression" sur Israël pour mettre fin au "siège criminel imposé à 2,5 millions de personnes" dans le petit territoire côtier dévasté par la guerre.

Des négociations indirectes entre Israël et le Hamas ont commencé dimanche soir à Doha pour tenter de trouver un accord sur une trêve et une libération d'otages israéliens retenus à Gaza.

Ennemi juré d'Israël dont il nie l'existence, l'Iran a cependant, selon une source diplomatique iranienne, "exprimé des réserves" sur le soutien des Brics à une "solution à deux Etats" israélien et palestinien côte à côte.

De son côté, Lula a appelé à ne "pas rester indifférent face au génocide perpétré par Israël à Gaza".

"Régulation" de l'IA 

Créé pour rééquilibrer l'ordre mondial au bénéfice du "Sud global" face à l'Occident, le groupe des Brics s'est élargi depuis 2023 avec l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, l'Iran puis l'Indonésie.

Mais en grossissant, le groupe est devenu de plus en plus hétéroclite, compliquant l'élaboration de positions communes.

Dans un texte distinct, les Brics ont d'une même voix appelé à une "régulation" dans le secteur de l'intelligence artificielle, en pleine expansion. Ils ont réclamé une "protection des droits de propriété intellectuelle" et de "justes mécanismes de rémunération".

"Le développement de l'intelligence artificielle ne peut être réservé à quelques pays ou être un moyen de manipulation aux mains de milliardaires", a lancé Lula.