En Grèce, une gauche radicale mal à l'aise face à la guerre en Ukraine

Le chef du parti d'opposition grec Syriza, Alexis Tsipras, s'exprime avant un vote de confiance au gouvernement nouvellement élu du parti conservateur Nouvelle Démocratie, au Parlement à Athènes, le 22 juillet 2019. (AFP).
Le chef du parti d'opposition grec Syriza, Alexis Tsipras, s'exprime avant un vote de confiance au gouvernement nouvellement élu du parti conservateur Nouvelle Démocratie, au Parlement à Athènes, le 22 juillet 2019. (AFP).
Short Url
Publié le Mardi 24 mai 2022

En Grèce, une gauche radicale mal à l'aise face à la guerre en Ukraine

  • «La guerre aurait pu être évitée», a déclaré à l'AFP l'ancien ministre des Affaires étrangères Yorgos Katrougalos
  • Il fallait «construire une nouvelle architecture de sécurité en Europe, incluant la Russie pendant la première décennie du 21ème siècle», a ajouté le responsable des questions internationales du principal parti d'opposition, Syriza

ATHENES : "Ni pour l'Otan, ni pour la Russie": comme dans d'autres pays européens, la gauche radicale de Grèce, écartelée face à la guerre en Ukraine, prône le non alignement et fustige l'aide militaire, y voyant, dans certains cas, l'extension "impérialiste" de l'Alliance atlantique.

"La guerre aurait pu être évitée", a déclaré à l'AFP l'ancien ministre des Affaires étrangères Yorgos Katrougalos. Il fallait "construire une nouvelle architecture de sécurité en Europe, incluant la Russie pendant la première décennie du 21ème siècle", a ajouté le responsable des questions internationales du principal parti d'opposition, Syriza.

Ce parti de gauche radicale a certes condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 24 février, mais a critiqué l'aide militaire. 

Son chef, l'ancien Premier ministre Alexis Tsipras, a qualifié l'envoi d'armes à l'Ukraine de "grande erreur", en mars sur la chaîne grecque ANT1 TV, et demandé au parlement "quels étaient les bénéfices" pour la Grèce de "s'impliquer dans la guerre", après avoir oeuvré pour "des initiatives de paix".

Ce pays membre de l'Otan a envoyé fin février des équipements défensifs en Ukraine, parmi lesquels des kalachnikov, des munitions et des armes anti-char.

Dans les rues d'Athènes, des milliers de manifestants de toute la gauche scandaient "Ni pour l'Otan, ni pour la Russie" lors du traditionnel cortège du 1er mai. "Pas d'implication de la Grèce dans la guerre, pas d'argent pour les abattoirs de l'Otan", pouvait-on lire sur les pancartes.

Sur les réseaux sociaux, des militants de gauche radicale ont partagé des informations trompeuses sur les combats à Boutcha, en Ukraine.

"Les Grecs ont toujours eu avec les Russes des bonnes relations et ce depuis la guerre d'indépendance grecque en 1821", explique à l'AFP l'historien Alexandros Dagkas, professeur à l'Université de Thessalonique.

Rompant cependant avec sa tradition pro-russe, le Parti communiste grec (KKE) a d'emblée condamné la décision de Moscou d'envahir l'Ukraine, protestant dès le 25 février devant l'ambassade de Russie puis devant celle des Etats-Unis. 

Mais le très orthodoxe KKE a boycotté, le 7 avril, le discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky devant le parlement. Le gouvernement ukrainien a "une grande part de responsabilité" dans le conflit au même titre que Moscou, a déclaré à l'AFP Elisaios Vagenas, responsable des affaires internationales au KKE.

"Les gouvernements des pays membres de l'Otan et de l'UE qui s'impliquent dans le massacre impérialiste de l'Ukraine sont tout aussi responsables", a-t-il estimé.

«Provocation»

La diffusion, lors du discours de M. Zelensky, d'une vidéo d'un membre du très controversé régiment Azov - fondé par des nationalistes ukrainiens - a créé la polémique à gauche.

"Cette participation a montré au peuple grec que le KKE avait raison de ne pas participer à une campagne qui implique davantage la Grèce dans cette guerre impérialiste", a estimé M. Vagenas. 

Au nom de Syriza, M. Tsipras lui-même a immédiatement qualifié de "provocation" le "discours d'un membre du régiment néonazi Azov au parlement", dans un tweet du 7 avril. 

M. Katrougalos a préféré parler d'"erreur" et précisé que Syriza "n'identifie pas le président Zelensky aux origines néonazies du régiment Azov".

Au Portugal aussi, le Parti communiste (PCP) a boycotté l'intervention de M. Zelensky au parlement le 21 avril. Paula Santos, cheffe du groupe parlementaire communiste, avait affirmé que le président ukrainien "personnifie un pouvoir xénophobe et belliciste, entouré et soutenu par des forces à caractère fasciste et néonazi".

Ailleurs en Europe

Ailleurs en Europe, d'autres partis de gauche radicale affichent des positions similaires. 

En Bulgarie, pays de l'UE traditionnellement proche de Moscou et voisin de la Grèce, le Parti socialiste, ouvertement pro-russe, a créé la discorde au sein de la coalition gouvernementale en refusant la livraison d'aide militaire. Le parti prône une attitude de "paix" et de "neutralité", tout en ménageant Moscou.

En Espagne, Podemos, allié de Syriza et membre de la coalition gouvernementale à Madrid, a certes condamné "l'invasion criminelle" de Vladimir Poutine mais qualifié d'"erreur" l'envoi d'aide militaire.

Même condamnation de l'invasion de l'Ukraine par le parti allemand Die Linke. Mais une minorité bruyante au sein du parti critique l'extension de l'Otan à l'est de l'Europe et "l'impérialisme américain".

En Macédoine du Nord, en cours de négociation pour adhérer à l'UE, le parti Levica est le seul acteur politique important à avoir ouvertement pris position en faveur de la Russie, fustigeant les propos "russophones, provocateurs et inamicaux" du gouvernement de Skopje.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.


L'ONU appelle à « relancer le moteur du développement » face au « chaos climatique » et aux conflits

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Short Url
  • Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement »
  • « Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres.

SEVILLE, ESPAGNE : Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement », alors que le monde est confronté à un « chaos climatique », à une multiplication des conflits et à un ralentissement économique global. Il s’exprimait lors de l’ouverture de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tient à Séville, dans le sud de l’Espagne, sous une chaleur accablante.

« Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres. Il a dressé un tableau sombre de la situation mondiale : « Un monde où la confiance s’effrite, où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde ralenti par les tensions commerciales, des budgets d’aide amputés, secoué par les inégalités, la crise climatique et des conflits déchaînés. »

Face à ces défis, le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité d’« accélérer les investissements à la hauteur des enjeux » afin de « réparer et relancer » la dynamique du développement. Il a rappelé que « les deux tiers des objectifs de développement durable » adoptés dans le cadre de l’Agenda 2030 accusaient déjà un sérieux retard.

« Il ne s’agit pas seulement d’une crise de chiffres, mais d’une crise humaine », a-t-il martelé, appelant les États à renforcer la mobilisation des ressources domestiques et à investir dans les domaines à fort impact, tels que l’éducation, la santé et les énergies renouvelables.

Jusqu’à jeudi, la conférence réunit quelque 50 chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, aux côtés des dirigeants des principales institutions financières internationales et de plus de 4 000 représentants de la société civile. Il s’agit de la quatrième conférence de ce type depuis 2002.

L’un des objectifs centraux de cette rencontre est de trouver des solutions concrètes au déficit de financement auquel font face les pays du Sud. Selon l’ONU, ce manque est estimé à 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.

Ce sommet intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l’aide internationale, fragilisée notamment par la réduction drastique des fonds alloués à l’aide humanitaire par l’administration de Donald Trump. L’ancien président américain avait en effet supprimé 83 % du budget de l’USAID consacré aux programmes de développement à l’étranger, mettant en péril de nombreux projets dans les pays les plus vulnérables.


Ottawa annule une taxe visant les géants de la tech, reprise des négociations avec Washington

Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis
  • Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain

Ottawa, Canada: Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis, et la reprise des négociations en ce sens rompues deux jours plus tôt par Donald Trump.

Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, "a annoncé aujourd'hui (dimanche, NDLR) que le Canada annulerait la taxe sur les services numériques (TSN)", selon un communiqué du gouvernement. Celui-ci précise que la reprise des négociations doit déboucher sur un accord commercial avec Washington d'ici au 21 juillet.

Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain, qui avait qualifié de "coup direct et évident" porté au Etats-Unis la taxe d'Ottawa visant les géants du numérique.

Cette ponction de 3% sur les revenus tirés de la publicité en ligne, des plateformes de vente, des réseaux sociaux ou de la vente de données personnelles, devait entrer en vigueur lundi et toucher particulièrement les poids lourds américains de la tech.

Elle ciblait notamment les mastodontes Google, Apple, Meta (Facebook), Amazon ou Microsoft. Ceux-ci sont accusés de profiter du caractère immatériel de leur activité pour échapper à l'impôt.

"Retirer la taxe sur les services numériques fera avancer les discussions et appuiera nos efforts pour créer des emplois et bâtir de la prospérité", a estimé sur X le ministre canadien des Finances François-Philippe Champagne.

Donald Trump et la Maison Blanche n'ont pas réagi dans l'immédiat.

La TSN avait été adoptée l'an dernier à titre temporaire, dans l'attente de l'aboutissement de négociations internationales sur la taxation des multinationales.

Cette taxe ciblait les acteurs du numérique qui génèrent un chiffre d'affaires mondial annuel supérieur à 1,1 milliard de dollars canadiens, et des revenus annuels au Canada supérieurs à 20 millions de dollars canadiens.

- Droits de douane -

Vendredi, Donald Trump avait qualifié la TSN de "scandaleuse" sur son application Truth Social et indiqué que les Etats-Unis communiqueraient au Canada, dans les sept jours, le niveau des droits de douane qui lui serait imposé.

Le Premier ministre canadien Mark Carney avait promis en retour de "continuer à mener ces négociations complexes, dans l'intérêt supérieur des Canadiens".

Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier, l'administration américaine a annoncé –- puis suspendu, dans l'attente de négociations -– plusieurs taxes sur les importations canadiennes aux Etats-Unis, tandis que le Canada a riposté en imposant des droits de douane.

Le président américain a visé en particulier les secteurs canadiens de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium, alors que les Etats-Unis et le Canada sont, avec le Mexique, membre d'un accord de libre-échange (ACEUM ou USMCA en anglais).

Les relations entre Ottawa et Washington se sont détériorées sous le second mandat de Donald Trump, qui a demandé à plusieurs reprises que le Canada devienne le 51e Etat américain.