Xinjiang: les allégations de violations des droits de l'Homme par la Chine

Des militants protestent contre les Jeux Olympiques d'hiver de Pékin 2022 devant le consulat de Chine à Los Angeles, Californie, le 3 février 2022 (Photo, AFP).
Des militants protestent contre les Jeux Olympiques d'hiver de Pékin 2022 devant le consulat de Chine à Los Angeles, Californie, le 3 février 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 22 mai 2022

Xinjiang: les allégations de violations des droits de l'Homme par la Chine

  • Les organisations de défense des droits de l'Homme accusent la chine d'enfermement de masse, travail forcé, stérilisations et annihilation culturelle
  • Quelque 16.000 mosquées du Xinjiang, soit les deux tiers du nombre total dans la province, ont été détruites

PEKIN: Enfermement de masse, travail forcé, stérilisations et annihilation culturelle: ce sont là les accusations formulées par les organisations de défense des droits de l'Homme contre la Chine au Xinjiang.

Pékin nie toute persécution des minorités musulmanes dans la province de l'extrême-est du pays, et soutient que sa politique sur place a permis d'éradiquer le terrorisme et de relancer l'économie locale.

Les Etats-Unis affirment que la Chine commet un "génocide" à l'encontre des Ouïghours - qui représentent près de la moitié de la population du Xinjiang avec 12 millions d'habitants - et ont imposé des sanctions en réponse. La Chine dément vigoureusement et qualifie ces allégations de "mensonge du siècle".

Enfermement de masse

Selon plusieurs chercheurs, les autorités chinoises ont interné plus d'un million de Ouïghours et d'autres personnes issues d'ethnies musulmanes dans des centres de détention et des prisons de la province.

Pékin conteste ce chiffre et explique qu'il s'agit de "centres de formation professionnelle" destinés à combattre le radicalisme islamiste.

Mais d'anciens détenus ont témoignés de viols et de tortures à l'intérieur de ces camps, et un endoctrinement politique de la part d'officiels chinois, le tout encadré par un système de surveillance omniprésent.

Des gardes équipés de gaz lacrymogènes, de pistolets à impulsion électrique ou paralysants et de matraques à pointes contrôlent ces centres entourés de barbelés et de caméras infrarouges, selon des documents gouvernementaux examinés par l'AFP en 2018.

La fuite d'une série de données gouvernementales, notamment un dossier confidentiel datant de 2019 connu sous le nom de "Xinjiang Papers", a permis de mieux comprendre l'ampleur de la stratégie d'internement de Pékin.

D'autres documents obtenus par le professeur de l'Université de Sheffield David Tobin et vus par l'AFP montrent comment les fonctionnaires du nord de la région ont été mobilisés pour cibler systématiquement les musulmans.

L'un de ces documents est un manuel publié en 2016, détaillant les techniques d'interrogatoire et incitant les fonctionnaires à se méfier des imams "sauvages" ou encore des adeptes religieux "à deux visages".

Travail forcé

La Chine est aussi accusée d'enrôler des Ouïghours dans des programmes de "transfert de main d'oeuvre" forcée, liés à des chaînes d'approvisionnement internationales de divers secteurs allant des vêtements aux voitures.  

Selon Pékin, ces initiatives permettent de réduire la pauvreté en procurant des emplois bien rémunérés pour des résidents ruraux à faible revenu.

Mais des recherches indiquent que les autorités ont contraint des dizaines de milliers de personnes à travailler dans des champs et usines au sein d'un système lié aux camps de détention.

L'année dernière, les Etats-Unis ont adopté une loi interdisant l'importation de produits fabriqués par le travail forcé au Xinjiang. 

En avril, la Chine a pour sa part affirmé avoir ratifié deux conventions internationales contre le travail forcé.

- Stérilisations -
Selon des universitaires et militants d'ONG, les mesures de contrôle des naissances très strictes prises au Xinjiang depuis 2017 - notamment les quotas de stérilisations et de pose de stérilets - font partie d'une tentative délibérée de réduire les naissances chez les minorités ethniques.

La Chine a réfuté ces affirmations, et avance que la baisse du taux de natalité reflète le développement économique régional et l'évolution des normes sociales.

La croissance de la population dans certains comtés du Xinjiang où vivent de nombreuses minorités a fortement ralenti entre 2017 et 2019, selon des documents de recherche citant les statistiques des gouvernements locaux.

Et ce alors même que le gouvernement central a exhorté la population, essentiellement composée de Han, à avoir davantage d'enfants afin d'éviter une crise démographique.

Annihilation culturelle

La Chine a mené un combat contre les pratiques religieuses, culturelles et linguistiques ouïghoures ces dernières années, selon des chercheurs et des Ouïghours résidant hors du pays.

Quelque 16.000 mosquées du Xinjiang, soit les deux tiers du nombre total dans la province, ont été détruites ou endommagées en application de politiques gouvernementales depuis 2017, selon l'Australian Strategic Policy Institute.

Lors d'un voyage en 2019 dans la région, des journalistes de l'AFP ont visité plusieurs lieux saints qui avaient été rasés ou affectés à d'autres usages.

Les Ouïghours auraient par ailleurs subi des pressions pour ne pas parler leur langue et pour abandonner les coutumes islamiques comme la prière, la possession de livres saints et le port de longues barbes.


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.