Le NYT, la BBC et l'AFP critiqués pour leur couverture des affrontements lors des funérailles de Shireen Abu Akleh

Les forces de police ont chargé le cortège funèbre, assenant des coups de pied et de matraque à ceux qui portaient le cercueil (Photo, AFP).
Les forces de police ont chargé le cortège funèbre, assenant des coups de pied et de matraque à ceux qui portaient le cercueil (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 14 mai 2022

Le NYT, la BBC et l'AFP critiqués pour leur couverture des affrontements lors des funérailles de Shireen Abu Akleh

  • «Les funérailles de Shireen Abu Akleh sont le théâtre d'affrontements entre les forces israéliennes et les Palestiniens endeuillés à Jérusalem», titrait vendredi le New York Times
  • «Les forces d'occupation israéliennes ont attaqué le cortège funèbre, battu les personnes en deuil, fait tomber le cercueil», a tweeté AJ+

LONDRES: Des analystes, des journalistes et d'autres personnes ont critiqué les titres et les tweets « inexacts » et « trompeurs » publiés par des médias occidentaux tels que le New York Times, la BBC et l'AFP au sujet de la journaliste américano-palestinienne tuée Shireen Abu Akleh, et des affrontements qui ont eu lieu lors de son cortège funéraire.
Des scènes de violence choquantes ont éclaté lors des funérailles de Shireen Abu Akleh, lorsque des policiers israéliens ont chargé dans la vieille ville de Jérusalem le cortège funèbre, assenant des coups de pied et de matraque à ceux qui portaient le cercueil.
Des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc ont été lancés sur les personnes en deuil qui chantaient, afin de les empêcher de hisser des drapeaux palestiniens dans la vieille ville.
« Les funérailles de Shireen Abu Akleh sont le théâtre d'affrontements entre les forces israéliennes et les Palestiniens endeuillés à Jérusalem », titrait vendredi le New York Times, qui a été critiqué pour avoir « sans vergogne assimilé les victimes aux agresseurs », a tweeté le journaliste et commentateur Eyad Abu Chakra.
Et le New York Times n'est pas la seule publication à avoir été critiquée, la BBC a tweeté que « des violences ont éclaté » lors des funérailles de la journaliste d'Al-Jazeera assassinée, son cercueil ayant été « bousculé par la police israélienne et les Palestiniens qui se sont affrontés à sa sortie de l'hôpital ».
« Les forces d'occupation israéliennes ont attaqué le cortège funèbre, battu les personnes en deuil, fait tomber le cercueil et la BBC a publié sur Twitter l'une des pires occultations de la violence israélienne à ce jour », a tweeté Sana Saeed d'AJ+.
Bassam Khawaja, codirecteur du projet sur les droits de l'homme et la privatisation à la faculté de droit de l'université de New York, a qualifié le tweet de « désinformation essentielle de la BBC ».
« Je ne sais pas comment vous passez de ce qui a été largement reconnu comme une attaque unilatérale sur un cortège funéraire à « la violence éclate ».
Kira Davidson, a pour sa part estimé que « les médias occidentaux se sont vraiment trahis tout au long de leur couverture du meurtre et des funérailles de Shireen Abu Akleh. Appeler cela autre chose qu'une répression violente en faveur de l'apartheid est une grave injustice envers sa mémoire et son travail de journaliste, et une mauvaise couverture. »
Même les reportages des médias occidentaux sur le meurtre de sang-froid d'Abu Akleh étaient très inexacts.
« Shireen Abu Akleh, journaliste palestinienne pionnière, meurt à 51 ans », peut-on lire dans l'article du New York Times sur sa disparition. Abu Akleh a reçu une balle dans la tête alors qu'elle couvrait un raid israélien à Jénine ; elle portait un gilet de presse.
« Cela se lit comme un titre de nécrologie pour quelqu'un qui est mort dans son lit. Il n'y a pas de monde dans lequel c'est acceptable, et cela se produit encore et encore », a écrit Khawaja dans un autre tweet.
« Je comprends que nous n'ayons pas encore connaissance de tous les faits. Gardez à l'esprit que les rédacteurs en chef, et non les journalistes, écrivent les titres. Mais cette formulation était un choix délibéré, et elle déforme de manière flagrante ce qui s'est passé aujourd'hui. »
Jewish Voice for Peace, une organisation de défense des droits de l'homme, a publié sur son compte Instagram une reformulation plus précise du titre – « Shireen Abu Akleh, journaliste palestinienne pionnière, assassinée par un franc-tireur israélien alors qu'elle portait un gilet de presse et rendait compte de la violence militaire israélienne. »


Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".