En Irak, la vie suspendue des familles rentrées de Syrie

Avec plusieurs milliers de femmes et d'enfants irakiens retenus à Al-Hol, Bagdad a fait le pari du rapatriement (Photo, AFP).
Avec plusieurs milliers de femmes et d'enfants irakiens retenus à Al-Hol, Bagdad a fait le pari du rapatriement (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 22 mai 2022

En Irak, la vie suspendue des familles rentrées de Syrie

  • Ici vivent plus de 450 familles venues en plusieurs vagues
  • Des ONG fournissent services et activités

CAMP DE JADAA: Avant de pouvoir retrouver sa famille en Irak, Awatef Massoud doit d'abord passer quelques mois dans un camp administré par les autorités. Objectif: s'assurer que ces Irakiens revenant de Syrie n'ont pas de liens avec le groupe djihadiste Etat islamique (EI).

Installée au camp de Jadaa dans le nord de l'Irak, la trentenaire est rentrée avec deux de ses enfants, après trois années passées dans le camp d'Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie voisine, où des familles syriennes et irakiennes côtoient des proches de djihadistes.

Avec plusieurs milliers de femmes et d'enfants irakiens retenus à Al-Hol, Bagdad a fait le pari du rapatriement. Même si, dans un Irak où l'EI fit un temps régner la terreur, ces retours restent un dossier sensible et posent l'épineuse question de la réconciliation, parfois au niveau du village.

Mme Massoud assure que son mari a été tué par l'EI mais reconnaît que sa belle-famille "faisait autrefois partie de l'organisation".

Mais "maintenant, je ne sais pas", tempère-t-elle.

Ses deux enfants qui sont avec elle vont à l'école publique du camp de Jadaa et "ont commencé les examens". Ses trois autres enfants, mineurs, sont encore à Al-Hol. "J'attends leur retour et après je veux rentrer dans ma famille."

Autour d'elle s'alignent de frêles tentes faites de bâches bleues. Le camp est présenté par les autorités comme un "centre de réhabilitation sociale" accueillant les Irakiens revenant de Syrie. 

Ici vivent plus de 450 familles venues en plusieurs vagues. Des ONG fournissent services et activités.

Des femmes interrogées par l'AFP à Jadaa reconnaissent avoir eu un mari ou un proche affilié à l'EI. D'autres nient tout lien.

«Stigmates de l'EI»

Seul "un nombre très limité" de familles "a été influencé" par l'idéologie des djihadistes, assure à l'AFP Khaled Abdel Karim, chargé de l'administration du camp.

Des agents de la sûreté nationale et des "experts spécialisés en soutien psychologique" rencontrent les familles et leur font remplir des questionnaires pour identifier toute éventuelle dérive idéologique, explique-t-il.

"Nous avons toute une équipe" pour aider les résidents à dépasser "les stigmates liés à l'EI".

"A travers nos contacts quotidiens, nous constatons qu'il n'y a pas de rejet de nos activités", poursuit-il. "Que ce soit la mixité homme/femme, ou la tenue vestimentaire, rien ne signale une pensée extrémiste."

Les familles reçoivent également une assistance pour leur permettre d'obtenir les documents officiels leur manquant et reprendre une vie normale.

En attendant leur sortie, les résidents de Jadaa reçoivent quatre fois par mois des visites familiales.

Plus d'une centaine de familles ont été autorisées à partir du camp pour rallier les provinces d'Al-Anbar (ouest) ou celle de Salaheddine (nord), ou encore la région de Ninive, où se trouve Jadaa.

Environ 30 000 Irakiens, dont 20 000 enfants, se trouvent dans le camp d'Al-Hol contrôlé par des forces kurdes syriennes, à moins de 10 km de la frontière avec l'Irak.

En mai, le chef de la diplomatie irakienne Fouad Hussein réitérait l'engagement de son pays à rapatrier les familles d'Al-Hol, après "des contrôles sécuritaires".

Il réclamait un soutien international pour monter des "programmes de réintégration".

Réconciliation nécessaire

Mais le retour de ces familles dans leurs régions nécessite des accords de réconciliation, souvent parrainés par les chefs de tribus locaux.

Autrement, "les familles considérées comme affiliées à l'EI voient souvent leur retour entravé par des acteurs de sécurité", sont "rejetées par leur communauté et sont exposées à un risque élevé d'attaques de représailles", selon une étude de la Banque mondiale.

Car les villages d'accueil peuvent craindre que le retour de familles soupçonnées "d'avoir soutenu ou de soutenir l'EI déstabilisera leur communauté et créera de nouveaux risques de sécurité".

Chaïma Ali, 41 ans, veut rentrer chez elle à Al-Qaïm (ouest) même si elle s'inquiète de l'accueil qui l'attend.

"Nous espérons que les habitants vont nous accepter. Ils disent que nous faisons partie de l'EI. Je ne nie pas que mon mari était un membre de l'organisation. Mais si lui était avec l'EI, est-ce que ça veut dire que j'étais comme lui?", déplore-t-elle.

Après cinq ans d'exil en Syrie, seul lui importe le sort de ses deux filles. "Mon avenir est peut-être perdu, mais je ne veux pas qu'elles perdent le leur."


Sommet à Doha pour discuter de la riposte arabo-islamique à l’attaque israélienne contre le Qatar

Une photo prise le 15 octobre 2022 montre une vue de la ligne d'horizon de la capitale qatarie Doha. (AFP)
Une photo prise le 15 octobre 2022 montre une vue de la ligne d'horizon de la capitale qatarie Doha. (AFP)
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  • Un sommet arabo-islamique extraordinaire discutera de l’attaque israélienne contre l’État du Qatar ciblant des hauts responsables du Hamas

DUBAÏ : Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a déclaré samedi qu’un sommet arabo-islamique d’urgence, qui se tiendra dans la capitale Doha, discutera d’un projet de résolution concernant l’attaque israélienne contre l’État du Golfe, selon l’Agence de presse du Qatar (QNA).

« Le sommet examinera un projet de résolution sur l’attaque israélienne contre l’État du Qatar, présenté par la réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères arabes et islamiques, prévue demain dimanche », a déclaré à la QNA le porte-parole du ministère, Majid ben Mohammed Al Ansari.

Le ministère avait annoncé plus tôt que Doha accueillerait un sommet arabo-islamique extraordinaire pour débattre de l’attaque israélienne contre l’État du Qatar visant des dirigeants de haut rang du Hamas.

Al Ansari a souligné que « la tenue de ce sommet arabo-islamique à ce moment précis revêt une importance particulière, car elle reflète la large solidarité arabe et islamique avec l’État du Qatar face à l’agression israélienne lâche ».

La réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères se tiendra dimanche. Le sommet débutera lundi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza : Israël affirme que 250 000 habitants ont fui la ville, 32 morts dans de nouvelles frappes

Les habitants de Gaza ont déclaré que le coût du voyage vers le sud était prohibitif et qu'il n'y avait plus d'espace pour planter des tentes dans les zones désignées. (AFP)
Les habitants de Gaza ont déclaré que le coût du voyage vers le sud était prohibitif et qu'il n'y avait plus d'espace pour planter des tentes dans les zones désignées. (AFP)
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  • Plus de 250 000 habitants auraient fui Gaza-ville ces dernières semaines, selon l'armée israélienne qui multiplie les frappes et ordonne des évacuations massives, malgré les risques humanitaires
  • La guerre, déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, a causé plus de 64 000 morts à Gaza selon le ministère de la Santé local

Jérusalem: L'armée israélienne a affirmé samedi que plus de 250.000 habitants avaient quitté ces dernières semaines la ville de Gaza vers d'autres secteurs du territoire palestinien, après une intensification des bombardements et raids israéliens.

De son côté, la Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de cinq Palestiniens tués depuis l'aube dans les bombardements israéliens, au lendemain de la mort selon elle d'au moins 50 personnes à travers le territoire assiégé et dévasté par 23 mois de guerre.

"Selon les estimations de l'armée, plus d'un quart du million d'habitants de la ville de Gaza l'ont quittée pour leur propre sécurité", a déclaré le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, sur X.

Selon des estimations récentes de l'ONU, environ un million de Palestiniens vivent dans et autour de la ville de Gaza, la plus grande du territoire.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée dit vouloir prendre le contrôle de Gaza-ville, qu'elle présente comme l'un des derniers bastions du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Samedi, l'armée de l'air israélienne a largué des tracts exhortant les habitants des quartiers ouest de la ville à les évacuer, alors que la Défense civile locale a fait état de frappes aériennes continues.

"L'armée agit avec force dans votre secteur et est déterminée à démanteler et à vaincre le Hamas", pouvait-on lire dans le tract. "Pour votre sécurité, évacuez immédiatement via la rue al-Rachid vers le sud (du territoire). Vous avez été prévenus."

Les forces israéliennes ont détruit plusieurs tours d'habitation à Gaza-ville ces derniers jours, l'armée affirmant son intention d'"intensifier le rythme (de ses) frappes ciblées (...) afin de nuire aux infrastructures terroristes du Hamas (...) et réduire la menace pour (ses) troupes".

De nombreux acteurs humanitaires jugent que le déplacement une nouvelle fois de la population du nord vers le sud du territoire est impossible et dangereux.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des sources officielles israéliennes.

L'offensive israélienne menée en riposte à fait au moins 64.756 morts dans la bande de Gaza, selon des données du ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. Elle a aussi dévasté le territoire palestinien et provoqué un désastre humanitaire.

L'ONU a déclaré la famine à Gaza. Israël, qui assiège le territoire, dément.


Le Liban fait état d'une personne tuée dans une frappe israélienne dans le sud

Des panaches de fumée s'élèvent après une frappe israélienne sur la colline d'Ain el-Taher dans le village de Nabatiyeh al-Faouqa, au sud du Liban, le 31 août 2025. (AFP)
Des panaches de fumée s'élèvent après une frappe israélienne sur la colline d'Ain el-Taher dans le village de Nabatiyeh al-Faouqa, au sud du Liban, le 31 août 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi lors d'une attaque israélienne dans le sud du Liban, dans un contexte de raids réguliers visant le Hezbollah malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis novembre 2024
  • Le gouvernement libanais, sous pression américaine, a chargé son armée de désarmer le Hezbollah dans le sud du pays d’ici trois mois

BEYROUTH: Le ministère libanais de la Santé a indiqué vendredi qu'une personne avait été tuée dans une frappe israélienne dans le sud, où Israël mène régulièrement des raids disant viser le Hezbollah.

"Une frappe ennemie israélienne sur la ville d'Aitaroun a tué une personne", a déclaré le ministère dans un communiqué.

L'armée israélienne continue de mener des attaques régulières au Liban, affirmant cibler des membres ou sites du Hezbollah, malgré l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Jeudi, le ministère de la Santé avait annoncé la mort d'une personne dans une frappe de drone israélienne dans le sud, après des attaques israéliennes lundi dans l'est du pays ayant tué cinq personnes.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah.

Selon Beyrouth, l’armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël.