Au Donbass, l'armée russe toujours peu efficace

Cette photo prise le 10 mai 2022 montre un obusier automoteur de l'armée ukrainienne en train d'être chargé sur un transporteur de chars près de Bakhmut, dans l'est de l'Ukraine, en pleine invasion russe de l'Ukraine. (AFP).
Cette photo prise le 10 mai 2022 montre un obusier automoteur de l'armée ukrainienne en train d'être chargé sur un transporteur de chars près de Bakhmut, dans l'est de l'Ukraine, en pleine invasion russe de l'Ukraine. (AFP).
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Publié le Jeudi 12 mai 2022

Au Donbass, l'armée russe toujours peu efficace

  • Le front russe ne bouge pas à l'Est, entre déluge de frappes aériennes et balistiques russes et contre-attaques localisées ukrainiennes
  • Les Russes ont même été repoussés de la ville de Kharkiv (nord) et ont perdu de petites localités de cette région frontalière

PARIS : Les faiblesses de l'armée russe au lancement de la guerre en Ukraine avaient surpris le monde entier et entraîné un réajustement de ses objectifs sur l'Est du pays. Las, les forces du Kremlin semblent là aussi moins efficaces qu'attendu.

Convaincu semble-t-il que Kiev tomberait en quelques jours après l'offensive du 24 février, le président Vladimir Poutine avait dû admettre l'incapacité de la Russie à prendre la capitale ukrainienne et à faire tomber le régime de Volodymyr Zelensky.

A l'annonce du redéploiement de son armée autour de la partie orientale du pays et des deux provinces du Donbass, en proie depuis 2014 à une rébellion séparatiste prorusse, les observateurs occidentaux craignaient de voir les Ukrainiens reculer brutalement.

"On s'attendait à ce que (les Russes) lancent une de ces offensives à la soviétique. Cela ne s'est pas produit", constate Mark Cancian, du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington. "Ils ont apporté des unités graduellement, au coup par coup".

Résultat, le front ne bouge pas à l'Est, entre déluge de frappes aériennes et balistiques russes et contre-attaques localisées ukrainiennes. Les Russes ont même été repoussés de la ville de Kharkiv (nord) et ont perdu de petites localités de cette région frontalière.

L'armée russe n'est pas le mastodonte que le monde entier craignait.

Pas «l'armée rouge» de 1945

"Ce n'est pas l'armée rouge de la seconde guerre mondiale qui marchait vers la victoire en enjambant ses propres morts. C'est une petite armée qui doit faire attention à ses pertes", estime Mark Cancian. "Ils ont perdu beaucoup de personnel qualifié", dans de premières semaines de combats meurtrières.

Le Kremlin a lui même admis des "pertes importantes". Certaines sources occidentales ont évoqué jusqu'à 12.000 soldats russes tués en quelques semaines, Kiev met la barre à 25 000. Dans tous les cas, des chiffres colossaux qui pèsent sur les opérations.

Au delà de l'image flatteuse dont l'armée russe a hérité, les experts contactés par l'AFP qualifient ses engagements extérieurs récents de trompe-l'œil. Aucune de ses guerres en Géorgie (2008), Crimée (2014) et Syrie (2015) ne l'a formée à faire face à une résistance militaire à la hauteur de celle de l'Ukraine.

"Il ne s'agit pas d'une guerre entre David et Goliath", schématise un haut-gradé français, soulignant la qualité des forces de Kiev, à l'évidence sous-estimées par Moscou. Et lorsque le rapport de force réel s'est matérialisé sur le terrain, les Russes ont peiné à réagir.  

"La planification russe, comme son aînée soviétique, s'appuie sur des calculs mathématiques qui laissent peu de place à l'initiative et à la gestion des cas non conformes", ajoute-t-il.

Depuis fin mars, les forces armées russes ont certes concentré 80% de leurs effectifs sur l'Est, contre 20% auparavant. Elles sont parvenues à repositionner un très grand nombre de blindés et à s'adapter à certaines tactiques de l'ennemi. 

Problèmes «basiques»

Mais beaucoup des faiblesses constatées en mars autour de Kiev se retrouvent aujourd'hui dans l'est du pays, constate Alexander Grinberg, analyste au Jerusalem Institute for Security and Strategy (JISS): renseignement en souffrance, capacité d'initiative limitée, logistique insuffisante, moral des troupes désastreux dans un projet pas compris par les soldats.

"Chaque unité mène sa propre guerre, tactiquement et stratégiquement", explique-t-il à l'AFP. "Même si Poutine déclarait la mobilisation générale (...), il est difficile d'imaginer comment il dépasserait les problèmes d'organisation les plus basiques".

Au delà de la seule armée russe, c'est au régime de Moscou tout entier que certains observateurs attribuent ces difficultés. Le chef d'état-major Valéri Guerassimov s'est lui même rendu sur le front, témoignant de la faiblesse de son pouvoir de délégation.

"Le système est tellement centralisé que Poutine lui même prend quasiment le contrôle manuel de choses qui devraient être gérées par des militaires professionnels", assure à l'AFP Ivan Klyszcz, chercheur à l'université de Tartu, en Estonie. "C'est une recette pour un désastre et un facteur à prendre en compte quand on regarde la mauvaise performance" des armées russes.

La "guerre éclair" annoncées au matin du 24 février n'a pas eu lieu. Le conflit se règlera par des négociations si les deux camps le décident ou durera potentiellement des mois encore, peut-être des années.

Quoi qu'elle obtienne, la Russie a déjà beaucoup perdu. Elle a revu ses objectifs initiaux à la baisse, n'a pu pleinement se servir de sa marine tout en perdant des bâtiments dont le croiseur Moskva, navire amiral de sa flotte de la mer Noire, n'a pas réussi à prendre le contrôle du ciel ukrainien et a déçu au sol.

"La Russie s'est donné un défi qu'elle a considérablement sous-estimé. Elle déclaré une guerre qu'elle ne peut pas gagner", assure Ivan Klyszcz.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.