«C'est pour de vrai»: l'armée suédoise en alerte pour la candidature à l'Otan

Des soldats du régiment P18 Gotland de l'armée suédoise camouflent leurs véhicules blindés lors d'un exercice sur le terrain près de Visby sur l'île suédoise de Gotland le 17 mai 2022 (Photo, AFP).
Des soldats du régiment P18 Gotland de l'armée suédoise camouflent leurs véhicules blindés lors d'un exercice sur le terrain près de Visby sur l'île suédoise de Gotland le 17 mai 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 20 mai 2022

«C'est pour de vrai»: l'armée suédoise en alerte pour la candidature à l'Otan

  • A moins de 350 kilomètres de l'enclave russe de Kaliningrad, cette destination de vacances prisée des Stockholmois a retrouvé son statut de position stratégique avec le retour des tensions avec Moscou
  • Pour les jeunes conscrits, l'état d'esprit a changé

TOFTA: "Maintenant, c'est pour de vrai": avec la guerre en Ukraine et la candidature d'adhésion à l'Otan, l'armée suédoise se retrouve en position d'alerte, soucieuse de dissuader tout coup de force russe.

Sur l'île du Gotland, stratégiquement située au milieu de la mer Baltique, des réservistes ont été activés ces dernières semaines et les exercices multipliés à l'approche de l'officialisation de la demande d'adhésion.

A moins de 350 kilomètres de l'enclave russe de Kaliningrad, cette destination de vacances prisée des Stockholmois a retrouvé son statut de position stratégique avec le retour des tensions avec Moscou.

Pour les jeunes conscrits, l'état d'esprit a changé. 

"On se dit: +merde+, maintenant c'est pour de vrai, je ne suis pas là pour un camp d'été d'un an", raconte à l'AFP Axel Byström, qui fait son service dans le régiment "P18", gardien de l'île.

Utilisant des branches de bosquets voisins, le jeune chef d'équipe et ses camarades camouflent méticuleusement trois véhicules blindés.

"On travaille du mieux possible tout le temps, parce qu'on se dit: +ça pourrait être une réalité, on pourrait devoir s'en servir", juge ce natif de Visby, le chef-lieu médiéval du Gotland.

La Suède a traversé la Guerre froide avec la "peur du Russe", déjà bien ancrée dans un pays qui s'est longtemps disputé avec Moscou le contrôle de la Finlande et des rives de la Baltique.

Mais tirant profit des "dividendes de la paix" après la fin de l'Union soviétique, le pays scandinave a drastiquement coupé dans ses dépenses militaires.

L'annexion de la Crimée par Moscou en 2014 avait déjà été une première alarme, déclenchant des réinvestissements dans l'armée, le retour du service militaire en 2017 et la remilitarisation du Gotland.

Nouvelle frontière

Mais c'est l'invasion de l'Ukraine qui a poussé la Suède à candidater à l'Otan cette semaine --avec toutefois une menace de blocage turc.

Un bond pro-Otan dans l'opinion publique et un proche voisin finlandais bien décidé à rejoindre l'alliance ont convaincu le pays de rompre avec un non-alignement historique.

De récentes émissions à la télévision russe spéculant sur une prise de contrôle du Gotland pour ensuite lancer une invasion des pays baltes ont fait racler quelques gorges de ce côté-ci de la Baltique.

Durant la période d'adhésion, la Suède ne bénéficie pas de la protection de l'article 5 de l'Otan qui est réservé aux membres.

Avec la Finlande, le pays a toutefois obtenu de nombreuses assurances de sécurité de la plupart des pays occidentaux, des Etats-Unis à la France en passant par le Royaume-Uni ou dernièrement la Pologne.

"Si vous avez le Gotland, vous contrôlez pratiquement les mouvements aériens et navals en mer Baltique", souligne le commandant du "P18", Magnus Frykvall.

Fermé en 2005 et rouvert officiellement en 2018, le régiment du Gotland continue à croître, avec désormais quelque 800 soldats.

Les renforts ont été accélérés après que Vladimir Poutine "a clairement montré qu'il était prêt à utiliser la force militaire pour atteindre ses objectifs politiques", explique le colonel Frykvall.

"Le plan actuel est de pouvoir augmenter à 4 000 en temps de guerre", dit-il à l'AFP.

Au pic de la Guerre froide, quelque 25 000 soldats et réservistes étaient stationnés au Gotland.

Si une "petite brigade" suffirait "probablement" à faire face à toute menace, une adhésion suédoise à l'Otan dissuaderait quiconque d'attaquer l'île, selon le militaire.

"Trente-deux pays sont plus forts qu'un seul", souligne-t-il.

Pour les personnes vivant près du régiment, le changement d'activité a été très remarqué.

"On a des rafales, des explosions, des tirs d'artilleries, de chars aussi", décrit Robert Hall, un élu local des Verts --un des deux partis suédois sur huit au Parlement encore opposés à l'Otan.

L'"écovillage de Suderbyn" qu'il a créé se trouve juste en face de la zone militaire. Une grande banderole colorée montre un tank où des plantes ont poussé un peu partout proclamant: "Faites des jardins pas la guerre".

Pour M. Hall, originaire de Californie, l'île a bien changé depuis son arrivée ici.

"On s'est installés ici en 1995 et il y avait toujours beaucoup d'euphorie sur la chute du Rideau de fer et le fait que le Gotland serait un lieu de rencontre neutre au milieu de la Baltique".

Maintenant, "on est de retour à l'avant-1989, une mer divisée, même si la ligne de division n'est plus au même endroit", constate le Gotlandais d'adoption.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.