Au procès du crash de la Yemenia, les mots de la seule survivante

Bahia Bakari, survivante du crash, quitte la salle d'audience pour une pause au Palais de justice de Paris, le 9 mai 2022, lors de l'audience d'ouverture dans l'affaire du crash d'un vol Yemenia Airways en 2009 qui a tué les 152 passagers et membres d'équipage. (AFP).
Bahia Bakari, survivante du crash, quitte la salle d'audience pour une pause au Palais de justice de Paris, le 9 mai 2022, lors de l'audience d'ouverture dans l'affaire du crash d'un vol Yemenia Airways en 2009 qui a tué les 152 passagers et membres d'équipage. (AFP).
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Publié le Lundi 23 mai 2022

Au procès du crash de la Yemenia, les mots de la seule survivante

  • Aujourd'hui âgée de 25 ans, Bahia Bakari a assisté avec son père à plusieurs audiences depuis le début du procès le 9 mai, sans s'exprimer devant la presse
  • Elle y expliquait se souvenir que l'avion, «plus vétuste» que le premier, s'était mis à «tanguer de plus en plus» et qu'elle avait ensuite ressenti une «une explosion gigantesque»

PARIS : Un "trou noir" puis des heures dans l'eau, "agrippée à un débris d'avion": la seule rescapée du crash qui a fait 152 morts en 2009 au large des Comores a témoigné lundi à Paris au procès de la compagnie qui opérait le vol, la Yemenia Airways.

Bahia Bakari, 25 ans, s'est avancé à la barre peu après 10H00 (08H00 GMT). Elle a souri en déclinant son identité, avant de se lancer dans un récit calme et précis de la nuit de l'accident auquel elle a miraculeusement survécu, il y a près de treize ans.

Elle avait 12 ans quand elle est partie le 29 juin 2009 de l'aéroport parisien Roissy-Charles de Gaulle avec sa mère pour assister aux Comores au mariage de son grand-père. Après une étape à Marseille (sud de la France), elles avaient changé d'avion à Sanaa, au Yémen.

Ce "second avion", un A310, était "plus petit, il y avait des mouches à bord et une forte odeur de toilette", décrit-elle. Mais ce "vol de nuit" s'était "passé très normalement", jusqu'à l'atterrissage.

A l'approche de Moroni, la capitale des Comores, "je commence à sentir des turbulences, mais personne ne réagit plus que ça, donc je me dis que ça doit être normal", raconte-t-elle.

«Une décharge électrique»

Puis, "je sens comme une décharge électrique dans tout mon corps". "J'ai un trou noir entre le moment où j'étais assise dans l'avion et le moment où je me retrouve dans l'eau".

Serrés sur les bancs de la salle d'audience, plus d'une centaine de parties civiles l'écoutent en silence.

Dans les vagues, "en face de moi, je vois trois débris, j'agrippe le plus grand en essayant de monter dessus mais je n'y arrive pas", poursuit Bahia Bakari, les cheveux noirs rassemblés en chignon, en chemise et pantalon blancs.

"Je prends conscience des voix qui appellent à l'aide en comorien, je crie mais un peu sans espoir, parce que je réalise bien qu'il n'y a que la mer autour de moi".

"Je finis par m'endormir agrippée au débris d'avion. Quand je me réveille, le jour se lève, j'entends plus personne". Au loin, elle voit la côte, essaie de la "rejoindre" mais "la mer est très agitée", raconte-t-elle, décrivant "le goût de kérosène" qu'elle avait dans la bouche. 

La pensée de sa mère

"Je ne voyais pas comment j'allais m'en sortir". C'est la pensée de "sa mère", "très protectrice", qui la fait tenir. Elle sera finalement secourue par un bateau après une dizaine d'heures dans l'eau.

Elle s'est alors convaincue que "tout le monde est arrivé" et qu'elle est "la seule à être tombée" de l'avion. C'est "une psychologue, à l'hôpital", qui lui annonce qu'elle est "la seule qu'on a retrouvée".

Bahia Bakari, née dans l'Essonne, en région parisienne, de parents comoriens le 15 août 1996, souffrait de fractures et de brûlures aux jambes.

Rapatriée en France, elle avait reçu la visite du président Nicolas Sarkozy.

La justice française avait ouvert une enquête du fait de la présence parmi les victimes de 66 Français.

Les expertises ont conclu que l'accident était dû à une série d'erreurs de pilotage, écartant l'hypothèse d'un missile, d'une défaillance technique de l'avion et de la foudre.

Yemenia Airways, qui opérait le vol IY626, est soupçonnée de "manquements" en lien avec l'accident: il lui est reproché d'avoir maintenu les vols de nuit pour Moroni malgré la panne de feux signalant les obstacles à proximité de l'aéroport et d'avoir insuffisamment formé ses pilotes.

Depuis l'ouverture du procès, le banc des prévenus est vide: aucun représentant de la compagnie n'est présent à cause de la guerre qui fait rage au Yémen, selon la défense.

Interrogée sur cette absence par un avocat des familles, Bahia Bakari la regrette: "J'aurais aimé qu’ils nous écoutent" et "avoir des excuses".

Le procès doit s'achever le 2 juin.


Le budget de la Sécurité sociale et son débat sur les retraites suspendus au vote sur les "recettes"

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
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  • Les députés doivent voter sur la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, dont le rejet bloquerait l’examen de la suspension de la réforme des retraites prévue dans la partie « dépenses »
  • Malgré les divisions, le gouvernement appelle à la responsabilité pour éviter un blocage, tandis que les oppositions cherchent à peser sur le déficit et la répartition des recettes

PARIS: Le budget de la Sécurité sociale va-t-il poursuivre son chemin à l'Assemblée? Les députés doivent se prononcer, potentiellement samedi, sur sa partie "recettes" largement remaniée, et dont le rejet interromprait les débats avant même l'article-phare suspendant la réforme des retraites.

Signe de l'importance du moment, le ministère des Relations avec le Parlement a appelé les députés à adopter cette partie du texte pour que le débat "se poursuive" sur les dépenses, avant un vote sur l'ensemble du texte prévu mercredi, plutôt que d'envoyer dès ce week-end tout le projet de loi initial au Sénat. Laconique, et s'exprimant depuis le Mexique, Emmanuel Macron a tout de même répété ses vœux de "stabilité" pour le pays, en misant sur "la responsabilité de chacun" dans l'examen de ce budget.

La partie "dépenses" contient des "sujets de santé, de prévention, d'hôpital" et "la suspension de la réforme des retraites", rappelle le ministère.

Un message nécessairement adressé aux oppositions, mais qui peut aussi se lire comme un appel à la mobilisation de son propre camp, échaudé par certaines concessions à la gauche.

"On est loyal à un gouvernement qui fait n'importe quoi", s'est emporté anonymement cette semaine un député Renaissance.

L'opportunité d'aborder tous les sujets pèse à gauche: "on ne votera pas contre la partie recettes, ne serait-ce que parce qu'on veut qu'il y ait le débat sur la réforme des retraites", a expliqué à l'AFP Stéphane Peu, patron du groupe communiste, qui devrait s'abstenir.

Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN, pense que tous les groupes ont "intérêt à ce qu'on aborde les dépenses" car "ce n'est pas bon de laisser entendre aux Français que quand on parle de budget on ne parle que de fiscalité". Mais la décision sera actée par la patronne Marine Le Pen.

Le gouvernement espérera nécessairement une abstention des socialistes plutôt qu'un vote contre, alors que le PS, qui a obtenu sous la menace d'une censure l'annonce d'une suspension de la réforme des retraites, a un intérêt objectif à ce que les débats aillent jusqu'à cet article crucial.

- Quel déficit? -

Les oppositions, mais aussi une partie du camp gouvernemental, peuvent aussi se targuer d'avoir largement réécrit la partie recettes: exit la surtaxe sur les mutuelles, la cotisation patronale sur les tickets-restaurants ou la fin d'une exonération sur les salaires des apprentis.

Et la gauche a aussi fait adopter des amendements PS, LFI et communiste pour une hausse de CSG sur les revenus du patrimoine, et dégager 2,8 milliards de recettes en 2026. Le tout avec un avis favorable, quoique très froid, du gouvernement, qui n'a pas approuvé le dispositif mais veut qu'il reste sur la table pour la suite de la navette parlementaire.

"C'est la seule chose, pour l'instant, qu'ils ont cédée. Si les choses ne changent pas (...) ce sera un vote contre", estimait vendredi après-midi Hendrik Davi, du groupe écologiste, qui décidera samedi de sa position.

"J'aurais bien aimé qu'il y ait un petit peu plus de recettes", pointait aussi Jérôme Guedj (PS) vendredi, déçu du manque de soutien à certaines réductions d'exonérations patronales. "Il faut qu'on voit à la fin ce qu'il y a."

Plus d'impôts, moins de dépenses... Tous les groupes s'inquiètent à leur manière de la façon dont sera réduit le déficit de la Sécu. La copie du gouvernement prévoyait 17,5 milliards d'euros de déficit en 2026 (contre 23 milliards en 2025).

Mais le feu nourri des parlementaires contre plusieurs mesures-phares, comme le gel des retraites et des minima sociaux auquel le gouvernement entend renoncer, éloigne l'objectif.

"Il faudra nous assurer que, de manière absolue, le déficit de la sécurité sociale ne soit pas supérieur à 20 milliards d'euros", a insisté mercredi la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Une alerte perçue comme une marge de manœuvre par certains à gauche, qui considèrent que le gouvernement de Sébastien Lecornu est effectivement prêt à renoncer à certaines mesures d'économies.


La présidente du Louvre déterminée à mener à bien la modernisation du musée

 La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
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  • "J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui"
  • Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente

PARIS: La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes.

"J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui".

Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente, qui en avait déjà fait état lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat fin octobre.

"Je veux remercier la confiance qui m'est accordée" pour "porter la transformation du Louvre, qui a plus que jamais besoin de transformation, de modernisation, pour devenir pleinement un musée du XXIe siècle. Ce qu'il n'est pas aujourd'hui", a ajouté la présidente, dont la démission avait été refusée après le vol.

Laurence des Cars, en poste depuis septembre 2021, a convoqué un conseil d'administration d'urgence vendredi pour revoir la gouvernance du musée le plus visité du monde.

Le 19 octobre, des malfaiteurs avaient réussi à s'introduire au Louvre et à dérober des joyaux d'une valeur de 88 millions d'euros, qui restent introuvables. Quatre suspects ont été mis en examen et écroués.

La Cour des comptes a étrillé jeudi le grand musée parisien dans un rapport en estimant qu'il avait "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.

Entre 2018 et 2024, le Louvre a consacré 26,7 millions d'euros à des travaux d'entretien et de mise aux normes et 105,4 millions d'euros "pour l'acquisition d'œuvres", selon le rapport.

Mais, pour Laurence des Cars, "le Louvre est un tout" dans "lequel il ne faut pas opposer les travaux aux acquisitions des oeuvres, l'accueil de tous les publics". "Nous avons assuré l'ensemble de nos missions".

 


Un jeune homme tué par arme blanche dans une rixe à Clermont-Ferrand

Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
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  • A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat
  • La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière

CLERMONT-FERRAND: Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP.

Une rixe est survenue entre deux groupes de personnes dans le centre de la ville en fin de soirée pour un motif encore inconnu, a expliqué Eric Serfass.

A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat.

La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière.

Il n'y a pas eu d'autres blessés et aucune interpellation n'a encore eu lieu, selon le procureur.

Une enquête pour homicide volontaire est ouverte.