Un journaliste français tué en Ukraine, lors d'un reportage sur un convoi humanitaire

Un homme marche sur les débris d'un immeuble résidentiel endommagé par une frappe militaire, alors que l'attaque de la Russie contre l'Ukraine se poursuit, à Severodonetsk, dans la région de Lougansk, en Ukraine, le 16 avril 2022. (Reuters)
Un homme marche sur les débris d'un immeuble résidentiel endommagé par une frappe militaire, alors que l'attaque de la Russie contre l'Ukraine se poursuit, à Severodonetsk, dans la région de Lougansk, en Ukraine, le 16 avril 2022. (Reuters)
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Publié le Lundi 30 mai 2022

Un journaliste français tué en Ukraine, lors d'un reportage sur un convoi humanitaire

Un homme marche sur les débris d'un immeuble résidentiel endommagé par une frappe militaire, alors que l'attaque de la Russie contre l'Ukraine se poursuit, à Severodonetsk, dans la région de Lougansk, en Ukraine, le 16 avril 2022. (Reuters)
  • «BFMTV a l'immense douleur d'annoncer la disparition de Frédéric Leclerc-Imhoff», journaliste reporter d'images, âgé de 32 ans, a confirmé la chaîne sur son antenne
  • La chef de la diplomatie française Catherine Colonna a «exigé» lundi une «une enquête transparente dans les meilleurs délais pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame»

PARIS: Un journaliste français, travaillant pour la chaîne BFMTV, a été tué lundi en Ukraine et son collègue blessé alors qu'ils accompagnaient des civils à bord d'un bus humanitaire, portant à huit le nombre de reporters tués depuis le début de l'invasion russe. 

« Journaliste, Frédéric Leclerc-Imhoff était en Ukraine pour montrer la réalité de la guerre. À bord d'un bus humanitaire, aux côtés de civils contraints de fuir pour échapper aux bombes russes, il a été mortellement touché », a écrit le président français Emmanuel Macron sur Twitter. 

« À celles et ceux qui assurent sur les théâtres d'opérations la difficile mission d'informer, je veux redire le soutien inconditionnel de la France », a-t-il ajouté. 

La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, a affirmé dans un tweet que le reporter avait été « tué par un bombardement russe sur une opération humanitaire alors qu'il exerçait son devoir d'informer », condamnant un « double crime qui vise un convoi humanitaire et un journaliste ». 

La ministre a « exigé » « une enquête transparente dans les meilleurs délais pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame ». 

« Informer ne devrait coûter aucune vie », a pour sa part twitté la Première ministre, Elisabeth Borne. 

BFMTV a confirmé le décès de son journaliste reporter d'images, âgé de 32 ans, sur son antenne. 

Il a été touché par un « éclat d'obus alors qu'il suivait une opération humanitaire », a-t-elle précisé. 

Il s'agissait de la deuxième mission en Ukraine du vidéaste, qui travaillait depuis 6 ans pour BFMTV. 

Le journaliste Maxime Brandstaetter, qui accompagnait le JRI sur ce reportage, a été « légèrement blessé », a précisé la chaîne. 

Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, au moins huit journalistes sont morts sur le terrain dans l'exercice de leur profession, selon un décompte de RSF (Reporters sans frontières). 

L'Unesco condamne le «meurtre» d'un journaliste français

La directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay a condamné lundi le « meurtre » de Frédéric Leclerc-Imhoff, journaliste français de la chaîne BFMTV tué près de Severodonetsk, dans l'est de l'Ukraine. 

« Je condamne le meurtre de Frédéric Leclerc-Imhoff et demande l’ouverture d'une enquête afin que les auteurs de ce crime puissent être identifiés et poursuivis par la justice », a indiqué dans un communiqué la directrice de l'Organisation de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). 

« Les journalistes qui œuvrent chaque jour en Ukraine à nous informer de la réalité de la guerre doivent être protégés de toute attaque », a-t-elle poursuivi, appelant les parties à respecter une résolution du Conseil de sécurité sur la protection des professionnels des médias en zone de conflit. 

« Pas une tête brûlée »  

« Nous condamnons fermement cet assassinat. La liste des crimes russes contre les professionnels des médias en Ukraine ne cesse de s'allonger », a déploré Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère des Affaires étrangères ukrainien, sur Twitter. 

Selon ce responsable, « l'armée russe a bombardé un véhicule qui devait évacuer des civils de la zone de guerre, près de Severodonetsk ». 

Le gouverneur de la région de Lougansk avait prévenu dans l'après-midi sur le réseau Telegram que l'opération, qui visait l'évacuation de 10 personnes, avait été annulée en conséquence. 

« Le camion blindé n'a pas été touché directement mais des éclats ont traversé le pare-brise blindé. Un éclat a touché Frédéric », a raconté Patrick Sauce, grand reporter de la chaîne d'info. 

« Maxime était situé à l'arrière, il a été blessé à la jambe. Oksana Leuta, la fixeuse-traductrice ukrainienne va bien », a ajouté le journaliste. 

« Frédéric n'était pas une tête brûlée. Il pesait chaque minute de sa mission »,  a déclaré visiblement ému Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV, sur le plateau de la chaîne. 

Les trois membres de l'équipe « ont échangé comme tous les matins (pour évaluer les risques, ndlr): Oksana et Frédéric ont estimé que la mission était suffisamment sécurisée pour pouvoir y aller. Maxime, lui, avait plus de questions, comme il aurait pu en avoir la veille ou le lendemain. Mais (...) c'est aussi ça une équipe de reportage, c'est des gens très soudés, ils ont décidé d'y aller », a exposé le patron de BFMTV. 

« La première réaction (de sa mère, au téléphone, ndlr) a été de demander comment allaient Maxime et la fixeuse. Elle savait quel était le métier de son fils (...) avec une forme de fierté », a-t-il conclu. 

L’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine, dont Frédéric Leclerc-Imhoff avait été diplômé en 2014, a déclaré garder « le souvenir d’un étudiant aussi attachant que passionné, rigoureux et sensible ». 

Premières réactions politiques à la mort du journaliste français tué en Ukraine

Voici de premières réactions politiques à la mort du journaliste français Frédéric Leclerc-Imhoff, tué lundi alors qu'il accompagnait des civils à bord d'un bus humanitaire (sur Twitter): 

- Gilles Le Gendre, ex-patron des députés LREM: « La mort du reporter Frédéric Leclerc-Imhoff en Ukraine nous choque et nous émeut ». 

- Jordan Bardella, président par intérim du Rassemblement national: « Grande tristesse d'apprendre la mort d'un journaliste français, Frédéric Leclerc-Imhoff, dans le bombardement russe d'un convoi humanitaire dans le Donbass. Immense respect pour les reporters de guerre, qui défendent la liberté d'informer au péril de leur vie ». 

- Alexis Corbière, député LFI de Seine-saint-Denis: « La liberté de la presse est la marque indispensable de nos libertés collectives. Au premier rang de cette grande tâche, si difficile et si malmenée, il y a toujours les courageux reporters de guerre. Hommage à Frédéric Leclerc-Imhoff et à tous ses proches et collègues ». 

- Fabien Roussel, secrétaire national du PCF: « L’horreur de la guerre et la mort de Frédéric Leclerc-Imhoff. Il exerçait ce métier indispensable qui informe, témoigne et décrypte ». 

- Yannick Jadot, ex-candidat EELV à la présidentielle: « J’adresse toutes mes condoléances à la famille, aux proches et aux collègues de Frédéric Leclerc-Imhoff, journaliste tué en Ukraine pour nous informer du génocide en cours ». 

- Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris: « Il était en Ukraine pour exercer sa profession: nous informer. Pensées respectueuses et attristées » 

- Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie: « Face aux exactions commises par l'armée russe en Ukraine, le travail des journalistes sur le terrain, mené au péril de leur vie, reste indispensable ». 

- Éric Ciotti, député LR des Alpes-maritimes: « Immense tristesse (...) Hommage à tous ces journalistes qui exercent leur mission d’informer au péril de leur vie ». 

- Michel Barnier, ex-candidat à la primaire LR: « Nous partageons tous la peine de la famille, des amis et des confrères de Frédéric Leclerc-Imhoff ». 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.