Nabih Berri, l'indéboulonnable président du Parlement libanais

Nabih Berri a été reconduit mardi pour quatre ans avec 65 voix (sur 128), bien que le Hezbollah et ses alliés aient perdu la majorité au Parlement lors de législatives marquées par une percée des candidats indépendants. (Photo, AFP)
Nabih Berri a été reconduit mardi pour quatre ans avec 65 voix (sur 128), bien que le Hezbollah et ses alliés aient perdu la majorité au Parlement lors de législatives marquées par une percée des candidats indépendants. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 31 mai 2022

Nabih Berri, l'indéboulonnable président du Parlement libanais

Nabih Berri a été reconduit mardi pour quatre ans avec 65 voix (sur 128), bien que le Hezbollah et ses alliés aient perdu la majorité au Parlement lors de législatives marquées par une percée des candidats indépendants. (Photo, AFP)
  • Présidant l'Assemblée depuis 1992, M. Berri, 84 ans, détient l'un des records de longévité à ce poste dans le monde et s'est imposé comme une figure incontournable de la vie politique libanaise
  • Ses troupes ont combattu, aux côtés du Hezbollah, contre l'occupation israélienne, jusqu'à son retrait du sud du Liban en 2000

BEYROUTH: Réputé pour sa ruse politique, Nabih Berri, un allié du mouvement chiite Hezbollah, a été réélu mardi pour un septième mandat consécutif à la tête du Parlement libanais, malgré la grogne contre la classe politique inchangée depuis des décennies. 

Présidant l'Assemblée depuis 1992, M. Berri, 84 ans, détient l'un des records de longévité à ce poste dans le monde et s'est imposé comme une figure incontournable de la vie politique libanaise, en dépit des changements majeurs depuis la fin de la guerre civile (1975-1990). 

« Il n'y a personne d'autre (...) qui puisse jouer le rôle qu'il joue », a déclaré Elie Ferzli, l'ancien vice-Président du Parlement.  

M. Berri a été reconduit mardi pour quatre ans avec 65 voix (sur 128), bien que le Hezbollah et ses alliés aient perdu la majorité au Parlement lors de législatives marquées par une percée des candidats indépendants. 

Grand de taille, le verbe haut, connu pour ses boutades y compris en pleine séance, M. Berri a fait son entrée en politique en rejoignant dans les années 1970 Amal, mouvement dit des « déshérités » fondé par l'imam chiite charismatique Moussa Sadr. 

Avec le Hezbollah, ce mouvement forme un puissant « tandem chiite » ayant raflé lors des élections du 15 mai tous les 27 sièges dévolus à cette communauté au sein de l'Assemblée, dans un pays régi par un complexe partage du pouvoir entre les différentes sectes. 

Ex-seigneur de la guerre 

Comme beaucoup de Libanais originaires du sud du pays, les parents de Nabih Berri ont émigré en Afrique à la recherche d'opportunités de travail. 

Sa famille s'est installée au Sierra Leone, où il est né le 28 janvier 1938. C'est dans ce pays qu'il a rencontré Jamil Said Mohammed, surnommé « le roi du diamant ». 

M. Berri aurait fait fortune aux côtés de M. Mohammed, qui bénéficiait de pouvoirs quasi-présidentiels dans son pays, selon un rapport publié en 2002 par la diplomate Sierra Léonaise Lansana Gberie. 

Considéré comme l'un des Libanais les plus puissants d'Afrique, M. Mohamed n'hésitait pas à influencer les décisions ministérielles et à commettre des infractions dans le secteur financier. 

Au Liban, Nabih Berri obtient un diplôme de droit de l'Université libanaise en 1963 et une maîtrise en droit de l'Université de la Sorbonne à Paris. 

En 1980, deux ans après la mystérieuse disparition de l'imam Moussa Sadr, M. Berri prend la tête d'Amal, dans un Liban en pleine guerre civile, devenant l'un des principaux artisans de la politique syrienne dans le pays. 

Ancien seigneur de guerre, cet homme à la verve intarissable, fut d'abord nommé ministre, à cinq reprises, entre 1984 et 1992 avant d'être élu député et président du Parlement, poste qui revient traditionnellement aux chiites et qu'il occupe depuis. 

Point de contact 

Pendant la sanglante « guerre des camps » palestiniens (1985-1988), ses miliciens ont croisé le fer avec les partisans de Yasser Arafat, chef de l'OLP et ennemi juré de la Syrie. 

Ses troupes ont également combattu, aux côtés du Hezbollah, contre l'occupation israélienne, jusqu'à son retrait du sud du Liban en 2000. 

Au fil des années, il est devenu le principal point de contact pour les pays occidentaux qui ne peuvent pas tenir publiquement de réunions avec le Hezbollah, considéré comme un groupe terroriste par de nombreux Etats, y compris les États-Unis. 

Ses détracteurs l'accusent de s'être enrichi aux dépens de l'Etat libanais et d'avoir pratiqué largement le clientélisme, mais ses collaborateurs affirment que sa fortune provient de sa famille et d'investissements au Liban. 

Selon un câble diplomatique de l'ambassade américaine au Liban, divulgué en 2009, sa fortune était évaluée à environ 2 milliards de dollars (1,8 milliards d'euros) en 2006. 

Passionné de natation, de billard et de poésie, il est père de neuf enfants, dont six d'un premier mariage. 


Bethléem renoue avec l'esprit de Noël à la faveur de la trêve à Gaza

Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À Bethléem, Noël retrouve une dimension festive après deux ans de guerre, porté par un message de paix, de solidarité et de renouveau, malgré une crise humanitaire persistante à Gaza
  • Du Vatican au Moyen-Orient, les célébrations de Noël sont marquées par des appels forts à la justice, à la trêve et à l’espérance dans un monde traversé par les conflits

BETHLÉEM: Bethléem, ville de Cisjordanie occupée et berceau du christianisme, a célébré mercredi son premier Noël festif depuis le début de la guerre à Gaza, alors qu'à des milliers de kilomètres de là, le pape Léon XIV célébrait au Vatican la première messe de Noël de son pontificat.

Sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome, devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, le pape a délivré dans son homélie un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Le chef de l'Eglise catholique devrait renouveler jeudi, en prononçant sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) ses appels à la paix. Mardi soir, il avait demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

A Bethléem, des centaines de fidèles se sont massés à l'approche de minuit dans la basilique de la Nativité, comble au point qu'ils étaient nombreux à être assis à même le sol.

Les célébrations de Noël de ces deux dernières années y avaient été ternies par la guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

Par solidarité avec les Palestiniens du territoire, les festivités avaient été annulées mais cette année, avec la trêve entrée en vigueur à Gaza en octobre, l'immense sapin de Noël s'est de nouveau illuminé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.

- "Solidarité" et "justice" -

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, arrivé mercredi, y a délivré lors de la messe une homélie pour la paix, l'espoir et le renouveau, face aux décisions politiques et équilibres de pouvoirs qui "semblent souvent déterminer le destin des peuples".

"Noël, cependant, nous invite à regarder au-delà de la logique de la domination, à redécouvrir le pouvoir de l'amour, de la solidarité et de la justice", a dit le cardinal, qui avait célébré une messe à Gaza dimanche.

Le vice-président de l'Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, était présent à la messe de Bethléem.

Dans la journée, des centaines de personnes ont envahi les rues de la ville pour assister au défilé des scouts sur l'emblématique place de la Mangeoire, égrenant les chants traditionnels.

"C'est une journée pleine de joie, parce qu'avant on ne pouvait pas célébrer à cause de la guerre", dit à l'AFP Milagros Anstas, 17 ans, dans son uniforme bleu et jaune.

Des hommes déguisés en Père Noël vendaient des pommes d'amour et des jouets, tandis que des familles se faisaient photographier devant une crèche encadrée par une étoile géante.

"Je suis venue en Terre sainte pour réaliser le rêve de toute une vie : passer Noël ici", a déclaré Ursula Whalen, venue de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.

- Crise humanitaire -

Comme ailleurs au Moyen-Orient, les chrétiens représentent une minorité en Terre sainte, avec une communauté de 185.000 personnes en Israël et 47.000 dans les Territoires palestiniens.

Malgré l'esprit de fête qui règne dans la ville, la municipalité de Bethléem a tenu à tempérer le faste des célébrations. Car en dépit du cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza restent frappés par une grave crise humanitaire.

La grande majorité des plus de 2 millions de Gazaouis ont été déplacés par le conflit et vivent dans des conditions très difficiles. Des centaines de milliers d'entre eux sont encore sous des tentes, impuissants face aux pluies hivernales.

Carmelina Piedimonte, venue d'Italie avec un groupe catholique, a estimé qu'il était essentiel que les pèlerins et les touristes reviennent dans la ville sainte afin d'aider à relancer son économie en difficulté, qui dépend quasi exclusivement du tourisme.

En Syrie, la communauté chrétienne de Damas a fêté Noël sous haute surveillance dans la vieille ville, après un attentat suicide perpétré en juin dans une église de la capitale.

En Australie, les festivités sont particulièrement assombries par l'attentat antisémite survenu le 14 décembre sur la plage de Bondi, à Sydney.

"Noël sera différent cette année", a écrit sur X le Premier ministre Anthony Albanese, évoquant "une profonde tristesse".


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.