Le maire arabe du New Jersey exhorte la communauté à nouer le dialogue avec les Américains

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Publié le Vendredi 13 mai 2022

Le maire arabe du New Jersey exhorte la communauté à nouer le dialogue avec les Américains

  • M. Khairullah affirme que les Arabes et les musulmans pourraient être plus efficaces et aider les gens dans leurs pays s’ils réussissaient en tant que leaders
  • «Si vous voulez des gens qui représentent vos valeurs, vous devez vous engager vous-même, voter ou vous présenter aux élections», souligne-t-il

Mohamed T. Khairullah, le maire de la petite ville de Prospect Park, dans le New Jersey, a déclaré mercredi dernier que les Américains arabes et musulmans devraient donner la priorité à l’engagement et à la réussite aux États-Unis plutôt qu’à la politique étrangère.
Le maire était l’invité de The Ray Hanania Show, une émission diffusée en direct sur l’Arab Radio Network aux États-Unis et sponsorisée par Arab News. Il se garde toutefois de laisser entendre que ce qui se passe au Moyen-Orient n’est pas important.
L’entrée de cet immigrant syro-américain sur la scène politique remonte au mois d’avril 2001. Mohamed T. Khairullah affirme que les Arabes et les musulmans pourraient être plus efficaces et aider les gens dans leurs pays s’ils réussissaient en tant que leaders aux États-Unis dans les communautés où ils vivent.
«Je suis très fier de mes origines et de la personne que je suis. Mais je pense que, lorsqu’il s’agit de politique, nous devons voter en tant qu’Américains. Nous devons voter en considérant les enjeux. Malheureusement, les communautés se font manipuler en fonction des ethnies. C’est une façon de diviser pour régner et nous devons aller au-delà de cela pour élire de bons politiciens qui garantiront le progrès de nos communautés locales et, surtout, de nos nations», déclare M. Khairullah.
«Ma position, en tant que maire, est politique. Lorsqu’on m’appelle pour me demander de m’adresser aux Arabes américains, je le fais sans aucune hésitation. Toutefois, quand je suis à la mairie, je ne parle pas des Arabes ou des musulmans, j’évoque les problèmes, et c’est exactement ce que nous devons faire. Cela ne m’empêche pas d’être arabe ou musulman ni de les motiver quand je me rends dans la communauté. Je veux écouter leurs problèmes. J’écoute les problèmes des Latinos, des Afro-Américains, etc. Mon succès est en partie dû aux coalitions que j’ai établies. Ces dernières donc sont extrêmement importantes pour notre communauté.»
M. Khairullah affirme que les Américains arabes et musulmans doivent être «pleinement engagés» dans tous les aspects de la vie des États-Unis, ce qui les aidera ensuite à faire la différence pour leur peuple à l’étranger.
«Nous devons être présents dans tous les aspects de la vie. Nous devons faire partie de syndicats. Nous devons être enseignants. Nous devons être infirmiers. Nous devons être policiers. Nous devons faire partie intégrante de la vie américaine. Si vous vivez aux États-Unis, vous devez faire partie de la société. Cela ne signifie pas que vous devez perdre votre identité, mais que vous devez faire partie de la société au sens large», explique M. Khairullah.
Il précise que sa famille a quitté la Syrie en 1980 lors du premier soulèvement contre l’homme fort du pays, Hafez al-Assad. Son grand-père était cheikh dans une mosquée locale. Il a été pris pour cible par le régime d’Al-Assad en raison de son militantisme. La famille s’est d’abord enfuie en Arabie saoudite, où elle a trouvé du soutien, avant d’immigrer aux États-Unis.
Il souligne qu’il s’est immédiatement engagé dans la vie active au sein de sa nouvelle communauté locale américaine, faisant du volontariat dans un hôpital et devenant plus tard pompier bénévole. Au mois d’avril 2001, après être devenu citoyen américain, M. Khairullah remporte un siège au conseil de Prospect Park, dans le New Jersey. En 2005, il est élu maire de cette petite ville et occupe toujours ce poste.
«J’étais engagé auprès de ma communauté. Les gens ont vu en moi la personne bénévole qui a mis sa propre vie en danger pour sauver des vies et des biens. Telle est, je crois, la clé de notre engagement au sein de nos communautés locales», poursuit M. Khairullah.
«Les gens devraient voir qui nous sommes véritablement en tant qu’individus plutôt que de se fier à ce que les médias racontent. C’est ce qui nous permet d’occuper une place importante au sein de nos communautés locales.»
M. Khairullah a été élu après les attentats terroristes du 11-Septembre menés contre les tours jumelles du World Trade Center, à proximité du New Jersey.
«Il faut être un citoyen du monde. L’une de mes devises est d’agir et de penser à l’échelle mondiale. Ce qui se passe dans le monde nous concerne indéniablement. Cela ne sert à rien de se comporter comme si on vivait dans sa propre tour. Ce qui se passe à travers le monde aura sans aucun doute une incidence sur nous», renchérit-il.
«Certes, il faut rester attaché à son héritage. Mais cela ne vous rend pas moins patriote que de servir la communauté locale.»
À la maison, les cinq enfants de M. Khairullah n’ont pas le droit de parler anglais. Il tient en effet à ce qu’ils renforcent leurs liens avec leurs origines arabes. Cependant, ils devraient, selon lui, s’engager pleinement dans la société américaine.
«Quelles contributions positives apportez-vous à votre communauté locale et à la société dans son ensemble? Quelle est l’empreinte que vous laisserez dans ce monde après votre départ? Avez-vous élevé de bons enfants au service de leurs communautés et de l’humanité?», s’interroge M. Khairullah.
«Lorsque j’ai été élu pour la première fois, il y a vingt et un ans, je pense que les responsables musulmans ou arabes se comptaient sur les doigts d’une main. Aujourd’hui, le New Jersey – l’un des plus petits États du pays en termes de superficie – compte probablement le plus grand nombre de représentants musulmans par rapport à n’importe quel autre État. Nous en avons plus de trente en ce moment. Nous venons de battre le record de représentants musulmans au Capitole.»
M. Khairullah affirme qu’une devise simple, mais importante, guide sa vie au quotidien.
«La politique est l’art de savoir qui obtient quoi, quand, comment et pourquoi. Vos impôts sont perçus par un gouvernement dirigé par des personnes qui représentent ou non vos valeurs», lance-t-il.
«Donc, si vous voulez des gens qui représentent vos valeurs, vous devez vous engager vous-même, voter ou vous présenter aux élections. Sinon, les représentants prendront des décisions qui ne vous plairont peut-être pas et tout ce que vous allez pouvoir faire, c’est vous en plaindre. Cela ne nous mènera nulle part.»
The Ray Hanania Show est une émission de l’Arab Radio Network des États-Unis sponsorisée par Arab News. Elle est diffusée sur WNZK AM 690 chaque mercredi à Détroit et sur WDMV AM 700 dans la capitale américaine, Washington, D.C. Elle est rediffusée les jeudis à 7 heures (heure de l’Est) sur WNZK AM 690 à Détroit et à midi sur WNWI AM 1080 à Chicago.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'ambassade suisse, qui représente les intérêts américains, rouvre en Iran

Le drapeau suisse flotte sur l'ambassade suisse, avec en arrière-plan la coupole du bâtiment du Reichstag, qui abrite la chambre basse du Parlement, le 23 novembre 2012 à Berlin. (AFP)
Le drapeau suisse flotte sur l'ambassade suisse, avec en arrière-plan la coupole du bâtiment du Reichstag, qui abrite la chambre basse du Parlement, le 23 novembre 2012 à Berlin. (AFP)
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  • Depuis dimanche, l'ambassade de Suisse « est à nouveau ouverte, après avoir été temporairement fermée le 20 juin en raison de l'instabilité de la situation dans le pays », indique un communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.
  • « Avec la réouverture de son ambassade à Téhéran, la Suisse peut à nouveau représenter directement sur place les intérêts américains en Iran, en sa qualité de puissance protectrice », ajoute le ministère. 

GENEVE : L'ambassade suisse à Téhéran pourra de nouveau représenter directement les intérêts américains en Iran, a annoncé la Suisse, qui a appelé les parties à « reprendre le chemin de la diplomatie ».

Depuis dimanche, l'ambassade de Suisse « est à nouveau ouverte, après avoir été temporairement fermée le 20 juin en raison de l'instabilité de la situation dans le pays », indique un communiqué du ministère suisse des Affaires étrangères.

L'ambassadrice Nadine Olivieri Lozano est revenue samedi dans la capitale iranienne par voie terrestre, en passant par l'Azerbaïdjan, accompagnée d'une petite équipe.

« Avec la réouverture de son ambassade à Téhéran, la Suisse peut à nouveau représenter directement sur place les intérêts américains en Iran, en sa qualité de puissance protectrice », ajoute le ministère. 

En l'absence de relations diplomatiques ou consulaires entre les États-Unis et l'Iran, la Suisse représente officiellement les intérêts américains dans ce pays depuis 1980, par l'intermédiaire de son ambassade à Téhéran.

« Il est essentiel que toutes les parties reprennent sans délai le chemin de la diplomatie. À cet effet, la Suisse met à disposition ses bons offices et Genève peut accueillir des négociations », souligne le ministère suisse des Affaires étrangères.

Téhéran et Washington ont déjà mené cinq cycles de négociations sur le programme nucléaire iranien depuis le 12 avril. Un sixième cycle, initialement prévu le 15 juin sous la médiation du sultanat d'Oman, a été annulé après le déclenchement d'une guerre provoquée par une attaque israélienne contre l'Iran, deux jours plus tôt. 

Israël a affirmé vouloir empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire et a mené des frappes contre des sites nucléaires iraniens, tuant plusieurs hauts gradés de l'armée ainsi que des scientifiques du programme. Dans la nuit du 21 au 22 juin, le président américain Donald Trump a ordonné des frappes aériennes visant trois installations nucléaires situées dans le centre de l'Iran.

Téhéran, qui nie vouloir se doter de l'arme atomique, a mené des frappes de représailles contre Israël avant l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, le 24 juin.


Le Dalaï Lama célèbre son 90e anniversaire en prononçant une prière pour la paix

Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, assiste à une cérémonie de prière pour une longue vie au temple Tsuglakhang à Mcleodganj, Dharamshala, le 5 juillet 2025. (Photo de Niharika KULKARNI / AFP)
Le chef spirituel tibétain, le Dalaï Lama, assiste à une cérémonie de prière pour une longue vie au temple Tsuglakhang à Mcleodganj, Dharamshala, le 5 juillet 2025. (Photo de Niharika KULKARNI / AFP)
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  • Le Dalaï Lama a fêté dimanche ses 90 ans « en simple moine bouddhiste » avec une prière en faveur de la paix, au terme d'une semaine de célébrations.
  • Les psalmodies des moines bouddhistes ont résonné depuis le monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où le Dalaï Lama passe l'essentiel de son temps depuis qu'il a fui la répression chinoise à Lhassa, au Tibet, en 1959. 

MC LEOD GANJ, INDE : Le Dalaï Lama a fêté dimanche ses 90 ans « en simple moine bouddhiste » avec une prière en faveur de la paix, au terme d'une semaine de célébrations dans les contreforts de l'Himalaya indien, où il vit en exil.

« Je ne suis qu'un simple moine bouddhiste. D'habitude, je ne participe pas aux célébrations d'anniversaire », a-t-il déclaré dans un message, alors qu'il avait fait part la veille de son rêve de vivre « encore 30 ou 40 ans ».

Drapé dans sa robe bordeaux et son écharpe jaune, le chef spirituel des Tibétains a adressé un sourire espiègle à des milliers de fidèles avant le début des prières.

Les psalmodies des moines bouddhistes ont résonné depuis le monastère de McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où le Dalaï Lama passe l'essentiel de son temps depuis qu'il a fui la répression chinoise à Lhassa, au Tibet, en 1959. 

Au fil des célébrations qui se sont étalées sur toute la semaine, Tenzin Gyatso (son nom d'état civil) n'a pas pu éviter d'aborder le sujet épineux de l'après, alors que la Chine entend bien choisir un successeur à sa place.

Extrêmement attendu sur la question, il a affirmé mercredi que l'institution serait « perpétuée », déclenchant aussitôt une réaction ferme de Pékin, qui a affirmé que tout nom devait être « approuvé par le gouvernement central ».

De son côté, l'actuel Dalaï Lama a assuré que celui qui prendrait sa suite serait « forcément né dans le monde libre ».

Il a également affirmé que la responsabilité de désigner un successeur « reposerait exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama ». « Personne d'autre n'a l'autorité requise pour se mêler de cette question. »

« Le voir fêter ses 90 ans aujourd'hui me comble de bonheur, mais m'emplit aussi d'une profonde tristesse », a confié Dorje Dolma, 27 ans, qui a fui le Tibet pour l'Inde. « Sa Sainteté a toujours été comme une figure paternelle pour moi. Sa bonne santé me réjouit, mais parfois, son âge m'inquiète. » 

« Symbole durable d'amour » 

Né le 6 juillet 1935, il est devenu, dès l'âge de deux ans, le 14^e chef spirituel et politique des Tibétains, identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.

Considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, il a reçu le prix Nobel de la paix en 1989 et incarne désormais dans le monde entier le combat pour la liberté du Tibet.

Ce vaste territoire himalayen, d'une taille comparable à celle de l'Afrique du Sud, a été envahi en 1950 par les troupes chinoises, qui en ont fait une province de la République populaire de Chine. Tenzin Gyatso n'y a jamais remis les pieds depuis son exil en Inde.

Le chef spirituel a reçu dimanche les vœux du Premier ministre du pays qui l'accueille.

« Je me joins aux 1,4 milliard d'Indiens pour adresser nos vœux les plus chaleureux à Sa Sainteté le dalaï-lama pour ses 90 ans », a déclaré dans un communiqué Narendra Modi. 

« Il est un symbole durable d'amour, de compassion, de patience et de discipline morale », a-t-il ajouté, lui souhaitant une « bonne santé et une longue vie ».

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a assuré que Washington était « engagé dans la promotion du respect des droits humains et des libertés fondamentales des Tibétains ».

D'autres personnalités, comme les anciens présidents des États-Unis Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush, ou l'acteur Richard Gere, qui soutient sa cause depuis longtemps, ont salué l'œuvre du dalaï-lama.

L'anniversaire de ce dernier marque la fin d'une semaine entière de célébrations en l'honneur de l'un des dirigeants religieux les plus populaires au monde, apprécié pour son humour et ses enseignements.

« Bien qu'il soit important de travailler au développement matériel, il est vital de se concentrer sur la paix de l'esprit en cultivant un bon cœur et en faisant preuve de compassion, pas seulement envers ses proches, mais envers tout le monde », a-t-il fait valoir dimanche.

« Ainsi, vous contribuerez à rendre le monde meilleur. »

La fête s'est terminée par la traditionnelle dégustation du gâteau, dont Tenzin Gyatso a mangé une part sous les chants : « Joyeux anniversaire ».


Les migrants, un sujet épineux au menu du sommet franco-britannique

 Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche. (Photo AFP))
Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche. (Photo AFP))
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  • La France est accusée de ne pas en faire assez, malgré les fonds qu'elle reçoit de Londres pour financer une partie des actions visant à sécuriser la frontière.
  • Sur les six premiers mois de 2025, le nombre de migrants ayant traversé la Manche a augmenté de 48 % par rapport à la même période l'année précédente.

LONDRES : Depuis le début de l'année, plus de 21 000 migrants ont traversé la Manche, un record qui accentue la pression sur le Premier ministre britannique, Keir Starmer, à la veille du sommet franco-britannique au cours duquel des mesures visant à enrayer ces arrivées devraient être annoncées.

La page des tensions post-Brexit est tournée et les relations entre Paris et Londres se sont considérablement réchauffées. Mais un sujet reste sensible : les migrants qui arrivent en Angleterre à bord de petites embarcations depuis le nord de la France.

Les images de canots surchargés quittant les plages françaises sont régulièrement diffusées dans les médias.

La France est accusée de ne pas en faire assez, malgré les fonds qu'elle reçoit de Londres pour financer une partie des actions visant à sécuriser la frontière.

Le travailliste Keir Starmer, arrivé au pouvoir il y a un an, a promis de « reprendre le contrôle des frontières ». Le chef du gouvernement est sous la pression du parti d'extrême droite Reform UK de Nigel Farage, qui progresse dans les sondages.

« Les chiffres ne vont pas dans la bonne direction », souligne Peter Walsh, de l'Observatoire de la migration de l'université d'Oxford. 

Sur les six premiers mois de 2025, le nombre de migrants ayant traversé la Manche a augmenté de 48 % par rapport à la même période l'année précédente. Le record de 2022, avec 45 774 arrivées de migrants, pourrait bien être battu. 

Éviter les noyades 

Une loi sur le contrôle des frontières est actuellement en cours d'examen au Parlement britannique. Elle doit notamment donner davantage de pouvoir aux forces de l'ordre pour lutter contre les réseaux de passeurs.

Keir Starmer a besoin de la France, et cette question devrait être abordée lors du sommet franco-britannique de jeudi.

En février, les deux pays ont prolongé d'un an, jusqu'en 2027, le traité de Sandhurst, le cadre légal régissant les questions migratoires.

Sous la pression de Londres, Paris envisage de modifier la « doctrine » d'intervention des policiers et des gendarmes en mer afin de pouvoir intercepter les taxis-boats jusqu'à 300 mètres des côtes. Ces derniers embarquent en effet des migrants directement en mer pour éviter les contrôles sur les plages.

Selon le droit international de la mer, une fois qu'une embarcation est à l'eau, les autorités ne peuvent plus que procéder à des opérations de sauvetage. Elles n'interviennent pas pour intercepter les migrants afin d'éviter les noyades. 

La BBC a toutefois montré, vendredi, des forces de l'ordre françaises intervenant dans l'eau, non loin de la plage, et crevant un canot pneumatique chargé de migrants.

Downing Street a estimé qu'il s'agissait d'un « moment important » et s'est félicité de ces « nouvelles tactiques ».

Paris et Londres travaillent également sur un programme d'échange de migrants. Il s'agit d'un projet « pilote », selon plusieurs sources, une expérimentation qui reposerait sur le « principe un pour un ».

Le Royaume-Uni prendrait certains migrants, des « populations fragiles » selon une source française, et en échange, renverrait en France des personnes arrivées en bateau. Paris souhaiterait élargir cet accord à l'Union européenne afin que les réadmissions soient partagées entre plusieurs pays. 

L'effet Brexit 

Pourquoi le Royaume-Uni attire-t-il autant de migrants ?

Plusieurs responsables français, dont l'actuel garde des Sceaux et ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ont affirmé que les possibilités d'y travailler illégalement rendaient le pays particulièrement attractif.

Le gouvernement travailliste met l'accent sur la lutte contre le travail clandestin. Il affirme que les arrestations ont augmenté de 51 % de juillet 2024 à fin mai par rapport à l'année précédente.

Le chercheur Peter Walsh est toutefois sceptique quant à l'idée qu'il serait plus facile de travailler au noir au Royaume-Uni qu'en France. « Dans les deux pays, il faut prouver son droit à travailler », souligne-t-il.

« Les employeurs peu scrupuleux qui ne font pas ces vérifications risquent de sérieuses sanctions, comme en France. »

Selon lui, c'est surtout la langue et le regroupement familial qui attirent les migrants au Royaume-Uni. Il évoque également le Brexit : « Si un pays de l'UE vous a refusé l'asile, vous pouvez tenter votre chance au Royaume-Uni, qui ne sera pas informé de ce refus. »

Rishan Tsegay, une Erythréenne de 26 ans, est arrivée en Angleterre en 2015, cachée dans un camion. L'an dernier, elle est devenue citoyenne britannique et travaille comme infirmière.

Elle appelle Keir Starmer et Emmanuel Macron à offrir davantage de visas aux migrants fuyant des pays en guerre. « Ces gens viennent ici pour être en sécurité », raconte-t-elle à l'AFP. « On ne dit jamais que les réfugiés contribuent à la société, alors que certains jouent un rôle important. »

Selon le Home Office, les migrants ayant traversé la Manche entre mars 2024 et mars 2025 étaient principalement Afghans, Syriens, Érythréens, Iraniens et Soudanais.