France: Le procès du 13-Novembre évoque le sort des «orphelins» des attentats

Ce croquis d’audience réalisé le 6 janvier 2022 montre les coaccusés (de gauche à droite): Oussama Krayem, Mohamed Abrini, Mohamed Amri et Salah Abdeslam (Photo, AFP).
Ce croquis d’audience réalisé le 6 janvier 2022 montre les coaccusés (de gauche à droite): Oussama Krayem, Mohamed Abrini, Mohamed Amri et Salah Abdeslam (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 31 mai 2022

France: Le procès du 13-Novembre évoque le sort des «orphelins» des attentats

  • Sur l'écran de la salle d'audience de la cour d'assises spéciale de Paris défilent des dessins montrant les cauchemars de ces enfants privés de parents
  • Pour ces enfants «finis les anniversaires, les bougies, les instants d'amour, les fêtes des mères, des pères»

PARIS : Le sort des enfants orphelins, "victimes du terrorisme", a été lundi au coeur des plaidoiries d'une demi-douzaine d'avocats de parties civiles au procès des attentats du 13-Novembre, qui ont fait 130 morts à Paris et en banlieue.

"Deux syllabes. Deux syllabes, Papa, Maman, que 69 enfants ne prononceront plus jamais", a rappelé à la barre l'avocate Helena Christidis, citant les noms d'Iris, Hector, Mathilde, Emilie, Micha, Tamia, Kevin, Sami, Elsa et plusieurs autres, "victimes par ricochet" des attentats.

Sur l'écran de la salle d'audience de la cour d'assises spéciale de Paris défilent des dessins montrant les cauchemars de ces enfants privés de parents. Un des dessins représente un enfant, les yeux grand ouverts, la nuit, dans un lit, seul avec le parent survivant. Au-dessus et au-dessous du lit flottent des fantômes.

Pour ces enfants "finis les anniversaires, les bougies, les instants d'amour, les fêtes des mères, des pères". Me Christidis évoque l'effacement progressif des souvenirs heureux, le son des voix aimées et les odeurs familières qui s'estompent. On grandit mais "de façon bancale". 

Il y a aussi, poursuit l'avocate, la peur de perdre l'autre parent ou l'incompréhension des copains - "Ça fait 6 mois maintenant que ton père est mort, tu peux arrêter de faire la tête ?" -. "C’est si destructeur que certains, à ce si jeune âge, sont déjà sous anxiolytiques", dit l'avocate.

Au cours du procès, commencé le 8 septembre 2021, on a entendu plusieurs témoignages de jeunes gens ayant perdu un ou leurs deux parents et de mère ou père ayant perdu leur compagnon ou leur compagne. A chaque fois, ce furent des récits douloureux évoquant des blessures jamais cicatrisées.

On se souvient ainsi du témoignage de Corinne qui avait laissé son fils de 6 ans profiter d'un anniversaire avant de lui expliquer que son père ne reviendrait pas. Corinne avait raconté à la barre le regard perdu de son fils et son cri : "Mais alors, je verrai plus jamais mon papa ?".

«Victimes par retardement»

"Les enfants du 13 novembre 2015 sont tous des victimes, des victimes par retardement", explique Me Léa Capiaux, avocate de Milan, 10 ans à l'époque, et de son père venus ensemble dans la salle de concert du Bataclan, attaquée par des djihadistes.

Milan dont c'était "le premier concert" et son père ont survécu au massacre mais les séquelles demeurent intactes.

"Il aurait dû découvrir la musique. Il a découvert la terreur. La peur de voir son père mourir. Cette soirée a bouleversé son enfance. Leur vie est bouleversée à jamais", insiste Me Capiaux. 

"Etre enfant victime du terrorisme, c’est un mois et demi sans câlin de ce père qui a peur de la mort. C’est faire des dessins de ses parents avec des visages tristes et apeurés, plein de stupeur. C'est détester les exercices attentat à l'école", résume une avocate.

"Les terroristes leur ont volé leur enfance, leur innocence", dit-elle.

Dans sa plaidoirie, Me Christidis n'oublie pas l'avenir incertain des enfants des accusés et de ceux, enfants de djihadistes, enfermés dans les camps en Syrie. "Oui, messieurs les accusés, vos enfants n’ont pas demandé à naître dans ce monde. Dans ce monde que vous avez choisi. Que vous avez empli de terreur", dit l'avocate en se tournant vers des accusés qui écoutent tête baissée. 

"Messieurs les accusés, vous avez contribué à ces tueries de masse. 69 orphelins et des centaines d’enfants de survivants, marqués à vie, devenus hélas adultes bien trop tôt", insiste-t-elle.

Les plaidoiries des avocats des parties civiles qui ont choisi de mutualiser leur temps de parole autour de thématiques doivent se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine.

Le verdict est attendu le 29 juin.


Le budget de la Sécurité sociale et son débat sur les retraites suspendus au vote sur les "recettes"

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
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  • Les députés doivent voter sur la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, dont le rejet bloquerait l’examen de la suspension de la réforme des retraites prévue dans la partie « dépenses »
  • Malgré les divisions, le gouvernement appelle à la responsabilité pour éviter un blocage, tandis que les oppositions cherchent à peser sur le déficit et la répartition des recettes

PARIS: Le budget de la Sécurité sociale va-t-il poursuivre son chemin à l'Assemblée? Les députés doivent se prononcer, potentiellement samedi, sur sa partie "recettes" largement remaniée, et dont le rejet interromprait les débats avant même l'article-phare suspendant la réforme des retraites.

Signe de l'importance du moment, le ministère des Relations avec le Parlement a appelé les députés à adopter cette partie du texte pour que le débat "se poursuive" sur les dépenses, avant un vote sur l'ensemble du texte prévu mercredi, plutôt que d'envoyer dès ce week-end tout le projet de loi initial au Sénat. Laconique, et s'exprimant depuis le Mexique, Emmanuel Macron a tout de même répété ses vœux de "stabilité" pour le pays, en misant sur "la responsabilité de chacun" dans l'examen de ce budget.

La partie "dépenses" contient des "sujets de santé, de prévention, d'hôpital" et "la suspension de la réforme des retraites", rappelle le ministère.

Un message nécessairement adressé aux oppositions, mais qui peut aussi se lire comme un appel à la mobilisation de son propre camp, échaudé par certaines concessions à la gauche.

"On est loyal à un gouvernement qui fait n'importe quoi", s'est emporté anonymement cette semaine un député Renaissance.

L'opportunité d'aborder tous les sujets pèse à gauche: "on ne votera pas contre la partie recettes, ne serait-ce que parce qu'on veut qu'il y ait le débat sur la réforme des retraites", a expliqué à l'AFP Stéphane Peu, patron du groupe communiste, qui devrait s'abstenir.

Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN, pense que tous les groupes ont "intérêt à ce qu'on aborde les dépenses" car "ce n'est pas bon de laisser entendre aux Français que quand on parle de budget on ne parle que de fiscalité". Mais la décision sera actée par la patronne Marine Le Pen.

Le gouvernement espérera nécessairement une abstention des socialistes plutôt qu'un vote contre, alors que le PS, qui a obtenu sous la menace d'une censure l'annonce d'une suspension de la réforme des retraites, a un intérêt objectif à ce que les débats aillent jusqu'à cet article crucial.

- Quel déficit? -

Les oppositions, mais aussi une partie du camp gouvernemental, peuvent aussi se targuer d'avoir largement réécrit la partie recettes: exit la surtaxe sur les mutuelles, la cotisation patronale sur les tickets-restaurants ou la fin d'une exonération sur les salaires des apprentis.

Et la gauche a aussi fait adopter des amendements PS, LFI et communiste pour une hausse de CSG sur les revenus du patrimoine, et dégager 2,8 milliards de recettes en 2026. Le tout avec un avis favorable, quoique très froid, du gouvernement, qui n'a pas approuvé le dispositif mais veut qu'il reste sur la table pour la suite de la navette parlementaire.

"C'est la seule chose, pour l'instant, qu'ils ont cédée. Si les choses ne changent pas (...) ce sera un vote contre", estimait vendredi après-midi Hendrik Davi, du groupe écologiste, qui décidera samedi de sa position.

"J'aurais bien aimé qu'il y ait un petit peu plus de recettes", pointait aussi Jérôme Guedj (PS) vendredi, déçu du manque de soutien à certaines réductions d'exonérations patronales. "Il faut qu'on voit à la fin ce qu'il y a."

Plus d'impôts, moins de dépenses... Tous les groupes s'inquiètent à leur manière de la façon dont sera réduit le déficit de la Sécu. La copie du gouvernement prévoyait 17,5 milliards d'euros de déficit en 2026 (contre 23 milliards en 2025).

Mais le feu nourri des parlementaires contre plusieurs mesures-phares, comme le gel des retraites et des minima sociaux auquel le gouvernement entend renoncer, éloigne l'objectif.

"Il faudra nous assurer que, de manière absolue, le déficit de la sécurité sociale ne soit pas supérieur à 20 milliards d'euros", a insisté mercredi la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Une alerte perçue comme une marge de manœuvre par certains à gauche, qui considèrent que le gouvernement de Sébastien Lecornu est effectivement prêt à renoncer à certaines mesures d'économies.


La présidente du Louvre déterminée à mener à bien la modernisation du musée

 La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
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  • "J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui"
  • Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente

PARIS: La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes.

"J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui".

Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente, qui en avait déjà fait état lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat fin octobre.

"Je veux remercier la confiance qui m'est accordée" pour "porter la transformation du Louvre, qui a plus que jamais besoin de transformation, de modernisation, pour devenir pleinement un musée du XXIe siècle. Ce qu'il n'est pas aujourd'hui", a ajouté la présidente, dont la démission avait été refusée après le vol.

Laurence des Cars, en poste depuis septembre 2021, a convoqué un conseil d'administration d'urgence vendredi pour revoir la gouvernance du musée le plus visité du monde.

Le 19 octobre, des malfaiteurs avaient réussi à s'introduire au Louvre et à dérober des joyaux d'une valeur de 88 millions d'euros, qui restent introuvables. Quatre suspects ont été mis en examen et écroués.

La Cour des comptes a étrillé jeudi le grand musée parisien dans un rapport en estimant qu'il avait "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.

Entre 2018 et 2024, le Louvre a consacré 26,7 millions d'euros à des travaux d'entretien et de mise aux normes et 105,4 millions d'euros "pour l'acquisition d'œuvres", selon le rapport.

Mais, pour Laurence des Cars, "le Louvre est un tout" dans "lequel il ne faut pas opposer les travaux aux acquisitions des oeuvres, l'accueil de tous les publics". "Nous avons assuré l'ensemble de nos missions".

 


Un jeune homme tué par arme blanche dans une rixe à Clermont-Ferrand

Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
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  • A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat
  • La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière

CLERMONT-FERRAND: Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP.

Une rixe est survenue entre deux groupes de personnes dans le centre de la ville en fin de soirée pour un motif encore inconnu, a expliqué Eric Serfass.

A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat.

La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière.

Il n'y a pas eu d'autres blessés et aucune interpellation n'a encore eu lieu, selon le procureur.

Une enquête pour homicide volontaire est ouverte.