Au procès du crash de la Yemenia, les manoeuvres «incohérentes» de l'équipage du vol IY626

Sur cette photo d'archive prise le 16 septembre 2009, un soldat comorien regarde les restes récupérés dans l'océan Indien de l’Airbus A310 de Yemenia Airlines s'est écrasé le 30 juin, tuant 152 personnes à bord (Photo, AFP ).
Sur cette photo d'archive prise le 16 septembre 2009, un soldat comorien regarde les restes récupérés dans l'océan Indien de l’Airbus A310 de Yemenia Airlines s'est écrasé le 30 juin, tuant 152 personnes à bord (Photo, AFP ).
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Publié le Mercredi 11 mai 2022

Au procès du crash de la Yemenia, les manoeuvres «incohérentes» de l'équipage du vol IY626

  • Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, le vol IY626 s'est abîmé à quelques kilomètres au large de Moroni
  • Le procès doit s'achever le 2 juin

PARIS: Une "succession d'erreurs" qui n'ont "jamais été rattrapées": au procès à Paris du crash de la Yemenia Airways, des experts aéronautiques ont décrit mardi les manoeuvres "incohérentes" de l'équipage dans les dernières minutes du vol, à l'origine de la catastrophe.

Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, le vol IY626 s'est abîmé à quelques kilomètres au large de Moroni, capitale des Comores, emportant la vie de 152 personnes et ne laissant qu'une seule rescapée, une adolescente de 12 ans.

Un accident dû à la "perte de contrôle de l’avion, suite à la mauvaise exécution" de la manoeuvre d'approche de l'aéroport et à "l'incapacité à réaliser des manoeuvres d'urgence", ont conclu les différentes expertises judiciaires.

"Pour nous, l’accident est dû au pilotage de l’avion", résume à la barre Michel Beyris, co-auteur, avec Eric Brodbeck, d'un des rapports. 

Il y a eu une "succession d'erreurs de manipulation" qui ne sont "jamais rattrapées", résume-t-il. "C’est quelque chose qui nous choque quelque part, on a du mal à comprendre comment ça a pu se passer".

Ce soir-là, l'A310 doit atterrir lors d'une nuit sans lune, avec un vent de 30 noeuds (60 km/h), ce qui impose aux pilotes de changer de piste et de faire une "manoeuvre à vue imposée", plus délicate.

Une vidéo de reconstitution des quinze dernières minutes a été réalisée à partir des enregistreurs de vol, qui se trouvaient dans les boîtes noires repêchées quelques semaines après le crash.

Sur l'écran de la salle d'audience, un avion en 3D apparaît: il retrace les mouvements de l'appareil, à côté d'une carte qui trace sa position, d'un poste de pilotage virtuel et des échanges entre les pilotes.

«Remettez les gaz»

Les minutes défilent, l'expert livre des explications, dans la salle d'audience silencieuse. L'avion descend à 3.000 pieds, progresse d'abord face au vent, avant de faire un premier virage.

"Jusque là, la procédure était normale", relève la présidente. 

Cinq minutes avant l'accident, l'avion descend à 1.500 pieds, le train d'atterrissage est sorti, c'est la "configuration requise", souligne l'expert.

Mais "là il se passe quelque chose": ""il était sélectionné une altitude, mais ça part à zéro, ça part à 3.000, on se demande s'ils ne se sont pas trompé de bouton", dit-il.

L'appareil fait ensuite une "erreur de trajectoire": le virage suivant est réalisé "15 secondes trop tard".

Puis, "il se passe quelque chose d’improbable, c'est qu’il se met en mode descente", souligne M. Beyris: "600 pieds, 500 pieds, et en plus à 1.800 pieds/minute, il descend très, très vite".

A 400 pieds, une alarme retentit: "too low" - "trop bas" - et "pull up" soit "remettez les gaz".

L'avion descend jusqu'à 200 pieds (60 mètres) avant de remonter, le train d'atterrissage est rentré, mais "les manettes des gaz" ne sont pas relancées: "du coup, il remonte, mais timidement".

Et à ce moment-là, les ailerons sont mis "à zéro", ce qui est "incompréhensible": "l'avion ne peut faire qu'une seule chose, c'est décrocher", se désole le témoin, qui parle de "confusion totale". 

«Nombreuses fragilités»

La vidéo de la reconstitution est interrompue à quelques secondes de l'impact dans l'eau.

"On va faire une suspension, que chacun puisse reprendre ses esprits", déclare la président Sylvie Daunis à l'intention notamment des parties civiles.

Dans la salle, une trentaine de proches des victimes sont présents. Certains, très émus, sont accompagnés à l'extérieur par des bénévoles de l'association Paris aide aux victimes.

Yemenia Airways, qui employait les deux pilotes yéménites, comparaît pour homicides et blessures involontaires.

Elle est soupçonnée d'avoir maintenu sciemment les vols de nuit, alors que certains feux de l'aéroport de Moroni ne fonctionnaient pas et d'avoir formé de façon "insuffisante" ses pilotes.

Pour les experts, le commandant de bord était "expérimenté" et avait une "progression normale et bien notée", mais la formation de son copilote "laissait place à de nombreuses fragilités". 

Aucune formation spécifique à l'aéroport de Moroni, dont la météo est les reliefs sont difficiles, n'apparaît dans leur cursus, alors que la réglementation l'imposait, ont-ils aussi relevé.

Le procès doit s'achever le 2 juin.


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.