Ecologie et énergie: un duo de proches de Macron à la manoeuvre

Deux ministres contre le changement climatique: Amélie de Montchalin (G) et Agnès Pannier-Runacher (D) ont été nommées vendredi pour mener la transition écologique et énergétique dans le nouveau gouvernement. (AFP)
Deux ministres contre le changement climatique: Amélie de Montchalin (G) et Agnès Pannier-Runacher (D) ont été nommées vendredi pour mener la transition écologique et énergétique dans le nouveau gouvernement. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 20 mai 2022

Ecologie et énergie: un duo de proches de Macron à la manoeuvre

  • Ce sont ainsi deux proches du président, mais sans expérience notable dans le secteur de l'environnement, qui épauleront la Première ministre Elisabeth Borne
  • Missions annoncées: «faire de la France la première grande nation à sortir du pétrole, du gaz et du charbon» et mener la «planification écologique territoriale» dans le domaine des transports

PARIS: Deux ministres contre le changement climatique: Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher ont été nommées vendredi pour mener la transition écologique et énergétique dans le nouveau gouvernement, priorités affichées d'Emmanuel Macron pour son nouveau mandat.


Ce sont ainsi deux proches du président, mais sans expérience notable dans le secteur de l'environnement, qui épauleront la Première ministre Elisabeth Borne, elle-même chargée de la planification écologique et énergétique.


Une architecture proposée par Emmanuel Macron entre les deux tours de la présidentielle, reprenant le concept de "planification écologique" mis en avant par Jean-Luc Mélenchon. Missions annoncées: "faire de la France la première grande nation à sortir du pétrole, du gaz et du charbon" et mener la "planification écologique territoriale" dans le domaine des transports ou encore de la rénovation des logements.


Nouvelle ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, Amélie de Montchalin, 37 ans, a été élue députée en 2017 dans la vague LREM, après des débuts dans la banque et l'assurance. Entrée au gouvernement comme secrétaire d'Etat aux Affaires européennes (2019-2020), elle a ensuite été ministre de la Fonction publique.


Énarque, inspectrice des Finances, HEC, rompue au secteur public comme au privé, Agnès Pannier-Runacher, 47 ans, est aussi un soutien de la première heure d'Emmanuel Macron.


Entrée au gouvernement en octobre 2018 comme secrétaire d'Etat à l'Economie elle a ensuite été chargée de l'Industrie, installant les prémices d'une réindustrialisation affichée verte et décarbonée dans le cadre du  plan de relance.

Profils inattendus 
Des parcours qui laissaient perplexes les militants de l'environnement.


"Ce ne sont pas des profils attendus", a ainsi réagi pour l'AFP Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France. "Mais ce qui est inquiétant, c'est que toutes deux sont considérées comme des fidèles d'Emmanuel Macron et de ce qui a été fait jusqu'à présent, lors d'un quinquennat perdu pour le climat. On jugera sur pièces".


Car c'est une véritable accélération de la politique climatique de la France qui a été promise, alors que l'Etat a été condamné à deux reprises pour non respect de ses obligations en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, donnant du grain à moudre aux pourfendeurs de "l'inaction climatique" des gouvernements passés d'Emmanuel Macron.


Le pays ne respecte en effet pas ses engagements, fixés dans le cadre de l'Union européenne, pour une trajectoire de réduction de 40% d'ici à 2030 par rapport à 1990. Et ce alors même que l'UE a rehaussé ses objectifs à une réduction de 55% des émissions en 2030 et vise la neutralité carbone en 2050. La répartition nationale des efforts est en cours de négociation.


L'exécutif assure pourtant que sa politique climatique "est à la hauteur de l'objectif actuel de réduction de 40%" des émissions et que le bilan des émissions françaises pour 2021, attendu dans les prochaines semaines, sera dans les clous fixés par la "stratégie nationale bas carbone" (dont les plafonds ont toutefois été relevés pendant le premier quinquennat Macron, repoussant les efforts dans le temps).


Côté industries de la transition, les nominations étaient par contre plutôt bien accueillies.


Agnès Pannier-Runacher "a un passé industriel, et un de nos enjeux est de construire la filière industrielle du solaire français" dit à l'AFP Daniel Bour, président du syndicat du solaire Enerplan. 


Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, relève que l'architecture gouvernementale "correspond aux engagements". Mais "l'important est la feuille de route (...) pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables, et on ne la connaît pas encore exactement".


La première chose que les industriels demandent est simple: accélérer la délivrance des permis d'installation de projets d'énergies renouvelables, et réduire les délais, qui peuvent aujourd'hui approcher dix ans pour l'éolien en mer.


"C'est vrai qu'on patine un peu…", admettait le prédécesseur de Mme Borne, Jean Castex. Sur les éoliennes et les parcs solaires, disait-il, "c'est très français: on est pour, mais chez le voisin".


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
Short Url
  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

Short Url
  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Short Url
  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).