Elections au Liban: la jeunesse, moteur du changement

Sur cette photo d'archive prise le 20 octobre 2019, de jeunes manifestants libanais agitent des drapeaux nationaux alors qu'ils participent à un rassemblement dans le quartier du centre-ville de la capitale Beyrouth. Une partie de la nouvelle génération cherche une approche progressiste de la politique, blâmant les partis établis datant de la brutale guerre civile libanaise de 1975-1990 pour un effondrement économique qui a poussé des milliers de personnes à fuir le pays. (AFP).
Sur cette photo d'archive prise le 20 octobre 2019, de jeunes manifestants libanais agitent des drapeaux nationaux alors qu'ils participent à un rassemblement dans le quartier du centre-ville de la capitale Beyrouth. Une partie de la nouvelle génération cherche une approche progressiste de la politique, blâmant les partis établis datant de la brutale guerre civile libanaise de 1975-1990 pour un effondrement économique qui a poussé des milliers de personnes à fuir le pays. (AFP).
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Publié le Mardi 24 mai 2022

Elections au Liban: la jeunesse, moteur du changement

  • Ces élections sont les premières depuis le soulèvement populaire déclenché en octobre 2019 pendant quelques mois pour exiger le départ de la classe dirigeante. Et les résultats sont révélateurs d'un "fossé générationnel"
  • «Notre génération sait que le système politique confessionnel ne fonctionne tout simplement plus», dit le jeune homme, alors que le Liban multiconfessionnel est régi par un système politique basé sur un partage communautaire du pouvoir

BEYROUTH : "Il existe un fossé générationnel au Liban". Comme de nombreux jeunes, l'étudiant en droit Charbel Chaaya a voté pour le changement. Mais il n'a pas réussi à convaincre ses parents de faire de même.

Pendant les semaines ayant précédé le scrutin du 15 mai, le jeune militant de 21 ans s'activait dans les rues distribuant des tracts et participant à des rassemblements en faveur des futurs élus indépendants.

Son vote comme ceux d'un grand nombre de jeunes a contribué à la percée de 13 candidats indépendants issus du mouvement de protestation contre la classe politique inchangée depuis des décennies et accusée de corruption, d'inertie et d'incompétence.

Mais à la maison, il a tenté en vain de convaincre ses parents de ne pas voter pour les partis traditionnels. 

"Mes parents pensent que je suis trop idéaliste et que ce pays ne changera jamais", explique à l'AFP Charbel Chaaya, ajoutant que son père a voté pour les Forces Libanaises, le parti chrétien qui a axé sa campagne contre le puissant mouvement armé pro-iranien du Hezbollah.

Ces élections sont les premières depuis le soulèvement populaire déclenché en octobre 2019 pendant quelques mois pour exiger le départ de la classe dirigeante.

Et les résultats sont révélateurs d'un "fossé générationnel".

"Notre génération sait que le système politique confessionnel ne fonctionne tout simplement plus", dit le jeune homme, alors que le Liban multiconfessionnel est régi par un système politique basé sur un partage communautaire du pouvoir.

«Langage différent»

Bien qu'il n'existe pas de données officielles sur la répartition des votes en fonction de l'âge au Liban, l'engouement des jeunes en faveur des candidats indépendants était bien visible sur les réseaux sociaux, assure Rabih Haber, dirigeant d'une entreprise de sondage.

Parmi les 13 députés indépendants, trois ont été élus dans la circonscription de Charbel Chaaya, la région de Chouf/Aley (sud-est).

Parmi ces trois, l'universitaire et militant Marc Daou, qui a remporté un siège traditionnellement réservé au député druze Talal Arslane, un allié du Hezbollah. 

M. Daou souligne le rôle important des réseaux sociaux dans la campagne électorale auprès des jeunes.: "Notre langage est différent de celui des partis traditionnels, nous n'utilisons pas un vocabulaire sectaire. Et c'est ce qui attire les jeunes".

Pour l'autre élu indépendant, Elias Jarade, un chirurgien ophtalmologue, les habitudes de vote ont changé.

"Ceux qui nous ont encouragés lors de la campagne étaient de jeunes femmes et hommes issus de régions, de confessions et d'horizons politiques différents", a déclaré à l'AFP ce diplômé de Harvard, qui a réussi à décrocher un siège acquis depuis des décennies à un allié du Hezbollah dans le Sud.

L'entrée de ces indépendants au Parlement est inédite puisqu'ils n'appartiennent à aucune famille politique, aucun parti influent et ne sont soutenus par aucune force étrangère.

«Traumatismes de la guerre»

Karl, un architecte d'intérieur de 30 ans, a lui aussi voté indépendants dans le sud du Liban, un fief du Hezbollah, seule faction à avoir gardé ses armes après la guerre civile (1975-1990) et dont l'influence est prépondérante dans le pays.

Ses parents, eux, soutiennent le Courant patriotique libre du président Michel Aoun, un allié du Hezbollah.

"Les jeunes ont tendance à choisir le changement", dit le jeune homme en demandant que son nom ne soit pas publié.

Au scrutin du 15 mai, le Hezbollah et ses alliés n'ont pas obtenu les 65 sièges nécessaires pour conserver leur majorité au Parlement (128 députés). Le bloc dirigé par le parti chiite comptait 70 sièges dans la précédente assemblée.

Sami, 21 ans, a voté pour la première fois cette année. Pour les indépendants dans le Sud.

Mais malgré ses efforts, ses parents ont voté comme d'habitude pour le Hezbollah et le mouvement Amal, son allié chiite. "Au final il y a toujours quelque chose qui la garde ancrée dans ses convictions", dit à l'AFP Sami à propos de sa mère.

Même s'il est content de la percée des indépendants, il reste prudent.

"Le paysage politique dans notre région était monochrome. Il n'était pas possible de penser à des partis autres que ceux" qui étaient présents depuis des décennies. "Mais maintenant le débat politique est possible".  


Gaza: 27 morts dans des frappes israéliennes, Israël et le Hamas s'accusent de violer la trêve

Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
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  • Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre
  • Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer

GAZA: Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu.

Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre.

Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer. L'armée israélienne a dit viser le mouvement islamiste Hezbollah qu'elle accuse de se réarmer en violation du cessez-le-feu en vigueur à sa frontière nord depuis bientôt un an.

"Les bombardements et les morts ont recommencé. Ils ne nous laissent même pas le temps de respirer", déplore auprès de l'AFP Ahraf Abu Sultan, 50 ans, tout juste rentré à Gaza-ville pour réparer sa maison détruite après avoir été déplacé un an dans le sud du territoire.

"Il n'y a aucun espoir pour la vie à Gaza", se lamente Nivine Ahmed, déplacée sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, évoquant le bruit des explosions, la fumée, les gens qui courent et les sirènes des ambulances.

"Nous n'en pouvons plus, nous voulons que la guerre se termine complètement ou que les passages soient ouverts" pour permettre à la population de fuir, a confié Noha Fathi, déplacée dans le sud de la bande de Gaza.

Selon la Défense civile de la bande de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, quatorze personnes ont été tuées mercredi à Gaza-ville, et 13 dans la région de Khan Younès. Deux hôpitaux contactés par l'AFP ont confirmé ce bilan.

"Escalade dangereuse" 

L'armée israélienne a affirmé "frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza" en riposte à des tirs "en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès".

Ces tirs n'ont fait aucun blessé a précisé l'armée mais constituent "une violation de l'accord de cessez-le-feu".

Rejetant une "piètre tentative pour justifier [...] des violations qui ne cessent jamais", le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis à "exercer une pression immédiate et sérieuse pour [forcer Israël] à respecter le cessez-le-feu".

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

La trêve a déjà été marquée par plusieurs accès de violences dans le territoire palestinien dévasté par plus de deux ans d'hostilités déclenchées par l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Depuis le 10 octobre, plus de 300 Palestiniens ont été tués par des frappes ou des tirs israéliens selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. L'armée israélienne affirme ne frapper qu'en riposte à des violations de la trêve.

Les raids israéliens les plus meurtriers ont tué, le 29 octobre, plus de cent Gazaouis, selon la Défense civile et des données recueillies par l'AFP auprès de cinq hôpitaux.

Selon la Défense civile, qui ne fait jamais état de combattants tués, les bombardements de mercredi ont notamment tué un couple et ses trois enfants à Gaza-ville, et deux mineurs à Khan Younès.

Deuxième phase ? 

Le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo exhibant les corps de trois jeunes enfants.

L'accord de cessez-le-feu a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages morts, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire noyé sous des tonnes de décombres.

La mise en œuvre de la deuxième phase du plan du président américain Donald Trump n'a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition pour gouverner le territoire et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution pour endosser ce plan Trump, mais le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance du territoire et qui refuse de désarmer aux conditions posées par Israël, a dénoncé un texte qui "ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains" du peuple palestinien.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.


Israël appelle à des évacuations dans deux villages du sud du Liban en prévision de frappes

L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
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  • L’armée israélienne a appelé les habitants de Deir Kifa et Chahour à évacuer, affirmant que des infrastructures militaires du Hezbollah s’y trouvent et annonçant des frappes imminentes
  • Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël poursuit des attaques ciblées au Liban avec le soutien tacite des États-Unis, accusant le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaire

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer les zones de bâtiments abritant selon elle des installations militaires du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans deux villages du sud du Liban, annonçant son intention de les frapper sous peu.

"Les forces [israéliennes] attaqueront prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région", annonce le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne dans un message en arabe sur X.

L'officier appelle précisément la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il précise, cartes à l'appui, la localisation dans les villages de Deir Kifa et Chahour.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener, avec l'aval tacite des Etats-Unis, des attaques régulières au Liban contre ce qu'elle présente comme des membres ou des installations du mouvement chiite, qu'elle accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran - ennemi juré d'Israël, a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël, et Washington a accru la pression ces dernières semaines sur les autorités libanaises pour qu'elles obtienne son désarment, ce que le mouvement islamiste refuse pour l'heure.


L'Arabie saoudite et les États-Unis signent des accords pour approfondir leur partenariat stratégique

La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
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  • Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques
  • Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont signé mardi un certain nombre d'accords visant à renforcer leurs liens stratégiques, à l'occasion de la visite du prince héritier Mohammed bin Salman à la Maison Blanche.

Lui et le président américain Donald Trump ont signé des accords sur la défense stratégique, l'intelligence artificielle, l'énergie nucléaire, les métaux critiques, les investissements saoudiens, le partenariat financier et économique, l'éducation et la formation, et les normes de sécurité des véhicules.

Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques.

Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales.

La réunion était coprésidée par M. Trump et le prince héritier, et de hauts responsables saoudiens et américains y ont assisté.

L'accord de défense affirme que les deux pays sont des partenaires de sécurité capables de travailler ensemble pour faire face aux défis et menaces régionaux et internationaux, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Il approfondit la coordination de la défense à long terme, améliore les capacités de dissuasion et la préparation, et soutient le développement et l'intégration des capacités de défense entre les deux pays, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid bin Salman, a déclaré que l'accord "souligne l'engagement ferme des deux nations à approfondir leur partenariat stratégique, à renforcer la sécurité régionale et à faire progresser la paix et la stabilité dans le monde".

L'ambassadrice saoudienne aux États-Unis, la princesse Reema bint Bandar, a déclaré que les "accords stimuleront les investissements dans les deux pays, généreront des opportunités d'emploi pour les Saoudiens et les Américains, et renforceront notre engagement commun en faveur de la sécurité régionale et mondiale".

Un peu plus tôt, dans le bureau ovale, M. Trump a accueilli chaleureusement le prince héritier, qui a annoncé que les investissements américains du Royaume seraient portés à près de 1 000 milliards de dollars, contre une promesse de 600 milliards de dollars annoncée par Riyad au début de l'année.

"Aujourd'hui est un moment très important de notre histoire", a déclaré le prince héritier. "Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons pour l'avenir.