«Ce n'est pas une vie!»: nouvel appel à rapatrier les enfants français de Syrie

Des orphelins, de diverses nationalités dont deux Français, se rassemblent au camp kurde d'al-Hol, le 25 janvier 2020 (Photo, AFP).
Des orphelins, de diverses nationalités dont deux Français, se rassemblent au camp kurde d'al-Hol, le 25 janvier 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 21 mai 2022

«Ce n'est pas une vie!»: nouvel appel à rapatrier les enfants français de Syrie

  • Environ 80 Françaises parties rejoindre le groupe Etat islamique (EI) sont actuellement détenues sans jugement avec 200 enfants
  • Marie Dosé, avocate de plusieurs femmes et enfants français retenus en Syrie, regrette amèrement le rapatriement avorté de début 2019

LYON: "Ce n'est pas une vie!": des membres du "Collectif des familles unies" regroupant familles ou proches de jihadistes ont à nouveau appelé la  France à rapatrier les femmes  prisonnières des camps en Syrie et leurs enfants, "victimes et innocents".

Environ 80 Françaises parties rejoindre le groupe Etat islamique (EI) sont actuellement détenues sans jugement avec 200 enfants dans le camp kurde de Roj, dans le nord-est de la Syrie.

"Toutes les familles françaises sont regroupées dans ce camp depuis l'été 2020", rappelle Marc*, au nom du collectif, lors d'une conférence de presse organisée à Lyon par le député écologiste Hubert Julien-Laferrière à l'approche des élections législatives.

Ses quatre petits-enfants sont arrivés à Roj avec leur mère - sa belle-fille -  en avril 2018. Ils avaient alors huit, trois et deux ans. Le dernier y est né en octobre 2018 "dans des conditions assez précaires", résume-t-il pudiquement.

"Ca fait 1.501 jours qu'ils y sont", ils vivent dans des tentes, ont droit à "un semblant d'école -en arabe ou en kurde-, sont mal soignés, mal nourris, n'ont pas de suivi psychologique et sont en proie à l'insécurité".

D'autres croupissent depuis 2017 dans ce camp entouré de barbelés, au milieu du désert, non loin des frontières turque et irakienne, sous bonne garde des forces semi-autonomes kurdes. Des conditions "épouvantables", selon l'ONU.

Marc s'inquiète aussi de la menace de Daesh, qui "n'a jamais caché sa priorité de libérer les prisons et camps de djihadistes".

"On est réduit à voir de loin nos petits-enfants grandir et survivre, année après année, d'étés caniculaires en hivers glacials, de maladie en maladie", regrette-t-il.

Car depuis toutes ces années, dit-il, "rien a changé dans l'attitude du gouvernement français, qui fait preuve d'un mépris total pour la vie de ces enfants".

Contrairement à ses voisins européens, comme l’Allemagne ou la Belgique, Paris maintient une politique décriée de retour au compte-goutte, avec seulement 35 enfants rapatriés à ce jour selon le collectif.

Un statu quo critiqué par le Comité des droits de l'enfant de l’ONU, qui dénonçait en février le "viol du droit à la vie" des enfants français, par Amnesty international qui a déploré en avril leur maintien en détention "au mépris des règles du droit" ou par la défenseure des droits Claire Hédon, qui a réclamé leur rapatriement "dans les meilleurs délais". 

Marie Dosé, avocate de plusieurs femmes et enfants français retenus en Syrie, regrette amèrement le rapatriement avorté de début 2019, selon elle "suspendu par l'Elysée" sur fond de crise des "gilets jaunes" puis de situation sanitaire.

"Maintenant, il n'y a plus d'enjeu électoral pour le président, c'est maintenant qu'il faut les rapatrier", insiste Me Dosé, en rappelant que lors du grand débat télévisé entre les deux tours de la présidentielle, Emmanuel Macron avait assuré que la protection de l’enfance serait au cœur de son deuxième mandat. 

Impensable

Marc estime que ses petits-enfants ont "eu de la chance" dans leur malheur, car "ils ont été transférés directement dans le camp sans avoir connu la prison, contrairement à d'autres enfants français qui ont passés des mois dans des conditions effroyables", avant d'arriver à Roj. 

En outre, "ils n'ont pas connu l'horreur de Baghouz", la féroce bataille qui a précipité la chute du "califat" de l'EI en 2019 "et ils n'ont pas été blessés comme d'autres enfants français qui n'ont jamais été soignés et vivent avec des mâchoires perforées, des morceaux de métal dans le corps..."

Le fil ténu entretenu entre ces grands-parents et leurs petits enfants réside dans une poignée de messages, vidéos et photos échangés au fil des mois. Si les fouilles sont fréquentes et peuvent conduire dans des geôles souterraines, quelques téléphones circulent à Roj.

"Ce qui est très important c'est garder le lien avec la France et la famille. Grâce au téléphone, ces enfants nous connaissent et savent qu'on est là pour eux", explique Suzanne*, l'épouse de Marc, qui préfère rester évasive sur la situation de son fils actuellement détenu en Irak

"Notre combat ne s'arrêtera pas tant que ces enfants ne seront pas rentrés... c'est impensable de les laisser là-bas", tonne-t-elle. 

Son époux insiste:"les plus petits commencent à avoir 6, 7 ans, et ils se rendent compte qu'ils sont prisonniers (....) Ils nous disent : +Faut nous sortir d'ici, on n'en peut plus+".


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.