Biden accueille l'Asie du Sud-Est, des projets concrets à la clé face à Pékin

Le président américain Joe Biden regarde après avoir atterri à l'aéroport international O'Hare de Chicago, dans l'Illinois, le 11 mai 2022. (AFP).
Le président américain Joe Biden regarde après avoir atterri à l'aéroport international O'Hare de Chicago, dans l'Illinois, le 11 mai 2022. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 13 mai 2022

Biden accueille l'Asie du Sud-Est, des projets concrets à la clé face à Pékin

  • Avant l'invasion russe de l'Ukraine, le président américain avait défini sa première priorité sur la scène internationale: la compétition teintée de confrontation avec Pékin
  • Le sommet avec l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) doit permettre au démocrate de remettre l'accent sur sa politique asiatique

WASHINGTON : Joe Biden a accueilli jeudi les dirigeants des pays d'Asie du Sud-Est à Washington pour afficher l'engagement des Etats-Unis dans cette région face aux appétits croissants de la Chine, par le biais de projets concrets mais aussi d'une initiative commerciale revisitée.

Avant l'invasion russe de l'Ukraine, le président américain avait défini sa première priorité sur la scène internationale: la compétition teintée de confrontation avec Pékin.

Le sommet avec l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), qui s'est ouvert jeudi par un dîner avant d'autres rencontres vendredi, doit permettre au démocrate, accaparé depuis des mois par le conflit russo-ukrainien, de remettre l'accent sur sa politique asiatique.

Son principal conseiller pour l'Asie, Kurt Campbell, a expliqué que les Etats-Unis entendaient évoquer avec l'Indonésie, la Thaïlande, Singapour, la Malaisie, les Philippines, le Vietnam, le Cambodge, le Laos et Brunei les domaines de coopération comme la lutte contre le Covid-19.

La Maison Blanche a annoncé jeudi de nouvelles initiatives pour un montant global de 150 millions de dollars -- une somme modeste si on la compare au nouveau paquet de 40 milliards que le Congrès américain s'apprête à adopter pour aider Kiev.

Dans le détail, 60 millions sont consacrés à la sécurité maritime, notamment pour prévenir la pêche clandestine, a expliqué un responsable américain, alors que les eaux autour de la mer de Chine méridionale font l'objet de disputes croissantes entre Pékin et les pays riverains comme le Vietnam et les Philippines.

Washington va aussi investir 40 millions dans les énergies propres, mais espère travailler avec le secteur privé pour atteindre les deux milliards dans ce domaine crucial.

A elles seules, ces initiatives ne permettront pas de rivaliser avec la Chine, qui a dépassé les Etats-Unis comme premier partenaire commercial de l'Asean.

Pas de «nouvelle Guerre froide»

Mais les Américains misent aussi sur le secteur privé, et une initiative commerciale plus vaste, le Cadre économique pour l'Indo-Pacifique (Indo-Pacific Economic Framework, IPEF), annoncée fin 2021 par le secrétaire d'Etat Antony Blinken à Jakarta et que le président Biden doit lancer formellement la semaine prochaine lors d'un déplacement très attendu à Tokyo et Séoul.

Kurt Campbell a dit s'attendre à "un intérêt important" de certains pays de l'Asean pour cet IPEF. "Nous avons bon espoir de pouvoir avoir un lancement substantiel avec un panel très large d'acteurs potentiels", a-t-il assuré mercredi devant le cercle de réflexion United States Institute of Peace.

L'ancien président démocrate Barack Obama avait proposé un traité de libre-échange transpacifique (TPP), présenté à l'époque comme un instrument-clé pour que les Etats-Unis soient en première ligne dans cette région dont il avait, déjà, fait une priorité.

Mais son successeur républicain Donald Trump, dans son tournant souverainiste, avait tourné le dos à cet accord, qu'il jugeait défavorable aux travailleurs américains. Joe Biden, pourtant vice-président de l'ère Obama, a clairement fait comprendre qu'il n'avait aucune hâte de relancer de grands accords de libre-échange, à l'unisson avec une opinion plus protectionniste.

Selon des experts, l'IPEF prévoit d'engager formellement les Etats-Unis à travailler avec leurs partenaires sur des priorités économiques, comme l'amélioration des chaînes d'approvisionnement perturbées depuis la pandémie, la lutte anticorruption ou la promotion d'énergies propres.

Mais contrairement aux accords commerciaux traditionnels, cette initiative ne garantira pas l'accès au marché des Etats-Unis, la première économie mondiale -- qui est d'ordinaire octroyé pour obtenir les concessions des autres pays.

La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, avait fait un lien avec la guerre en Ukraine en recevant les dirigeants asiatiques pour le déjeuner plus tôt dans la journée, en encourageant l'Asie du Sud-Est à rester ferme vis-à-vis de l'invasion russe.

"Si l'on n'y prend garde, nous laissons la porte ouverte à d'autres agressions, y compris les questions maritimes et d'autres questions en mer de Chine méridionale", a déclaré la démocrate.

Kurt Campbell a assuré que le président Biden n'entendait pas embarquer l'Asie "dans une nouvelle Guerre froide", et que les éventuelles ententes commerciales devraient répondre aux "besoins" des populations de la région.

Le sommet de Washington intervient aussi alors que les Etats-Unis n'ont cessé depuis plus d'un an d'accroître leur pression sur la Birmanie en riposte au coup d'Etat militaire de février 2021.

La numéro deux de la diplomatie américaine Wendy Sherman a reçu jeudi des émissaires en exil de l'opposition démocratique birmane, mais le pays sera probablement représenté au sommet par une chaise symboliquement vide.

Mme Pelosi a par ailleurs appelé les dirigeants du sud-est asiatique de respecter les droits des communautés LGBTQ.

"Que je sois bien claire: lorsque nous entendons parler de torture sur des personnes LGBTQ, c'est inacceptable pour le peuple américain - et cela continue d'être un obstacle au respect total dans nos relations", a-t-elle déclaré, alors que le Brunei et la province indonésienne d'Aceh ont déclenché des tollés en adoptant des lois autorisant les châtiments physiques en cas de relations sexuelles consenties chez des homosexuels.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.


L'ONU appelle à « relancer le moteur du développement » face au « chaos climatique » et aux conflits

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Short Url
  • Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement »
  • « Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres.

SEVILLE, ESPAGNE : Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement », alors que le monde est confronté à un « chaos climatique », à une multiplication des conflits et à un ralentissement économique global. Il s’exprimait lors de l’ouverture de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tient à Séville, dans le sud de l’Espagne, sous une chaleur accablante.

« Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres. Il a dressé un tableau sombre de la situation mondiale : « Un monde où la confiance s’effrite, où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde ralenti par les tensions commerciales, des budgets d’aide amputés, secoué par les inégalités, la crise climatique et des conflits déchaînés. »

Face à ces défis, le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité d’« accélérer les investissements à la hauteur des enjeux » afin de « réparer et relancer » la dynamique du développement. Il a rappelé que « les deux tiers des objectifs de développement durable » adoptés dans le cadre de l’Agenda 2030 accusaient déjà un sérieux retard.

« Il ne s’agit pas seulement d’une crise de chiffres, mais d’une crise humaine », a-t-il martelé, appelant les États à renforcer la mobilisation des ressources domestiques et à investir dans les domaines à fort impact, tels que l’éducation, la santé et les énergies renouvelables.

Jusqu’à jeudi, la conférence réunit quelque 50 chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, aux côtés des dirigeants des principales institutions financières internationales et de plus de 4 000 représentants de la société civile. Il s’agit de la quatrième conférence de ce type depuis 2002.

L’un des objectifs centraux de cette rencontre est de trouver des solutions concrètes au déficit de financement auquel font face les pays du Sud. Selon l’ONU, ce manque est estimé à 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.

Ce sommet intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l’aide internationale, fragilisée notamment par la réduction drastique des fonds alloués à l’aide humanitaire par l’administration de Donald Trump. L’ancien président américain avait en effet supprimé 83 % du budget de l’USAID consacré aux programmes de développement à l’étranger, mettant en péril de nombreux projets dans les pays les plus vulnérables.


Ottawa annule une taxe visant les géants de la tech, reprise des négociations avec Washington

Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis
  • Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain

Ottawa, Canada: Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis, et la reprise des négociations en ce sens rompues deux jours plus tôt par Donald Trump.

Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, "a annoncé aujourd'hui (dimanche, NDLR) que le Canada annulerait la taxe sur les services numériques (TSN)", selon un communiqué du gouvernement. Celui-ci précise que la reprise des négociations doit déboucher sur un accord commercial avec Washington d'ici au 21 juillet.

Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain, qui avait qualifié de "coup direct et évident" porté au Etats-Unis la taxe d'Ottawa visant les géants du numérique.

Cette ponction de 3% sur les revenus tirés de la publicité en ligne, des plateformes de vente, des réseaux sociaux ou de la vente de données personnelles, devait entrer en vigueur lundi et toucher particulièrement les poids lourds américains de la tech.

Elle ciblait notamment les mastodontes Google, Apple, Meta (Facebook), Amazon ou Microsoft. Ceux-ci sont accusés de profiter du caractère immatériel de leur activité pour échapper à l'impôt.

"Retirer la taxe sur les services numériques fera avancer les discussions et appuiera nos efforts pour créer des emplois et bâtir de la prospérité", a estimé sur X le ministre canadien des Finances François-Philippe Champagne.

Donald Trump et la Maison Blanche n'ont pas réagi dans l'immédiat.

La TSN avait été adoptée l'an dernier à titre temporaire, dans l'attente de l'aboutissement de négociations internationales sur la taxation des multinationales.

Cette taxe ciblait les acteurs du numérique qui génèrent un chiffre d'affaires mondial annuel supérieur à 1,1 milliard de dollars canadiens, et des revenus annuels au Canada supérieurs à 20 millions de dollars canadiens.

- Droits de douane -

Vendredi, Donald Trump avait qualifié la TSN de "scandaleuse" sur son application Truth Social et indiqué que les Etats-Unis communiqueraient au Canada, dans les sept jours, le niveau des droits de douane qui lui serait imposé.

Le Premier ministre canadien Mark Carney avait promis en retour de "continuer à mener ces négociations complexes, dans l'intérêt supérieur des Canadiens".

Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier, l'administration américaine a annoncé –- puis suspendu, dans l'attente de négociations -– plusieurs taxes sur les importations canadiennes aux Etats-Unis, tandis que le Canada a riposté en imposant des droits de douane.

Le président américain a visé en particulier les secteurs canadiens de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium, alors que les Etats-Unis et le Canada sont, avec le Mexique, membre d'un accord de libre-échange (ACEUM ou USMCA en anglais).

Les relations entre Ottawa et Washington se sont détériorées sous le second mandat de Donald Trump, qui a demandé à plusieurs reprises que le Canada devienne le 51e Etat américain.