Ukraine: Condamnation pour crimes de guerre, Zelensky ne veut «aucun commerce» avec la Russie

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky donne une conférence de presse à la suite de sa rencontre avec son homologue polonais à Kiev le 22 mai 2022 (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky donne une conférence de presse à la suite de sa rencontre avec son homologue polonais à Kiev le 22 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 24 mai 2022

Ukraine: Condamnation pour crimes de guerre, Zelensky ne veut «aucun commerce» avec la Russie

  • De nombreuses multinationales ont déjà quitté la Russie
  • Selon le parquet ukrainien, le pays a ouvert plus de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre

KIEV: Un soldat russe a été condamné lundi à Kiev à la prison à vie pour le meurtre d'un civil, la première condamnation pour crimes de guerre en Ukraine depuis l'offensive de Moscou, alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky réclamait à Davos des sanctions internationales "maximum" contre la Russie.

Cet appel du chef de l'Etat ukrainien aux dirigeants politiques et économiques mondiaux, lors d'une visioconférence à l'ouverture du Forum économique mondial (WEF) de Davos, en Suisse, intervient trois mois après le début de l'invasion russe le 24 février, et au moment où les autorités ukrainiennes disent souffrir "de plus en plus" dans le Donbass (est) face à la puissance de feu des troupes russes.

A Kiev, le verdict dans le premier procès pour crimes de guerre est tombé. Un soldat russe de 21 ans, Vadim Chichimarine, qui a reconnu avoir tué, au début de l'offensive russe, un civil de 62 ans qui poussait son vélo tout en téléphonant, a été reconnu coupable par un tribunal de la capitale.

Le soldat au visage juvénile et au crâne rasé a écouté le verdict, seul dans un box de verre. "Le meurtre a été commis avec une intention directe", a déclaré le juge. "Chichimarine a violé les lois et coutumes de la guerre".

Lors du procès la semaine dernière, Vadim Chichimarine avait reconnu avoir abattu le sexagénaire mais avait "demandé pardon" à la veuve de la victime, justifiant son acte par les "ordres" reçus à ce moment-là.

Des arguments balayés par l'accusation qui avait réclamé la perpétuité. "Il exécutait un ordre criminel et en était bien conscient", a lancé un des procureurs.

Le soldat fera appel de sa condamnation, selon son avocat. 

Selon le parquet ukrainien, le pays a ouvert plus de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre depuis le début du conflit.

Davantage d'armes

Dans son intervention diffusée à Davos devant le gratin de l'économie mondiale, dont les Russes ont été exclus cette année, Volodymyr Zelensky a exhorté la communauté internationale à prendre les sanctions "maximum" et à ne plus avoir "aucun commerce avec la Russie".

Il a aussi réclamé davantage d'armes pour son pays: "L'Ukraine a besoin de toutes les armes que nous demandons, pas seulement de celles qui ont été fournies".

Lors d'une réunion virtuelle du "Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine", 44 pays ont discuté lundi de l'assistance militaire à apporter à l'Ukraine. Vingt d'entre eux se sont engagés à fournir des armes supplémentaires à l'Ukraine, et d'autres entraîneront l'armée ukrainienne, a annoncé le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin.

Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov a dit "espérer pouvoir présenter les résultats de l'utilisation" des armes promises lundi, "qui devraient changer la donne sur le champ de bataille!".

Les pays occidentaux ont envoyé d'immenses quantités d'armes et d'argent à l'Ukraine et instauré des sanctions économiques sans précédent contre Moscou.

De nombreuses multinationales ont déjà quitté la Russie. Le géant américain Starbucks a annoncé lundi qu'il allait fermer ses 130 cafés dans le pays, comme l'avait déjà fait McDonald's la semaine dernière.

Depuis Tokyo, le président américain Joe Biden a lui aussi maintenu la pression sur Moscou, rappelant que la Russie devait "payer un prix à long terme" en matière de sanctions imposées par les Etats-Unis et leurs alliés, au vu de sa "barbarie en Ukraine" .

"Il ne s'agit pas seulement de l'Ukraine", a insisté le président américain. Car si "les sanctions n'étaient pas maintenues à de nombreux égards, alors quel signal cela enverrait-il à la Chine sur le coût d'une tentative de prise de Taïwan par la force ?". 

Une «vraie guerre»

Si les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont renoncé à importer du pétrole russe, l'Union européenne a du mal à se mettre d'accord sur le sujet, car certains de ses pays membres sont très dépendants du gaz et du pétrole russes.

Au terme d'une réunion infructueuse sur le sujet il y a une semaine à Bruxelles, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a concédé que finaliser le 6e paquet de sanctions contre la Russie prendrait "du temps". Un sommet européen extraordinaire est prévu les 30 et 31 mai.

"Nous comprenons que l'Europe essaye d'estimer le coût que cela va avoir pour son économie. Mais de l'autre côté, il y a l'Ukraine, il y a une vraie guerre", a insisté la ministre ukrainienne de l'Economie Ioulia Svyrydenko, venue elle aussi à Davos.

"La Russie veut détruire l'Ukraine (...) et menace le monde de famine. On n'a définitivement pas le temps de faire de l'analyse. Nous avons besoin de couper la Russie du monde civilisé, complètement", a-t-elle martelé. 

Toujours en Suisse, un diplomate russe basé à Genève et opposé à la guerre, Boris Bondarev, a démissionné avec fracas, affirmant dans une lettre rendue publique que "jamais" il n'avait eu "autant honte" de son pays.

Severodonetsk comme Marioupol 

Sur le terrain, "les prochaines semaines de guerre seront difficiles", a prévenu lundi le président Zelensky dans son allocution télévisée du soir. "Les occupants russes s'efforcent de montrer qu'ils n'abandonneront pas les zones occupées de la région de Kharkiv (nord-est), qu’ils ne rendront pas la région de Kherson (sud), les territoires occupés de la région de Zaporijjia (sud-est) et le Donbass (est). Ils avancent quelque part. Ils renforcent leurs positions ailleurs". 

La situation est même "extrêmement difficile" dans le Donbass, où Moscou, qui y a rassemblé ses forces après avoir échoué à prendre Kiev, bombarde Severodonetsk intensément. 

Les Russes "cherchent à éliminer tout ce qui est vivant" dans la région, a accusé le président Zelensky. "Personne n'a détruit le Donbass comme les troupes russes le font maintenant". 

"Toutes les forces russes sont concentrées dans les régions de Lougansk et Donetsk", qui forment le Donbass, a affirmé Serguiï Gaïdaï, gouverneur du Lougansk, sur Telegram. 

Idem en matière d'armement: "Tout est concentré ici", selon le gouverneur, y compris les fameux systèmes antiaériens et antimissiles S-300 et S-400.

Point crucial de cette bataille du Donbass, Severodonetsk, dans la région de Lougansk, est bombardée "24 heures sur 24", s'est indigné M. Gaïdaï. "Ils utilisent la tactique de la terre brûlée, ils détruisent délibérément la ville" avec des bombardements aériens, des lance-roquettes multiples, des mortiers et des chars.

Le sort de Severodonetsk ressemble à celui de Marioupol, grand port du Sud-Est qui présente aujourd'hui un paysage apocalyptique après plusieurs semaines de siège. Plusieurs quartiers ne sont qu'enchevêtrements de tôles et de débris et barres d'immeubles éventrées par les explosions.

"A ce stade, je ne dirai pas +Sortez, évacuez+. Là je dis +Restez dans vos abris+", a dit le gouverneur, selon qui la Russie a lancé 12.500 hommes à l'attaque dans le Lougansk. 

Le ministère ukrainien de la Défense a aussi signalé de violents combats en cours près de Bakhmout et Popasna.

Dans la région de Donetsk, au moins trois personnes ont été tuées et six blessées dans des bombardements lundi, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko, après déjà sept morts dimanche.

A Kherson (sud), première grande ville prise par les Russes, l'administration locale prorusse a annoncé l'introduction du rouble comme monnaie officielle, en parallèle à la hryvnia ukrainienne.

Le président Zelensky a par ailleurs indiqué que 87 personnes avaient péri dans une frappe russe le 17 mai contre une base militaire dans le Nord. Ce nouveau bilan en fait l'un des bombardements russes les plus meurtriers depuis le début de la guerre.

"Depuis le 24 février, l'armée russe a effectué 1.474 frappes de missiles en Ukraine avec 2.275 missiles différents, en grande majorité contre des infrastructures civiles", a dénoncé le président. "Plus de 3.000 frappes aériennes en moins de trois mois. Quel autre pays a connu une telle intensité de frappes?"


Les célébrations de la Journée de l'Afrique à Riyad mettent l'accent sur l'unité et la croissance partagée

Le vice-ministre des Affaires étrangères Waleed Al-Khuraiji (au centre) avec le doyen du corps diplomatique et ambassadeur de Djibouti Dya-Eddine Said Bamakhrama et le doyen du groupe des ambassadeurs africains Iya Tidjani. (AN photo/Basheer Saleh)
Le vice-ministre des Affaires étrangères Waleed Al-Khuraiji (au centre) avec le doyen du corps diplomatique et ambassadeur de Djibouti Dya-Eddine Said Bamakhrama et le doyen du groupe des ambassadeurs africains Iya Tidjani. (AN photo/Basheer Saleh)
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  • Waleed Elkhereiji, a réaffirmé l'engagement de l'Arabie saoudite à renforcer la coopération et le partenariat avec les pays africains, à promouvoir le commerce et l'intégration et à améliorer la consultation et la coordination sur les questions communes.
  • Le ministre saoudien présente un plan d'investissement de 25 milliards de dollars et une présence diplomatique accrue sur le continent.

RIYAD : Le vice-ministre des affaires étrangères, Waleed Elkhereiji, a réaffirmé l'engagement de l'Arabie saoudite à renforcer la coopération et le partenariat avec les pays africains, à promouvoir le commerce et l'intégration et à améliorer la consultation et la coordination sur les questions communes.

S'exprimant lors de la cérémonie de la Journée de l'Afrique au palais culturel du quartier diplomatique de Riyad, le ministre a décrit l'Afrique comme un continent riche en opportunités, doté de ressources naturelles, d'une population jeune et d'un potentiel renouvelable.

Il a déclaré que les pays africains étaient importants pour la politique étrangère de l'Arabie saoudite : "L'Afrique accueille le plus grand nombre de missions diplomatiques et consulaires saoudiennes, et le Royaume a l'intention de porter le nombre de ses ambassades en Afrique à plus de 40 dans les années à venir.

Artistes se produisant lors de la Journée de l'Afrique 2025, placée sous le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)
Artistes se produisant lors de la Journée de l'Afrique 2025, placée sous le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)

M. Elkhereiji a ajouté que le Royaume avait fourni plus de 45 milliards de dollars pour soutenir le développement et les projets humanitaires dans 54 pays africains, l'agence d'aide saoudienne KSrelief ayant fourni à elle seule plus de 450 millions de dollars d'aide dans 46 nations africaines.

M. Elkhereiji a ajouté que l'objectif du Royaume était d'investir 25 milliards de dollars en Afrique, d'assurer 10 milliards de dollars d'exportations et d'offrir 5 milliards de dollars de financement du développement au continent d'ici 2030.

L'événement intitulé "Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations" a rassemblé plus de 400 invités, dont des responsables saoudiens, des diplomates, des hommes d'affaires et des membres de la société.

Le doyen du corps diplomatique et ambassadeur de Djibouti en Arabie saoudite, Dya-Eddine Said Bamakhrama, a souligné l'importance symbolique et politique de cette journée, la qualifiant de rappel à la poursuite d'une Afrique fondée sur la dignité, l'équité et la justice. 

Invités à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)
Invités à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (Photo AN/Basheer Saleh)

"C'est une journée de commémoration, d'unité et de responsabilité collective. Nous honorons nos ancêtres, reconnaissons la vision de nos dirigeants et réaffirmons notre engagement en faveur d'un avenir africain fondé sur la dignité, l'équité et la justice", a-t-il déclaré.

Il a souligné la nécessité pour les États africains de faire entendre leur voix dans les forums internationaux, de renforcer la coopération panafricaine et de promouvoir la jeunesse, les savoirs autochtones et les identités culturelles.

M. Bamakhrama a ajouté : "Sur la voie du développement, l'Afrique ne marche pas seule et compte sur la solidarité de ses partenaires, en particulier l'Arabie saoudite. Nous saluons les résolutions adoptées par le sommet Arabie saoudite-Afrique qui s'est tenu à Riyad en 2023 et qui a marqué une étape importante dans le renforcement du partenariat stratégique. 

Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)
Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)

"La Vision 2030 de l'Arabie saoudite offre de nouvelles possibilités de jeter des ponts durables entre nos peuples. Ensemble, nous pouvons transformer cette coopération en une alliance durable."

Le chef du corps diplomatique africain et ambassadeur du Cameroun en Arabie saoudite, Iya Tidjani, a rendu hommage à la vision des pères fondateurs du panafricanisme, qui considéraient l'unité africaine comme essentielle au développement du continent et à son rayonnement dans le monde.

"Il y a 62 ans, alors que l'Afrique portait encore les stigmates de l'esclavage, de la colonisation, de l'apartheid et de la discrimination, les chefs d'État africains ont jeté les bases de la charte de l'Organisation de l'unité africaine, marquant ainsi un tournant dans la quête de l'indépendance. Leurs successeurs, soutenus par l'Union africaine, restent engagés", a-t-il déclaré. 

Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)
Un invité à l'exposition de la Journée de l'Afrique 2025 organisée sur le thème de la justice pour les Africains et les personnes d'origine africaine : Justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine grâce aux réparations. (AN photo/Basheer Saleh)

"La Journée de l'Afrique, anciennement Journée de la liberté africaine et plus tard Journée de la libération africaine, trouve son origine dans la résistance collective du peuple africain. La commémoration de 2025, placée sous le thème de la justice pour les Africains, perpétue cet héritage".

Il a exhorté les jeunes générations à s'inspirer de cet héritage et à œuvrer à la réalisation des objectifs de l'Agenda 2063 de l'Union africaine, à savoir une croissance économique inclusive et durable sur l'ensemble du continent.

En marge de la réception, la diversité culturelle de l'Afrique a été mise en valeur par une exposition d'artisanat représentant différents pays.

À travers cette célébration, le corps diplomatique africain a voulu transmettre à la communauté internationale sa solidarité, son unité et sa détermination, tout en appelant au dialogue, à la reconnaissance historique et à l'action concrète en faveur de la justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 

 

 

 

 

 

 


Le Dalaï Lama confirme qu'il aura un successeur, la Chine veut approuver son nom

Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de 2 ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.  Il a fui "sa" capitale Lhassa et la répression chinoise en 1959 et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien. (AFP)
Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de 2 ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur. Il a fui "sa" capitale Lhassa et la répression chinoise en 1959 et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien. (AFP)
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  • Lauréat en 1989 du prix Nobel de la paix, il incarne depuis dans le monde entier le combat pour la liberté du territoire himalayen
  • La question de sa succession fait l'objet d'un bras de fer entre le Dalaï Lama et Pékin, qui entend bien lui nommer un successeur à sa main

MC LEOD GANJ: Le Dalaï Lama a confirmé mercredi qu'un successeur serait désigné à sa mort pour perpétuer sa fonction de chef spirituel de la communauté tibétaine, s'attirant la riposte immédiate de la Chine qui exige d'approuver son nom.

"J'affirme que l'institution du Dalaï Lama sera perpétuée", a-t-il indiqué dans un message très attendu lu lors d'une réunion religieuse à McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où il vit en exil.

Sans surprise, la Chine, dont les troupes ont envahi le Tibet en 1950 et en ont fait une province chinoise, a aussitôt réagi.

"La réincarnation de grandes figures bouddhistes comme le Dalaï Lama et le Panchen Lama doit être désignée par tirage au sort (...) et ensuite approuvée par le gouvernement central", a rappelé Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de 2 ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.

Il a fui "sa" capitale Lhassa et la répression chinoise en 1959 et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien.

Lauréat en 1989 du prix Nobel de la paix, il incarne depuis dans le monde entier le combat pour la liberté du territoire himalayen.

La question de sa succession fait l'objet d'un bras de fer entre le Dalaï Lama et Pékin, qui entend bien lui nommer un successeur à sa main.

"Selon la tradition" 

"La responsabilité (de la nomination d'un successeur, ndlr) reposera exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama", a rappelé mercredi le message du dirigeant tibétain.

"Ils conduiront les procédures de recherche et de reconnaissance (du successeur) en accord avec la tradition passée", a-t-il insisté", "personne d'autre n'a l'autorité requise pour se mêler de cette question".

L'actuel Dalaï Lama, considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, a déjà écarté à plusieurs reprises l'idée que le 15e Dalaï Lama puisse être nommé par les Chinois.

Il sera forcément "né dans le monde libre", a-t-il promis publiquement .

"Rien n'a changé en ce qui concerne l'implication de la Chine, le sujet n'a pas été évoqué en détail", a précisé devant la presse, après la diffusion du message, un représentant du bureau du Dalaï Lama, Samdhong Rinpoche.

En 1995, la Chine avait enlevé et placé en détention un enfant de 6 ans que le Dalaï Lama venait de désigner comme Panchen Lama, l'autre figure religieuse tibétaine de premier plan.

Et elle avait dans la foulée nommé à ce titre le candidat de son choix, aussitôt rejeté par les Tibétains comme le "faux Panchen".

Le défi lancé à la Chine par le Dalaï Lama a réjoui mercredi la communauté tibétaine.

"Nous nous opposons résolument à toute interférence ou tentative de la Chine d'installer un Dalaï Lama fantoche", a souligné auprès de l'AFP un Tibétain en exil, Jigme Taydeh.

"Combat" 

"Cette décision donne à la communauté internationale l'occasion historique (...) d'envoyer un message fort à Pékin et à tous les régimes autoritaires", a renchéri une partisane de l'autonomie du Tibet, Chemi Lhamo, 30 ans.

"Je n'ai aucun doute sur le fait que notre combat pour la vérité et la justice finira par l'emporter", a ajouté cette femme, exilée aux Etats-Unis.

Même si ces dernières années, le Dalaï Lama a suggéré l'idée qu'il pourrait être le dernier, une majorité de Tibétains était favorable à la poursuite du "cycle de la réincarnation".

Dans son message, il a fait état mercredi des nombreuses sollicitations de sa communauté en faveur de la prolongation de sa charge.

"J'ai reçu en particulier, par divers moyens, de nombreux messages de Tibétains du Tibet répétant ce même appel", a-t-il indiqué.

An nom de son bureau, Samdhong Rinpoche, a précisé qu'aucune autre instruction n'avait pour l'heure été donnée sur la procédure de nomination.

"Elles ne sont pas nécessaires à cette heure", a indiqué M. Rinpoche lors d'une conférence de presse, "Sa Sainteté le Dalaï Lama est actuellement en pleine forme".

En 2011, le Dalaï Lama avait renoncé au pouvoir politique de sa charge, confiée à un Premier ministre, élu par la diaspora, et à un gouvernement en exil.

Les festivités organisées pour son 90e anniversaire se poursuivent jusqu'à la fin de la semaine.

 


Quatre responsables tués dans une explosion dans le nord-ouest du Pakistan

Quatre responsables des autorités locales et de la police ont été tués dans une explosion mercredi dans le nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, a rapporté à l'AFP un officier de police. (AFP)
Quatre responsables des autorités locales et de la police ont été tués dans une explosion mercredi dans le nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, a rapporté à l'AFP un officier de police. (AFP)
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  • Samedi, 16 soldats avaient été tués dans un attentat-suicide mené par des talibans pakistanais dans la même province du Khyber Pakhtunkhwa
  • L'année 2024 a été la plus meurtrière en près d'une décennie au Pakistan, avec plus de 1.600 morts, près de la moitié étant des soldats et des policiers, selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad

PESHAWAR: Quatre responsables des autorités locales et de la police ont été tués dans une explosion mercredi dans le nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, a rapporté à l'AFP un officier de police.

Onze personnes ont également été blessées dans cette explosion survenue près d'un marché et qui n'a pas jusqu'ici été revendiquée, a ajouté Waqas Rafiq, officier de police à Bajaur, dans la province du Khyber-Pakhtunkhwa.

Les violences se sont multipliées dans l'ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul à l'été 2021.

Islamabad accuse son voisin de ne pas déloger les rebelles qui utilisent son sol pour attaquer le Pakistan, ce que l'Afghanistan dément.

Samedi, 16 soldats avaient été tués dans un attentat-suicide mené par des talibans pakistanais dans la même province du Khyber Pakhtunkhwa.

L'année 2024 a été la plus meurtrière en près d'une décennie au Pakistan, avec plus de 1.600 morts, près de la moitié étant des soldats et des policiers, selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d'Islamabad.

Au total, depuis le 1er janvier, selon un décompte de l'AFP, près de 300 personnes, en majorité membres des forces de sécurité, ont été tuées dans des violences menées par des groupes armés en lutte contre l'Etat, dans le Khyber-Pakhtunkhwa, comme dans la province voisine du Baloutchistan.