Soudan: levée de l'état d'urgence imposé lors du putsch d'octobre

Le général soudanais Abdel Fattah Al-Burhan (Photo, AFP).
Le général soudanais Abdel Fattah Al-Burhan (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 30 mai 2022

Soudan: levée de l'état d'urgence imposé lors du putsch d'octobre

  • Burhane a fait arrêter ses partenaires civils, limogé le gouvernement de transition et imposé l'état d'urgence
  • Les manifestants anti-putsch, eux, refusent tout dialogue avec les militaires

KHARTOUM: Le général Abdel Fattah al-Burhane a levé dimanche l'état d'urgence qu'il avait imposé au Soudan lors de son putsch du 25 octobre, le jour où s'ouvrait à Khartoum le procès de quatre manifestants, dont une icône de la contestation contre les militaires.

Le général Burhane, qui a fait arrêter ses partenaires civils, limogé le gouvernement de transition et imposé l'état d'urgence lors de son coup de force, est sous le feu des critiques de la communauté internationale, qui fait du retour des civils au pouvoir la condition sine qua non pour la reprise de son aide pays, l'un des plus pauvres au monde. 

Elle réclame également la fin d'une répression qui a déjà fait une centaine de morts dans les rangs des manifestants pro-démocratie et des centaines d'arrestations.

Le général Burhane "a émis un décret levant l'état d'urgence dans tout le pays", a déclaré dans un communiqué le Conseil dont il est à la tête. Il s'agit d'une main tendue "pour créer l'atmosphère nécessaire à un dialogue fructueux et significatif pour la stabilité durant la période de transition".

La transition vers la démocratie a été lancée en 2019 au Soudan, quand militaires et civils se sont entendus pour partager le pouvoir le temps de mener le pays vers ses premières élections démocratiques après 30 années de dictature militaro-islamiste d'Omar el-Béchir, déposé par l'armée sous la pression de la rue.

Enquête sur des tortures

Elle a été interrompue par le putsch du général Burhane qui plaide désormais pour un dialogue avec l'ensemble des forces politiques qu'il appelle déjà à faire des "concessions".

Les Nations unies et l'Union africaine --qui a suspendu le Soudan-- plaident elles aussi pour un dialogue politique sous peine de voir le pays sombrer définitivement "sur les plans économique et sécuritaire" alors que déjà, selon l'ONU, un Soudanais sur deux souffrira de la faim d'ici fin 2022.

Les manifestants anti-putsch, eux, refusent tout dialogue avec les militaires, échaudés par le coup d'Etat d'octobre.

Dimanche, le procès de quatre manifestants détenus depuis quatre mois pour la mort d'un général de police s'est ouvert à Khartoum, alors que des centaines de Soudanais brandissaient leurs portraits devant la salle d'audience, a constaté un journaliste de l'AFP. 

Mohammed Adam, jeune icône des anti-putsch et surnommé Tupac par la rue, est apparu aux côtés de ses co-accusés, Mohammed al-Fattah, Ahmed al-Nanna et Mossaab al-Cherif. Poing en l'air, "V" de la victoire et larges sourires, ils ont salué les leurs à leur descente du fourgon de police.   

La prochaine audience aura lieu le 12 juin, a annoncé le juge Zouheir Osmane qui a réclamé à la médecine légale un rapport sur de possibles tortures alors que les quatre jeunes avaient mené en mars une grève de la faim pour protester contre "traitements inhumains" et "violences policières".

«Procès de la révolution»

"Ce procès n'est pas seulement celui de quatre révolutionnaires, c'est celui de la révolution", a écrit le comité populaire du remuant quartier de Bourri à Khartoum, appelant à "ne pas laisser les forces contre-révolutionnaires reprendre le contrôle de l'Etat quoi qu'il en coûte".

Ce procès est emblématique dans le pays où la police n'a annoncé que deux morts dans ses rangs, dont ce général de police poignardé à mort selon elle dans le chaos de la dispersion en janvier d'une des nombreuses manifestations anti-putsch.

Plusieurs dizaines de ses proches étaient également présents devant le tribunal dimanche, brandissant des banderoles réclamant "vengeance".

Samedi, deux nouveaux manifestants ont été tués dans de nouvelles protestations anti-putsch. L'émissaire de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, a estimé qu'il était "temps d'arrêter la violence et de mettre fin à l'état d'urgence".

Dimanche, peu avant qu'il ne lève l'état d'urgence, le général Burhane avait reçu des haut-gradés qui l'ont appelé à libérer les manifestants arrêtés sous le coup des lois d'exception et à rendre son accréditation à Al-Jazeera Live, selon son bureau. 

Cette chaîne qatarie, interdite en janvier, avait été accusée par les autorités de "couverture non professionnelle" des manifestations.


Gaza: Trump envoie un «dernier avertissement» au Hamas sur un retour des otages

Une manifestation à Tel-Aviv réclamant le retour des otages. (AFP)
Une manifestation à Tel-Aviv réclamant le retour des otages. (AFP)
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  • Dimanche l'armée israélienne a bombardé une nouvelle tour d'habitation de Gaza-ville, la troisième en trois jours
  • "Les Israéliens ont accepté mes conditions. Il est temps pour le Hamas d'accepter également. J'ai averti le Hamas des conséquences en cas de refus. Ceci est mon dernier avertissement, il n'y en aura pas d'autre!"

WASHINGTON: Donald Trump a annoncé dimanche avoir envoyé un "dernier avertissement" au Hamas pour un retour des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza, assurant avoir "averti" le mouvement armé "des conséquences en cas de refus".

"Les Israéliens ont accepté mes conditions. Il est temps pour le Hamas d'accepter également. J'ai averti le Hamas des conséquences en cas de refus. Ceci est mon dernier avertissement, il n'y en aura pas d'autre!", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé dimanche une extension des opérations militaires dans et autour de Gaza, et affirmé qu'environ 100.000 personnes avaient déjà quitté les lieux. Selon des estimations récentes de l'ONU, près d'un million de personnes vivent dans et autour de la ville.

Ni l'armée ni le gouvernement Netanyahu n'ont officiellement annoncé jusque-là le début de l'offensive de grande envergure contre la ville de Gaza approuvée en août, avec comme objectif affiché d'en prendre le contrôle, de venir à bout du Hamas et de libérer les otages restant captifs depuis le 7-Octobre.

Mais l'armée a intensifié ces dernières semaines ses bombardements ainsi que ses opérations au sol dans et autour de la ville, qu'elle présente comme le dernier bastion du Hamas mais qu'elle affirme également désormais contrôler à 40%.

Dimanche l'armée israélienne a bombardé une nouvelle tour d'habitation de Gaza-ville, la troisième en trois jours.

 


L'armée israélienne détruit une nouvelle tour d'habitation à Gaza-ville, où elle étend ses opérations

L'armée israélienne a bombardé dimanche une nouvelle tour d'habitation dans la ville de Gaza, après l'annonce par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, d'une extension des opérations militaires dans cette agglomération, dont Israël a affirmé vouloir prendre le contrôle. (AFP)
L'armée israélienne a bombardé dimanche une nouvelle tour d'habitation dans la ville de Gaza, après l'annonce par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, d'une extension des opérations militaires dans cette agglomération, dont Israël a affirmé vouloir prendre le contrôle. (AFP)
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  • "Depuis trois jours, l'armée israélienne bombarde des tours et des immeubles (...) c'est terrifiant, et nous ne savons pas ce qui nous attend encore"
  • Vendredi et samedi, les forces israéliennes ont détruit deux autres tours d'habitations dans la ville de Gaza, accusant le Hamas, qui dénonce des "mensonges", d'utiliser ces bâtiments pour opérer

JERUSALEM: L'armée israélienne a bombardé dimanche une nouvelle tour d'habitation dans la ville de Gaza, après l'annonce par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, d'une extension des opérations militaires dans cette agglomération, dont Israël a affirmé vouloir prendre le contrôle.

Des témoins ont indiqué que le bâtiment a été détruit, sans que la frappe, précédée d'un appel de l'armée à évacuer les lieux, n'ait fait de blessés, selon la Défense civile de la bande de Gaza.

Il s'agit de la troisième tour d'habitation de Gaza-ville, présentée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas, à avoir été détruite en trois jours par des bombardements israéliens après des appels à évacuer.

"Il y a peu de temps, l'armée a frappé un immeuble de grande hauteur utilisé par l'organisation terroriste Hamas dans la zone de Gaza-Ville", a affirmé dimanche un communiqué militaire.

L'armée avait plus tôt appelé à évacuer l'immeuble Al-Rouya dans le sud-ouest de la ville, située dans le nord du territoire palestinien dévasté par près de deux ans de guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

"Dans le cadre de leurs préparatifs face à une opération de l'armée, des terroristes du Hamas avaient placé de nombreux explosifs à proximité de l'immeuble, dans le but de blesser les soldats israéliens", ajoute l'armée.

Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal a confirmé à l'AFP que la tour Al-Rouya avait été "bombardée par l'aviation israélienne", sans faire de blessés.

Il a indiqué que 31 personnes avaient été tuées dimanche par les forces israéliennes dans l'ensemble du territoire.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier les bilans et affirmations des différentes parties.

"Terrifiant" 

Le bombardement "a fait trembler la terre, comme un séisme", a affirmé à l'AFP un témoin, Mohammed al-Nazli, habitant du quartier de Tal al-Hawa où s'élevait la tour.

"La fumée a couvert la zone, et nous avions du mal à respirer", a-t-il ajouté. "L'immeuble a été complètement détruit, il s'est effondré au sol."

"Depuis trois jours, l'armée israélienne bombarde des tours et des immeubles (...) c'est terrifiant, et nous ne savons pas ce qui nous attend encore", a dit M. Nazli.

Vendredi et samedi, les forces israéliennes ont détruit deux autres tours d'habitations dans la ville de Gaza, accusant le Hamas, qui dénonce des "mensonges", d'utiliser ces bâtiments pour opérer.

Samedi, l'armée a appelé la population de Gaza-ville à évacuer vers la zone déclarée "humanitaire" d'al-Mawasi (sud), qui comprend selon elle des "infrastructures humanitaires", et est approvisionnée en nourriture et médicaments.

M. Netanyahu, a annoncé dimanche une extension des opérations militaires dans et autour de Gaza, et affirmé qu'environ 100.000 personnes avaient déjà quitté les lieux. Selon des estimations récentes de l'ONU, près d'un million de personnes vivent dans et autour de la ville.

Ni l'armée ni le gouvernement Netanyahu n'ont officiellement annoncé jusque là le début de l'offensive de grande envergure contre la ville de Gaza approuvée en août, avec comme objectif affiché d'en prendre le contrôle, de venir à bout du Hamas et de libérer les otages restant captifs depuis le 7-Octobre.

Mais l'armée a intensifié ces dernières semaines ses bombardements ainsi que ses opérations au sol dans et autour de la ville, dont elle affirme désormais contrôler 40%.


Israël appelle les habitants de Gaza frappés par la famine à quitter les lieux alors qu'il vise les gratte-ciel

Des personnes en deuil prient pendant les funérailles des Palestiniens tués par des tirs israéliens alors qu'ils tentaient de recevoir de l'aide vendredi, et d'autres tués dans les frappes de la nuit, selon les médecins, à l'hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, le 6 septembre 2025. (Reuters)
Des personnes en deuil prient pendant les funérailles des Palestiniens tués par des tirs israéliens alors qu'ils tentaient de recevoir de l'aide vendredi, et d'autres tués dans les frappes de la nuit, selon les médecins, à l'hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, le 6 septembre 2025. (Reuters)
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  • Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, désormais en proie à la famine sur 20% du territoire selon l'ONU, l'armée a souvent bombardé des zones déclarées "humanitaires", affirmant y viser des combattants du Hamas
  • L'armée israélienne a détruit samedi une nouvelle tour d'habitation dans la ville de Gaza et appelé ses habitants à évacuer vers le sud du territoire palestinien, en prévision d'un assaut au sol

GAZA: L'armée israélienne a détruit samedi une nouvelle tour d'habitation dans la ville de Gaza et appelé ses habitants à évacuer vers le sud du territoire palestinien, en prévision d'un assaut au sol qui suscite de vives craintes pour la population civile.

Près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses opérations militaires dans la ville de Gaza, la plus grande du territoire.

Disant contrôler 40% de cette ville du nord du territoire assiégé, elle affirme vouloir s'en emparer pour venir à bout du Hamas et libérer les otages capturés le 7-Octobre.

La Défense civile de Gaza a fait état de la mort de 56 personnes samedi dans le territoire palestinien, dont quatre dans le quartier de cheikh Radwane, dans la ville de Gaza, et 19 près d'un centre de distribution d'aide dans le nord. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit ne pas être en mesure dans l'immédiat de commenter ces informations.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a appelé en matinée les habitants de Gaza-ville à évacuer "sans tarder" vers la "zone humanitaire" d'al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza, et "rejoindre les milliers de personnes qui s'y sont déjà rendues".

- "Sauver nos soldats" -

Des avions israéliens ont largué par ailleurs des milliers de tracts au-dessus de quartiers ouest de Gaza-ville, demandant aux habitants de partir, annonçant un bombardement sur un immeuble.

L'armée a ensuite frappé la tour Soussi, au lendemain du bombardement d'un bâtiment similaire.

Elle avait prévenu vendredi qu'elle ciblerait les "infrastructures terroristes" dans la ville, en particulier les tours d'habitation. Elle accuse le Hamas, qui parle de "mensonges", d'utiliser ces bâtiments.

"Où pouvons-nous aller ?", lance Nafiz, 44 ans, qui habite avec sa famille dans une tente dans le quartier de Rimal, à Gaza-ville. "Nous allons attendre, et lorsque nous verrons les chars israéliens approcher, nous partirons".

Ibrahim Al-Joumla, 39 ans, qui dit avoir fui avec sa famille un quartier pour un autre en raison des bombardements, ne sait pas non plus où fuir, ni comment: "Nous sommes à pied. Même si nous décidions de fuir, nous n'avons pas d'argent".

Selon l'ONU, la quasi-totalité des plus de deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza ont été chassés de leurs foyers au moins une fois par la guerre qui fait rage depuis plus de 700 jours.

L'ONU, qui estime à environ un million de personnes la population de la ville de Gaza et ses environs, a mis en garde contre un "désastre" et Amnesty International des conséquences "irréversibles" pour les Palestiniens.

En Israël, des familles des otages craignent par ailleurs qu'une opération majeure sur Gaza-ville ne mettent en danger la vie de leurs proches.

Comme tous les samedis soirs, des milliers d'Israéliens brandissant des photos des otages ont manifesté à Tel-Aviv et Jérusalem. "La guerre doit s'arrêter pour libérer les otages et sauver nos soldats", pouvait-on lire sur une pancarte.

Selon l'armée israélienne, 47 captifs restent retenus à Gaza dont 27 présumés morts, sur un total de 251 personnes enlevées le 7-Octobre.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël, a fait état vendredi d'une "négociation approfondie" avec le Hamas sur les otages. Le nouveau chef du commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, Brad Cooper, a effectué samedi une visite en Israël.

- "Pas de place, pas d'eau" -

Dans son appel à évacuer la ville de Gaza, l'armée israélienne a affirmé que la "zone humanitaire" d'al-Mawasi comprenait des "infrastructures humanitaires essentielles", et était approvisionnée en nourriture et médicaments.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, désormais en proie à la famine sur 20% du territoire selon l'ONU, l'armée a souvent bombardé des zones déclarées "humanitaires", affirmant y viser des combattants du Hamas.

Déplacé à al-Mawasi avec sa famille, Bassam al-Astal, 52 ans, affirme qu'il n'y a "pas de place pour les tentes, pas de services humanitaires, pas d'eau, pas d'assainissement, pas d'aide alimentaire".

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.368 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier les bilans de la Défense civile palestinienne.