La Colombie aux urnes pour un nouveau président, la gauche aux portes du pouvoir

Le candidat colombien à la présidence de la coalition Pacte historique, Gustavo Petro, fait des gestes pendant qu'il prend la parole lors d'un débat présidentiel au siège du journal El Tiempo à Bogota le 23 mai 2022 (Photo, AFP).
Le candidat colombien à la présidence de la coalition Pacte historique, Gustavo Petro, fait des gestes pendant qu'il prend la parole lors d'un débat présidentiel au siège du journal El Tiempo à Bogota le 23 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 29 mai 2022

La Colombie aux urnes pour un nouveau président, la gauche aux portes du pouvoir

  • Le scrutin se déroule dans un climat de vives tensions politiques
  • En tête des sondages, le sénateur de gauche Gustavo Petro

BOGOTA: La Colombie vote dimanche pour se choisir un nouveau président, avec en leitmotiv le changement auquel aspire la grande majorité des Colombiens, et en favori un opposant, Gustavo Petro, qui pourrait devenir le premier président de gauche de l'histoire récente du pays.

Près de 39 millions d'électeurs sont attendus dans 12.000 bureaux de vote, où ils auront le choix entre six candidats, pour désigner un remplaçant à l'impopulaire président conservateur sortant Ivan Duque, qui ne peut pas se représenter. 

Le scrutin se déroule dans un climat de vives tensions politiques, après quatre années sans grande réforme de fond marquées par la pandémie, une forte récession, des manifestations massives dans les villes et une aggravation de la violence des groupes armés dans les campagnes.

Le "paro" (grève) du printemps 2021, sévèrement réprimé par la police, a révélé l'ampleur des frustrations, en particulier chez les jeunes, face à la pauvreté, aux inégalités et à la corruption, un mal endémique du pays.

Dans les zones rurales, guérillas et groupes armés liés au narcotrafic ont accru leurs violences et leur emprise au sein des communautés, mettant à mal les quelque acquis de l'accord de paix signé 2016 avec les FARC marxistes.

«Deux options»

En tête des sondages, le sénateur de gauche Gustavo Petro, un ex-guérillero converti à la social-démocratie, économiste et ancien maire de Bogota, a su capitaliser sur la soif de "changement" dont il a fait son emblème.

"Au final il y a deux options", a jugé M. Petro au cours d'un ultime débat vendredi. "Soit nous restons sur ce que nous avons: la corruption, la violence et la faim. Soit nous changeons pour aller vers la paix, le progrès productif, et une démocratie avec de la transparence", a-t-il promis, appelant ses concitoyens à s'unir "pour la vie", autre slogan phare de sa campagne.

C'est la troisième fois que M. Petro, 62 ans, participe à une présidentielle, et pour nombre de militants de sa coalition de gauche du "Pacte historique" --arrivée en tête des législatives de mars dernier--, c'est "maintenant ou jamais".

Petro se présente avec comme colistière pour la vice-présidence une Afro-colombienne, Francia Marquez, charismatique activiste au discours féministe et antiraciste, qui s'est déjà imposée comme l'un des phénomènes marquants de cette présidentielle.

En face, le candidat conservateur Federico Gutierrez, ancien maire de Medellin, se veut le défenseur des Colombiens "ordinaires", auxquels il promet "ordre et sécurité".

Du discours classique dénonçant l'épouvantail "communiste", "Fico", pour ses partisans, a lui aussi adopté ces derniers jours l'antienne du changement, se disant le candidat du "bon sens".

"Ce que je veux, c'est unir la Colombie parce qu'elle a besoin d'un changement. Mais ce changement doit être sûr, pour nous amener à bon port sans mettre en danger (...) le pays", a affirmé "Fico" au débat de vendredi. 

Tout au long de sa campagne, il a pris soin de se démarquer du président sortant et de la vieille droite colombienne, incarnée par le Centre démocratique, parti au pouvoir, aujourd'hui en plein désarroi.

"Fico" est sérieusement talonné dans les sondages par le candidat indépendant Rodolfo Hernandez, entrepreneur de 77 ans au discours populiste vilipendant la corruption. 

Un second tour est prévu le 19 juin au cas où, très vraisemblable selon la presse, Petro ne passerait pas la majorité des 50%.

«Tout est prêt»

Très polarisée, la campagne a été marquée par des menaces d'assassinat contre le favori et sa colistière afro-colombienne, sans cesse protégés par une haie de boucliers blindés.

Ces derniers jours ont montré un "niveau élevé de violence et de désinformation (...) sur les réseaux sociaux et les médias", s'est alarmé la Mission d'observation électorale (MOE), une coalition d'ONG.

Après des incohérences dans le pré-comptage des législatives au détriment de son camp, Petro s'est déjà dit inquiet d'un "manque de garanties" pour ce dimanche, notamment autour du logiciel de comptage qui n'a pas pu être audité à temps malgré les instructions de la justice et du gouvernement.

"Nous avons des doutes", a-t-il répété vendredi, évoquant même une possible "fraude". Le "Pacte historique" compte envoyer près de 69.000 militants assister au vote, pour 61.500 du côté de "Fico".

Une pléthore d'observateurs internationaux surveilleront également le scrutin, dont les missions de l'Organisation des Etats américains (OEA) et de l'Union européenne (UE) qui a appelé à la "modération et responsabilité".

"Tout est prêt", affirme de son côté le Registre national, en charge de l'organisation du scrutin, qui aura lieu de 8H00 à 16H00 locales.

Le gouvernement a déployé 220.000 policiers et militaires supplémentaires dans tout le pays, soit au total 300.000 hommes qui seront en charge de la sécuriser le vote, encadré par 690.000 assesseurs.

Selon l'ombudsman colombien, le srcutin est à risque dans au moins 300 municipalités, dans 27 sur 32 départements, sous la menace des groupes armés, alors que les narcotrafiquants du puissant Clan del Golfo ont imposé début mai une "grève armée" qui a paralysé de nombreuses campagnes du nord du pays.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.