Polémique après les ratés organisationnels au Stade de France

Les supporters de Liverpool se tiennent à l'extérieur, incapables d'entrer à temps, ce qui a retardé le match avant le match de football final de l'UEFA Champions League entre Liverpool et le Real Madrid au Stade de France à Saint-Denis, au nord de Paris, le 28 mai 2022. (AFP)
Les supporters de Liverpool se tiennent à l'extérieur, incapables d'entrer à temps, ce qui a retardé le match avant le match de football final de l'UEFA Champions League entre Liverpool et le Real Madrid au Stade de France à Saint-Denis, au nord de Paris, le 28 mai 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 29 mai 2022

Polémique après les ratés organisationnels au Stade de France

  • Du côté de la majorité présidentielle, Aurore Bergé a tenu à «rappeler le contexte». «Cette finale aurait dû se tenir en Russie» et la France l'a organisée «en à peine trois mois»
  • La prestigieuse finale européenne, accueillie à Paris et remportée samedi par le Real Madrid contre Liverpool (1-0), a été marquée par des scènes de chaos et de désorganisation autour du Stade de France

PARIS: La polémique montait dimanche autour des responsabilités de chacun dans les couacs organisationnels de la finale de la Ligue des champions au Stade de France, avec des conséquences redoutées en terme d'image à deux ans des Jeux olympiques de Paris.


La prestigieuse finale européenne, accueillie à Paris et remportée samedi par le Real Madrid contre Liverpool (1-0), a été marquée par des scènes de chaos et de désorganisation autour du Stade de France, sans faire de blessés grave.  


Fait rarissime à ce niveau et pour des raisons purement logistiques, le coup d'envoi de la rencontre avait dû être retardé de 36 minutes. 


L'UEFA explique que le désordre a été causé par un problème de "billets contrefaits" causant des goulots d'étranglement et demande un "audit" en urgence auprès des instances du football et des autorités françaises.


Des supporters présents et des journalistes de l'AFP ont constaté avant le match la présence de bandes de jeunes et de fans de football locaux non identifiés tentant de s'introduire en force dans l'enceinte.


La police est intervenue, dispersant la foule et au passage les supporters, dont des familles, au gaz lacrymogène. 


Dès la fin du match, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin a pointé du doigt samedi soir l'attitude de "milliers de supporters britanniques sans billet ou avec des faux billets qui ont forcé les entrées" du Stade de France.


"Les tentatives d'intrusion et de fraude de milliers de supporters anglais ont compliqué le travail des stadiers et des forces de police mais ne terniront pas cette victoire", a surenchéri la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.

C1: 105 interpellations à Paris en marge de la finale

Cent cinq personnes ont été interpellées et 39 placées en garde à vue samedi soir à Paris lors de la soirée de finale de Ligue des champions, émaillée d'incidents autour de l'accès au Stade de France, selon un nouveau bilan du ministère de l'Intérieur.


De nombreux jeunes supporteurs avaient tenté d'escalader les grilles de l'enceinte pour tenter de forcer l'entrée. De brèves échauffourées ont alors opposé les forces de l'ordre qui repoussaient ces intrus, parfois en faisant usage de gaz lacrymogènes.


Un nombre indéterminé de spectateurs, pourtant munis de billets, n'ont pu accéder au stade qu'en fin de première période du match.


La préfecture de police de Paris avait indiqué dans un communiqué publié samedi soir qu'avant la rencontre "de nombreux supporters sans billets pour le match ou détenteurs de faux billets (avaient) ont perturbé l’accès au Stade de France, au niveau du périmètre de sécurité extérieur".

Une source proche du gouvernement a fait valoir dimanche que le problème venait de ces "milliers de faux billets" qui a créé des files d'attente aux portes du stade.


Concernant l'attitude des supporters, la préfecture de police de Paris a relevé dans un tweet samedi soir que l'évacuation des deux "fan zones" distinctes - pour les supporters du Real Madrid à Saint-Denis et pour ceux de Liverpool dans l'est de Paris - s'était déroulée "sans incidents majeurs", évoquant pour ces rassemblements une "bonne physionomie" générale de la soirée.


Un périmètre sécurisé avec écrans géants, boisson et animations avait été organisé par la préfecture sur le cours de Vincennes pour accueillir les quelques 40 000 supporters anglais des "Reds" non munis de billet. 


Malgré la défaite, l'évacuation de ce périmètre à haut risque s'est déroulé sans incident.


Selon le parquet de Paris, une vingtaine de personnes ont été placées en garde à vue, essentiellement pour des violences et des vols sur la voie publique à proximité des "fan zones". L'une des personnes interpellées est entendue pour avoir tenté de vendre des faux billets pour le match. 


La brigade des sapeurs pompiers de Paris a de son côté évoqué "une soirée plutôt calme" en termes de prises en charge. 

Supporters «exemplaires»
Les supporters de Liverpool, jugés peu problématiques depuis déjà 30 ans, ont été ulcérés par ces accusations et l'accueil à la française. 


"Nous sommes extrêmement déçus des problèmes d'accès et des violations du périmètre de sécurité qu'ont subis les supporters de Liverpool", a expliqué le club anglais dans un communiqué.


La police britannique de Merseyside-Liverpool présente au stade a évoqué sur Twitter des "circonstances choquantes" et défendu le comportement "exemplaire" des supporters des Reds pendant la rencontre, "la pire" à laquelle elle dit avoir jamais eu affaire en terme d'organisation.


Dans la "fan zone" de l'est parisien où ils étaient des dizaines de milliers à suivre la retransmission, les supporters britanniques n'ont pas posé de problème sécuritaire, ont constaté des journalistes de l'AFP. La marée rouge, après douze heures de ferveur et beaucoup de boisson s'est dispersé sans incident.


Les pompiers de Paris ont fait état d'une soirée "calme" au stade et dans les "fan zones", avec 238 interventions de services de secours pour des incidents mineurs, dont des intoxications au gaz lacrymogène. 


En marge de cette soirée, 105 personnes ont été interpellées, selon le ministère de l'Intérieur. Selon le parquet de Paris, une vingtaine de personnes ont été placées en garde à vue, essentiellement pour des violences et des vols. 

C1: «Stade de Farce», «soirée de chaos», la presse européenne critique l'organisation de la finale

"Stade de Farce", "soirée de chaos": sans éclipser le 14e sacre européen du Real Madrid, la presse européenne a des mots très durs dimanche sur l'organisation de la finale de la Ligue des champions marquée samedi par des incidents en dehors du Stade de France. 


Plus que sur la défaite de Liverpool (1-0), les médias britanniques insistent logiquement sur les graves défaillances constatées en marge de la rencontre en raison des difficultés d'accès à l'enceinte de Saint-Denis, qui ont retardé le coup d'envoi du match de plus de 30 minutes et provoqué des tensions à l'extérieur. 


Le tabloïd The Sun est le plus virulent avec un titre en français ("Stade de Farce") et le témoignage de Marvin Matip, le frère du défenseur des Reds Joel Matip, qui a raconté avoir dû se réfugier dans un restaurant avec sa femme enceinte pour échapper aux lacrymogènes dispersés dans leur direction.


Le Telegraph publie de son côté le récit accablant de Jason Burt, le chef de la rubrique football du journal. "J'étais devant la porte Y quand j'ai été pris dans les gaz lacrymogènes utilisés sans discernement par la police anti-émeute française au Stade de France. Je parlais à des supporters qui attendaient tranquillement, certains depuis trois heures, quand ils ont atteint mon visage, me piquant les yeux, mes lèvres et ma langue. J'ai vu qu'on en dispersait. Je n'arrivais pas à y croire (…) c'était absolument honteux", a-t-il raconté dans un billet.

«Ils doivent s'excuser»
Soulignant les "goulots d'étranglement" vers lesquels étaient dirigés les supporters des Reds pourtant arrivés deux heures et demi avant le coup d'envoi et les contrôles "insupportablement lents", Burt estime que "c'est une honte que l'UEFA ait accusé les supporters d'être arrivés tardivement. C'est tout simplement faux. Ils ont essayé de lancer leur version. Maintenant, ils doivent s'excuser".


Du côté espagnol, l'accent est surtout mis sur le 14e titre continental du Real Madrid. Le quotidien sportif Marca a ainsi rebaptisé ce sacre la "Decimocurtua", un jeu de mot entre le nom de l'infranchissable gardien belge Thibaut Courtois et le chiffre quatorze. 


"Avec neuf arrêts, Courtois a été le héros indiscutable de la finale", a souligné le journal le plus vendu d'Espagne dimanche à sa une.


Le gardien belge est partout, sur toutes les unes de la presse sportive espagnole, ce dimanche. "Courtois offre la Ligue des champions" au Real, s'est aligné le quotidien sportif catalan Mundo Deportivo, avec une grande photo du géant belge tenant la "Coupe aux grandes oreilles" à sa une.


Mais les incidents de la soirée tiennent également une large place dans les journaux ibériques.   

«Hordes de barbares»
Alfredo Relano, président d'honneur du quotidien sportif As et voix respectée du football espagnol, se montre très sévère dans un éditorial, dénonçant Liverpool et "ses hordes de barbares sans ticket d'entrée" qui "ont créé un scandale sans nom aux portes du stade, qui aurait bien pu provoquer une catastrophe, même si tout est heureusement rentré dans l'ordre avec le retard du coup d'envoi."

"Ces faits ne peuvent par rester impunis", a-t-il ajouté.  "Une honte: la finale a débuté avec une demi-heure de retard à cause du chaos aux accès du stade", a affiché le quotidien catalan Sport en bandeau de sa une, dimanche.

Les médias allemands s'interrogent aussi sur des défauts d'organisation de l'UEFA. "La soirée du chaos", écrit Bild, pour qui, sur le plan sportif, il s'agit de "la défaite la plus amère de Klopp", l'entraîneur allemand de Liverpool.

En Italie, la presse salue sans surprise la 4e C1 de "l'empereur" Carlo Ancelotti (Corriere dello Sport).

"Encore un match parfait, pour les choix, la gestion et la préparation. Il est le premier à arriver à quatre Ligue des champions. Une saison énorme, une fierté italienne, merci Carlo!", souligne la Gazzetta dello sport.


Le Corriere dello Sport revient comme toute la presse italienne sur le "flop de l'organisation" parisienne.


"Une mauvaise soirée en conclusion d'une triste saison pour la France, où se sont multipliés dans les stades les problèmes de sécurité et d'ordre public", écrit le journal romain.

«Image lamentable»
Pour Ronan Evain, directeur exécutif du réseau Football Supporters Europe, ce raté "pose la question de la capacité de la France à organiser des événements de cette taille-là".


"On continue de reproduire les mêmes schémas d'organisation qui ont déjà échoué dans le passé. Il y a un besoin très fort de moderniser l'approche de la sécurisation de ces rencontres", a t-il indiqué à l'AFP.


Trop peu ou pas assez ? Le dispositif sécuritaire – 6.800 policiers, gendarmes et pompiers et de très nombreux agents de sécurité privé - devait en tout cas servir de test pour la Coupe du monde de rugby, organisée par la France en 2023 et pour les JO de Paris, l'année suivante. 


Les scènes de désordre ont suscité les critiques de l'opposition.


Marine Le Pen a fait part d'un "sentiment d'humiliation". "Nous sommes regardés par le monde entier et l'intégralité des capitales qui ont vu cela ont constaté que la France n'était plus dans la capacité d'organiser de grandes manifestations sans que celles-ci dégénèrent", a estimé la présidente du Rassemblement national au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.


Même constat chez Jean-Luc Mélenchon. "L'image est lamentable, elle est inquiétante parce qu’on voit clairement qu'on n'est pas préparés pour des événements du type Jeux Olympiques", a lancé le dirigeant de La France Insoumise sur BFMTV.


Du côté de la majorité présidentielle, Aurore Bergé a tenu à "rappeler le contexte". "Cette finale aurait dû se tenir en Russie" et la France l'a organisée "en à peine trois mois", a plaidé sur RMC la député LAREM-Renaissance.


"Il n'y a pas eu de difficultés dans les fan zones", a-t-elle assuré, appelant à "regarder à froid ce qui s'est passé", pour ne pas tirer de conclusions erronées sur les faiblesses organisationnelles potentielles des autorités françaises avant les grandes échéances sportives à venir.


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.


Le Canada a l'intention de reconnaître l'Etat de Palestine, Israël condamne

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion du cabinet pour discuter des négociations commerciales avec les États-Unis et de la situation au Moyen-Orient, à l'Amphithéâtre national de la presse à Ottawa, Ontario, Canada, le 30 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion du cabinet pour discuter des négociations commerciales avec les États-Unis et de la situation au Moyen-Orient, à l'Amphithéâtre national de la presse à Ottawa, Ontario, Canada, le 30 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Canada prévoit de reconnaître l'Etat de Palestine en septembre à l'ONU, a annoncé mercredi le Premier ministre canadien, Mark Carney
  • En franchissant le pas de la reconnaissance, le Canada est motivé par une conviction "de longue date" en faveur d'une solution à deux Etats pour mettre fin au conflit israélo-palestinien

OTTAWA: Le Canada prévoit de reconnaître l'Etat de Palestine en septembre à l'ONU, a annoncé mercredi le Premier ministre canadien, Mark Carney. Un changement de politique aussitôt condamné vigoureusement par Israël.

"Le Canada a l'intention de reconnaître l'Etat de Palestine lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre 2025", a déclaré Mark Carney lors d'une conférence de presse à Ottawa, soulignant que "le niveau de souffrance humaine à Gaza est intolérable".

En franchissant le pas de la reconnaissance, le Canada est motivé par une conviction "de longue date" en faveur d'une solution à deux Etats pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, qui dure depuis des décennies, a justifié son Premier ministre.

"Cette possibilité d'une solution à deux États s'érode sous nos yeux", a déclaré Mark Carney.

L'intention du Canada "repose sur la volonté de l'Autorité palestinienne de mener des réformes essentielles", a expliqué le Premier ministre, citant l'engagement pris par le président Mahmoud Abbas d'organiser des élections générales en 2026 et de ne pas militariser l'État palestinien.

Ce dernier a salué mercredi la décision "courageuse" du Canada, qui "intervient à un moment historique critique pour sauver la solution à deux Etats".

Il s'agit du troisième pays membre du G7, après les récentes annonces de la France et du Royaume-Uni, à signaler son intention de reconnaître l'État palestinien en septembre.

- Israël condamne, la France salue -

Israël a immédiatement décrié cette annonce et a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "durcir la position du Hamas à la table des négociations à un moment critique", a réagi l'ambassade d'Israël à Ottawa dans un communiqué.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a de son côté fustigé dans une publication sur X le changement de position du gouvernement canadien, affirmant que cela "récompense le Hamas et nuit aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza et un cadre pour la libération des otages".

Donald Trump a également critiqué la décision de Mark Carney et averti qu'elle compliquerait les négociations avec Ottawa au sujet des droits de douane.

"Wow! Le Canada vient d'annoncer qu'il soutient un Etat palestinien. Cela va devenir très difficile pour nous de conclure un accord commercial avec eux. O Canada !!!", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Avec cette décision, le Canada se positionne aux côtés de la France, qui a récemment annoncé son intention de reconnaître l'Etat de Palestine à l'Assemblée générale des Nations unies et qui espère créer une dynamique collective en ce sens.

La présidence française a salué mercredi l'annonce du Premier ministre canadien et s'est réjoui "de pouvoir travailler de concert avec le Canada pour relancer une perspective de paix dans la région", précisant qu'Emmanuel Macron s'est entretenu avec Mark Carney "un peu plus tôt dans la journée" à ce sujet.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a également annoncé mardi que son pays reconnaîtrait l'État de Palestine en septembre, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

- Une approche qui "n'est plus tenable" -

Cette annonce du Canada intervient alors qu'un organisme international de surveillance de la faim soutenu par l'ONU a affirmé mardi que le "pire scénario de famine" était "en cours à Gaza".

Mark Carney a par ailleurs ajouté que son pays a toujours été un membre indéfectible du groupe de nations qui espéraient qu'une solution à deux États "serait réalisée dans le cadre d'un processus de paix fondé sur un accord négocié entre le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne".

"Malheureusement, cette approche n'est plus tenable", a-t-il dit, s'en prenant au "terrorisme du Hamas" et "le rejet violent et de longue date par le groupe du droit d'Israël à exister".

Il a également critiqué "l'incapacité persistante" d'Israël à empêcher une catastrophe humanitaire à Gaza, ainsi que l'expansion des colonies en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée par Israël, considérées comme illégales au regard du droit international.

Quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés à Gaza par Israël depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.


Les pays arabes appellent à la paix et au renouvellement de l’Initiative arabe

Un sommet de suivi de la conférence de cette semaine est prévu pendant l'Assemblée générale des Nations unies en septembre. (ONU)
Un sommet de suivi de la conférence de cette semaine est prévu pendant l'Assemblée générale des Nations unies en septembre. (ONU)
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  • Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, dénonce « le prix très élevé que nous payons tous pour que perdure le système d’apartheid et d’occupation » à Gaza, et affirme que pour les Palestiniens, il s’agit d’« un prix payé en sang »
  • Le représentant omanais accuse Israël d’« éroder unilatéralement » les perspectives de paix, en « défi aux dispositions du droit international et aux résolutions de la légitimité internationale »

Les pays arabes ont lancé mercredi un appel unifié pour mettre fin à la violence à Gaza et en Cisjordanie, réaffirmant leur soutien le plus ferme à l’Initiative de paix arabe, qu’ils considèrent comme le seul cadre viable pour une paix et une stabilité durables dans la région.

« Ce que nous voyons aujourd’hui à Gaza — le retrait de la stabilité et de la sécurité dans la région — est bel et bien le résultat de l’occupation en cours », a déclaré un représentant de la Ligue arabe, lisant une déclaration au nom de son secrétaire général, Ahmed Aboul Gheit.

« C’est le prix que paient les Palestiniens, un prix payé en sang. »

Il a qualifié ce tribut de « prix extrêmement élevé que nous payons tous pour que le système d’apartheid et d’occupation se maintienne sur cette terre », tout en soulignant l’attachement continu de la Ligue à l’Initiative de paix arabe, adoptée à Beyrouth il y a 23 ans.

« Cette vision n’a cependant pas été accueillie en retour. Elle a été confrontée à l’arrogance et à un nationalisme fondé sur des vues sectaires religieuses, qui mèneront la région vers un avenir incertain », a-t-il ajouté.

Ces propos ont été tenus à la clôture de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, au siège des Nations unies à New York.

Le représentant d’Oman a repris ces mots à son compte, réaffirmant que la paix « globale et durable » devait s’ancrer dans le cadre du droit international tel que défini dans l’Initiative de paix arabe.

Adoptant une position similaire à celle de nombreux autres États présents à la conférence, le représentant omanais a accusé Israël de miner unilatéralement les perspectives de paix, qualifiant cela de « défi aux dispositions du droit international et aux résolutions de la légitimité internationale ».

Il a poursuivi : « La nature des politiques du gouvernement israélien actuel, les plus extrêmes depuis des décennies, complique davantage le paysage et entrave directement toute tentative de relance du processus de paix. »

Le Conseil de coopération du Golfe a réitéré son soutien à la solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies, a condamné l’agression israélienne continue contre Gaza et exigé qu’elle cesse.

Le représentant du Conseil a également rejeté les politiques israéliennes de colonisation, les qualifiant de violation flagrante, et a réclamé un accès humanitaire complet à Gaza ainsi que le lancement de la reconstruction du territoire.

« La véritable grandeur ne repose pas sur le pouvoir, mais sur la capacité d’utiliser ce pouvoir au service de la justice », a-t-il affirmé. « Il est temps de traduire ce principe en une position internationale claire reconnaissant un État palestinien pleinement souverain. »

Le représentant de l’Organisation de la coopération islamique s’est joint aux appels en faveur d’une solution à deux États, tout en soulignant la nécessité pour les autorités israéliennes de se conformer aux résolutions des Nations unies.

Israël, a-t-il ajouté, est coupable de « crimes systémiques incluant l’agression, le génocide, la destruction, les déplacements forcés, la famine et le blocus sur la bande de Gaza », en plus de « politiques illégales d’expansion des colonies, d’annexion et de nettoyage ethnique ».

L’intention d’Israël « d’imposer sa soi-disant souveraineté sur la Cisjordanie, y compris sur la ville occupée de Jérusalem… constitue une violation flagrante du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU », a-t-il ajouté, appelant à la fin immédiate de telles actions.

Ces déclarations interviennent alors que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que le conflit à Gaza avait atteint un « point de rupture ». La pression internationale en faveur d’un accord de cessez-le-feu s’intensifie, mais Israël continue de rejeter ces appels, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avançant des plans d’annexion de certaines parties de Gaza si le Hamas refuse une trêve.

Des sources ont indiqué mercredi qu’Israël avait rejeté la dernière proposition de cessez-le-feu, refusant de retirer ses forces de certaines zones clés du territoire.

L’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, a qualifié la conférence de l’ONU de cette semaine de « cirque politique » contre Israël.

« Nous assistons à un détachement de la réalité, à la propagation de mensonges et au soutien au terrorisme », a-t-il écrit dans un message publié sur la plateforme X.

L’envoyé spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient, Steven Witkoff, devait arriver jeudi à Tel Aviv pour s’entretenir avec des responsables israéliens. Sa visite intervient alors que la classification intégrée de la sécurité alimentaire soutenue par l’ONU a averti que le « pire scénario de famine est actuellement en train de se réaliser » à Gaza.

Le représentant de l’Iran à l’ONU a également pris la parole lors de cette dernière journée de conférence, dénonçant une « politique d’apaisement » de la communauté internationale envers Israël, et appelant à des actions concrètes.

« Compte tenu de son mépris persistant pour la Charte de l’ONU, le régime israélien doit faire l’objet de sanctions ciblées et être suspendu de son adhésion à l’ONU, afin de protéger l’intégrité et la crédibilité de l’organisation », a-t-il déclaré.

Il a en outre exhorté les États membres à faire pression sur le Conseil de sécurité pour qu’il admette la Palestine comme État membre à part entière des Nations unies, insistant : « Ce processus ne doit pas être bloqué par les États-Unis. » La Palestine ne dispose actuellement que du statut d’observateur.

Un sommet de suivi de cette conférence est prévu en septembre, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com