Emmanuel Macron nomme Elisabeth Borne Première ministre

Emmanuel Macron a nommé lundi la ministre du Travail Elisabeth Borne Première ministre en remplacement de Jean Castex, a annoncé l'Elysée. (AFP)
Emmanuel Macron a nommé lundi la ministre du Travail Elisabeth Borne Première ministre en remplacement de Jean Castex, a annoncé l'Elysée. (AFP)
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Publié le Lundi 16 mai 2022

Emmanuel Macron nomme Elisabeth Borne Première ministre

  • «C’est le choix de la compétence au service de la France, d'une femme de conviction, d’action et de réalisation», a expliqué l’Elysée
  • A 61 ans, celle qui était jusqu'à présent ministre du Travail devient la deuxième femme à entrer à Matignon après Edith Cresson

PARIS: Emmanuel Macron a nommé lundi la ministre du Travail Elisabeth Borne Première ministre en remplacement de Jean Castex, a annoncé l'Elysée. 

« Le Président de la République a nommé Mme Elisabeth Borne Première ministre et l’a chargée de former un gouvernement », a déclaré la présidence dans un communiqué. « C’est le choix de la compétence au service de la France, d'une femme de conviction, d’action et de réalisation », a expliqué par ailleurs l’Elysée. 

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Portrait d'Élisabeth Borne, nommée Première ministre par Emmanuel Macron le 16 mai 2022. (Graphique, AFP)

A 61 ans, celle qui était jusqu'à présent ministre du Travail devient la deuxième femme à entrer à Matignon après Edith Cresson, restée onze mois à ce poste de mai 1991 à avril 1992, durant le second septennat François Mitterrand. 

Polytechnicienne, Elisabeth Borne, passée depuis 2017 par les Transports puis par la Transition écologique, est une des tenantes de l’aile gauche du gouvernement et connue pour sa rigueur et ses compétences. 

Elle a été préfète de la région Poitou-Charentes de 2013 à 2014, puis directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l'Écologie de 2014 à 2015, avant de prendre la tête de la RATP jusqu’à son entrée au gouvernement en 2017. 

Cinq défis pour Elisabeth Borne

Passer des paroles aux actes: la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne va devoir donner vie sans attendre aux engagements pris par Emmanuel Macron durant la campagne, dans un contexte social, économique et financier de plus en plus délicat.

Gagner les législatives

C'est la priorité politique. Certes, la campagne est déjà bien lancée mais Elisabeth Borne, qui a été une ministre plutôt discrète, devra insuffler l'élan pour obtenir la majorité à l'Assemblée aux scrutins des 12 et 19 juin. Elle devra aussi prendre garde à ne pas affaiblir les chances des candidats d'Ensemble! avec des annonces impopulaires ou des propos maladroits.


Même si le chef du gouvernement est traditionnellement celui de la majorité, c'est Emmanuel Macron qui est considéré par tous comme le véritable patron, comme il l'a démontré en mobilisant les candidats réunis le 10 mai pour lancer la campagne. C'est d'ailleurs son portrait qui orne les affiches électorales.

Incarner la «nouvelle méthode»

Elisabeth Borne va être à la manoeuvre pour mettre en oeuvre la "méthode refondée" promise par Emmanuel Macron pour gouverner la France, basée sur la concertation et le dialogue.


La nouvelle cheffe du gouvernement présente un profil assez social et est issue de l'aile gauche de la macronie, ce qui lui sera utile, en particulier pour lancer la réforme, explosive, des retraites avec l'objectif de porter l'âge de départ à 64 ans à la fin du quinquennat puis à 65 ans d'ici 2031.

Agir pour le pouvoir d'achat

C'est le dossier en haut de la pile. A charge pour Elisabeth Borne de concrétiser les mesures, déjà en bonne partie annoncées, de "soutien au pouvoir d'achat" promis par le chef de l'Etat pour contrer l'inflation. Elles seront présentées en Conseil des ministres à l'issue des législatives pour être mises en oeuvre cet été.


Sont notamment prévues la prolongation du bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité jusqu'à la fin 2022, la revalorisation des retraites et des prestations sociales ou les chèques alimentaires pour les ménages les plus modestes. Le gouvernement planche aussi sur un "dispositif pérenne et mieux ciblé" que la remise de 18 centimes sur les prix du carburant.

Lancer la planification écologique

Elisabeth Borne a été choisie en partie pour ça. Emmanuel Macron a en effet annoncé que le chef du gouvernement serait "directement chargé de la planification écologique", en affirmant que sa politique "dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas".


Elisabeth Borne a une double expérience en la manière: après avoir été directrice de cabinet de la ministre de l'Environnement Ségolène Royal en 2014, elle a été ministre de la Transition écologique et solidaire pendant un an, jusqu'en juillet 2020.


Pour atteindre l'objectif fixé par Emmanuel Macron - aller "deux fois plus vite" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre -, elle sera appelé à prendre des décisions fortes et complexes à appliquer. Avec comme première mesure concrète, la possibilité offerte d'acquérir des voitures propres en leasing.  

Tenir les cordons de la bourse

C'est l'un des gros casse-tête pour Elisabeth Borne: comment mettre en oeuvre le programme de dépenses supplémentaires dans un environnement économique dégradé. Après un premier trimestre atone, le ralentissement de l'économie française devrait se confirmer avec une croissance attendue de 0,2% au deuxième sous l'effet de l'inflation, qui pourrait atteindre 5,4% en juin selon l'Insee. 


"Le plus dur est devant nous", a récemment prévenu le ministre de l'Économie Bruno Le Maire tandis que le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, mettait en garde contre la remontée à venir des taux et du coût de la dette, qui rendent plus difficiles les futures réductions d'impôts promises par Emmanuel Macron.

 Son nom était régulièrement cité depuis la réélection d'Emmanuel Macron le 24 avril. Le président avait précisé vouloir un Premier ministre au profil « social, environnemental et productif ». 

« Elle a la culture de l’Etat, du territoire et de l'entreprise » et a démontré « sa capacité à mener des réformes », a souligné l'Elysée. « La transition écologique est au cœur de son engagement » et c'est « une femme de gauche avec un engagement social, notamment pour la jeunesse, avec l'apprentissage et le contrat d’engagement jeunesse ». 

De plus, Elisabeth Borne est « engagée depuis le début au côté du président et au cœur de la majorité », en ayant adhéré à LREM en 2017, a-t-elle ajouté. 

La formation du gouvernement devrait désormais intervenir dans les « jours qui viennent », a-t-on indiqué dans l'entourage du président. 

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Chronologie et longévité des Premiers ministres depuis 1958, après la nomination d'Elisabeth Borne. (Graphique, AFP)

Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.