Procès Depp contre Heard: dernière occasion pour les avocats de convaincre le jury

Les avocats d'Amber Heard et Johnny Depp présentent vendredi leurs conclusions (Photo, AFP).
Les avocats d'Amber Heard et Johnny Depp présentent vendredi leurs conclusions (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 27 mai 2022

Procès Depp contre Heard: dernière occasion pour les avocats de convaincre le jury

  • L'acteur de 58 ans dénonce des accusations «ahurissantes»
  • Il réclame 50 millions de dollars en dommages et intérêts, estimant que cette tribune a ruiné sa réputation et sa carrière

WASHINGTON: Les avocats d'Amber Heard et Johnny Depp présentent vendredi leurs conclusions, leur dernière occasion de convaincre le jury d'un procès ultra-médiatisé aux Etats-Unis qui a révélé les détails les plus scabreux d'une relation "toxique" entre les deux acteurs.

C'est le point final de six semaines de débats et de dizaines d'heures de témoignages dans ce procès tenu à Fairfax, près de Washington, et diffusé en direct à la télévision.

L'audience doit commencer à 09H00 locales (13H00 GMT) et les sept jurés se retireront dans l'après-midi pour délibérer. S'ils ne s'accordent pas sur un verdict, ils reviendront mardi, lundi étant férié aux Etats-Unis.

La vedette de la saga "Pirates des Caraïbes" poursuit en diffamation son ex-femme, qui avait estimé dans une tribune publiée dans le Washington Post en 2018 être devenue "une personnalité publique représentant les violences conjugales", sans nommer Johnny Depp.

L'acteur de 58 ans dénonce des accusations "ahurissantes". Il réclame 50 millions de dollars en dommages et intérêts, estimant que cette tribune a ruiné sa réputation et sa carrière.

Amber Heard, apparue notamment dans "Justice League" et "Aquaman", a contre-attaqué et demande le double. Selon elle, cette plainte "futile" prolonge "les abus et le harcèlement" de son ex-mari et a mis sa propre carrière entre parenthèses.

Famille, amis, collaborateurs, agents, dirigeants de studios, psychologues, chirurgiens, experts financiers... Plusieurs dizaines de témoins ont défilé à la barre, dressant un portrait du couple très éloigné du glamour d'Hollywood.

«Humiliation mondiale»

Dans le grand déballage de leur vie privée, on trouve des enregistrements audio et vidéo de disputes où les insultes fusent, des textos remplis d'injures, des photos de Johnny Depp inconscient ou d'ecchymoses sur le corps et le visage d'Amber Heard qu'elle impute à son ex-mari.

L'ancien couple a aussi passé plusieurs jours à raconter une idylle née en 2009 et qui s'est rapidement transformée en calvaire, jusqu'au divorce demandé par la jeune femme pour "violences conjugales" en mai 2016. Le divorce a été prononcé début 2017.

L'acteur de 58 ans a assuré qu'il n'avait "jamais (...) commis de violences sexuelles ou de violences physiques". Il affirme -- et fournit des enregistrements audios censés le prouver -- que c'est sa femme qui était violente.

La comédienne a, elle, raconté que Johnny Depp devenait un "monstre" sous l'emprise d'un cocktail explosif de drogues et d'alcool, résistant à toutes ses suppliques pour se faire soigner.

Jonnhy Depp lui aurait promis une "humiliation mondiale" si elle le quittait et, quand elle l'a fait, elle est devenue la cible d'une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux.

"Je suis harcelée, humiliée, menacée tous les jours, juste parce que je suis dans cette salle d'audience", a-t-elle dit jeudi, très émue, ajoutant recevoir "des milliers" de menaces de mort "depuis le début de ce procès".

Johnny Depp, lui, peut compter sur le soutien de centaines de fans qui l'acclament chaque jour depuis le 11 avril devant le tribunal.

Rumeur

L'actrice de 36 ans assure que les violences qu'elle attribue à Johnny Depp ont débuté en 2012 avant de devenir de plus en plus brutales et fréquentes. Elles auraient atteint leur paroxysme, un viol à l'aide d'une bouteille d'alcool, en mars 2015, un mois après leur mariage, quand l'acteur tournait l'épisode 5 des "Pirates" en Australie.

Lors de cette dispute, Johnny Depp a eu l'extrémité d'un doigt sectionnée et a été hospitalisé. Il affirme que c'est à cause d'un éclat d'une bouteille lancée par Amber Heard. Elle assure qu'il s'est blessé tout seul.

Seules deux autres célébrités ont témoigné: l'actrice Ellen Barkin, ex-petite amie de Johnny Depp à la fin des années 1990, a décrit un homme "ivre presque tout le temps", jaloux et possessif et qui, de colère, avait lancé une bouteille dans sa direction.

La top model britannique Kate Moss, autre "ex" de l'acteur, a démenti une vieille rumeur selon laquelle il l'aurait un jour poussée dans les escaliers.

Johnny Depp avait déjà perdu un premier procès en diffamation à Londres en 2020, contre le tabloïd The Sun, qui l'avait qualifié de "mari violent".

Les deux acteurs ont affirmé avoir perdu entre 40 et 50 millions de dollars de cachets depuis la parution de la tribune du Washington Post.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.