La corrosion des réacteurs nucléaires plombe encore plus les perspectives d'EDF

Cette photo montre un cargo en cours de chargement devant la centrale thermique de l'électricien français EDF au port du Havre, dans le nord-ouest de la France, le 14 avril 2022. (AFP).
Cette photo montre un cargo en cours de chargement devant la centrale thermique de l'électricien français EDF au port du Havre, dans le nord-ouest de la France, le 14 avril 2022. (AFP).
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Publié le Jeudi 19 mai 2022

La corrosion des réacteurs nucléaires plombe encore plus les perspectives d'EDF

  • Le producteur d'électricité estime désormais que la baisse de sa production nucléaire prévue en 2022 lui coûtera 18,5 milliards d'euros d'Ebitda (excédent brut d'exploitation), au lieu de 16 milliards annoncés en mars
  • A ce jour, 12 réacteurs sur 56 sont en effet arrêtés pour un phénomène de « corrosion sous contrainte» (CSC) avérée ou soupçonnée

PARIS : Les résultats d'EDF seront finalement encore plus mauvais que prévu cette année, en raison des problèmes de corrosion de son parc nucléaire qui ont contraint à mettre à l'arrêt 12 réacteurs et vont fortement limiter la production cette année.

Le producteur d'électricité estime désormais que la baisse de sa production nucléaire prévue en 2022 lui coûtera 18,5 milliards d'euros d'Ebitda (excédent brut d'exploitation), au lieu de 16 milliards annoncés en mars (revus à 14 milliards en mai), selon un communiqué jeudi.

Par comparaison, en 2021, l'Ebitda d'EDF était de 18 milliards d'euros.

Le groupe indique également une nouvelle fois "ajuster son estimation de production nucléaire pour 2022 à 280-300 TWh contre 295-315 TWh précédemment".

"EDF poursuit son programme de contrôles et prépare avec la filière nucléaire la réparation des portions de tuyauteries concernées par la corrosion sous contrainte", explique le groupe.

"On projette de manière plus fine les réparations à mener", a indiqué lors d'une conférence de presse Régis Clément, directeur adjoint de la production nucléaire.

A ce jour, 12 réacteurs sur 56 sont en effet arrêtés pour un phénomène de "corrosion sous contrainte" (CSC) avérée ou soupçonnée. 

EDF en dénombre "quatre pour lesquels les expertises ont confirmé de la CSC", selon le responsable, dont trois (Civaux 1, Chooz 1, Penly 1) avec de la corrosion à la fois sur le système d'injection de sécurité (RIS) - un circuit crucial qui permet de refroidir le réacteur en cas d'accident - et celui de refroidissement à l'arrêt (RRA). Le réacteur de Chinon B3 compte un défaut au niveau d'une soudure mais sur le seul circuit RRA.

"Le design aujourd’hui est une cause qui nous apparaît comme prépondérante", a souligné Régis Clément, une cause qui semble accentuée par le soudage.

La conception avait déjà été évoquée mardi par le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Bernard Doroszczuk. Une cause qui pourrait expliquer pourquoi les réacteurs les plus anciens et les plus nombreux, ceux de 900 MW, sont selon lui "peu voire pas" concernés par le phénomène de corrosion.

"A ce stade pour 2022, EDF considère qu’il n’est pas nécessaire d’anticiper de nouveaux arrêts de réacteurs", indique le groupe, qui a en revanche programmé des "arrêts intermédiaires" à partir du 2ème trimestre 2023 pour quatre réacteurs.

"Nos réacteurs tournent aujourd'hui parce qu'ils sont sûrs", a assuré Régis Clément.

«Jeu politique»

"Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage", a réagi Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT, qui voit dans la publication de ces chiffres "un jeu politique pour justifier Hercule", un plan de restructuration d'EDF que l'exécutif et la direction du groupe souhaiteraient remettre sur la table, après y avoir provisoirement renoncé l'an dernier.

Emmanuel Macron avait en effet évoqué lors de la campagne pour la présidentielle une renationalisation d'EDF dans le cadre d'"une réforme plus large".

"Nous augmentons la probabilité de nationalisation que nous relevons à 75% contre 50% précédemment", ont commenté les analystes d'Oddo BHF dans une note. "Cette hypothèse pourrait devenir une priorité du gouvernement après l'échéance des élections législatives du mois prochain compte tenu des perspectives fragiles d'EDF", écrivent-ils.

Le groupe, déjà lourdement endetté, fait face à une série de défis: construction de nouveaux EPR annoncée par le président Emmanuel Macron, prolongations des réacteurs, essor des énergies renouvelables...

Le groupe avait déjà par ailleurs alerté de l'impact du relèvement par l'Etat du mécanisme de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité d'électricité nucléaire historique) sur ses résultats. Ce mécanisme oblige EDF à vendre à bas prix une électricité qui vaut beaucoup plus cher sur les marchés et l'Etat en a augmenté les volumes pour contenir la hausse des factures.

L'aggravation des perspectives financières justifie de "suspendre" ce dispositif, a estimé Amélie Henri, secrétaire nationale CFE-Unsa énergies pour EDF.

Face à ce contexte difficile, le PDG du groupe a annoncé jeudi dernier un "recours gracieux" contre cette décision du gouvernement, alors que l'Etat est son premier actionnaire.


Enquête pour corruption et perquisitions chez la ministre de la Culture Rachida Dati

Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
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  • L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati"
  • Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles"

PARIS: Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP.

La ministre, par ailleurs candidate à la mairie de Paris, est soupçonnée d'avoir perçu 299.000 euros d'honoraires du groupe industriel français GDF Suez quand elle était députée européenne, sans en déclarer la provenance au Parlement européen.

L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati", a écrit le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, dans un communiqué.

Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles".

Ces perquisitions s'inscrivent dans le cadre d'une enquête ouverte le 14 octobre et confiée à deux juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris, toujours selon ce communiqué, confirmant des informations de presse.

Tout est parti d'une enquête préliminaire conduite depuis le 16 avril "sur la base, notamment, d'un signalement Tracfin (renseignement financier, ndlr) reçu par le PNF (Parquet national financier)", explique Jean-François Bohnert.

Me Olivier Pardo, un des avocats de Mme Dati, sondé par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire. Ses autres conseils Ses autres conseils n'ont pas donné suite.

Selon une enquête diffusée début juin sur la chaîne de télévision publique France 2, les fonds du géant français de l'énergie avaient transité par un cabinet d'avocats, STC Partners, avant d'être rebasculés sur les comptes de Mme Dati en 2010 et 2011. D'après Complément d'enquête, l'origine de ces revenus n'a pas été déclarée au Parlement européen comme cela est requis pour éviter les conflits d'intérêt.

La candidate à la mairie de Paris avait qualifié sur les radio Europe 1 et télévision CNews ces accusations de "diffamatoires", assurant que les documents évoqués dans cette émission ont déjà "été examinés par la justice" dans le cadre des investigations sur l'affaire Carlos Ghosn.

Car Mme Dati est déjà renvoyée devant le tribunal correctionnel dans un autre dossier, pour corruption et trafic d'influence, dans lequel elle devra comparaître aux côtés de l'ancien tout-puissant patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn.

 


Troisième jour de grève au Louvre, le musée partiellement ouvert

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
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  • "On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications"
  • En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants

PARIS: Les agents du Louvre ont reconduit leur mouvement de grève jeudi au troisième jour de leur mobilisation contre leurs conditions de travail, contraignant de nouveau le musée à n'ouvrir qu'une partie de ses espaces, a-t-on appris de sources concordantes.

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre.

De nouveau réunis en assemblée générale jeudi matin, les salariés ont approuvé la poursuite de leur mobilisation contre les problèmes de sous-effectifs, la hausse des tarifs pour les non-Européens ou la dégradation du bâtiment, ont indiqué la CFDT et la CGT.

"On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications", a déclaré à l'AFP la déléguée CFDT Valérie Baud.

En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants.

Jeudi, avec quelques heures de retard liées à la mobilisation, le musée a, comme mercredi, ouvert partiellement ses espaces aux visiteurs qui ont notamment accès au "parcours chefs d’œuvre" incluant la Joconde, la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace, a indiqué la direction à l'AFP.

"Ce n'est pas un message positif par rapport aux grévistes", a réagi la CFDT.

Parallèlement à ce conflit social, la présidente du Louvre s'est de nouveau défendue jeudi matin, au lendemain d'une audition au Sénat où sa gestion de la sécurité du musée a été durement critiquée.

Interrogée sur France Inter, Laurence des Cars a affirmé disposer encore du crédit suffisant pour se maintenir à la tête du Louvre, qu'elle dirige depuis fin 2021.

"Je suis à la manoeuvre, je dirige ce musée dans une tempête, c'est très clair, mais je suis calme, déterminée pour accompagner les 2.300 agents du Louvre", a-t-elle assuré, ajoutant prendre sa "part quotidienne" de responsabilité dans les dysfonctionnements du musée.

 


«Marseille doit continuer à être debout», appelle Amine Kessaci, invité du conseil municipal

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
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  • Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes"
  • "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers"

MARSEILLE: "Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue", a appelé jeudi le militant écologiste Amine Kessaci, après le meurtre de son frère Mehdi en novembre, invité du dernier conseil municipal de la ville avant les prochaines élections municipales.

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire.

Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes". "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers".

Pour le militant écologiste, "attaquer les petits jeunes au pied d'immeuble ne va pas stopper ces trafics internationaux". Il faut "exiger des pays comme l'Arabie Saoudite, comme le Qatar, comme la Thaïlande" d'extrader "les têtes de réseau qui vivent très bien de l'argent de la drogue, vivent loin du territoire et font couler le sang ici chez nous et nos enfants se retrouvent assassinés".

Mardi, lors de son déplacement à Marseille, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé sa détermination à mener la "guerre" contre le narcotrafic.

Il a affiché sa volonté d'aller "chercher dans les pays où sont les têtes de réseau de la coopération, pour pouvoir saisir leurs biens, pour pouvoir arrêter les têtes de réseau, nous les restituer".

Le chef de l’Etat doit se rendre dimanche pour le Noël aux troupes aux Emirats arabes unis, où d'importants narcotrafiquants ont trouvé refuge, selon la justice française.