Washington s'active pour soutenir la candidature à l'Otan de la Finlande et de la Suède

«Je salue avec chaleur et soutiens avec force les candidatures historiques de la Finlande et de la Suède», a déclaré le président Joe Biden (Photo, AFP).
«Je salue avec chaleur et soutiens avec force les candidatures historiques de la Finlande et de la Suède», a déclaré le président Joe Biden (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 19 mai 2022

Washington s'active pour soutenir la candidature à l'Otan de la Finlande et de la Suède

  • Les deux pays nordiques ont soumis mercredi leur candidature formelle
  • Historiquement non-alignés, ils ont opéré un revirement spectaculaire depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie fin février

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont affiché mercredi un soutien déterminé à la demande d'adhésion à l'Otan de la Finlande et de la Suède, promettant d'être à leur côté en cas de "menace" russe et s'activant pour lever l'opposition turque.

"Je salue avec chaleur et soutiens avec force les candidatures historiques de la Finlande et de la Suède", a déclaré le président Joe Biden, qui doit accueillir jeudi la Première ministre suédoise Magdalena Andersson et le président finlandais Sauli Niinistö à la Maison Blanche.

Dans un communiqué, le démocrate se dit "impatient de travailler avec le Congrès américain et avec nos alliés de l'Otan pour faire rapidement entrer la Finlande et la Suède dans la plus solide alliance de défense de l'histoire".

Les deux pays nordiques ont soumis mercredi leur candidature formelle.

Historiquement non-alignés, ils ont opéré un revirement spectaculaire depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie fin février, qui a également fait basculer leur opinion publique, auparavant réticente à rejoindre l'Alliance atlantique.

Stockholm et Helsinki ont donc fait le choix de se placer sous la protection militaire des autres Européens et surtout des Etats-Unis, face à Moscou qui n'a pas hésité à attaquer un de ses voisins.

Les candidatures doivent franchir deux étapes-clés, un processus qui peut prendre plusieurs mois: la signature du protocole d'adhésion puis la ratification parlementaire par chacun des 30 Etats membres.

«Confiance» et «optimisme»

La quasi-totalité d'entre eux ont accueilli avec enthousiasme la double demande finlandaise et suédoise. A Washington, le feu vert du Congrès devrait être une formalité tant la classe politique est presque unanime.

Mais la Turquie agite la menace d'un veto à cet élargissement.

Ankara accuse la Suède d'être "la pépinière d'organisations terroristes" comme le PKK kurde et reproche aux deux pays de ne pas approuver les demandes d'extradition de personnes accusées d'être des "terroristes" ainsi que d'avoir gelé des exportations d'armes vers la Turquie.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui s'est entretenu au téléphone avec le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, a surtout rencontré mercredi à New York son homologue turc Mevlut Cavusoglu pour tenter de débloquer la situation.

"Nous comprenons leurs inquiétudes liées à la sécurité", mais celles de la Turquie "doivent aussi obtenir une réponse", a plaidé le ministre turc, tout en se disant prêt à en "discuter avec les amis et alliés, dont les Etats-Unis".

"Nous voulons surmonter les divergences par le dialogue et la diplomatie", a encore assuré, plus globalement, Mevlut Cavusoglu, semblant laisser la porte ouverte à une solution.

Après la rencontre, qu'il a qualifiée d'"extrêmement positive", il a évoqué une médiation américaine. "Blinken a assuré que les Etats-Unis allaient transmettre les messages nécessaires pour dissiper les préoccupations de la Turquie", a-t-il affirmé.

A Washington, le conseiller de Joe Biden pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, s'est aussi montré "très optimiste".

"Nous sommes confiants" quant "à la possibilité de répondre aux inquiétudes de la Turquie", a-t-il déclaré devant la presse à la Maison Blanche.

«Garanties de sécurité»

Plusieurs experts estiment qu'Ankara entend obtenir des contreparties en échange de son soutien aux pays d'Europe du Nord, par exemple en matière d'armement américain -- la Turquie négocie l'acquisition de nouveaux avions de combat F-16, un dossier qui avance "de manière très positive" selon Mevlut Cavusoglu. 

L'autre question en suspens concernait les garanties de sécurité, autrement dit ce que l'armée américaine est disposée à faire pour voler au secours des néo-candidats en cas de menace russe d'ici à leur entrée formelle dans l'Otan.

Sans entrer dans le détail, les responsables américains ont tenu à faire savoir qu'ils soutiendraient les deux pays.

"Pendant que leurs demandes d'adhésion à l'Otan sont examinées, les Etats-Unis travailleront avec la Finlande et la Suède pour rester vigilants face à toute menace contre notre sécurité commune, et pour décourager et faire face à toute agression ou menace d'agression", a prévenu Joe Biden.

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a parallèlement reçu son homologue suédois Peter Hultqvist pour mettre en musique ce soutien.

L'armée américaine "connaît très bien" les forces suédoises et finlandaises, a rassuré un haut responsable du Pentagone.

"Nous opérons avec elles, nous menons des exercices avec elles", "donc fournir des garanties de sécurité ne sera pas une grande difficulté pour nous", a-t-il ajouté, évoquant notamment la possibilité de nouvelles manoeuvres militaires conjointes.


Coup de théâtre aux Etats-Unis, le «shutdown» peut-être évité

Le sénateur américain Joe Manchin (Photo, AFP).
Le sénateur américain Joe Manchin (Photo, AFP).
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  • La Maison Blanche avait initialement réclamé que la loi de finances votée par les élus comprenne 24 milliards de dollars
  • Et certains bénéficiaires d'aide alimentaire pourraient se la voir temporairement refuser

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants a adopté samedi une mesure de financement d'urgence, étape clé pour repousser la paralysie de l'administration fédérale, un coup de théâtre à quelques heures de ce redouté "shutdown".

Ce rebondissement est intervenu après que le président républicain de la Chambre, Kevin McCarthy, a proposé une ultime solution pour empêcher la paralysie, qui ne pouvait passer qu'avec le soutien des démocrates.

C'est ce qui est arrivé: le texte a été adopté avec 335 oui (91 non) et doit maintenant passer au Sénat. Il prévoit que l'administration continue d'être financée pendant 45 jours, mais n'inclut pas une nouvelle aide à l'Ukraine en guerre réclamée par la Maison Blanche.

Si la mesure de M. McCarthy n'était pas définitivement adoptée, la première économie du monde devrait ralentir dès dimanche: 1,5 million de fonctionnaires seront privés de salaire et le trafic aérien sera perturbé, tandis que les visiteurs des parcs nationaux trouveront porte close.

La raison? Aucune des deux chambres du Congrès - ni le Sénat aux mains des démocrates, ni la Chambre des représentants contrôlée par les républicains - n'est pour l'instant parvenue à adopter une loi de finances pour prolonger le budget de l'Etat fédéral, qui expire à minuit dans la nuit de samedi à dimanche (04H00 GMT dimanche). Pour être adopté, ce texte devrait passer les deux chambres.

Le vote de samedi est "une victoire pour le peuple américain, et une défaite totale des extrémistes de droite", s'est félicité le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries.

Même si l'aide à l'Ukraine, grande pierre d'achoppement entre démocrates et de nombreux républicains, est la grande absente du texte.

La Maison Blanche avait initialement réclamé que la loi de finances votée par les élus comprenne 24 milliards de dollars d'aide militaire et humanitaire pour Kiev. La crise budgétaire aura donc des répercussions directes sur la guerre en Ukraine.

"Ce que la Russie a fait est mal. Mais je pense que quoi que nous fassions, il faut que nous définissions ce qu'une victoire veut dire et ce que le plan doit être", a dit M. McCarthy à la presse.

"Je pense qu'il y a une vraie frustration à travers l'Amérique, qui voit ce président ignorer la frontière des Etats-Unis et être davantage préoccupé par un autre endroit", a-t-il lancé, en allusion à ce que les républicains qualifient de "crise migratoire aux Etats-Unis".

Ukraine 

Une poignée d'élus républicains trumpistes refuse de débloquer une quelconque nouvelle aide à Kiev, estimant que ces fonds devraient être alloués à la gestion de la crise migratoire.

Ces lieutenants de Donald Trump, qui disposent d'un pouvoir disproportionné en raison de la très fine majorité républicaine à la Chambre, ont reçu l'ordre de la part de l'ancien président, qui pourrait affronter Joe Biden en 2024, de "paralyser" l'Etat fédéral à moins d'obtenir gain de cause sur "tous" les dossiers budgétaires en débat.

Elu au prix de nombreuses tractations avec les trumpistes, M. McCarthy risque même son siège dans ces négociations. "Vous savez quoi, si je dois risquer mon poste pour défendre le peuple américain, je le ferai", a-t-il assuré samedi.

En plein dans cette course contre la montre, et pendant que les démocrates examinaient le texte proposé par M. McCarthy, l'un de leurs élus, Jamaal Bowman, a actionné une alarme incendie dans un bâtiment du Congrès.

Une porte-parole a assuré qu'il s'agissait d'un accident, mais les républicains l'ont accusé de chercher à ralentir la procédure.

PIB 

C'est sous la présidence de Donald Trump que les Etats-Unis avaient connu leur plus long "shutdown", au cours de l'hiver 2018/2019. Selon plusieurs estimations, le PIB du pays avait alors été amputé de plus de 3 milliards de dollars.

A quelques heures de l'échéance et malgré l'espoir d'un report, le pays se prépare à une nouvelle fermeture, totale ou partielle, des services. Les fonctionnaires ont commencé à être notifiés de la possibilité d'une paralysie imminente.

En cas de "shutdown", la plupart des célèbres parcs nationaux américains comme Yellowstone risquent de fermer leurs portes. Le trafic aérien devrait également être très perturbé puisque contrôleurs aériens et fonctionnaires de l'agence de sécurité dans les transports (TSA) sont concernés.

Et certains bénéficiaires d'aide alimentaire pourraient se la voir temporairement refuser.

Chaque semaine de "shutdown" pourrait aussi coûter 0,2 point de croissance au PIB des Etats-Unis au 4e trimestre, selon une note des économistes de Goldman Sachs.


Mali: La rébellion séparatiste dit avoir infligé de lourdes pertes à l'armée

Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), une coalition indépendantiste touareg et un groupe nationaliste arabe (Photo, AFP).
Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), une coalition indépendantiste touareg et un groupe nationaliste arabe (Photo, AFP).
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  • L'attaque de Dioura est la plus au sud par rapport au champ d'action de la CMA depuis que cette dernière a repris les armes
  • Ce regain coïncide avec le retrait en cours de la mission de l'ONU, poussée vers la sortie par la junte au pouvoir depuis 2020

DAKAR: La rébellion séparatiste à dominante touareg a affirmé samedi avoir fait des dizaines de morts dans les rangs de l'armée malienne lors de l'attaque jeudi du camp de Dioura, dans la région de Mopti (centre).

Les rebelles ont dit avoir dénombré 98 corps de soldats, dans un communiqué publié au nom du Cadre stratégique permanent, une structure de facto dominée par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), alliance de groupes séparatistes à dominante touareg.

Les affirmations des rebelles et de tous les protagonistes des combats sont difficilement vérifiables dans ces zones reculées. L'accès à des sources indépendantes dans un contexte d'hostilités et de régime militaire est compliqué.

L'armée malienne s'est contentée jusqu'alors de rapporter l'assaut contre son camp jeudi, sans plus de précision, malgré la prolifération d'éléments et d'images sur les évènements de Dioura sur les réseaux sociaux.

Le nord du Mali est le théâtre depuis fin août d'une reprise des hostilités de la part de la CMA et d'une intensification des attaques jihadistes contre l'armée malienne. Des opérations ont visé plusieurs positions de l'armée depuis lors.

Dioura 

L'attaque de Dioura est la plus au sud par rapport au champ d'action de la CMA depuis que cette dernière a repris les armes.

Ce regain coïncide avec le retrait en cours de la mission de l'ONU, poussée vers la sortie par la junte au pouvoir depuis 2020.

Cette recrudescence se juxtapose aux violences toujours en cours dans le centre et à l'expansion djihadiste au nord et à l'est.

Les rebelles affirment avoir eux-mêmes perdu sept combattants. Ils affirment avoir fait des dizaines de blessés parmi les soldats, en avoir fait prisonniers cinq, s'être assuré un "contrôle total de l'emprise" et avoir saisi des quantités importantes d'armes, de munitions et de matériel, dont des blindés.

La junte fait du rétablissement de la souveraineté sur la totalité du territoire l'un de ses mantras et assure inverser la tendance sécuritaire. Différents experts font état au contraire d'une dégradation de la situation dans un pays plongé dans la tourmente depuis 2012.


Des trains de nuit nouvelle génération dévoilés à Vienne

Ces nouveaux trains proposent aux voyageurs davantage de confort que les précédents, incluant des douches. (Photo par Alex HALADA / AFP).
Ces nouveaux trains proposent aux voyageurs davantage de confort que les précédents, incluant des douches. (Photo par Alex HALADA / AFP).
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  • Ces nouveaux trains de nuit ont été présentés à Vienne à l'occasion des commémorations des 100 ans de la compagnie autrichienne
  • ÖBB a investi 720 millions d'euros dans une flotte de 33 trains de nuits qui doivent être livrés progressivement d'ici à 2028

VIENNE: La compagnie ferroviaire publique autrichienne ÖBB a dévoilé samedi la dernière génération de trains de nuit en Europe, alors que ce mode de transport plus lent mais beaucoup moins polluant que l'avion connaît un tout début de retour en grâce.

Comparé aux anciens trains, et leurs couchettes "si sombres", là "c'est le grand luxe. C'est fou", a confié à l'AFP Rosemarie, une retraitée de 69 ans qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

Ces nouveaux trains de nuit ont été présentés à Vienne à l'occasion des commémorations des 100 ans de la compagnie autrichienne.

"Chaque kilomètre en train est un kilomètre pour la protection du climat" et "une contribution à un futur meilleur", a déclaré à l'AFP la ministre écologiste autrichienne de l'Environnement Leonore Gewessler.

Ces nouveaux trains proposent aux voyageurs davantage de confort que les précédents, incluant des douches.

Les premiers d'entre eux doivent entrer en service le 10 décembre sur les lignes Vienne-Hambourg et Innsbruck-Hambourg.

Ces trains qui peuvent atteindre la vitesse de 230 km/h seront mis en service petit à petit en Autriche, Allemagne, Suisse, Italie et aux Pays-Bas.

Pour la France, un feu vert doit encore être donnée par l'autorité ferroviaire nationale, selon ÖBB.

"Malheureusement, nous ne sommes pas encore une Europe unifiée dans le secteur ferroviaire", a déclaré à l'AFP le PDG de ÖBB Andreas Matthae.

Ces trains avaient été commandés au constructeur allemand Siemens en 2018.

ÖBB a investi 720 millions d'euros dans une flotte de 33 trains de nuits qui doivent être livrés progressivement d'ici à 2028.

ÖBB revendique la première flotte de trains de nuit incluant des wagons-lits en Europe, empruntée par 1,5 million de passagers.

La compagnie autrichienne entend doubler le nombre de passagers en trains de nuit d'ici à 2030.

Début septembre ÖBB avait annoncé la remise en service le 11 décembre des trains de nuit Berlin-Paris, neuf ans après leur suppression.

Cahin-caha, de nombreuses compagnies européennes participent à la renaissance des trains de nuit, qui ont failli disparaître dans la décennie 2010.

Mais cette volonté se heurte au prix du matériel nécessaire pour remplacer des voitures souvent vieilles de plusieurs décennies, aux nombreux travaux de nuit sur le réseau qui perturbent les circulations nocturnes et à la très faible rentabilité de ce type de liaisons.