Le prix du blé atteint un record en clôture après l'embargo indien sur les exportations

Sur cette photo prise le 12 avril 2022, un agriculteur indien pose alors qu'il récolte du blé dans un champ à la périphérie d'Amritsar, dans l'État du Pendjab, au nord de l'Inde. (AFP)
Sur cette photo prise le 12 avril 2022, un agriculteur indien pose alors qu'il récolte du blé dans un champ à la périphérie d'Amritsar, dans l'État du Pendjab, au nord de l'Inde. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 17 mai 2022

Le prix du blé atteint un record en clôture après l'embargo indien sur les exportations

  • La crise de croissance du sous-continent tombe très mal: l'Ukraine, qui était en passe de devenir le 3e exportateur mondial de blé, devrait voir sa production amputée d'un bon tiers cette année
  • New Delhi, qui s'était auparavant engagé à fournir du blé aux pays fragiles autrefois dépendants des exportations d'Ukraine, a expliqué vouloir assurer la «sécurité alimentaire» des 1,4 milliard d'habitants de l'Inde

PARIS : Jusqu'où ira-t-il? Au plus haut depuis la guerre en Ukraine, le cours du blé a battu un record lundi à la clôture sur le marché européen, après l'annonce par l'Inde d'un embargo sur ses exportations de la céréale.

Le cours du blé a atteint 438,25 euros la tonne à la clôture, un nouveau plus haut pour la céréale qui s'échange déjà à prix d'or sur un marché mondial tendu. "C'est un record absolu toutes échéances confondues sur Euronext. Le précédent record remonte au 7 mars 2022 avec un blé à 422,50 euros la tonne en clôture", a déclaré Damien Vercambre, courtier au cabinet Inter-Courtage.

Déjà en ouverture, les prix s'étaient envolés à 435 euros la tonne sur le marché européen.

Deuxième producteur de blé au monde, l'Inde a annoncé samedi interdire les exportations de cette denrée, sauf autorisation spéciale du gouvernement, face à la baisse de sa production due notamment à des vagues extrêmes de chaleur.

New Delhi, qui s'était auparavant engagé à fournir du blé aux pays fragiles autrefois dépendants des exportations d'Ukraine, veut assurer la "sécurité alimentaire" des 1,4 milliard d'habitants de l'Inde. Une décision qui va "aggraver la crise" d'approvisionnement en céréales au niveau mondial, s'est alarmé samedi le G7.

En tournée en Europe début mai, le Premier ministre indien Narendra Modi s'était pourtant dit, aux côtés du président français Emmanuel Macron, déterminé "à répondre de manière coordonnée et multilatérale au risque d'aggravation de la crise alimentaire dû au conflit en Ukraine".

Protéger les stocks

La flambée des cours reflète aussi l'incertitude quant aux intentions de New Delhi: "Les contrats déjà signés devraient être respectés mais on ne sait pas ce qu'il va advenir d'une livraison de 500.000 tonnes de blé à l'Egypte en cours de négociation", a indiquait Damien Vercambre à l'ouverture du marché sur Euronext.

Cette décision d'interdiction s'explique notamment par des estimations de récolte moins bonnes qu'escomptées - en baisse de 5% par rapport aux 109 millions de tonnes de blé récoltées en 2021 - mais pas uniquement.

"Contrairement à la Russie qui a depuis des années mis en place un système de quotas et de taxes à l'exportation, l'Inde a sans doute plus de mal à contrôler les volumes exportés", de nombreux producteurs délaissant les opérateurs publics au profit d'acheteurs privés payant les céréales au prix fort, explique Damien Vercambre, qui voit dans cette décision une façon pour l'Inde de protéger ses stocks et de limiter une inflation galopante des prix alimentaires.

Sur les marchés mondiaux, le choc est d'autant plus rude que l'Inde, petit poucet du blé, montait en puissance: elle avait exporté 7 millions de tonnes en 2021 et tablait sur 10 millions cette année, apparaissant désormais comme une des alternatives possibles au blé ukrainien.

Les Etats-Unis espèrent que l'Inde va revenir sur son interdiction

Les Etats-Unis espèrent que l'Inde va revenir sur sa décision d'interdire les exportations de blé, qui accentue la pénurie de cette denrée dans le monde, a déclaré lundi l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, à la veille de réunions ministérielles à New York sur la sécurité alimentaire.

"Nous encourageons les pays à ne pas restreindre les exportations car nous pensons que toute restriction sur les exportations exacerbera les pénuries alimentaires", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse virtuelle.

"L'Inde sera l'un des pays qui participeront à notre réunion (jeudi) au Conseil de sécurité, et nous espérons qu'il pourra, en entendant les préoccupations exprimées par d'autres pays, reconsidérer cette position" d'interdiction, a précisé la diplomate américaine.

Cette session a pour objectif "de réunir des pays pour examiner lesquels d'entre eux pourraient aider à combler le déficit" de blé provoqué dans le monde par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, deux gros exportateurs de cette denrée, a précisé Linda Thomas-Greenfield.

Il faut voir "comment ces pays pourraient aider à combler le déficit, et également avoir autour de la table les Etats qui ont besoin du soutien des pays qui peuvent combler le déficit", a-t-elle ajouté.

Elle a spécifié que les Etats-Unis pouvaient certainement figurer parmi ces pays et que des discussions étaient déjà en cours avec les agriculteurs américains à ce sujet.

Crise ukrainienne

La crise de croissance du sous-continent tombe très mal: l'Ukraine, qui était en passe de devenir le 3e exportateur mondial de blé, devrait voir sa production amputée d'un bon tiers cette année, selon les prévisions du ministère américain de l'Agriculture (USDA), qui n'estime plus qu'à 10 millions de tonnes la capacité d'exportation de Kiev en 2022, contre 19 millions de tonnes un an plus tôt.

Déjà à un niveau inédit, le prix du blé a augmenté de 40% depuis le début de la guerre et restait soutenu du fait des risques actuels de sécheresse dans le sud des États-Unis et en Europe de l'Ouest.

Alors que le conflit s'enlisait en Ukraine et en attendant les nouvelles récoltes australiennes et canadiennes, la promesse du blé indien, en cours de récolte, avait un peu soulagé des marchés sous tension, notamment au Moyen-Orient et en Asie, clients traditionnels de l'Inde.

L'interdiction indienne sur le blé, qui fait écho à celle de l'Indonésie sur l'huile de palme au nom de la souveraineté alimentaire, promet de maintenir la pression dans les pays importateurs, comme le Maroc, dont la production de céréales va baisser de plus de 60%, ou l'Irak, où le manque d'eau a conduit à réduire de moitié les surfaces cultivées.

Pour des observateurs du marché, les prix vont rester soutenus car "la demande est toujours là".


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Short Url
  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.